Le simple fait de penser que cette aventure touche bientôt à sa fin suffit à me terrifier. Même si j'ai peut être fait mon temps, je ne suis pas prête à partir, à quitter tout ce qui avait fait ma vie depuis presque trois mois maintenant. J'avais finis par m'habituer à la vie en communauté  constamment entourée par un petit groupe de personnes aux caractères si différents. J'avais appris plus en ces quelques semaines d'aventure qu'en ces deux dernières années où je n'avais fait que mettre ma vie entre parenthèse. Rien n'avait changé après ces deux années, je n'avais fait que travailler bêtement sans jamais me remettre en question ou me mettre à la recherche de l'homme qui était sorti de ma vie aussi brutalement. Samuel, il était parti sans un mot du jour au lendemain et avait laissé un grand vide dans mon existence. Cette aventure avait tout remis en question de fond en comble. Même si ça m'effrayait, je devais régler une partie de ce que j'avais laissé en suspens pendant si longtemps. A l'heure des bilans je devais réfléchir à ce que j'allais devoir entreprendre lors de mon retour à la vie normale. L'inconnu, ce saut dans le vide m'intriguait autant qu'il me terrifiait. Pour faire taire toutes ces angoisses, j'avais besoin de ma dose de nicotine quotidienne. La cigarette avait toujours été ma meilleure alliée dans les moments de doute et elle remplirait à nouveau ce rôle ce soir. Le balcon ne me tente pas, j'ai besoin de grand air et de nature. La forêt me semble être la meilleure solution mais une fois à l'extérieur un premier coup de tonnerre vient déchirer le ciel. Très vite, une pluie diluvienne s'abat sur le jardin et je décide de me replier dans le kiosque à musique qui garantit un abri sûr en cas d'averse. Personne à l'horizon, j'ai le jardin pour moi toute seule alors je prends quelques libertés en m'asseyant en tailleur sur une des tables. Ce n'est pas comme si quelqu'un allait me le faire remarquer, par ce temps aucun candidat ne serait assez sain d'esprit pour improviser une petite balade nocturne. Je sors une cigarette de mon paquet avant de la glisser entre mes lèvres alors que la pluie redouble d'intensité. Lorsque j’entreprends d'allumer ma clope, mon briquet décide d'en faire des siennes. Malgré mes efforts surhumains, rien n'y fait, mon briquet refuse toujours de coopérer. C'est à ce moment là qu'Alistair déboule sous le kiosque, il a l'air d'avoir été surpris par la pluie. « Quelle entrée ». Je fais remarquer en coulant un regard espiègle dans sa direction. Il faut dire qu'il est arrivé en furie sûrement pour échapper à cette averse qui s’abattait sur le nid depuis plusieurs minutes. Il devait être sacrément trempé même si l'obscurité ne me permet de le distinguer clairement. « Sauve moi ». Je lui lance sur un ton qui a pour but de l'effrayer même si ce que j'ai à lui demander n'est pas aussi terrifiant que ça en a l'air. « Dis moi que tu as un briquet, le mien ne marche plus ». En bon fumeur qui se respecte, il doit forcément avoir un briquet dans sa poche et une cigarette me sauverait la vie là maintenant. Il ne peut pas me refuser ça, non ?      

