09/03 feat simone +

Il n'a pas fermé l'oeil de la nuit. Evidemment. Un tel contraste avec le train de vie qu'il a depuis des années, ça ne se comble pas en un jour. Très peu friand du style camping/aventurier façon rambo, l'adaptation n'est pas simple. C'est donc aux aurores, alors que les ¾ des candidats dorment encore à poings fermés, qu'il quitte sa tente. A quoi bon rester fixer la toile de cette dernière d'un air complètement béta, autant mettre à profit le temps qui se profile devant lui. De plus lors de la soirée d'hier le jeune homme s'est retrouvé le ventre vide à rechigner de grignoter les cochonneries présentes et assoiffé parce que Monsieur ne boit pas d'alcool. Sur le plan présenté par l'animateur la veille, il y a décelé la présence d'un puit. Même si la nuit est encore présente, les premiers rayons du soleil pointent le bout de leur nez permettant à Gekko d'y voir un peu plus clair à travers les arbres pour trouver son chemin. Et tel le petit poucet, pour se rappeler du chemin du retour, il sème des cailloux derrière son passage. Sait-on jamais, un moment d'inattention et on se retrouve très rapidement perdu dans cette forêt qui n'en finit pas. Après une balade d'une demi-heure dans les bois, il aperçoit enfin son objectif : le puit. Devant le trou accueillant l'eau qui pourra combler sa soif, il remarque bien rapidement, pardonnez l'expression, une couille dans le pâté. Une corde, mais pas de sceau. Finalement cette semaine c'est crève ou intègre l'aventure. « En voilà une belle couillonnade ... » Même dans ses jurons, impossible de déceler le moindre énervement tellement l'intonation de sa voix est plate et son visage inexpressif. Pourtant il est agacé. Il n'a qu'une envie, frapper quelque chose, de hurler. Sauf qu'il est dans la retenue et se met immédiatement à chercher une solution au problème posé. Bien sûr trop préoccupé à faire fonctionner ses neurones de si bon matin, il n'aperçoit pas la demoiselle qui arrive au loin.

Première matinée au sein du nid, et je me réveille, parfaitement reposée malgré la courte nuit de sommeil que je viens de partager en compagnie de ma partenaire de camping, Ariadne. La jeune femme dort d’ailleurs encore à point fermé, et ne souhaitant pas troubler son repos, je me hisse tout doucement hors de notre tente, la frôlant au passage, mais pas assez pour la tirer de ses songes nocturnes. Elle semble paisible, et pendant un moment, je lui envie cette capacité de dormir à une heure où tout s’éveille. La fatigue risque de se faire ressentir en fin de journée, le cas échéant, j’en profiterai pour venir faire une petite sieste, tout simplement. Aucune contrainte de temps ne m’en empêche. Je suis libre d’agir à ma guise, d’une certaine façon, en ces lieux. Du moment que je participe aux activités de groupe et que je fais connaître ma valeur aux autres. J’ai d’ailleurs pris la direction du puit afin de récupérer de l’eau. Et pas rien que pour ma petite personne, bien que ma gorge sèche risque d’en profiter. J’ai l’intention d’offrir un rafraichissement aux lèves-tôt qui se regrouperont autour de la table pour ce petit déjeuner en nature. Si ce n’est pas être serviable, ça. Il me faut une bonne quinzaine de minutes avant de rejoindre le puit, et je suis presque surprise d’y trouver un candidat, qui s’affaire autour de l’installation. À le voir s’agiter, je me questionne. Mais à défaut de l’interroger, je m’approche du tout pour constater, je crois, être la source du problème. Un profond soupir s’échappe de mes lèvres. « C’est pas sérieux…  »  Je veux bien participer à cette activité de survie en forêt, mais si la production n’est même pas à même de nous fournir l’essentiel, je considère que c’est tout simplement une blague de très mauvais goût. Heureusement que certains d’entre nous se débrouillent à l’état sauvage, sinon je ne donnerais pas cher de notre peau après quelques jours. Ayant momentanément oublié la présence du second candidat, j’ai un élan de lucidité et je me tourne vers lui. « Dis-moi que tu cherches une solution à cette impasse. À deux cerveaux, on devrait surement pouvoir trouver quelque chose. » Car le mien tourne déjà à plein régime pour déniché la meilleure idée qui soit.

