“ You can't deny the beast inside ”

w/isaac.

Au vu de la réaction qu'avait eu Percy lorsqu'il avait appris qu'il accéderait à la loveroom en compagnie d'Isaac, personne ne devait s'attendre à ce qu'il y foute un pied. Pourtant, contre toute attente, c'est bien l'anglais qui en empruntait à cet instant le chemin, sans afficher un enthousiasme débordant, certes, mais en tâchant au moins de prouver qu'il n'était pas toujours aussi buté qu'il pouvait en avoir l'air, et qu'en l'occurrence il avait fini par réétudier la question, et par conclure que la situation ne serait en soi ambiguë que si lui-même la voyait ainsi. Oui, l'idée de passer un moment dans cet endroit dont la fonction n'était étrangère à personne avec un mec, ça ne le mettait pas franchement à l'aise, mais il ne tenait qu'à lui de dédramatiser la chose, et peut être, qui sait, d'en profiter pour s'amuser des circonstances. C'est qu'il y en avait une qui devait être sacrément fière d'elle, à ce jour, et l'anglais tendait à penser que son comparse de crime serait aussi enclin que lui à discuter d'éventuelles représailles. Mais encore faudrait-il qu'Isaac soit de la partie, parce qu'autant il lui avait proposé de se retrouver dans le grenier en début de soirée, autant il n'avait pas nécessairement pris sa réponse pour un 'oui', connaissant un peu l'oiseau. Pourtant, c'est bel et bien sur un Isaac d'ors et déjà installé que ses yeux tombèrent au moment où il poussa la porte des lieux, notant par la même occasion que la prod' avait fait avait son maximum pour ringardiser l'endroit, ce qui n'était pas nécessairement une surprise. Inspectant brièvement tout ce qui pouvait l'être, il réprima autant de grimaces que de rictus, et finit par expirer bruyamment. « C'est à peine too much, ici, c'est ça qui est bien » qu'il énonça alors en se tournant un court instant vers son camarade. Non pas qu'il se soit attendu à quelque chose de franchement différent quand il avait entendu parler de la 'loveroom' – un nom qui en disait long, très long sur ce qu'on était susceptible d'y trouver - mais il fallait bien avouer que ça avait des airs de décors de soap opéra bien kitchs, tout ce bordel. A l'image de ce qui attira particulièrement son attention. « Quoi que, je retire ce que j'ai dit, des pétales de rose c'est pile ce dont j'avais besoin pour apprécier pleinement cette soirée. » Puisqu'après tout, c'était bien connu, Percy était souvent envahi d'élans hautement romantiques, alors l'idée que la prod n'ait laissé aucun détail au hasard, ça ne pouvait que le subjuguer. Il laissa cependant tomber l'ironie lorsqu'il posa un regard perplexe sur une table dressée pour deux. Alors c'était vrai, cette histoire de dîner ? Ils allaient sérieusement devoir souper, l'un face à l'autre ? Qu'on l'excuse de trouver ça perturbant, c'est que généralement il profitait de ce genre d’occasions pour la jouer entreprenant, et là il y allait y avoir comme un problème. « T'as faim ? » qu'il demanda alors, n'étant pas encore trop sûr de ce qu'il en était pour lui, même s'il fallait bien reconnaître que ce qu'il pouvait distinguer lui paraissait assez appétissant.