Il est vingt-trois heures trente, le nid se fait de plus en plus calme. Pourtant, Alistair a déserté l’intérieur pour l’extérieur. Ce n’est pas inhabituel, surtout pas à cette heure-là. Il n’arrive pas à dormir et ne trouve pas de quoi s’occuper à l’intérieur. Cela devient de plus en plus récurrent, il commence sérieusement à tourner en rond, puisque ce nid n’a plus rien d’inédit à ses yeux. Ce n’est pas pour autant qu’il se réjouit de le quitter, au contraire, simplement il ne dirait pas non à un peu de nouveauté. Quoi qu’il en soit, le voilà en route pour une de ses traditionnelles balades nocturnes, on ne change pas une équipe gagnante. Le temps n’est pas trop mauvais, du moins, c’est ce qu’il lui semblait quand il a pris la direction de l’extérieur. Car il ne tarde pas à sentir une goutte sur son visage. Puis une seconde et en quelques minutes, les quelques gouttes de pluie qui ne le dérangent pas plus que cela dans sa balade, se transforment en averse foudroyante qui le trempe jusqu’aux os. La pluie n’a jamais fait de mal à personne, mais s’il peut éviter de tomber malade pour le prime de dimanche, ça l’arrange. Quoi que, en y réfléchissant, si ça peut le clouer au lit pour ne pas qu’il puisse révéler son secret lui-même, ce ne serait pas négligeable. Bien qu’au final, l’intitulé en lui-même ne soit pas particulièrement difficile, c’est plutôt les explications qui l’accompagnent. Il faudrait donc qu’il soit cloué au lit à partir de lundi, puisqu’il compte rester ici jusqu’à ce qu’on le vire. Enfin, puisqu’il ne peut pas prévoir quand il tombera malade s’il attrape froid, autant se mettre à l’abri rapidement, il serait tout de même dommage de gâcher sa dernière semaine ici parce qu’il n’a pas su se mettre à l’abri. Et puis le fait est que ses vêtements commencent à dégouliner et à lui coller à la peau, sensation loin d’être agréable. Il est plus près du kiosque à musique que du nid, raison pour laquelle il entame une course jusqu’à ce premier lieu. Il ne tarde pas à le rejoindre et il a à peine le temps de reprendre son souffle qu’une voix l’interpelle, le faisant légèrement sursauter. Il se retourne et découvre Felice, ayant pris ses aises sur l’une des tables. « D’habitude, mes entrées sont plus soignées, je suis déçu. » Il rétorque, d’une voix neutre, avant qu’elle ne reprenne la parole. Il fronce les sourcils tandis qu’il s’approche d’elle pour lui faire face. La sauver ? Si elle fait comme Tilda et lui demande des conseils, elle se trompe de personne. Mais il ne s’agit pas de cela, elle a besoin d’un briquet. Il fouille dans sa poche et en sort son paquet, trempé par la pluie. Il constate par la même occasion que ses cigarettes ont prises l’eau, ce qui relève du véritable drame pour Alistair. Il teste son briquet, il a l’air d’avoir pris un coup, mais une flamme s’en dégage, c’est déjà ça. « Seulement si tu as une cigarette. » Parce que ce n’est pas parce qu’il est accro à la nicotine qu’il est prêt à subir l’épreuve d’une cigarette mouillée, il faudrait vraiment qu’aucune autre solution se présente à lui pour s’infliger ce goût dégueulasse – bien qu’une cigarette ne soit pas forcément savoureuse en temps normal, hm. « Ça me manquait presque, ce temps. » Il dit cela plus pour lui-même que pour la jeune femme, mais ce n’est pas en Australie que la pluie est monnaie courante, contrairement au Royaume-Uni. « Si tu sors dimanche, tu vas rester jusqu'au bout ? » Il finit par demander, curieux. Certains éliminés sont revenus cette semaine, mais parmi les six éliminés de dimanche, est-ce que certains resteront pour la dernière semaine ? « Enfin, pas que je te souhaite de sortir dimanche. » Il reprend, puisque la précision est importante. Oh ça, non, il ne le lui souhaite pas, il a d’ailleurs ses préférences quant aux personnes qu’il souhaite voir en finale et Felice en fait partie.

