Léo était loin d'être un amour au lit, bien au contraire. Je ne compte plus les coups de pieds que j'ai reçu pendant que j'étais dans les bras de morphée, mais, très honnêtement, ça se compte en dizaine. Évidemment il n'y a eu aucuns bleus, et Dieu merci d'ailleurs - enfin, pour lui, parce qu'il risquait de passer un sale quart d'heure. Mais alors, à côté de Cecil, Léo était un amour. Sérieusement. Non, Cecil ne me kick pas hors du lit. Dieu merci. C'est encore pire, il me pousse. Le mec me pousse. Sans rire. J'ai terminé ma nuit allongée sur le ventre avec un morceau de la tête et le bras gauche hors du lit. Je rigole même pas. Je crois que je n'ai jamais connu quelque chose comme ça avant mais malheureusement je ne suis pas au bout de mes peines car il s'avère que ce mec qui fait le triple de mon poids est mon partenaire, et partenaire de lit surtout. Adieu. Je vais mourir étouffée dans ce lit, or j'avais imaginé une mort un peu plus classe ou plus intéressante. Là, c'est nul. Oui, c'est nul. C'est pour ça que sur les coups de neuf heures du soir, je profite de l'absence de ce grand homme - en taille seulement - pour me jeter sur le lit en mode étoile de mer et passer mes derniers moments agréables sur ce lit. Car je sens que ce soir c'est reparti pour un tour et dieu sait que si j'avais la force de le jeter hors du lit je l'aurais déjà fait. Malheureusement je n'ai pas été conçue avec des bras assez puissants pour que cette tâche me soit accessible, et il est hors de question que j'aille dormir ailleurs que dans mon lit. Donc, dans tous les cas, je subis la mort chaque soir. Tant pis. Alors que je suis tranquillement allongée sur mon lit, donc, un mec me sort de la lune en gueulant à la porte. Putain. Je vais le tuer. En plus, je remarque que c'est Léo. Il s'est pris pour qui au juste. Petit con. Si je l'attrape lui. « Nan ! » Sérieusement. Je pose mon droit de véto. C'est ma chambre, pas la sienne. Alors je veux bien qu'on ait partagé quelques moments sous une tente mais de là à me réveiller - enfin je n'étais pas endormie mais presque - d'une telle façon, c'est inacceptable. Me réveiller tout court est inacceptable, en soi. Le mec ne tient pas compte de mes paroles et il rentre tout de même. Il se lance dans une tirade qui me fait rire parce que c'est tellement erroné. Mais si ça lui fait plaisir de croire ce qu'il raconte... je le laisse dans son délire, alors. Cependant sa dernière phrase est intrigante et je veux en savoir plus. Et là... et là... le mec sort un caleçon de je-ne-sais-où - et je ne suis pas sûre d'avoir envie de savoir - et ma première réaction dans ce genre de moments devrait être de lui lancer dessus or là, je rigole. Parce que ça me fait rire, parce que c'est con et parce que ça a un côté dégueulasse. Je rigole quand c'est dégueulasse parce que je suis moi-même une grosse dégueulasse, un problème ? « Je.. » n'ai pas les mots, en effet. C'est ça, le terme. Ne pas avoir les mots. J'ai envie de l'engueuler pour m'avoir "réveiller" mais en même temps ce petit mec qui doit faire à peu près trente kilos tout mouillé est drôle. Bon il est pas non plus hilarant on va pas abuser non plus, calmons-nous. Il ajoute que c'est le caleçon qu'il portait pendant la semaine des abysses. J'ai envie de vomir. Pour être honnête j'étais prête à l'insulter parce qu'il n'avait porté qu'un seul caleçon pendant toute une semaine et puis je me suis soudainement rappelée que j'ai pas fait mieux non plus de mon côté. « T'es vraiment trop gentil. Non vraiment fallait pas. » Je le regarde et je le juge un peu. « Mais tu devrais l'offrir à ta nouvelle partenaire.. parce qu'apparemment tu m'as remplacée... » je joue la meuf jalouse alors que je suis la personne la moins jalouse au monde et dans ce cas précis c'est surtout que je m'en tamponne complètement étant donné qu'on est pas si proches lui et moi. Mais j'ai juste envie de faire chier. « Et puis arrête, je sais que c'est moi qui te manque. Je le vois dans tes yeux. » il a envie de pleurer parce qu'il m'aime. Ou pas.

Mon habitude à agacer les gens ne recule devant rien. A tel point qu’elle ne s’est pas fait la malle face aux menaces de Ronan dès le premier soir lors du subtile « prime d’introduction », alors ce n’est pas devant la voix stridente de Nirvana que j’vais me rabaisser. En plus ça s’éclaire de toutes les couleurs quand je marche. J’adore. J’suis aussi un peu vénère qu’on ait à se taper la chambre aux bouches d’aération alors qu’ils ont une piste de danse parfaite pour : 1) danser, 2) éclairer toute la chambre en pleine nuit 3) s’improviser roi du dancefloor en n’importe quelle circonstance, mais bon . Je m’avance fier comme paon et prêt à dégainer, ce que je finis par faire d’ailleurs mais dans un sens purement sain d’esprit. Il s’agit seulement de mon caleçon, pas de ce qui est censé se trouver dedans. D’ailleurs j’ai pris un jaune, il est cool, je l’aime bien et surtout j’l’ai pioché au hasard avant de débarquer en me disant qu’il serait parfait pour associer avec les cheveux de Nirvana. Le jaune et l’noir ça va bien ensemble j’trouve… ‘fin dans ma conception des choses. Pauvre d’elle, elle en perd ses mots. Je sais que j’suis plein d’attention. D’ailleurs j’lui balance la chose dessus parce que c’est à elle maintenant, même si j’suis plutôt confiant quant au délai de récupération de ma propriété qui devrait être assez court. « Tu sais bien. » Après une semaine c’est d’une évidence toute trouvée que j’suis le mec le plus sympa qu’elle puisse avoir à se mettre sous les yeux ici. J’tique lorsqu’elle évoque ma nouvelle partenaire. Non alors en fait… « Elle est pas du genre sniffeuse, ça l’intéresse pas. » J’hausse les épaules avant d’esquisser un sourire satisfait. « Sois pas mauvaise, je sais qu’entre un bridé et un black t’y perds au change mais tu lui trouveras certains avantages. Tu pourras venir dormir au pied de mon lit si ça t’fait si mal. » J’me trouve particulièrement généreux ces temps-ci, j’espère que c’est pas l’enfermement qui fait déjà des siennes. De là à insinuer qu’elle me manque elle y va fort la nana. « Tu vois rien du tout, ils sont trop fermés pour ça. » Moi j’peux lire dans ses grandes billes noires mais elles dans mes petits grains d’riz j’pense pas qu’elle y voit grand-chose. « Bon tu m’fais tester, tu m’racontes ta vie, . Dis-moi tout copine. » Je caricature la bonne copine telle que j’la perçois, c'est-à-dire chiante et touche à tout, c’est donc tout naturellement que j’viens m’affaler sur son lit avec mes pompes pour tester son matelas. S’ils ont la chambre de MJ plus des meilleurs matelas j’suis prêt à crier au scandale.