Je la croise dans les couloirs et je l'embarque immédiatement, glissant ma main dans la sienne. Pour une petite aventure forestière. Cette nana est un pure mystère, un diamant brute aux facette tellement multiples qu'il est parfois difficile de savoir si on a bien Ana en face de nous et pas une entité différente. Pourtant elle forme un tout. J'ai une petite idée derrière la tête alors on s’équipe d'un jolie panier en osier que j'ai trouvé dans la cave. « Tu m'apprends à reconnaître les champignons comestibles ? » Je lui demande alors que j'enfile mes chaussures. Elle a du se douter que c'est que je voulais qu'on fasse quand je lui ai agité devant son petit nez en trompette le panier en osier. Et puis j'ai bien envie de sortir de la maison, tout en étant bien accompagné. Je me dis qu'à deux on risque pas de tomber sur un lourd qui veut faire la conversation. Oui je vais me servir d'elle comme d'un bouclier sociale. Parce que je veux pas socialiser avec n'importe qui en ce moment. Quand je vois que certains je connais pas du tout passe leur temps à me poser des questions indiscrètes... non franchement les questions de ce genre je préfère les entendre des gens que j'apprécie. Et je dois dire que ces dernière semaines Ana est un véritable coup de cœur. Elle a sut instaurer une certaine confiance entre nous deux en très peu de temps. Enfin moi je lui fais confiance après je ne sais pas si la réciproque est vraie. Le panier se balance dans le vide, au bout de bras alors qu'on se dirige d'un pas léger vers le forêt. Cette semaine je la vie assez différemment des autres et pas seulement parce que je suis nominée. Mais parce que pour la première fois je dois dire qu'il y a un visage qui me manque. Un visage qui m'est devenu assez familier au fil du temps. Hadrien et moi on se connaissait pas trop, mais assez pour que je l'apprécie réellement. Alors forcément les choses sont assez différentes. Je crois pas que je serais capable d'être réellement attristé d'un départ, juste quelque peu nostalgique. Parce que pour moi c'est pas vraiment une fin en soi, je veux dire... ça ne signifie pas qu'on va jamais se revoir ce genre de choses non ? Alors bon c'est vrai que je vis plutôt bien ma nomination voyant les choses de cette façon. On arrive enfin dans la forêt. « Alors on fait comment ? » Je lui demande dans un chuchotement comme si notre simple présence allait faire fuir les champignons. Je suis une fille de la ville, une pourrie gâté qui a apprit la vie dans l'humanitaire mais je dois dire que durant mes missions je n'ai jamais eu l'occasion de partir à la chasse au champignons.

Je viens tout juste d'enfiler une petite tunique rouge, un chapeau de paille. Je parais campagnarde de la sorte. Imagine déjà les avis divergents de la part de Jessica ou encore de Mckayla. Aujourd'hui je m'en fiche éperdument. Je décide de ne pas faire d'effort. J'enfile un petit collier. Pour faire joli. Pour rajouter une touche féminine digne de ce nom. En fait je n'en sais rien, c'est un magazine pour femme qui me l'a dit. Je sors tout juste du grand dressing lorsque je ressens une pression sur ma main. Je relève la tête et découvre le visage de Tilda. Un sourire des plus sincères s'esquisse alors sur mon visage. Je la laisse m'amener je ne sais où. J'ai confiance en réalité. Je sais qu'en sa présence tout va bien se passer. Pourtant nous n'avons eu qu'une discussion, mais tellement intense.. Que je pense, que je peux clarifier Tilda d'une potentiel amie. "D'accord, j'espère que tu as une mémoire photographique pour bien tout retenir." dis-je en la taquinant, espérant qu'elle la comprenne. J'ai toujours du mal avec l'humour. "On pourra en ramener quelques uns je te confectionnerais un petit livre, avec des croquis et des descriptions. J'ai déjà fait ça alors." dis-je en espérant l'aider de toutes les manières possibles. Parce que c'est ce que fait une amie non? Je vais même pour lui proposer mon chapeau lorsque je réalise qu'elle a déjà tout prévu. Elle me l'a même bien montré, son panier. Je suis encore dans la lune. Je le suis depuis le début de la semaine en réalité. Deux départs en deux semaine. Pas facile, même venant de moi. Lorsque nous arrivons dans la forêt, elle