Il est encore un peu trop tôt pour songer à aller dormir mais le nid reste tout de même étrangement désert. La fin se fait sentir, tout le monde est parti et je ne tarderai pas à suivre le même chemin. Il nous restait quoi ? Au maximum deux semaines et je n'étais pas prête à faire mes valises et à retourner à ma petite vie tranquille. Parfois le nid était mortellement ennuyeux mais c'était toujours plus divertissant que ce qui nous attendait à l'extérieur. Je ne savais pas à quoi m'attendre et cette perspective me terrifiait. Ne souhaitant pas être submergée par ces angoisses je décide d'aller fumer une cigarette au grand air pour me changer les idées. Mes poumons me remercieront peut être plus tard mais la cigarette a toujours été le seul moyen de calmer mes doutes et mes angoisses alors je ne suis pas encore prête à abandonner. Pourtant mon projet de clope au grand air est très vite avorté, la pluie a décidé de s'inviter et je me vois maintenant obligée de me replier dans le kiosque pour trouver un abris digne de ce  nom. Cette table va me servir de chaise et tant pis si ça en dérange certains même s'il n'y a pas vraiment foule ce soir sous cette pluie battante. Je joue de malchance quand mon briquet refuse de marcher, pas de flamme, pas de clopes. J'entrevois une petite lueur d'espoir lorsque je vois Alistair débarquer sous le kiosque, il va sûrement pouvoir m'aider. Encore faut-il qu'il remarque ma présence. Il sursaute lorsque je décide de briser le silence ce qui m'arrache un bref sourire, un rictus éphémère qui s'évapore aussitôt. En temps normal ses entrées sont beaucoup plus soignées et il ne cache pas sa déception. Je ne tarde pas à lui demander de me sauver sans préciser quoi que ce soit. Il vient se poster face à moi et je finis enfin par lui révéler ce dont j'ai besoin, un briquet rien de plus. Il sort le sien de sa poche en même temps que son paquet de clope qui a l'avoir d'avoir pris l'eau sous cet averse. Je suppose que je vais devoir le dépanner sur ce ce coup là et je suppose plutôt bien. Je m’empare de mon paquet négligemment poser sur la table avant de lui tendre. « Vas-y sers-toi ». Les miennes n'ont pas pris l'eau, je ne tiens pas à le voir fumer une cigarette mouillée. Tout sauf ça. Il fait une remarque sur le temps, la pluie lui avait presque manqué après toutes ces semaines passées au soleil. « Tu vas être dépaysé quand tu vas rentrer ». Moi aussi, à Seattle, la pluie est monnaie courante mais on finit par s'y habituer avec le temps. Et puis ça a quelque chose de tellement apaisant la pluie qu'il est difficile pour moi de râler par un temps pareil. Alistair finit par évoquer le prime de dimanche et si je compte rester même si je suis éliminée. « Je resterai, je ne suis pas pressée et encore moins prête à partir ». Je ne pouvais pas faire le deuil de cette aventure en quelques heures, alors si je suis éliminée dimanche je compte bien profiter de cette dernière semaine à moins qu'on décide de me mettre dehors. Même si j'en doute un peu, Tilda est bien restée. « Tu resteras jusqu'au bout, toi ? ». Je lui retourne la question parce qu'il peut très bien en avoir assez de ce nid et de ces habitants et que le mal du pays le guette. Il précise qu'il ne souhaite pas que je sorte dimanche. « Pourtant c'est ce qui risque de se produire ». Il ne fallait pas être une génie en mathématiques pour se rendre compte que les probabilités n'étaient pas en notre faveur. Dix candidats pour seulement 4 places, je n'étais pas fataliste mais il fallait parfois voir la réalité en face. « Tu mérites de rester ce dimanche ». J'ajoute d'une voix empreinte de sincérité. Bien sûr qu'il mérite de rester, bien plus que certains, et j'espère que le public est aussi de cet avis. J'ai mes petites préférences quant au carré final et j'espère que mes prédictions seront bonnes. Pour cela il faudrait déjà survivre au prime de dimanche et aux révélations de secrets qui allaient avoir lieu. Même si je n'aurait aucun mal  à parler du mien et qu'il ne risque pas de m'éloigner des candidats auxquels je tiens, je ne peux pas dire que ce soit le cas pour tout le monde. Il l'a déjà avoué, son secret risque de gâcher tous les liens qu'il a tissé au cours de cette aventure. Alors finalement il ne risque pas de rester une semaine de plus si jamais il est éliminé dimanche pour ne pas avoir à affronter nos réactions et s'enfuir loin d'ici. « Tu es prêt, toi, pour l'extérieur ? Ça te fait pas peur ? ». Je ne suis peut être pas la seule à être terrifiée rien que d'y penser et finalement ce voyage en Inde ce n'est qu'un moyen de plus pour retarder l'échéance.