Paloma s’est bien fichue de nous avec cette histoire de loveroom. Percy. J’étais prêt à prendre n’importe qui, Tilda, Pia, Felice et pourquoi pas même McKayla qui malgré une capacité accrue pour me taper sur le système avec ses questions, n’est pas complètement désagréable à regarder. Sauf que non, moi je n’ai le droit qu’à l’anglais comme compagnon. Il m’a proposé de le rejoindre au grenier aka le baisodrome du nid dans la soirée et j’ai haussé les épaules d’un air indécis. Peut-être, peut-être pas. Pourtant, le soir venu, je me surprends presque à grimper les escaliers au-delà d’où je me suis toujours arrêté. Ce ne me dérange pas de me rendre dans cette pièce avec mon acolyte. Je ris jaune, mais je m’en fous. Personne n’ira s’imaginer des choses, c’est de l’ordre de l’absurde. L’impossible, voir même l’inimaginable. En revanche, avoir accès à cette pièce accessible qu’à un nombre restreint de candidats me plait déjà plus. Je pourrais peut-être monter une affaire de visites guidées dans le but de choper mes clientes curieuses. Je les ferais entrer mine de rien par la trappe, les planquant habilement au moment de passer la frontière aux yeux de Cupidon, comme s’il s’agissait de visiteuses clandestines. Je suis également curieux, j’ai bien envie de voir à quoi elle ressemble cette loveroom. Je pénètre en son sein, mes yeux sceptiques se promenant autour de moi. Un lit. Une baignoire. La totale. Je trouve presque indécent de mettre à disposition un tel lieu pour les candidats, bien qu’habituellement je ne suis pas le dernier en la matière. Si je dois coucher avec une fille, j’espère bien m’y prendre d’une meilleure façon qu’en planifiant mes rapports sexuels d’une manière aussi réglée. Je m’aventure un peu plus à l’intérieur afin de faire l’état des lieux. Mais pas trop non plus. Je suis méfiant, je prends mes précautions, presque perturbé à l’idée de ce qui a pu se passer où je me trouve. Percy entre, je lui adresse un signe de la tête en guise de salut. Un léger sourire se dessine sur mes lèvres quand il note les goûts douteux de la production en terme d’aménagement et décoration intérieure. « C’est très subtile. » je rajoute en avisant du regard le très grand lit. Si on résume, dans cette pièce on peut baiser allonger, baiser debout, baiser en milieu aquatique ou baiser au milieu de pétales de roses comme il le souligne si bien. Et là, on remarque toute l’ingéniosité de la production qui pense que ce genre de détails insignifiants. Le romantisme, ce n’est pas si appréciable. Les fleurs dans le feu de l’action, ça s’accroche aux cuisses collantes par la transpiration. Idem pour les bougies qui constituent une menace des plus efficaces pour tout ce qui se trouve juste en dessous de la ceinture. « A ton avis, Lou et Sacha sont plus du genre à s’accoupler classiquement sur le lit ou ailleurs ? Que je sache quels sont les lieux contaminés. » je souffle, le nez plissé dans un certain dégoût. Ça ne me dit absolument rien de risquer d’entrer en contact avec des traces de fluides oubliés par les deux habitants. Mes yeux se posent sur la table dressée au moment où il me demande si j’ai faim. « Ça dépend, tu crois que Paloma va débarquer uniquement vêtue d’un tablier pour nous servir ? » Sauf que non, tout semble préparé et prêt à consommer. Je tire une chaise pour m’asseoir tranquillement face à mon assiette, savourant de pouvoir simplement mettre mes pieds sous la table sans avoir à participer à la cuisine. « Je me disais… » je commence d’un ton très sérieux, attaquant d’emblée les sujets les plus intéressants. « Tilda mérite un score de trente maintenant. Serrer une femme enceinte d’un autre type ça relève de l’impossible. »

Si Percy s'était attendu à tomber sur un endroit cucul à souhaits, qui jouerait à fond la carte du petit coin de paradis pour amoureux transis, il est vrai qu'il fut presque surpris, de constater que la production avait vraiment mis les petits plats dans les grands pour faire de ce lieu un plus gros cliché encore que ce qu'il avait imaginé. Parce qu'on voyait, à la façon dont étaient disposées les bougies, et plus encore les pétales de rose, que rien n'avait été au hasard, et il trouvait ça angoissant. C'est que lui, il n'avait pas besoin de tout ça pour se sentir à l'aise. Il n'était pas fan de ce qui laissait peu de place à l'improvisation. Avoir l'impression de jouer dans un film à pauvre budget, très peu pour lui, il préférait se laisser porter par une impulsion, quitte à prendre une fille contre un mur dégueulasse ou sur un capot de bagnole. Isaac eut alors tendance à partager son avis sur la question, et ça ne l'étonna guère. La suite eut quant à elle tendance à dessiner un sourire crispé sur ses lèvres, parce qu'il était question de ce dont pas mal de monde avait eu tendance à parler en début d'aventure, à savoir du fait que deux mecs s'en seraient donné à cœur joie dans cette même loveroom. « Déjà, un grand merci pour les charmantes images qui me sont inévitablement venues à l'esprit, ça aussi c'est exactement ce dont j'avais besoin » qu'articula alors l'anglais, en improvisant une petite mine choquée. Ce serait mentir que de prétendre qu'il en faudrait aussi peu pour le décontenancer, cela dit il avait déjà eu l'occasion de prouver que ce genre de trucs, ça lui déplaisait légèrement. « J'aurais tendance à penser que le banc de massage a eu leur préférence, parce qu'ils ont certainement trouvé pas de mal de façons de l'exploiter ... Du coup, ça tombe plutôt bien, étant donné que si y'a bien un truc qu'on risquait pas d'utiliser, c'est celui-là. » A moins qu'Isaac ait prévu de se faire masser, mais dans cas-là il allait devoir compter sur quelqu'un d'autre que sur Percy, qui passerait gentiment son tour. Il y avait en tout cas cette table dressée avec goût, et qui avait tendance à ouvrir légèrement l'appétit Cependant, l'anglais s'imaginait mal diner en tête à tête avec Isaac, il fallait bien l'avouer. Son camarade l'amena en tout cas à afficher un rictus nettement amusé. « Vaut mieux pas trop y compter, la connaissant elle serait bien capable de nous envoyer Ghika, à la place, et pas plus couvert, ça va sans dire. » Et là, ce serait le drame. Le choc de trop. Mais puisqu'elle avait l'air de vouloir les emmerder, qu'on l'excuse, d'envisager qu'elle leur réserve d'autres petites surprises. L'anglais imita en tout cas son camarade et s'assit à l'autre bout de la table, quoi qu'en tournant sa chaise, pour ne pas lui faire complètement face. Il fut alors question de leur petite compétition, et de Tilda, dont la grossesse avait été rendue officielle. « Elle serait enceinte de sept mois, ouais j'aurais tendance à dire que c'est mort, mais là ça me semble jouable. Je veux dire, c'est pas ça qui nous arrêterait, a priori, et j'ai tendance à penser qu'elle non plus. » Peut être qu'il se laissait influencer par la nature de leurs échanges depuis le départ, très portés sur la séduction, mais disons qu'il ne la voyait faire abstinence parce qu'elle avait subitement réalisé son état. « A ce propos, t'as toujours pas décollé, toi ? » Non pas qu'il cherche à enfoncer le couteau dans la plaie, après tout c'avait été une semaine pauvre pour lui aussi, de ce coté-là. « Jessica t'a fait le même coup qu'à moi, je parie. » C'est qu'automatiquement, il supposait qu'Isaac avait tenté un truc, ouais, parce que c'était cinq points faciles à gagner, du moins ça l'était avant que quelqu'un juge bon de lui rafraîchir la mémoire, à la rouquine. Alors parions qu'elle leur avait joué le même tour, ouais, comme ça pas de jaloux.

