J’étais monté tout en haut pour savoir comment c’était ce fameux toit recouvert d’une pelouse synthétique, sauf que le fait de monter toute ces marches m’avait essoufflé – vive l’endurance – et je dus donc rejoindre les tables pour m’asseoir sur une des chaises. Une fois là, je ne bougeai plus mais au moins j’étais à l’air libre et donc une pause cigarette s’imposait. J’en sortis une de mon paquet qui était dans ma poche et l’allumai rapidement avant de tirer une bouffée de nicotine bien méritée. Dieu merci, il ne pleuvait pas aujourd’hui. Si j’avais quitté l’Ireland il y a deux ans c’était pour me faire connaitre en tant que musicien, mais j’avais aussi été ravis de quitter ce temps plus que pourri surtout que je détestait la pluie, l’eau en abondance. Sachant ce qui avait tué mes parents c’était plus que normal comme réaction. Bref. Je m’étais un peu affalé sur la chaise que j’occupais, et entreprit donc de me redresser. Là je vis un homme débarqué, avec une dégaine qui voulait franchement dire « je m’en fou de tout ». « Salut. » dis-je alors que le jeune homme semblait m’avoir remarqué puisqu’il m’avait jeté un coup d’œil.

Feat. Roman

Ainsi notre endroit "extérieur" de la maison se trouvait sur le toit. Mouais. Je n'étais pas grand adepte de cet idée mais je m'y ferais certainement et j'avais d'ailleurs décidé de m'y rendre pour respirer un peu à plein poumons. Après tout, j'adorais passé du temps dehors en Ecosse alors je suppose que ce n'est pas quelque chose qui changera ici. Tout du moins, je ne l'espère pas. Je mis un certain temps à monter les marches assez nombreuses mais étant en plutôt bonne condition physique, je n'en souffris pas trop. Non, je n'étais pas un homme faisant de la gonflette vingt-quatre heures sur vingt-quatre mais oui, j'aimais courir afin de me vider la tête tous les matins alors. Arrivé en haut, je vis cet homme affalé sur une chaise, bon ... il devait être fatigué où je ne sais quoi mais je n'y prêta pas plus attention que cela. Faut croire que lui ne s'en foutait pas de ma présence puisqu'il me salua d'un simple salut. Politesses quand tu me tiens. Je me contentai de lui sourire tout en allant m'asseoir sur l'une des chaises en face de lui. « Salut ... Faut croire que je n'étais pas le seul à venir visiter cet endroit. Roman, 26 ans et écossais. Pour simplifier les présentations» Lui avais-je alors dit, peu sûr qu'il y avait quelque chose de plus à ajouter à mon sujet

Je souris, terminant ma cigarette je lui répondis « Keane, 23 ans, Irlandais… Du Nord. » dis-je. Les gens demandaient toujours que je précise alors à force je le faisais. Je voyais pas trop l’utilité mais bon c’était ainsi, peut que les gens étaient raciste envers les citoyens de sa majesté la reine Elizabeth II ? Ou l’inverse. D’ailleurs cette reine est sur le trône depuis 1952. Elle y est encore, c’est ça le plus fou. Les anglais on un profond respect pour la reine mais rien a foutre je suis Irlandais et je me demandais de plus en plus quand est ce qu’elle allait passer de vie à trépas. Horrible, ouais. Mais bon je n’étais plus vraiment sensible à la mort depuis que je vivais dans un espèce de monde à part, depuis quelques années quoi. Merci les catastrophes naturelles. Bref. « Alors… Euu, Roman. Tu parles français ? » enfaite, c’était son prénom qui… Bref.