En temps normal, il n’aurait probablement pas piqué un tel sprint pour se mettre à l’abri à cause d’une averse passagère. C’est un temps commun d’où il vient, à tel point qu’il ne fait plus d’efforts pour se mettre à l’abri quand autant de pluie s’abat sur lui. Il continue à marcher, attendant sagement que ça se calme. De plus, l’eau n’a jamais fait de mal à personne. Et puis, il s’en fiche bien de tomber malade à l’extérieur, ce n’est pas comme s’il avait un boulot auquel il devait se rendre tous les jours sans possibilité de s’excuser une fois ou l’autre. Sauf que là, il ne peut pas se permettre d’attraper un rhume ou une grippe, il faut qu’il soit opérationnel pour le prime de dimanche, bien même s’il aimerait bien l’éviter, justement. Quoi qu’il en soit, il court jusqu’au petit kiosque et c’est seulement quand Felice prend la parole qu’il réalise qu’il n’est pas seul. Il est tellement habitué à errer à l’extérieur à des heures considérées tardives qu’il vient à en oublier que d’autres peuvent le faire également. Quant à ses entrées, elles sont généralement plus soignées, tout à fait. Il est vraiment le type qui accorde une certaine importance à ce genre de détails. Felice lui demande ensuite de la sauver, il ne comprend pas vraiment sur le moment, jusqu’à ce qu’elle précise sa pensée. Un briquet, il a cela, bien évidemment, il ne se sépare jamais de son paquet de cigarettes et de son briquet. Sauf que le paquet a subi la pluie et que ses clopes sont trempées. Alors il propose un échange, son briquet contre une cigarette. Ça lui parait équitable, comme deal. D’ailleurs Felice ne tarde pas à accepter et pour le coup, c’est elle qui le sauve. « Merci. » Il ne tarde pas à s’emparer du paquet de cigarettes pour en sortir une qu’il allume avec son briquet avant de tendre celui-ci à Felice, puisqu’après tout, c’est elle qui a demandé en premier, il lui a un peu grillé la priorité. Il tire une première bouffée sur sa cigarette, avant qu’il se concentre sur le temps et émettre un commentaire sur celui-ci. Il est vrai que depuis qu’il est ici, il a oublié la pluie au détriment du soleil. Pourtant – et il suffit de voir sa peau blanche – il n’est pas fan de ce dernier. Il se réjouit quand même de retrouver la pluie qu’il connait tant. Il hoche simplement la tête à la réflexion de Felice, bien même s’il n’est pas certain qu’elle puisse le percevoir compte tenu de l’obscurité liée à l’heure. C’est vrai que dépaysé, il le sera, mais sûrement l’espace d’une ou deux semaines. Ça va lui faire bizarre de retrouver la pluie qu’il connait si bien, mais il ne va pas faire une petite déprime post-Australie. Il finit par évoquer le prime de dimanche, le sujet qu’il a en tête depuis une petite semaine et pour de multiples raisons. Si Felice vient à être éliminée, est-ce qu’elle restera ou fera ses valises pour retourner à Seattle ? La réponse qu’elle lui donne lui arrache un bref sourire. C’est une réaction purement égoïste. Il apprécie la candidate et il sait pertinemment qu’il perdra contact avec elle, comme avec tous les autres, alors s’il peut bénéficier d’une semaine supplémentaire avec ceux qu’il apprécie, il n’est pas contre. Elle n’est pas pressée ni prête à partir. C’est sans surprise qu’elle lui retourne la question. « Je pense, oui. Si ça peut retarder le retour à la vie réelle, je ne dis pas non. » Il est un peu dans le même cas qu’elle, en fait. Il n’est pas pressé ni prêt à partir d’ici. Il serait presque tenté de se cacher