Je ricane face à la réaction de Percy à propos des deux moules-bites en chef qui s’en sont sûrement donnés à cœur joie dans cette pièce. Personne n’est dupe, c’est évident depuis que Sacha glousse à tout ce qui sort de la bouche de Lou comme une collégienne sur le point de sortir avec son tout premier petit copain. Pathétique. A la rigueur, dans le petit soap-opéra que constituent les relations de tous les bisexuels du nid à forte tendance gay, je préfère Aaron qui prend ce qu’il y a à prendre comme le petit lapin Duracell qu’il est. Mon regard se pose sur la table de massage indispensable à toute pièce dédiée aux plaisirs charnels, d’un air égal. On ne l’utilisera pas, non. Ni le lit et encore moins la baignoire assez grande pour deux personnes. Je crois qu’on va surtout s’en tenir à la table pour le moment, c’est déjà suffisamment assez avec les chandelles. « Pitié non. » je souffle en fermant les yeux à la seule évocation du coton tige. Le gueux serait bien capable de se pointer avec les ronds de serviette autour de la queue pour nous les apporter. En revanche, pour Paloma, je me permets tout de suite d’être plus imaginatif en l’imaginant dans le plus simple appareil pour venir nous livrer notre dessert. Enfin le mien, parce que Percy ne fait même pas parti du décor dans mes fantasmes concernant l’espagnole. J’évoque Tilda parce que cette histoire me taraude depuis que j’ai appris sa grossesse comme le reste du monde au cours du prime. Je me demande si mon comparse pourrait essayer de tenter quelque chose en connaissance de cause et à l’attendre, ça laisse supposer que oui. « T’as raison. Avec un peu de chance elle va même gagner deux bonnets de taille de soutien-gorge. » Ce qui est tout de suite plus intéressant que de savoir qu’un fœtus a élu domicile dans son utérus, bien entendu. Je laisse donc le cas Tilda en suspens dans ma tête, imaginant que si ça ne lui pose pas de problèmes, alors à moi non plus. Il faudra simplement que j’arrête de trop réfléchir à ce qui risque l’expulsion huit mois plus tard par la même porte que celle que j’espère passer. Percy me nargue. Du moins c’est l’impression que j’ai, immédiatement piqué au vif par un esprit de compétition parfois un peu trop développé en ce qui concerne ce genre de concours. Je ne veux pas être considéré comme le puceau du nid à la Noah, incapable de serrer la moindre demoiselle pendant trois mois. « Oui, t’es cinq points… » je souffle d’un air presque dédaigneux. Parce que bon, pour rappel, Maddy c’était loin d’être la fille la plus difficile à séduire dans le nid, je ne me vanterais pas trop à sa place. « J’y travaille. Paloma est presque à point. » je reprends, presque sûr de moi. Je le sens, il y a des signes qui ne trompent pas dans son attitude qui se module à la manière que j’ai moi-même de réagir. Il mentionne Jessica et je m’esclaffe aussitôt en comprenant que l’autre allumeuse lui a fait le même coup que quand elle m’a laissé en plan. Il n’a même pas à me poser la question, son ton d’ailleurs reste plus affirmatif qu’autre chose. « Je ne comprends pas pourquoi ça les vexe autant de découvrir qu’elles sont bonnes et chaudes. » je m’interroge à voix haute en fronçant légèrement les sourcils. « Ce sont des compliments. » Mieux vaut être facile et agréable que dégueulasse et frigide si l’on part du côté de l’antithèse. Je croyais qu’il avait grillé toutes mes chances auprès d’elle pour être sûr que je ne marquerais pas ces points-là, mais visiblement quelqu’un d’autre s’en est chargé à sa place. Je ne peux pas croire que son changement de personnalité a opéré aussi rapidement, un concurrent ignoré a dû lui souffler ces idées en douce. « Tu es sur qui pour le moment ? » je demande, histoire de me tenir au courant des dossiers qui sont déjà en cours de traîtement.

