+ PIA, MALLAURY

« Hé, hé, Mallaury, tu veux bien m'apprendre à pêcher ? » mon regard se voulait presque suppliant à vrai dire, mais puisque je n'avais rien d'autre de prévu à l'heure actuelle, je m'étais dit que le meilleur moyen de dépenser mon temps était d'apprendre à faire une nouvelle chose. Bon, je doutais clairement de mes compétences en tant qu'apprenti pêcheur, mais ça devait bien être amusant non ? Et puis de toute façon c'était Mallaury l'expert, vu que son grand père en avait déjà fait, il devait donc savoir comment s'y prendre. Je sais, ma logique était parfois quelque peu bancale, d'autant plus qu'être bon en pêche n'était pas franchement un don héréditaire, hm. Enfin, toujours est-il que j'avais tout de même jugé bon de le lui demander, oui, ça me semblait une bonne idée. D'ailleurs, il y avait Pia qui n'avait pas tardé à nous rejoindre, après avoir entendu notre conversation. Parait-il qu'elle voulait apprendre également. « Tu vois, tu ne peux plus dire non maintenant ! » mes lèvres s'étaient alors étirées en un immense sourire. Je n'avais jamais touché une canne à pêche de ma vie... à vrai dire, je ne savais même pas comment utiliser un hameçon, mais ça n'avait pas l'air si compliqué que ça. Et puis ces deux candidats là, ils m'avaient toujours eu l'air plutôt agréable. J'avais déjà passé un peu de temps avec le blond, mais c'était une occasion de découvrir la jolie rousse qui était d'ailleurs malheureusement nominée cette semaine. « On doit mettre des bottes, ou... ? » Je ne sais pas... ça me paraissait logique. Je crois que j'avais réellement le cliché du pêcheur armé des pieds à la tête dans le crâne, ce qui avait toujours rendu cette activité plutôt amusante, voire ridicule à mes yeux. Mais bon, j'étais réputé pour m'y connaitre en ridicule, donc de toute façon.

Elle erre sur la falaise comme une âme en peine, la rouquine. Bon, en réalité on peut rarement dire que Pia a de la peine, mais c'est une manière plus poétique de dire qu'elle tourne en rond depuis tout à l'heure parce qu'elle s'emmerde profondément et qu'elle a donc décidé de sortir pour prendre l'air. Elle ne sait pas où est passé Andreja, toujours est-il qu'il n'est pas avec elle et elle peut seulement espérer qu'il n'est pas en train de s'enfiler des bouteilles de whisky dans un coin parce qu'il a un niveau de conversation assez faible quand l'alcool lui coule dans les veines. Elle a donc un besoin urgent de trouver une distraction et c'est à ce moment là qu'elle tombe - pas littéralement, hein - sur un brun, Adnan il lui semble, en pleine conversation avec un type dont le nom ne lui revient pas mais qui a l'air plutôt sympa si elle se fie à la première impression qu'il lui fait. « Hé, hé, Mallaury, tu veux bien m'apprendre à pêcher ? ». En entendant ça elle se rapproche du duo, tout sourire, pour s'incruster sans laisser à Mallaury dont elle vient d'apprendre le blase le temps de répondre. « Oh ! Tu sais pêcher ? Mais c'est trop cool, j'ai toujours rêvé de faire de la pêche ! ». En effet, c'est son rêve depuis cinq secondes au moins, le temps d'analyser la situation : ce sont deux êtres humains à l'air sympathique qui peuvent la tirer de son ennui et avec qui elle n'a pas encore eu l'occasion de discuter. Il ne lui en faut pas plus pour se trouver une passion pour les vers qui se balancent au bout d'un hameçon. Elle offre à Mallaury un regard de chat triste, histoire d'être sûr qu'il ne puisse pas refuser, mais il ne semble de toute façon pas en avoir l'intention puisqu'il leur demande si ils ont pris leurs bottes. « Merde alors, moi j'en ai pas.. T'aurais pas deux paires ? ». Elle demande à Adnan, comme si il était probable qu'il se ballade avec deux paires de bottes de pêcheur sur lui. Au cas où, hein. Elle masque une grimace quand Mallaury demande si ils ont leur matériel. « J'ai pas de canne à pêche, mais ça se peut de pêcher à la main non ? J'ai vu un type faire ça a la télé, ça doit pas être compliqué.. ». L'impression d'être la mauvaise élève de la classe qui va se faire taper sur les doigts parce qu'elle a oublié son sac à dos. « Moi c'est Pia. C'est cool de ta part de nous apprendre à pêcher mais t'inquiètes pas, j'suis sûre que la pêche, j'ai ça dans le sang. ». Elle lui offre un large sourire, déjà parce que c'est dans ses habitudes, ensuite parce qu'elle espère lui faire oublier qu'elle n'a pas pris sa panoplie du pêcheur modèle et qu'elle n'a pas envie qu'il la renvoie de cours.