dans une armoire et d’attendre sagement que tout le monde déserte cet endroit pour y établir ses quartiers, c’est dire à quel point il n’a aucune envie de partir. Ceci dit, c’est son plan à l’heure actuelle, peut-être que les réactions qu’il recevra dimanche le dissuaderont de rester plus longtemps, sauf s’il y est obligé. Il précise d’ailleurs qu’il ne lui souhaite pas d’être éliminée dimanche, cela va de soi. C’est ce qu’il risque de se produire, selon elle. « Pour ce que ça vaut, je pense que tu as tes chances. » Certes, il n’a pas la parole sacrée, mais s’il se fie aux nominations et aux scores qui étaient les siens, elle est malgré tout parvenue à s’assurer le soutien du public, il n’y a pas de raison que celui-ci lui tourne le dos maintenant. Elle déclare ensuite qu’il mérite de rester dimanche. Il hausse les épaules, peu convaincu. « Pas plus qu’un autre. » C’est vrai, s’ils sont dix à être arrivés jusqu’ici, c’est parce qu’ils le méritent tous, d’une façon ou d’une autre. Et à y réfléchir, il ne s’est pas démarqué par sa capacité à trouver les secrets, ni par son esprit d’équipe ou son sens de la communauté, il n’y a qu’à voir les activités de vitesse organisées lors des primes et auxquelles il a rarement participé, y compris que son équipe pouvait remporter quelque chose. Elle lui pose une nouvelle question, lui demandant s’il est prêt pour l’extérieur, si ça ne lui fait pas peur. « Si. » Il souffle après quelques instants, tentant d’organiser ses pensées pour formuler une réponse plus convenable et plus précise. « Je n’ai aucun repère, je ne sais pas à quoi m’attendre et je n’aime pas cette idée d’inconnu. » Sa vie est faite d’inconnu, pourtant, il ne sait jamais comment la journée du lendemain va se dérouler, mais c’est un inconnu dont il a l’habitude. Tandis que cette fois-ci, c’est différent, il va exposer son secret aux yeux de tous et il ne peut pas prévoir les conséquences. Il les imagine négatives, dans la continuité des réactions des gens quand ils le découvrent par hasard. Sauf que cette fois-ci, ce ne sera pas une ou deux personnes qui l’apprendront en même temps, mais un certain nombre de personnes. Il ne sait donc pas l’importance des répercussions. Et puis, il va devoir déménager dans une autre ville ou même un petit village et il n’aura pas vraiment le temps de réfléchir à une destination, il devra se lancer dans l’inconnu sans y avoir pensé au préalable. Alors oui, ça lui fait peur. « Je pense qu’il n’est pas utile de te retourner la question. » Il continue simplement, haussant les épaules. Ils ont déjà eu une conversation similaire, il a cru comprendre qu’elle avait également peur de retrouver la vie réelle, alors il ne va pas lui demander si elle est dans le même cas que lui puisqu’il connait déjà la réponse. « Tu as revu des éliminés ? Ils t’ont dit comment c’était, à l’extérieur ? » Lui n’a revu que la brune qui tire la tronche, mais elle ne fait même pas partie de la catégorie des éliminés puisqu’elle a abandonné. De manière générale, il n’était proche d’aucun éliminé, si ce n’est Mallaury. Alors peut-être que Felice en sait plus que lui sur la question, peut-être que certains ont partagé leur expérience d’après-jeu. Il sait que les médias vont s’intéresser à eux, mais à quel point ? Est-ce qu’ils pourront tout de même bénéficier d’une certaine tranquillité ? À défaut de pouvoir le savoir par lui-même, il faut bien qu’il trouve des alternatives pour trouver des réponses à ses questions.

