Qu'est-ce que j'aimais me retrouver au bord de la piscine, c'était un rendez-vous quotidien que je me fixais à moi-même. C'était l'un des seuls endroits du nid, si ce n'était le seul qui avait un petit côté luxueux, mais soyons honnêtes, cela ne ressemblait à rien aux piscines de villas que j'eus à visité au cours de ma vie, ni même à ceux que possèdent les hôtels de mon mari. Je me trouvais assise au bord de la piscine agitant mes pieds dans l'eau bleue de celle-ci. Je ne rentrais jamais dans l'eau, je ne souhaitais pas mouiller mes cheveux dans la piscine là où tous les autres candidats se baignaient. La plupart ne faisait pas que ça, ils pouvaient cracher dans la piscine, laisser leur cheveux sales dans celle-ci ou encore pire, certains pouvaient faire leur besoin dedans. Qu'est-ce que ça me répugnait, tout ça. Je me contentais seulement d'y mettre les pieds, et encore, ça me dérangeait d'un côté. Sur ce, je posais mon regard sur le clochard de la salle d'attente qui venait de débarquer près de la piscine vêtu d'un tee-shirt et d'un short. Le bas de gamme se voyait au loin, qu'est-ce que c'était horrible. « Tu as pris le forfait clodo 24 heures sur 24, pendant 7 jours sur 7 avec en plus le style classe cinq heures illimités le dimanche. » Lâchais-je au jeune homme. Franchement, il était pas mal habillé au prime, il aurait pu porter son costume toute la semaine, ça n'aurait dérangé personne.

Il faisait drôlement beau, et j'avais décidé de prendre un peu le soleil, ouais. Je comptais bien bronzer un petit peu, histoire de ne pas rester blanc. Par chance, puisque j'avais l'habitude de passer mes journées dehors, qui vente ou qu'il mouille, ma peau s'était rapidement habituée au soleil et avait tendance à se dorer plus vite que la moyenne. En quelques jours, j'allais probablement ressembler à l'un de ces surfeurs qui passent leurs journées à naviguer sur leurs vagues sans se soucier de rien d'autre. Ça n'était pas plus mal. J'avais donc enfilé mon short de bain, un tee shirt quelconque, légèrement trop grand pour moi ainsi qu'une paire de lunettes de soleil et avais emprunté les escaliers pour descendre de quelques étages. Je n'aimais décidément pas prendre l'ascenseur, j'avais l'impression de perdre mon temps à attendre que Cupidon me guide d'étage en étage. Traversant le jardin, je ne tardais donc pas à arriver près de la piscine, où Dior semblait se relaxer, pieds trempant dans le bassin. « Tu as pris le forfait clodo 24 heures sur 24, pendant 7 jours sur 7 avec en plus le style classe cinq heures illimités le dimanche. » pourquoi ça ne m'étonnait même pas ? Avec le temps, j'avais fini par prendre ça comme de la dérision plutôt que comme une sorte de verdict tranchant. C'était probablement un peu des deux aux yeux de la candidate. « Oh ne t'en fais pas, dans quelques instants, tu n'auras plus aucun problème avec mes vêtements. » dis-je en lui adressant un malicieux sourire avant de tirer sur les pans de mon tee shirt et de l'enlever. Je n'allais pas bronzer avec, après tout. Prenant place à ses côtés je lâchais donc un « C'est mieux ? » avant de passer une main dans mes cheveux. « Tu sais... J'sais pas trop ce que tu t'imagines à mon sujet... » parce qu'elle semblait croire que j'étais un mec pauvre par choix, que je n'en foutais pas une, puisque je n'avais pas d'argent. « Je travaille tous les jours de cinq heures à vingt trois heures, j'additionne les boulots juste pour ramener de quoi manger à ma famille. » donc ouais, j'étais clairement loin d'être un de ces gars qui se reposent sur leurs lauriers. « J'ai deux parents inaptes à travailler, deux frères et cinq soeurs, alors oui, je te l'accorde, j'ai pas de quoi m'acheter des vêtements neufs, ni des marques. Je m'arrête pas sur les choses en vitrine qui me plaisent en me disant "je le veux" parce que j'sais que je pourrai pas me le payer. Mais je vaux tout autant que tous les gars que t'as pu fréquenter dans ta vie. » ouais, même si l'argent devait probablement être une priorité à ses yeux, ça l'était également pour moi, mais d'une autre manière.

