☇ GHIKA.
Stan était là, tranquillement posé sur un banc dans le jardin. A vrai dire, il était surtout dehors pour pouvoir fumer sa clope tranquillement. Il savait être respectueux quand il le voulait alors non, il n'allait pas fumer entre les murs du nid. Il fumerait dehors. Comme d'habitude de toute façon. Et pour cette fois, il s'était installé sur l'un des bancs qui composaient le jardin. A vrai dire, il n'était dehors que pour cette raison. Parce que bon, c'était bien sympa de s'asseoir sur un banc, comme ça mais ça remuait pas assez pour le jeune homme. Il s'ennuyait déjà, à vrai dire. Alors ouais, aucun doute sur le fait qu'il allait vite déguerpir de là dès que sa clope serait terminée. De toute façon, c'était bien connu, le jeune homme n'aimait pas rester en place. Il avait l'impression de perdre son temps quand il restait là, à ne rien faire. Et d'un côté, il n'avait pas tord. A ne rien faire et surtout, à rester planter au même endroit, on perdait bien son temps. Surtout à penser à des choses inutiles. D'ailleurs, en parlant de "penser", cela lui rappela qu'il était hors-course pour la chasse aux secrets pour le moment. Enfin, il pouvait toujours réfléchir mais cela ne lui servirait à rien tant qu'il n'aurait pas l'argent nécessaire pour aller buzzer. Puisque ouais, malheureusement, il avait perdu toute sa cagnotte en misant à la roulette russe. Enfin, c'était le jeu, il l'acceptait. Mais très mal. Ca le faisait chier, en fait. C'était même pas drôle. Et en plus, à présent, il devait attendre la semaine prochaine pour tenter de se faire de l'argent facile en misant une fois encore à la roulette. Alors, ouais, ça allait être long...

Son esprit carbure, il est en pleine effervescence neuronale. C'est quand même incroyable qu'il n'ait encore aucune piste véritablement fiable et prometteuse sur aucun secret. Chasser les secrets ça devrait être son truc, il devrait exceller là dedans. Et pourtant il galère comme tous les autres, sauf Paloma, mais ça c'est une autre histoire, les rares indices qu'on leur a donné n'ont pas été d'une grande aide et ceux qu'il a reçu le maintienne dans une direction qu'il n'est pas encore sûr de comprendre. Tout ça est vraiment frustrant, si frustrant qu'il préfère marcher seul, réfléchir sans que le monde autour de lui ne s'agite en permanence. Il fume une cigarette, son petit cendrier portatif à la main, histoire de ne pas foutre de mégot partout dans le nid, c'est la moindre des choses. Ghika commence à se dire qu'il a un peu sous-estimé le désir des autres à jouer avec le feu, que peut-être il est le seul à analyser chaque mot -ou presque- et à tenter d'en tirer des conclusions. Ou alors ils sont tous bien meilleurs menteurs que lui... Sur un banc il aperçoit Stan. Une seconde il se demande s'il a envie de compagnie, et puis il se décide, la chasse aux secrets est peut-être bel et bien lancée, mais il peut aussi joindre l'utile à l'agréable en découvrant un peu mieux ce garçon. « Qu'est-ce que tu fais là tout seul ? » demande-t-il tout en s’asseyant à côté du jeune homme, pas trop près pour ne pas empiéter dans son espace personnel, pas trop loin pour qu'il ne se sente pas trop à l'aise, juste à la bonne distance..

Le jeune homme terminait sa cigarette tranquillement. Et puis, sans doute qu'après cela, il rentrerait à l'intérieur du nid. Enfin, rien n'était décidé encore et tout pouvait changer. Le candidat était dans ses pensées lorsqu'il se fit interrompre. Il tourna alors la tête et aperçut un autre candidat, évidemment. Il ne savait plus si il lui avait déjà adressé la parole bien qu'il lui semblait que non. Ce dernier n'avait pas attendu pour poser une question, laquelle Stan écouta attentivement. Le jeune candidat voulait simplement savoir ce qu'il foutait là, seul. C'était pas si dur que ça à deviner, à vrai dire. « Je terminais ma clope tranquillement, c'est tout, en fait. » qu'il lança avant de remettre son bout de cigarette entre ses lèvres une dernière fois. Quelques secondes plus tard, il souffla la fumée blanche. Puis, tendant le bras vers le cendrier portatif que son camarade tenait, il ajouta : « Tu permets ? » afin qu'il puisse se débarrasser de son mégot sans le foutre par terre. C'était mieux, quand même. « Et toi, qu'est-ce que tu fous dehors ? » qu'il lui demanda. Il était seul aussi, Stan l'avait déjà constaté. Et il fumait aussi. Mais à part ça... Pas d'autres indices.

Voilà qui était fascinant. Ghika n'a pas trop envie de le forcer à parler, en d'autres circonstances peut-être, mais là il n'est tout simplement pas d'humeur à extorquer des informations sur ce que Stan pense des choses, comment il voit la vie, bref il n'a pas envie de faire d'effort. Il n'était pas venu lui parler pour avoir un combat de chaque instant pour que la conversation se fasse. Les gens peu bavards ont toujours cette manie de se dire que, si quelqu'un veut leur parler, il viendra. La vérité est que lorsqu'on n'arrive pas à tirer ce que l'on veut d'une personne, vient un moment où on ne fait plus d'effort. « J't'en prie. » lâche-t-il, lointain, en poussant le cendrier de poche sur le bac où ils étaient assis. Sa question lui revient et il lance un regard vers Stan. Il est plutôt joli garçon, il a un drôle de charme, rien de frappant, rien de clinquant, contrairement à la moitié des garçons du nid. C'est peut-être un peu moins évident, plus subtil. Pas désagréable. « Je réfléchissais, faisais le tri dans les indices, histoire de pouvoir buzzer. » sans grand succès cependant, ajoute-t-il presque. Ses yeux se portent à ceux de son camarade et s'y fixent. « Si tu veux m'aider tu peux toujours me donner des indices sur le tien. » lance-t-il avec un sourire amusé.