Lorsqu'Alistair vient trouver refuge sous le kiosque je me dis que le mauvais sort ne s'acharne pas contre moi. J'ai cette petite lueur d'espoir qui grandit en moi. Que son entrée soit soignée ou pas, il va me sauver, je le sens. Il fume, beaucoup, je l'ai déjà vu faire, et s'il est aussi accro que moi il doit bien se balader avec son paquet de cigarettes et son briquet en permanence. Ses affaires sont toutes trempée tout comme ses cigarettes et je me dis que le briquet a dû subir le même sort funeste. Pourtant une petite flamme s'échappe et j'esquisse un léger rictus de satisfaction. Sauf qu'Alistair est plutôt dur en affaire et il requiert une cigarette en échange de ses bons et loyaux services. Je lui tends mon paquet tout en l'invitant à se servir. C'est toujours meilleur qu'une cigarette mouillée, je lui ai sauvé la mise à lui aussi. Il me remercie tout en allumant sa cigarette puis il me tend enfin le briquet. « On est quitte maintenant » que je lui dis tout en m'empressant d'allumer ma clope. Je prends une grande bouffée bien méritée après toute cette histoire. On ne s'attarde pas plus que ça sur cette histoire de pluie, l'issue du prime de dimanche soir est beaucoup plus intéressant. Je sais que je vais rester jusqu'au bout pour ne pas avoir à retourner à la vie réelle. Je veux retarder l'échéance un maximum. Alistair est du même avis que moi, il pense rester une semaine de plus si jamais il vient à être éliminé dimanche soir. « Il n'y a rien qui te manque à l'extérieur ? » . Je lui demande parce qu'il n'y a qu'une seule raison pour avoir envie de prolonger son séjour en Australie. Onze semaines loin des proches ce devait être une éternité pour certains. Je n'avais pas ce problème là, moi qui n'avais pas vu ma famille depuis presque dix ans. Il n'y a rien qui m'attendait dehors si ce n'est mon travail. Je resterai même si je viens à être éliminée lors du prochain prime, ce qui risque de se produire si on se fit aux probabilités. 4 places pour 10 prétendants. Ce n'est que son humble avis mais Alistair pense que j'ai mes chances. « On verra bien dimanche » . Je finis par trancher d'une voix neutre. Je n'y crois pas du tout, c'est beaucoup plus facile que de se faire de faux espoirs. Et si je n'ai pas ma place, je sais que lui mérite amplement de rester. Modeste, il préfère se dire qu'il ne le mérite pas plus qu'un autre. « Pour ce que ça vaut, je pense que tu as tes chances » . J'ajoute avec un sourire. Ce n'est pas comme si je venais de répéter mot pour mot ce qu'il venait de me dire pour me donner un peu d'espoir. Le public a toujours soutenu Alistair et il a obtenu une très belle deuxième place lors de la dernière côte de popularité, on ne pouvait pas s'être lassé de lui en si peu de temps. Je finis par lui demander si l'extérieur lui fait peur. Cette idée d'inconnue ne le rassure pas, il ne sait pas à quoi s'attendre. « C'est peut être mieux de s'exhiler quelque temps finalement » . Ce voyage en Inde devait me permettre de me remettre en question par rapport à mon secret et ce qu'il a engendré mais finalement ça ne sera qu'un moyen de fuir les sollicitations du monde extérieur. Il a raison, c'est inutile de me retourner la question. « Ça se voit tant que ça ? » . Peut être qu'on peut lire sur mon visage que je suis soucieuse et inquiète. Je n'ai jamais été une experte dans l'art de dissimuler mes émotions. Il se figure que les anciens candidats ont pu me confier leur ressenti quant à leur expérience à l'extérieur. « Je n'ai vu qu'Eryk et ... ce n'est pas le genre de conversations qu'on a tous les deux » . Je ne risque pas de lui apporter mon aide sur ce coup-là, nous allions devoir découvrir ça de nous-même. Il ne restait qu'une petite semaine pour nous y préparer. Dimanche, tout allait être radicalement différent, plus de secrets, une transparence totale. « Tu penses que je vais m'éloigner et que mon regard va changer après la révélation de ton secret ? » . Parce qu'il m'a déjà prévenu il y a déjà quelques semaines, son secret allait tout gâcher mais peut être que les choses ont changé entre temps. La révélation de son secret me fait plus peur que la mienne. Je n'ai pas envie qu'un secret vienne tout gâcher, j'apprécie Alistair et je n'aimerai que cette aventure se termine sur une note négative. Sa réponse ne risque pas de me rassurer mais elle me préparera au pire.