Cette idée de camp, de survie, de je te largue dans la nature et démerde-toi, Gekko il n'est pas fan. Habitué à ce que tout lui soit servi sur un plateau en argent, il se retrouve face à une réalité qui n'est pas celle à laquelle il est accoutumé. Bien qu'au quotidien il jouisse de biens et d'une fortune à en faire pâlir plus d'un, il n'est pas tant que cela attiré par la richesse et tout ce qu'il y a de « matériel ». Les choses qui ornent son train de vie, il en profite et ne s'en cache pas, mais il n'y a jamais été réellement attaché. Du moins c'est ce qu'il pensait jusqu'à ce qu'il en soit totalement privé et qu'il se rendre compte qu'il est entièrement dépendant et matérialiste. Vivre sans rien, ou avec si peu, ce n'est pas chose facile. Lui qui se disait vivre que pour son boulot et rien d'autre, il a néanmoins des besoins et des habitudes qui sont difficiles à abandonner. Donc oui son confort lui manque. Il est face à ce puit la gorge asséchée à chercher un stratagème pour s'abreuver, alors qu'avant d'en arriver là, il lui suffisait d'appeler son secrétaire. Difficile de se rendre compte qu'on se déresponsabilise des tâches du quotidien qui paraissent simples et anodines lorsqu'on est totalement absorbé par son travail. Loin de la vie confortable qu'il menait jusqu'à présent, il doit dorénavant se débrouiller. Une jeune femme fait alors son apparition et semble soudainement concernée par le problème du puit. « Merci, mais je ne pense pas avoir besoin de votre cerveau pour une tâche aussi aisée » Le sien lui suffit amplement. D'ailleurs à peine avait-il posé le problème qu'une solution s'était offerte à lui. Ni une, ni deux, il ôte sa chemise, enlève les lacets de ses chaussures puis avec il attache les quatre coins de cette dernière qu'il finit par relier à la corde. Lorsqu'il descend l'ensemble au fond du puit, il attend deux, voire trois secondes, puis il remonte sa chemise contenant en son creux de l'eau. Bien sûr il doit y avoir un système beaucoup plus simple, mais c'est la solution trouvée par notre Gekko et cette dernière semble efficace. Plongeant la tête dans le peu d'eau remontée, il finit par se désaltérer. Il réitère l'opération à plusieurs reprises sans porter aucune attention à la candidate présente à côté de lui. Il a soif, il boit.

Je suis un peu insultée par sa remarque, alors qu’il refuse d’user de mes idées pour que nous réglions cette problématique. Est-ce parce que je suis une femme ou parce que je suis blonde, ou bien tout simplement ces deux réponses à la fois? Ok, il faut que j’arrête avec les préjugés, ça va pas le faire. Il veut faire cavalier seul, qu’il le fasse. Je me contente donc d’hausser les épaules d’un air désabusé, le délaissant pour m’affairer à ma propre survie. Et en ce moment, elle ne dépendant que d’une chose : trouver une façon pour accéder à l’eau de ce puit. Mes pas se frayent leur chemin autour de l’installation en pierre, mon regard se penche sur tous les éléments visuels potentiellement utilisables. Je scrutais d’un œil distrait les manigances de l’asiatique, qui se servit tout simplement de sa chemise pour récupérer de quoi se désaltérer, mais je doutais qu’à long terme, cette solution ne soit pas des plus viable. S’il fallait se mouiller à chaque que sa gorge asséché criait à l’aide, je préférais passer mon tour. Peut-être devrais-je y mettre plus de temps et ainsi pratiquer ma patience, mais je songeais à une issue plus concrète. Ce furent les longues herbes hautes, à l’abord des arbres, qui illuminèrent mon regard d’une lueur d’espoir. Il y avait surement un moyen de tresser celles-ci afin d’en faire un récipient hermétique, ou un truc y ressemblant. Et possiblement réutilisable, bien que je doutais de la durée de vie de cette verdure, mise à rude épreuve de la sorte. Tant pis, ça valait tout de même le coup d’essayer. M’installant en tailleur parmi les mauvaises plantes, j’arrachais celles qui se trouvaient à proximité, débutant mon tressage en coinçant l’extrémité entre mes pieds pour stabilité mon point de départ. Je n’accordais plus aucune attention à l’autre candidat présent sur les lieux. C'était du chacun pour soi.

Spoiler:

