+ JESSICA

Cette semaine allait être éprouvante, je le savais. Et je ne faisais que le remarquer un peu plus alors que j'observais les aiguilles de l'horloge tourner, une à une. Si j'avais été tout excité la semaine dernière à l'idée d'observer la montre de Mallaury, le contraste ici était tel qu'aucune réelle expression ne trônait sur mon visage. Tout avait disparu. J'avais l'impression d'être vide. Pourtant je savais que pour continuer dans une aventure comme celle ci, il fallait que je me ressaisisse, que Mc ne voudrait très certainement pas me voir dans ce état. C'était plus fort que moi. J'étais devenu un véritable légume ambulant. Je ne bougeais que pour aller manger ou dormir, si bien que cela faisait maintenant deux jours que je n'avais pas fait de sport. Les candidats étaient pourtant habitués à me voir enfiler chaque matin mes affaires de sport pour faire mon footing quotidien. Mais là rien. Bon, j'étais tout de même loin de perdre les muscles que j'avais emmagasiné au fil des années, bien que je me doutais que mon père devait faire grise mine derrière son écran. Il devait très certainement vouloir que je force un peu plus, juste pour ne pas perdre de mon apparence. C'était bien tout ce que j'avais au final. Là, avachi sur l'un des canapés du salon, rongé par la solitude, j'attendais simplement que les heures passent. J'étais d'un pathétisme incroyable. Alors, lorsque Jessica passait dans les environs, je me rendais compte d'à quel point je devais avoir l'air à l'ouest, si bien qu'un petit « Dis... Tu veux bien rester avec moi ? » si je ne le demandais pas, je crois que personne ne l'aurait pas de lui même. « Si ça t'embête on... on sera pas obligé de parler. » C'était vraiment le seul argument que j'avais réussi à trouver sur le moment pour la convaincre de rester un petit peu avec moi. « Même si ça occupe pas trop, le silence. » captain obvious au rapport.

Je me sens mieux depuis que je suis passée aux toilettes, un peu plus légère, soulagée en fait, sans doute. J'ai même un léger sourire accroché aux lèvres alors que je prends le chemin du retour, vers le salon d'où je venais à la base. J'ai bien l'intention de me réinstaller à la même place que tout à l'heure pour pouvoir continuer à feuilleter mon magazine et à penser à des trucs débiles et sans importances mais d'un air surement plus guilleret. Sauf que mes plans tombent à l'eau quand j'aperçois Adnan avachi dans un fauteuil. Je le fixe un moment sans rien dire en m'approchant à peine, et c'est finalement lui qui ouvre la bouche en premier. Il me demande si je veux bien rester avec lui, avec son petit air de chien battu, là, oh, c'est trop, je vais fondre. « Bien sûr. » Je dis en m'installant bientôt à ses côtés. Il ajoute que si ça m'embête, on est pas obligé de parler. Je me contente de le regarder d'un air plein de compassion. C'est que j'ai de la peine de le voir comme ça, le pauvre chou. Il se reprend alors en déclarant que ça occupe pas trop, le silence, en fait, hm. « C'est pas faux, d'ailleurs c'est une des raisons qui fait que j'ai jamais aimé ça. » Je lui avoue dans un haussement d'épaules en plus de faire une sorte de petite grimace, veine tentative visant à voir un semblant de sourire apparaître et illuminer soudainement son mignon petit visage. « Bon, et donc de quoi tu veux qu'on parle, dis-moi, mon chat ? » Je lui demande en me redressant un peu pour mieux me caler dans la divan, tout en espérant qu'il m'entraîne pas dans une conversation trop compliqué pour moi et ma petite cervelle d’huître.

Je devais avoir l'air pathétique, là, allongé sur le canapé, le regard vide, mais que voulez-vous, tout le monde passait de toute évidence par cette étape dans cette aventure, et je n'allais apparemment pas faire exception à la règle. Enfin, c'était tout de même plutôt rassurant de voir que tout le monde ne me fuyait pas puisque Jessica n'avait pas hésité avant de s'installer à mes côtés. En général, personne n'aimait réellement ceux qui n'allaient pas bien, et si c'était habituellement mon rôle de les conforter, on pouvait clairement dire que ça n'était pas gagné cette fois ci puisqu'il s'agissait de moi. McKayla devait avoir envie de me frapper devant son écran, enfin non, pas de me frapper, mais de me secouer très très fort à la limite. Je lui avais promis de faire des efforts, mais de toute évidence, ça n'était pas pour aujourd'hui. Probablement pas pour demain non plus. (...) Oui, non, ça risquait d'être plus difficile que prévu. Je tentais de concentrer mon attention sur Jessica, histoire d'arrêter de me morfondre, mais ça aussi, c'était plutôt compliqué. Non pas qu'elle ne m'intéressait pas, non, bien au contraire, simplement que j'étais un cas désespéré et qu'elle allait rapidement s'en rendre compte. Je lui proposais un silence total, si le simple fait de parler la dérangeait, bien que celui ci ne serait pas franchement amusant. Heureusement pour moi, elle acquiesça sans trop de difficulté. Elle n'aimait pas le silence ? « Oh... C'est agréable de temps en temps je trouve. » Oui, enfin pas tout le temps non plus, tout de même. De quoi devions nous parler ? Ça, c'était une plutôt bonne question. « Je ne sais pas trop... Oh si. Il te plait Andreja ? Et Alistair ? » Oui, bon, voilà maintenant que j'étais lancé sur le sujet, on ne m'arrêtait déjà plus. Mais en même temps, je ne comprenais jamais rien aux relations des autres candidats, c'était bien trop compliqué à suivre de loin, alors moi, je préférais demander directement.

C'est un petit Adnan tout triste que je trouve dans le salon quand j'y entre. Il me demande si je veux bien rester avec lui et je ne vois vraiment pas de raison de refuser, je n'ai rien à faire dans l'immédiat, je peux bien lui tenir compagnie un petit moment. Il dit qu'on est pas obligé de parler, même si le silence ça occupe pas vraiment et je ne peux être que d'accord avec lui sur ce point. Même si d'après lui, c'est tout de même agréable de temps en temps. Je hausse les épaules d'un air pas vraiment convaincu, mais soit. « Hm, ouais, c'est vrai que ça peut être agréable, genre quand t'essayes de trouver le sommeil. » Enfin pour ma part, je peux m'endormir à peu près partout si je suis vraiment fatiguée, mais le silence c'est quand même pas mal dans ce cas-là, je veux bien l'admettre. Mais Adnan a envie qu'on discute, là tout de suite, alors je lui demande s'il a une idée du sujet que nous pourrions aborder. Il hésite d'abord, puis il évoque Andreja et Alistair. Est-ce qu'ils me plaisent ? Je suis un peu étonné sur le coup, mais pas tant que ça au final. C'est une question comme une autre, après tout. « Heu, oui, ils me plaisent tous les deux. Même si, bon, je préfère Andreja parce c'est plus mon type d'hommes, du genre grand, beau et fort, tu vois, le petit accent étranger en prime, puis je sais ce qu'il vaut au lit. » Donc il est forcément hors catégorie par rapport aux autres gars de la saison et c'est pas vraiment très loyal de le comparer à eux du coup, physiquement du moins, puisque j'en sais plus à ce niveau-là que n'importe qui, ici. « Mais Alistair est pas mal aussi, j'aime bien son côté mystérieux et un peu loup solitaire, et ses cheveux aussi. » C'est important, les cheveux, très important. Non mais je plaisante. Ou pas, allez savoir.