Il semblait soudainement adopté ma façon claire, courte et précise afin de se présenter et ça n'en était pas plus mal. Nous savions le plus important l'un de l'autre sans être partis dans de longues histoires au sujet de nos vies, qui j'en suis sûre sont aussi ennuyeuse l'une que l'autre. Enfin, peut-être pas mais cet après-midi n'était pas mon après-midi de grande écoute. D'ailleurs je ne compris pas pourquoi il avait précisé de quelle Irlande il venait. Je n'avais d'ailleurs jamais vraiment compris pourquoi nous séparions donc tant ce pays. Faut dire que les cours de géographie étaient de ceux que je séchais le plus lorsque j'étais plus jeune alors comment voulez-vous que j'en sache réellement quelque chose. Je savais situer mon pays sur une carte et ma ville aussi alors pas besoin de beaucoup plus. Le jour où j'aurais besoin de choisir une destination de vacances j'irai sur internet et je verrais par la suite voilà tout. Je souris à sa question. Non, elle n'était pas bête mais on me l'avait déjà posé un paquet de fois à cause de mon prénom qui sonnait si français. « Non pas du tout ... Enfin si je sais dire Bonjour. Mes parents auraient adoré mais je n'ai jamais mis un pied aux cours qu'ils me payaient afin de dompter cette langue. Tu le parles toi ? »

Dommage, j'aurais trouver ça marrant qu'il parle français, enfin j'imaginais que les blagues pourries sur son prénom devait avoir été faites maintes et maintes fois. N’empêche, c'était drôle. Et puis je n'avais pas eu envie de poser une question du genre "ça va, comment était cette première nuit" et patati et patata, c'était lassant, c'était chiant et franchement pas original or... Pour se faire remarqué et rester, il fallait être original. Mais bon on verrait bien ce qui se passerait puisque de toute manière on ne pouvait pas contrôler les nomination - dommage -. "Non, enfin je sais dire bonjour, comment ça va et un numéro de chambre que j'ai appris par coeur pour un voyage." ben oui, quand il fallait demander les clé a la réception, je devais dire le numéro ! Les premiers jours j'ai galéré mais la fille qui était avec moi parlait français et elle m'a donc appris à dire "214" hm. Je ne savais même pas dire les autres chiffres.

Nous avions visiblement le même niveau de français, je ne parlais pas le français, je bafouillais le français. Étonnant pour un type qui s'appelle Roman n'est-ce pas ? Enfin, Keane c'était beaucoup plus anglais je ne vais pas le nier. « Le numéro, c'était celui de la chambre d'une jolie fille ? » Avais-je dit dans un rictus, après tout pourquoi pas. Imaginez un peu l'histoire romantique du petit Irlandais qui tombe amoureux d'une gracieuse française et qui décide de se rendre dans son pays pour la retrouver. Belle histoire. Mais je doute réellement que ce soit la réalité. A notre époque peu de gens sont encore capable de telles preuves d'amours. Les "je t'aime" sont envoyés sans même être pensé. Triste. Enfin, je ne vis peut-être pas à la bonne époque. Quoi que ... sans internet je ne ferais rien de ma vie. Donc je suis bel et bien à la bonne époque avec des pensées plus anciennes nous dirons. « Alors, qu'est-ce qui t'amène dans ce jeu ? »J'avais constaté que beaucoup d'entres nous ne savait pas vraiment. Pour ma part c'était le hasard d'une publicité qui m'y avait mené. Non je n'étais pas en quête de gloire, pas en manque d'argent, ni même en manque d'amour. J'avais juste envie de m'amuser sans me préoccuper du reste. Bon c'est déjà ce que je fais chez moi - sale gosse de riche que je suis- mais le faire devant des caméras c'est beaucoup mieux.

D’une jolie fille ? Ca aurait tellement mieux comme histoire mais non, j’aurais aussi pu dire que c’était les jolies filles qui apprenait par cœur les numéros de chambres d’hôtel ou j’allais mais ça, c’était vraiment trop prétentieux. En enfaite c’était justement pour ça que j’aurais très bien pu le sortir mais étant donné qu’il fallait donner une plutôt bonne impression au début du jeu, je ne dis rien. Plus tard, oui plus tard… « Non, ça aurait pu, ou plutôt l’inverse… » Ben voilà enfaite… C’était sortit tout seul, promis. J’avais lâché un petit rire moi aussi en disant cela car bien sur, ce n’était pas vrai. La seule femme qui apprenait mes numéros de chambre par cœur était Bettany, la chanteuse de mon groupe et meilleure amie par la même occasion. Et si elle les apprenait c’était uniquement pour pouvoir venir me faire chier à pas d’heure. Puis Roman me posa LA question fatidique. A savoir, pourquoi j’étais dans ce jeu. « La notoriété, uniquement pour la notoriété. Je suis riche et l’amour je m’en fou comme de l’an 40 tandis que la notoriété… C’est bon a prendre. Et toi ? » demandais-je. J’aurais pu lui préciser pourquoi la notoriété mais j’en étais a peu près sur qu’il n’en avait rien à foutre.