Femme blonde, pas blonde, même pour un homme il aurait eu la même réponse. Il n'a pas ce genre de préjugé. Disons que c'est plus par habitude et une préférence que de réfléchir seul plutôt qu'à deux. Qu'elle le prenne mal, ou pas, ce n'est pas de son ressort. Il constitue de son côté un système assez peu élaboré pour le coup afin de combler sa soif. Une fois satisfait, il détache sa chemise trempée et la dépose sur le rebord du puit. Pour le coup, il l'admet, il n'a pas été très malin. Mais il a bu boire, c'est ce qui compte. De son côté, il s'aperçoit que la candidate s'attèle au tissage d'un récipient à l'aide de longues feuilles. Astucieux, il l'admet. Bien qu'avec son air arrogant on peut facilement le prendre pour un prétentieux, il sait reconnaitre de bonne idée. Sa curiosité piquée au vif, il prend sur son temps pour la regarder. En silence, bien sûr. Malheureusement pour lui, ce moment d'inattention le détourne de sa chemise qui entre temps a disparu du rebord du puit. Il comprend bien rapidement que cette dernière est tombée dans le trou et ça le contrarie. Il ne l'avait pas vu venir et se retrouve lésée par cette situation. En dehors du fait qu'il la trouvait extrêmement laide, elle lui tenait chaud la nuit et sa présence n'est pas négligeable. « Je déteste cet endroit. Je déteste cette chemise. Je déteste ce puit ... » s'exprime-t-il dans son coin et pour sa propre gouverne. Il est vrai que depuis le début de cette semaine, l'adaptation n'est pas facile. Cherchant un moyen rapide de récupérer son vêtement, il s'en va un court instant pour revenir avec quelques branches pour s'en servir comme hameçon. Jouer les Robinson Crusoé, très peu pour lui.

À force de croiser et entrecroiser ces feuilles, d’une façon presque religieuse, j’en oubliais presque la présence silencieuse de l’autre candidat dans les parages. Bien qu’apte à accorder mon attention à plus d’une tâche à la fois, celle-ci occupait toutes mes pensées, car je ne souhaitais pas me reprendre à plus d’une reprise pour parvenir à mes fins. Le premier essaie, la première tentative se devait d’être la bonne. Ma gorge sèche m’en voudrait terriblement si je ne parvenais pas à satisfaire ses envies dans les prochaines minutes, et comme je ne souhaitais pas encourir la déshydratation, je m’empressais de satisfaire à la demande. Ce serait toutefois rapide, mais bien effectuer! Sentant le regard de l’asiatique posé sur ma silhouette, mouvée que par ces gestes répétitifs que je réitérais inlassablement, je relevais un instant la tête pour croiser son regard. Je ne le trouvais pas. Le sien glissait vers les profondeurs du puit, et l’agacement se lisait sur ses traits. Une rapide analyse de la scène du crime me fit comprendre l’enjeu de la situation. Et que dire de ces propos. Impossible de ne pas avoir un léger rictus sur le bout de mes lèvres. « Pas de chance, alors, puisque tu es coincé ici. Sans chemise.  » furent mes seules remarques. Oh, je ne me moquais pas de lui. Non, du tout. N’empêche que cette situation m’amusait un tantinet, je devais me l'avouer.

Le japonais commence à saturer de devoir vivre dans un environnement aussi hostile. Ce grand froussard ne désire qu'une chose, retrouver son confort. Ce n'est pas une princesse et ce n'est pas un grand matérialiste, mais il a besoin d'un minium pour être à son aise. Donc lorsque les merdes s'accumulent et qu'un mur se dresse sans arrêt devant lui dès qu'il fait un pas en avant, ça en devient insupportable. Bien sûr il ne laisse rien transparaître au niveau des expressions de son visage, juste quelques mots qui s'enchaînent et qui démontrent son agacement face à ce nouveau problème. Avec des bouts de bois trouver dans les parages il tente de fabriquer un crochet qui lui permettrait de récupérer son vêtement. La candidate également présente sur les lieux constate le souci auquel Gekko doit faire face et s'en amuse. Sa remarque n'a aucune incidence sur la concentration de notre jeune homme à bricoler sa petite attache. « Vous devriez retourner à votre tressage si vous voulez avoir l'occasion de boire et de combler votre soif » Une remarque, pas un reproche, ni un pic en réponse à ce qu'elle a dit précédemment. Ce n'est pas un conseil non plus, notre jeune homme n'a pas ce genre d'attention envers les autres. Disons tout simplement qu'il lui faire remarquer qu'au lieu de s'amuser de l'indélicate situation dans laquelle se retrouve Gekko, elle devrait terminer son tressage pour pouvoir s'abreuver. De son côté il continue de bricoler et finit par attacher l'embout fabriquer à la va-vite à la corde. Balançant cette dernière dans le puit, il la déplace de gauche à droite avant de sentir au bout du fil quelque chose de consistant, sa chemise sans doute, qu'il tente d'accrocher au « harpon » artisanale qu'il a confectionné. Remontant la corde petit à petit, il finit par apercevoir le vêtement qui a à peine quelques mètres sous ses yeux retombe dans les profondeurs du trou. Ce n'est définitivement pas Bob le bricoleur. Ce pauvre gars est bien plus doué avec les chiffres. « Quand vous remonterez de l'eau avec votre installation, si vous remontez ma chemise dans un même temps, je vous prie de bien vouloir de me la rapporter » Dit-il soudainement à l'adresse de la candidate. En plus de ne pas être un grand bricoleur, ce n'est pas un grand patient également.