+ Je sens que toute cette semaine est teintée d'une couleur particulière. Déjà on s'est tous plus ou moins libérés du poids de nos secrets mais il plane tout de même encore une espèce de malaise. Puis c'est bientôt la finale, la victoire pour l'un des quatre finalistes, et ensuite ce sera la fin. Et je sais même pas trop comment je me sens à propos de ça. Un coup je me dis que c'est trop tôt, l'autre pas. Je suis un peu confuse, et dans quelques jours je serais totalement perdue mais ça ira, je crois. J'ai déjà eu à m'habituer à pire qu'une fin d'émission de télé-réalité. Enfin, je sais même pas si c'est le fait que tout s'arrête bientôt qui me fait bizarre. C'est plutôt retourner à une vie normale un peu morne et solitaire après tout ça, ne plus vivre en communauté, même ne plus avoir besoin de s'isoler parfois parce qu'on se sent oppressé, entouré, même trop, par toutes ces personnes qu'on a appris à connaître avec le temps, ne plus s'ennuyer autant ou pouvoir se permettre de ne rien faire pendant des journées entières. Et je me demande comment ce sera, l'après Fake Lover. Eryk m'en a déjà un peu parlé, mais je ne pourrais vraiment comprendre que lorsque je le vivrais. Je me demande si je serais beaucoup sollicitée ou pas du tout. J'espère avoir l'occasion de faire au moins un plateau télé et une radio, et pourquoi pas me retrouver en photo dans un magazine people, ce serait chouette. Enfin, j'imagine que je ne devrais pas m'attendre à autant de choses une fois que je serais dehors, c'est pas comme si j'avais encore des chances de gagner l'aventure, je ne suis pas finaliste, mais je trouve que ce serait un prolongement assez intéressant de l'aventure, comme une façon de l'achever plus en douceur. C'est fou le nombre de choses qui peuvent me traverser l'esprit quand je me maquille le matin. Je termine finalement et fixe un instant ma trousse de toilette. Il faudrait peut-être que je commence à rassembler mes affaires, histoire de ne pas avoir à trop courir dans tous les sens à la fin de la semaine au moment de boucler mes valises. J'ai dû égarer, éparpiller un tas de trucs dans le nid depuis que j'y ai fait mon entrée, je doute même de pouvoir tout récupérer, mais tant pis. Si je laisse quelque chose de moi ici ou dans le sac d'un autre, ce sera prétexte à se retrouver quelque part et à échanger un peu en dehors du jeu. Enfin bref. J'ai déjà fait le tour de la chambre stellaire dans laquelle j'ai récupéré un T-shirt et je m'aventure à présent dans la chambre hivernale. Je n'ai pas l'intention de mettre mon nez dans les affaires des autres non plus, je jette juste un coup d'oeil rapide, si je me rends compte qu'il me manque vraiment trop de trucs j'entreprendrais peut-être des recherches plus poussées mais ce n'est pas non plus trop urgent, j'ai encore quelques jours devant moi. Enfin, je m'y prendrais au dernier moment, comme bien souvent, je me connais. Quand j'entre dans la chambre, mon attention se porte immédiatement sur Gaëtane. Je lui souris. « Salut. Dis, y aurait pas des affaires à moi dans le coin, par hasard ?  » Je lui demande parce que je me dis que tant qu'à faire, autant poser la question à quelqu'un qui passe un peu de temps ici (parce que je crois bien que c'est sa chambre) et qui aura peut-être remarqué un vêtement qu'il m'a déjà vu porter ou un truc avec marqué "Jessica" dessus mais qu'il a pas pensé à me rapporter. Et puis si ça peut m'éviter de perdre mon temps en faisant inutilement le tour de la pièce aussi, je vois pas pourquoi je m'en priverais.

Quand j'arrive dans la chambre hivernale, j'ai la chance de trouver Gaëtane, elle aussi en plein rangement apparemment, puisqu'elle a le nez dans sa valise. Je profite d'être tombée sur elle pour lui demander si elle aurait vu pas quelques une de mes par ici, parce que je suis persuadée qu'il m'en manque plein. Elle ne pense pas, mais elle n'a pas l'air très sûre. « Bon... » Je m'apprête à la remercier mais elle m'indique finalement une robe laissée là, sur une chaise. Je m'en approche pour l'examiner d'un peu plus près et il ne m'en faut pas d'avantage pour la reconnaître presque aussi tôt. « Oh, si, c'est la mienne ! Super, merci. » Je m'en réjouis, un sourire ravi collé aux lèvres alors que j'attrape le vêtement. Je ne suis pas vraiment surprise de la retrouver ici. Quelqu'un a pu le confondre avec le sien, ou l'embarquer par inadvertance avec le reste de son linge en allant le chercher à la buanderie. De toute façon, ce n'est pas grave, je suis du genre à souvent perdre mes affaires sans même forcément m'en rendre compte, alors ça n'a rien de bien étonnant. Ce qui l'est tout de même un peu plus, en revanche, c'est la proposition de la jeune femme. Si jamais je viens un France, un jour, je serais la bienvenue dans sa région. Je lui adresse un large sourire. « C'est vrai ? Oh bah y a de grandes chances que j'y fasse un tour, alors, c'est gentil. » Je m'y attendais pas, mais je serais super contente de revoir Gaëtane, je l'ai toujours plutôt appréciée. Après tout, on est toutes les deux de vraies blondes aux cheveux teints, on ne pouvait pas ne pas s'entendre, hm. « Heu, mais attends, la Bretagne c'est où ? Dans le sud ? Non, dans le nord. C'est près de la Grande-Bretagne, c'est ça ? » Jessica et la géographie, quand il ne s'agit pas des Etats-Unis, on va dire que c'est pas trop ça. Bon, après c'est pas de ma faute non plus, à part Paris, Cannes et peut-être Marseille, je sais rien placé sur une carte de France. La demoiselle tiens tout de même à me préciser que ce n'est pas très dynamique, vers chez elle, mais c'est joli. « Ça me changera de Chicago comme ça. » Pas que ce soit pas joli, je parlais plus du côté dynamique, parce qu'on a beau ne plus être à l'époque d'Al Capone, ça reste l'une des plus grandes villes de mon grand pays, donc autant dire que le calme et la tranquillité, là-bas, on peut oublier.