me demande comment effectuer la chasse. Je jette des petits coups d'oeils furtifs aux alentours, espérant secrètement recroiser la biche, bien qu'en réalité cela me ferait un pincement au coeur, parce que je crois en avoir bien un, de la revoir sans Hadrien. "Eh bien..." dis-je en lui répondant dans un chuchotement. "Tête vers le bas, je vais déjà te montrer ceux qui ne sont pas comestibles. Comme celui-là." dis-je en m'approchant tout doucement. Je sors alors un mouchoir de ma poche, petite poche présente sur ma tunique. Attrape le champignon. "Celui là il a beau ressembler aux champignons de Paris, tu ne le manges pas! C'est un amanite phalloïde dit aussi calice de la mort." Rien que le nom ne rassure pas. "tu vas le trouver généralement près des chênes, châtaigniers ou pins. Tu veux savoir qui sont ces victimes?" dis-je amusée de faire un peu d'histoire. "l'empereur romain Claude ou encore l'empereur du Saint-Empire Romain Germanique Charles VI." J'aime être en compagnie de Tilda et en même temps j'ai peur de la perdre, comme j'ai perdu les autres. "Tu vas bien?" dis-je en la regardant bien dans les yeux. Ne cherchant vraiment pas à savoir si le bébé allait, mais plutôt si elle, en tant que femme, en tant que personne, elle tenait le coup.

J'avais envie de passer un petit moment avec Ana, parce que finalement je crois qu'on s'est rapproché de manière considérable. Je crois que je pourrais la considérer comme une amie. Et les amies elle apportent des choses l'une à l'autre non ? Même si jusqu'ici j'ai surtout l'impression que c'est elle qui m'a apporté quelque chose. Tant pis je vais encore lui en demander un peu, avec cette petite ballade en forêt. En plus elle est juste parfaite avec son petit chapeau de paille et sa robe rouge. Elle est toute mignonne à croqué. « Après Alice, on a le droit au petit chaperon rouge ? » Je la taquine dans un sourire doux. Est-ce que j'ai une mémoire photographique ? Il paraît en tout cas que j'apprends très vite. « En médecine on m’appelait l’encyclopédie. » Je lui confie dans un regard complice. Même si bon j'avais aussi d'autres surnoms beaucoup moins intellectuelles. Et que surtout j'ai pas terminé médecine, pressé de ma barré de cet endroit maudit je me suis dirigé vers des études d'infirmières et je dois dire qu'il y a certains jours où je regrette et d'autre où je me rends compte que j'ai fais le choix le plus intelligent. Souvent quand je regrette c'est quand j'ai affaire à des médecins qui se prennent pour Dieu et qui me considère comme une femme de ménage. Elle me propose de me confectionner un petit livre avec des croquis. Je lui fais oui de la tête, ce serait assez pratique et puis surtout ça me permettrait de passer encore un peu de temps avec elle. On arrive donc dans la forêt, je le demande par où commencer parce que clairement même si je suis capable de survire dans une forêt pendant des semaines la cueillette de champignon c'est pas mon truc quoi, je préfère pas m'en approcher j'ai tellement du gérer des cas d’empoisonnement. C'était pas beau à voir. Oui bon c'est vrai que je ferais mieux de regarder par terre si je veux en trouver. Elle décide de me montrer les non comestible d'abord. Ah oui celui-là ? J'aurais juré que je pouvais faire un ragoût avec. « Calice de la mort ? » Je répète perplexe. Non clairement autant pas s'approcher d'un truc pareil. Elle va jusqu'à me parler des gens qui sont mort du Calice de la mort. Je trouve ça trop cool. « Tu sais si le type d'into the wild avait passé ne serait-ce qu'une journée avec toi, il serait pas mort aussi bêtement. » Je lui dis alors qu'elle m'avait demandé si je vais bien. J’élude de manière totalement volontaire. Parce que je ne veux pas répondre à cette question. Mais bon puisqu'il s'agit d'Ana je peux bien faire un petit effort. « Euh pffou... non pas vraiment. Mais ça va aller. » Je lui dis pas réellement convaincu. Au final même si ce qu'elle m'avait dit l'autre jour m'a aidé, j'en suis resté au même point. Déchiré entre des choix impossibles. « Est-ce que.... est-ce que tu regrettes ? » Je lui demande alors d'un air approximatif. « D'avoir donné ton bébé à l'adoption ? » Je pense qu'on peut en parler librement elle et moi non ?