Je trouvais que c'était une bonne idée d'aller demander à Mallaury de nous apprendre à pêcher. Quelque part, je crois que j'avais pour ambition de devenir meilleur dans tout ce qui touchait aux activités manuelles. Parce qu'on pouvait sans aucun doute dire que j'étais assez pathétique lorsqu'il s'agissait de travaux pratiques. Oui, j'étais plutôt un penseur moi, voire un rêveur, je n'avais pas l'adresse requise pour utiliser convenablement mes mains. Mais c'était peut-être parce que je manquais justement de pratique ? Avec la pêche, je m'étais dit que tout serait d'autant plus simple que c'était la canne qui travaillerait à ma place. Et me contenter de la tenir ne devait pas être si compliqué que ça. Je sais ce que vous vous dites, que c'est une activité de fainéant, mais Mallaury lui, il n'avait pas l'air de l'être, bien au contraire puisqu'il restaurait des meubles, chose qui demandait un certain travail physique. En tout cas, Pia semblait aussi enchantée à l'idée d'apprendre à pêcher que moi et le garçon n'avait pas tardé à approuver, mes lèvres s'étirant au possible tandis que je lui demandais si il fallait des bottes. Ça me semblait logique, et l'irlandais avait bien eu vite fait d'approuver, ce après quoi la jolie rousse me demanda si j'en avais une seconde paire. « A vrai dire, j'en ai pas vraiment, moi non plus... C'est grave si on en prend pas ? Enfin, je veux dire... On risque pas de glisser ou quoi ? C'est que j'ai pas trop envie de me retrouver à l'eau tout habillé... » repris-je, une moue presque enfantine esquissée sur mon visage. Ça ne devait pas être si grave après tout. Pia n'a apparemment pas de canne à pêche, heureusement, la cabane en abritait quelques unes pour nous. « Oh, va voir dans la cabane alors, je crois qu'il en reste une ! » Mallaury nous demanda donc si nous avions tout, et je me mettais au garde à vous, ne pouvant m'empêcher de sourire à nouveau. « Oui capitaine. (...) Et euh... Justement, on a tout ? » Parce qu'au final, moi, j'avais juste ma canne dans les mains, je me demandais donc s'il fallait autre chose ou pas. Pia, elle, elle avait l'air sûre d'elle, la pêche, ça serait son truc. « T'es super confiante toi ! Moi je suis sûr que je vais même pas avoir un seul poisson... » me connaissant, ma malchance maladive allait me rattraper bien avant que je n'ai eu le temps de dire "ouf". « On va pouvoir y aller du coup, je crois... C'est où d'après toi, le meilleur point pour pêcher ? » demandais-je à l'irlandais. Devions nous nous mettre plus en hauteur, ou au contraire près de l'eau ?

