+ Je lui avais dit que ça pouvait se faire, à Isaac. Que je lui ferais volontiers une démonstration de danse pour lui remonter le moral, le pauvre, il avait été nominé, sauvé de justesse et dépouillé de toute sa cagnotte. Je lui avais même demandé ce qui le branchait le plus, et j'allais donc devoir danser habillée en flic. Mais j'ai mis un moment avant de mettre la main sur le nécessaire, tout le monde n'a pas un costume de policière sexy sous la main, j'avais pas pensé à apporter le mien, vous pensez bien. Mais j'avais tout de même repéré quelques déguisements du genre dans la buanderie, alors il m'avait juste suffi de demander ce dont j'avais besoin. Je me doutais que les hommes de la production allaient se bouger pour me voir en petite tenue, parce que j'allais forcément être filmée en train de faire mon numéro et ils auraient le plaisir d'y assister. Il m'avait aussi fallu un petit moment pour trouver l'endroit idéal. Faut dire qu'on pourrait nous surprendre un peu partout dans le nid, je n'ai pas encore trouvé de pièce qu'on puisse fermer à clé, à part les toilettes, et pour danser là-dedans, bon courage. J'aurais pu décider de faire ça au gymnase, parce que le trapèze aurait pu me servir de barre de substitution, mais non, ça ne me disait rien. Finalement, je me débrouillerais rien qu'avec une chaise, mon petit corps et un Isaac, oui, je saurais m'adapter. Et j'avais donc opté pour la salle de musique qui me semblait être une salle intéressante, insonorisée, donc on entendrait rien au-dehors, puis assez grande et il y aurait de la musique, comme le nom de la salle l'indique. Non parce qu'essayer de danser en ayant l'air sexy sur de la musique imaginaire, ça le fait pas trop. Enfin si, dans ma tête oui, mais dans celle des autres pas forcément. J'avais donc donné rendez-vous à Isaac dans la salle de musique. Il devait être impatient, je sais pas, ça faisait tout de même presque une semaine que je lui avais dit que je danserais devant lui. Mais bon, il faudrait pas qu'il se plaigne non plus, j'aurais pu décider de ne pas honorer ma promesse, même si c'en n'était même pas vraiment une. Je refermais la porte derrière lui, calant une chaise en dessous de la poignée pour qu'on vienne pas nous déranger, puis j'enclenchais la musique alors qu'il s'installait. « Alors, on a été un vilain garçon. » Je m'approche de lui et passe un doigt sous son menton, l'air mutin, avant que le spectacle commence. Je sais même pas ce que je vais faire, c'est de l'impro totale, tout ce que j'ai fait c'est choisir un morceau sympa, et encore, c'est pas sûr que ça lui plaise, mais encore une fois, vaudrait mieux pas qu'il se plaigne, j'ai des menottes et une matraque à porter de main, hein.

J'aurais mis le temps, mais il allait finalement y avoir droit à sa danse et j'espère qu'il en serait satisfait. Non, je suis sûre qu'il le serait. Sans vouloir me vanter, je ne crois pas trop mal faire mon job, mais il vaut peut-être mieux que je le laisse en juger par lui-même. Ça doit déjà lui plaire que je sois habillée dans la tenue qu'il voulait, même si je ne risque pas de la garder sur le dos bien longtemps. Il s'étonne que je décide de bloquer la porte. « On l'est jamais assez. » Non, on est jamais assez prudent et c'est souvent comme ça qu'on fait surprendre par un rôdeur nocturne qui ne va pas se gêner pour profiter du spectacle. Je le sais, ça m'est déjà arrivé, depuis je fais toujours plus attention quand je donne des représentations privées. Même si techniquement, comme on est filmé, ça ne l'est pas vraiment, mais il est si simple d'oublier les caméras rien que l'espace d'un instant. Je m'approche de mon invité très très spécial qui a été très très vilain à ce qu'il parait pour lui en toucher deux mots. Il me demande si je vais le punir. « Oh, t'as même pas idée. » Que je lui réponds dans un demi-sourire du bout de mes lèvres pulpeuses et bien plus rouges que d'habitude. Il ne va pas être déçu, j'ai de bien belles punitions rien que pour lui sous mon uniforme. Je lui tourne le dos et aligne quelques pas, perchée sur mes talons hauts qui donnent à mes jambes l'air d'être interminables. J'accentue chacun de mes mouvements, de mes épaules à mes fesses en passant par mes hanches qui roulent et se balancent toutes dans le prolongement les une des autres. Il faut que ce soit harmonieux, animal, plutôt félin, tout en volupté et en souplesse. J'évolue ainsi au rythme langoureux de ce début de musique jusqu'à au siège situé à quelques pas en face du sien. Je sens qu'il me dévore des yeux et je l'y surprends en me retournant soudainement avant de m'installer. Je pose un lourd regard cerclé de noir sur lui comme pour lui demander s'il est prêt avant de véritablement commencer à me donner en spectacle comme je l'ai déjà si souvent fait.