« Alors t'es ce genre de mec autour duquel on voit toujours vingt filles ? » Lui avais-je demandé suite à la remarque qu'il venait de faire au sujet du numéro de sa chambre. Parce que oui, il avait sous-entendu que c'était les femmes qui le lui demandait. Je n'étais pas ce genre d'hommes. Enfin, je l'avais été à un moment de ma vie. Vingt filles étant peut-être exagéré je dirais simplement que j'avais mon petit succès auprès des filles et puis j'ai décidé de cesser de jouer. Enfin. Détail insignifiant de ma petite vie. Comme je m'y attendais il me retournait la question que je venais de lui poser. Je posai mon regard dans le sien « Le hasard, une publicité et je me suis dit que je pourrai m'amuser un peu.» Court simple et peut-être même irresponsable mais je n'avais rien de mieux à faire de ma vie. Rien. Et puis ma venue ici laisserait un peu de temps à ma mère pour se reposer de ma présence qu'elle endurait chaque jour de sa vie. Bien qu'elle m'aime énormément, soyons clairs

Le genre de mec autour duquel on voit tourner 20 filles… J’eus un petit rire en entendant ça. « Non, les américaines préfère les buns ténébreux… Ou les mecs bien musclé. » dis-je en faisant une petite grimace, pas mon cas. Ceci dit j’aurais pu ajouter que certaines d’entre elle aiment les anglais (irlandais anglais, whatever) et les artistes mais bon je n’allais pas déballer ma vie comme ça alors qu’il devait certainement n’en avoir rien a foutre, plus tard peut être si on s’entendait bien, même si pour le moment je n’avais rien à lui reprocher. Roman semblait être un homme gentil, pas le genre a critiquer ou quoi, je sais pas je le sentais bien, pour une fois. « Ta vie est donc si ennuyeuse ? » demandais-je, sans la moindre gêne. Encore une fois, dans mon univers à moi, dans ma conception des choses, ce n’était pas une question à proscrire qui aurait pu être mal prise, non c’était juste une question comme ça. Comme j’aurais pu demander « Et sinon ça va ? » voilà quoi…

«Rah, que ces américaines sont superficielles ... C'est pour ça que l'amérique ne m'a jamais intéressé. D'ailleurs elle m'intéresse encore moins depuis que je regarde les experts et que je vois à quel point les gens crèvent vite la-bas » Bon c'était une fiction mais savez-vous qu'en Amérique la moitié de la population se balade avec une arme à feu, enfin le tiers sans doute. Je sais que cette affirmation me vient encore des experts mais si ils le disent c'est que ce n'est pas entièrement faux. «Mon cerveau vient de faire une association de malade, je le sais il est lent mais bon ... Tu y vis toi en Amérique ? Je voulais pas t'effrayer avec mes histoires bizarres hein» Suite à mon aveux d'être venu suite à une simple publicité et la simple envie de m'amuser celui-ci me demanda si ma vie était si ennuyeuse. Je ne le pris pas mal, c'est vrai que j'avais l'air de traîner le fardeau de l'univers sur mon dos alors qu'en réalité je n'avais rien à reprocher à ma vie. Enfin, rien sauf mon manque d'indépendance mais c'était entièrement ma faute. « Non, je l'aime bien ma vie hein ... Je m'éclate réellement et beauucoup rêverait d'avoir une vie aussi facile que la mienne. Je dirai que je n'ai pas beaucoup de mérite dans tout ce que je possède c'est tout.» Et puis je l'avais déjà raconté entièrement au casting de Cupidon alors je voulais surtout éviter d'en ressortir tout mon blabla de cette fois-là parce que ça risquait d'être long