Elle est presque soulagée d'entendre qu'Adnan n'a pas ses bottes non plus. Comme ça elle n'est pas la seule mauvaise élève, ils sont deux. Et comme c'est un cours composé de deux personnes si on ne compte pas le professeur, pas besoin d'être un génie des maths pour savoir que c'est la majorité. Majorité écrasante même, puisque Mallaury ajoute qu'il n'a pas les siennes non plus. Si même le prof n'a pas son matériel, franchement, où va t-on ? Mais puisqu'il dit qu'on peut s'en passer, on va s'en passer. C'est lui le pro, après tout. Il sait ce qu'il fait. « J'espère qu'il en reste une oui, sinon tu me prêteras la tienne ? ». Le partage, le travail d'équipe, tout ça. Un sourire se peint sur sa figure quand Adnan compare Mallaury à un capitaine. C'est vrai que la pêche, ça ne rigole pas. « J'ai pas d'appâts non plus mais j'pense qu'on peut aussi en trouver dans la cabane. ». C'est une cabane de pêcheur, ce serait logique qu'il y ait un minimum de matériel, sinon il faudra qu'ils aillent se plaindre à la production ; nul doute qu'ils seront pris très au sérieux. « Promis si t'en attrapes pas je te donnerai un des miens.. ». Elle lance au brun, avec un clin d’œil, comme si c'était un fait établi qu'elle allait pêcher quoi que ce soit et qu'en plus il y en aurait assez pour deux. On dit que l'espoir fait vivre, et en plus selon Mallaury ça a l'air d'être aussi à ajouter à la panoplie du parfait petit pêcheur. Elle en profite pour aller jeter un coup d’œil à la cabane et rejoint les deux jeunes hommes qui ont été se percher sur des rochers avec une canne à pêche qui date sans doute d'avant sa naissance mais qui a l'air de pouvoir tenir le coup, ainsi qu'un seau annoté " appâts ", sans doute rempli de vers grouillants qu'elle refile d'autorité à Mallaury. Il n'y a pas que de bons côtés à être l'expert du groupe. « C'est pas que j'suis trouillarde ou quoi mais je suis pas trop sûre de ce qu'on va trouver dedans, alors.. ». Elle essaye de faire passer la pilule tout en lui faisant comprendre en douceur que c'est à lui que va revenir la tâche d'ouvrir le pot et que si il date de la même époque que sa canne à pêche, c'est tout à fait probable qu'il tombe sur un mutant plutôt que sur des vers. Les dangers de la vie trépidante de pêcheur.

Apparemment, Mallaury n'avait pas non plus pris ses bottes. C'est malin ça tiens, j'espérais qu'il n'avait rien oublié d'autre pour le coup, il ne manquerait plus qu'il ait inventé toute cette histoire et qu'il ne sache en réalité pas pêcher. Enfin bon, c'était peu probable, tout de même. « Oui, oui, t'en fais pas. » répondis-je à Pia en lui adressant un sourire. On pourrait bien partager notre canne, de toute façon pour ce que j'allais réussir à pêcher, il était probablement mieux qu'elle tente sa chance à ma place. M'enfin, je pense qu'il en restait tout de même une dans la cabane. Mallaury nous rappelait ensuite de prendre des appâts, et je me demandais pendant quelques instants quelle tête ils pouvaient bien avoir... avant de me rappeler que les gens utilisaient souvent des vers, ou des asticotes. Erk. Pia me rassure en me disant que si je n'attrape rien, elle me donnera un des siens. « Oh c'est cool, merci ! Ça le ferait pas trop que je me ramène bredouille au nid. » je les imaginais déjà tous "oh vous avez pêchez ? quinze poissons mallaury ! sept pia ! (...) aucun adnan (...) ! c'est cool (?)!" Mallaury me disait donc qu'il fallait rester positif, et que c'était la clé de la réussite de tout bon pêcheur. Oh d'accord. « En plus de la patience, je suppose ! » parce que ça n'était pas donné à tout le monde d'attendre qu'un poisson morde, je sais que McKayla elle pourrait pas elle, il lui fallait toujours tout, tout de suite. Il me disait que j'allais au moins attraper un poisson, et mes lèvres avaient fini par s'étirer en un sourire. Bon après tout, si c'était le pro qui parlait, c'est qu'il s'y connaissait un minimum ! Pendant que nous nous dirigions vers les rochers, Pia, elle, était partie chercher tout ce qu'il fallait dans la cabane, revenant rapidement avec une canne et un sceau. Les appâts, je présumais. Sauf qu'elle n'avait pas l'air particulièrement à l'aise avec cette idée. J'attrapais donc le pot pour le faire circuler jusqu'à Mallaury en lâchant un petit « C'est toi l'expert ! » traduction : ne compte pas sur moi pour tripoter des asticots. Non parce que c'était sacrément sale tout de même, qu'on se le dise.