hj : je tenais à faire une petite incursion, désolée pour la nullité, j'suis un peu pressée

Paloma a passé une bonne partie de l'après-midi en cuisine, feignant une concentration impassible qui lui a permis de se dérober aux questions. C'est qu'elle ne tenait pas à ruiner sa surprise en laissant entendre à Isaac et Percy que la production ne les a jamais sommé de se farcir un dîner en tête-à-tête. Sauf que maintenant, elle devrait se marrer un peu en espionnant leur rendez-vous romantique et ça fonctionne pas. La love room n'est pas accessible depuis la salle de contrôle. Ou alors, elle ignore comment ça fonctionne. Les deux éventualités sont possibles mais Paloma préfère reporter la faute sur la technologie, parce que c'est plus facile. Elle esquisse une moue déçue, les yeux rivés devant les écrans qui l'intéressent pas alors qu'elle picore son dîner, à elle, essentiellement tiré du leur. Bon. Il est temps d'aller vérifier par elle-même ce qu'ils trafiquent, juste histoire de conserver ces images pour la postérité à l'aide d'un iPad. Et puis qui sait, l'ambiance érotique de la pièce aura peut-être raison de leurs réticences et permettra la naissance d'un nouveau couple improbable. Ce ne serait pas le premier, il n'y a qu'à voir comment Jaheim réagit à la présence d'Aaron, maintenant. Paloma éteint l'écran, débarrasse la salle de contrôle et récupère les ramequins en forme de coeur - histoire de parfaire le cliché - dans lesquels trônent des coulants au chocolat encore chauds. Amener le dessert a toujours été une façon de prouver qu'elle s'était gentiment fichu d'eux et que la production était (presque) innocente dans cette affaire. Sauf qu'à l'origine, Paloma devait écouter leur conversation pour leur rebalancer dans les dents si besoin et cette partie est un échec. Ainsi parée, la brune grimpe souplement les marches jusqu'à la précieuse loveroom et pénètre dans la pièce sans s'annoncer. Instinctivement, elle ramène un avant-bras devant ses paupières, juste au cas où. Vraiment, juste au cas où, parce qu'imaginer Percy et Isaac en train de découvrir les plaisirs charnels entre hommes ne l'enthousiasme pas vraiment. Malgré sa protection de fortune, elle distingue leurs jambes, sagement rangées à table et ôte son bras pour river des prunelles railleuses sur le couple. Isaac est justement en train de demander sur qui Percy est en ce moment et Paloma se fend d'un « Charmant » laconique. Elle les observe une poignée de secondes, jaugeant du meilleur angle de vue, avant d'immortaliser la scène à l'aide de son Ipad. Ca fera une chouette photo sur Twitter, avec leur proximité, le joli repas, les pétales de rose lascifs et la lumière vacillante des chandelles. Très romantique. Un sourire délibérément amusé se peint sur les lèvres de Paloma lorsque le flash crépite et elle s'avance finalement jusqu'à la table pour y déposer leurs desserts. « Que vous êtes mignons, on y croirait presque ! » qu'elle soupire comme une amoureuse déçue mais attendrie qui découvre que son crush est adorable, mais de l'autre bord. Paloma recule précautionneusement de quelques pas pour admirer une nouvelle fois la vue d'ensemble, plutôt fière de sa réalisation. Elle n'ajoute rien, se contentant de chiper une fraise sur la table pour la porter à ses lèvres alors que ses pas gracieux la conduisent jusqu'à la porte. Elle ne la prend pourtant pas, attendant que l'un des deux fasse la connexion entre son arrivée impromptue avec de quoi terminer leur repas et cette prétendue invitation de la production. Quand ils la feront, elle s'évanouira à travers les marches pour les laisser ruminer en paix mais dans l'attente, Paloma compte bien s'amuser de leur réaction.