Archie débarquait au bord de la piscine, je ne pus m'empêcher de faire un commentaire sur ses vêtements comme je le faisais tout le temps. Il était sûrement habitué à mes critiques, dorénavant. Ce n'était pas de ma faute, il avait qu'à bien se fringuer, hein. S'il n'avait pas les moyens, il n'avait qu'à utiliser la méthode illégale, il ne fallait pas se faire arrêter, c'était tout simple. « Oh ne t'en fais pas, dans quelques instants, tu n'auras plus aucun problème avec mes vêtements. » J'eus un petit espoir en pensant qu'il parlait de tout son dressing. Il allait donc sauver la planète en brûlant tous ses vêtements qui faisaient tâches dans la population. « C'est mieux ? » Je le regardais de nouveau. Hm, c'était mieux, mais nous pouvions faire mieux. « J'aime pas trop le short aussi, tu sais. » Il ne devait pas le prendre au sérieux, je plaisantais malgré l'intonation de ma voix. « Tu sais... J'sais pas trop ce que tu t'imagines à mon sujet... » Oh non, qu'est-ce qu'il allait encore me sortir. Un speech me faisant comprendre que j'avais tort à son sujet, sûrement. Je ne parlais jamais du jeune homme, je disais simplement qu'il était pauvre. C'était la stricte vérité, je n'y pouvais rien. « Je travaille tous les jours de cinq heures à vingt trois heures, j'additionne les boulots juste pour ramener de quoi manger à ma famille. » Ouais, j'avais vue juste, c'était l'heure de l'histoire triste du jeune homme. Il avait raison d'un côté, je ne me doutais pas qu'il travaillait si dur afin de vivre. « J'ai deux parents inaptes à travailler, deux frères et cinq soeurs, alors oui, je te l'accorde, j'ai pas de quoi m'acheter des vêtements neufs, ni des marques. Je m'arrête pas sur les choses en vitrine qui me plaisent en me disant "je le veux" parce que j'sais que je pourrai pas me le payer. Mais je vaux tout autant que tous les gars que t'as pu fréquenter dans ta vie. » Deux frères et cinq soeurs, je faisais le calcul dans ma tête, ils étaient donc sept, enfin huit, avec lui. C'était une poule pondeuse sa mère, après il s'étonnait de son inaptitude, après huit gosses, c'était tout à fait normal. Elle avait beaucoup bossé la nuit avec son mari. Bref. « Je suis censée pleurer ? » Demandais-je en ayant un air sérieux sur le visage. Franchement, il n'avait qu'à demander et je m'écroulais sur place. « Excuse-moi. » Les excuses n'étaient pas sincères, je souhaitais simplement me rattraper. J'étais toujours dans l'opération faux-cul avec les candidats. « Moi non plus, je ne sais pas ce que tu t'imagines à mon sujet. » Ouais, prenons sa méthode afin de me faire passer pour une nana ayant un minimum de sentiments. « Je ne suis pas née avec une cuillère en argent dans la bouche, tu sais. J'ai moi-même été pauvre pendant plusieurs années, dix-huit, exactement. J'ai tout simplement fait ce qui fallait afin de m'en sortir et de me retrouver dans une situation confortable. » Si je versais une larme, ça ferait trop, non ? « Donc, je ne comprends pas les personnes comme vous se sachant dans de mauvaises conditions, mais n'essayant pas de s'en sortir, vous n'avez aucune excuse. » S'il voulait vivre comme un roi, il devait s'en donner les moyens et s'il en avait pas, il trouvera toujours une personne pour le lui en donner.