Il me faut un peu de temps pour comprendre ces paroles. Ma mémoire, plus précisément mes souvenirs étant défectueux par moment. Mais lorsque je comprends où elle veut en venir j'esquisse un petit sourire. "Par chance je suis un peu plus violente que le chaperon rouge." Dit comme cela on va me prendre pour une folle. Je préfère alors préciser: "Au cas où un loup nous attaquent." On est jamais trop prudent. On a bien croisé une biche inoffensive la dernière fois, mais peut-être que cette forêt enferme des animaux un peu plus féroce. Toujours être sur cette garde lorsque l'espace nous entourant dépasse la surface d'un T1. "Tu te plais en médecine?" dis-je en rebondissant sur ses dires. C'est un drôle de surnom qu'on lui a donné. Il n'est pas moqueur. Je me demande si dans son domaine on peut le prendre pour un compliment? Je sais que dans le mien ce serait un avantage, mais aussi une critique. Caractéristique à double-tranchant. Nous continuons notre ballade, à la recherche de toutes sortes de champignons. Lorsque je lui présente le "calice de la mort" sa réaction me fait rougir. Into the Wild. Je n'ai pas eu l'occasion de voir le film, mais j'ai lu le livre de Jon Krakauer. C'est l'un de mes récits préférés. Digne de la réalité. "Tu sais, je dois tout à mon père." Ce ne sont pas dans mes habitudes de faire des louanges à mon père. Pas que je ne suis pas fière de lui, juste que je ne parle jamais de lui, ni de ma mère en temps normal. Mais avec Tilda c'est différent. Je sais, je sens que je peux parler de n'importe quel sujet. Cela ne me fera pas mal. Cela ne me rappellera pas de mauvais souvenirs. Le fait qu'elle m'avoue, elle, se sentir mal m'amène à réfléchir sur un moyen, une méthode pour qu'elle aille mieux. Malheureusement, au vu de sa situation, je sais que c'est plus facile à dire qu'à faire. Mon regard parcours la forêt lorsque j'aperçois un peu plus loin un champignon qui, je pense va plaire à Tilda. Je la tire délicatement par le bras et l'amène vers celui-ci. "Regarde. ça c'est du Clavaire de Zollinger. C'est bien la première fois que j'en vois de mes propres yeux. Apparemment il a un goût de radis, mais il est non-comestible. On l'a étudié en cours." dis-je fière d'en voir un pour la première fois. J'en aperçois un autre encore plus impressionnant. Je la tire de nouveau. Bien que mon attention soit portée sur la recherche, mes oreilles entendent tout de même ses questions. Je m'arrête alors au pied du champignon se nommant:Lactarius Indigo. Je m'accroupis. "Il est comestible." Oui avant de lui répondre, je préfère le lui préciser. "Non..." dis-je d'un seul coup. Dans un chuchotement, assez fort tout de même pour qu'elle puisse m'entendre. "Il n'aurait pas été bien avec moi. Je suis brisée et cela depuis que je suis gamine, depuis la mort de mes parents. J'ai fait face à leur décès et à mon vécu grâce à des médicaments. Alors pour le bien de ce petit je ne pouvais le garder." Oui parfois je pense à lui. Mais pas parce qu'il me manque. "Tu en as parlé à Lou? Si je te parle de lui c'est parce que j'ai vu que tu étais proche de lui". Je n'ai pas une curiosité mal placé. "Tu as le droit de ne pas me répondre." Oui je le précise. C'est dans mes habitudes. Lorsque j'évoque l'intimité des autres.