SAYID & @MACKENZI
mardi 24 mars - 23:12

Il n'arriverait pas dormir cette nuit, c'était une certitude. La nuit précédente avait été une catastrophe entre le contre-coup d'un prime qui l'avait bien plus secoué qu'il ne l'aurait souhaité, et le fait qu'il avait à peine osé regarder du côté de Claudia après avoir à nouveau démontré sa poisse à la roulette et nominé sa partenaire d'office pour les prochaines nominations. C'était le jeu après tout, et Sayid n'empêchait en rien sa partenaire de s'essayer au hasard elle aussi, mais après lui avoir déjà fait écoper de deux voix contre elle la semaine précédente il commençait à craindre que Claudia ne le considère comme un poids dans son parcours et il n'avait pas envie que son partenariat ressemble à ceux dont les binômes se supportaient à peine. Et ça, ajouté à tous les autres trucs qui peuplaient sa tête en temps normal, c'était l'assurance de ne pas réussir à s'endormir ce soir, alors plutôt que d'essayer de s'acharner il avait préféré sortir prendre l'air, en se disant que le soleil viendrait bien plus tard ... peut-être. Certains préféraient la vue imprenable qu'offrait le toit de l'hôtel, mais Sayid lui avait déjà établi une préférence pour le belvédère duquel on pouvait observer ce qui avait été leur lieu d'habitation pendant une semaine. Il était attiré et fasciné par le vide comme certains l'étaient par le bruit de la mer, et s'il n'y prenait pas garde il pouvait rester là à regard vers le bas durant des heures sans que plus rien ne compte autour de lui. A moins que quelqu'un ne vienne le déloger, et justement des pas derrière lui l'avaient sorti de ses pensées et obligé à se retourner pour découvrir l'identité du visiteur. Ou plutôt de la visiteuse, qu'il n'avait pas tardé à reconnaitre malgré la faible luminosité offerte par le seul lampadaire du belvédère. « Tu ne dors pas. » C'était une question sans en être une, il constatait mais elle n'était aucunement obligée de se justifier. Lui non plus après tout, mais lui connaissait ses propres raisons à ne pas pouvoir - ou vouloir - aller se coucher. Se retournant à nouveau il s'était appuyé contre la balustrade, estimant que si Mackenzi avait envie de le rejoindre elle le ferait, et ce n'est finalement qu'après de longues secondes de silence qu'il avait demandé « Tu lui en as voulu ? » Tournant la tête il avait posé les yeux sur la jeune femme, et à son regard il avait rapidement compris que si la question lui semblait claire à lui, elle en revanche avait un peu de mal à savoir où il voulait en venir. « A Istvan. C'est un peu à cause de lui que tu as été nominée la semaine dernière. » Parce que sans les trois voix contre leur binôme peut-être n'auraient-ils pas subi cette nomination qui avait coûté la place au danois, mais qui aurait tout aussi bien pu lui coûter sa place à elle puisque le choix n'avait reposé qu'entre les mains d'une seule candidate. Et on s'en doutait, la question de Sayid n'était pas désintéressée ; Il cherchait à savoir de manière détournée ce qui pouvait bien se passer dans la tête de sa propre partenaire, maintenant qu'elle était nominée par sa faute.

Je ne suis pas quelqu'un qui a pour habitude de dormir beaucoup. Je ne me couche jamais très tôt et je ne me lève jamais tard non plus. La plupart du temps, six heures suffisent amplement à ce que je me tienne éveillée sans difficulté la journée qui suit. Et c'est d'ailleurs pour cette raison, qu'à une heure où beaucoup commencent à aller se coucher, je continue d'errer dans l'hôtel. Et même si je me contente de l'intérieur du nid pendant un long moment, j'ai soudainement envie d'aller prendre l'air. J'ai envie de m'aérer l'esprit et pour ça, il n'y a rien de mieux que de prendre la direction du jardin. Jardin dans lequel je reste un moment. Peut-être bien une demie-heure. Puis, après avoir admiré les fleurs, je prends le chemin du belvédère. Je n'y suis jamais encore allée mais j'en ai entendu parlé et j'ai envie de voir si cet endroit est aussi impressionnant qu'on le dit. Dans l'obscurité, je suis un chemin qui me semble être le bon. La solitude ne me pèse pas, l'obscurité ne m'effraie pas et pourtant, je suis contente de tomber sur un autre candidat. Je reconnais aisément les traits physiques de Sayid qui après m'avoir entendu, se retourne et s'exprime aussitôt. L’intonation de sa voix ne m'aide pas vraiment à savoir si il s'agit d'une question ou non. Confuse, je considère qu'il s'agit effectivement d'une interrogation qu'il se pose bien que la réponse me parait logique. Non, je ne dors pas. Pourquoi ? «Je ne dors pas beaucoup.» affirmais-je simplement en allant m'installer à côté de lui. Imitant le candidat, je m'appuie contre la balustrade tandis qu'une nouvelle question s'évade des lèvres du brun. Une question à laquelle je souhaite répondre honnêtement. «Non.» A vrai dire, lui en vouloir ne m'avait même pas traversé l'esprit. A mes yeux, il n'était pas plus fautif que moi, même si il nous avait apporté un petit malus. «Lui en vouloir ne m'avait même pas traversé l'esprit.» Articulais-je en fixant les abysses du regard. «Tu penses que j'aurais dû ? Tu penses que cela fait de moi une mauvaise candidate de télé-réalité ?» Il m'avait posé des questions et c'était à mon tour désormais. J'avais bien conscience que je n'avais pas forcément le profil idéal de la candidate de télé-réalité et je me demandais assez régulièrement si cela faisait de moi une mauvaise joueuse.

Il ne s'attendait pas à ce que quelqu'un d'autre vienne s'échouer dans le coin à une heure pareille, moins encore que s'il s'était trouvé dans une des pièces de l'hôtel ou bien en bordure de jardin. Il fallait vraiment le vouloir pour faire le trajet jusqu'au belvédère alors que s'entamait la dernière heure de la journée, et par conséquent Mackenzi n'était probablement pas là autrement que par envie ou parce que le sommeil se faisait désirer. « Je ne dors pas beaucoup. » C'était une raison tout à fait légitime, et puis au fond Sayid avait tendance à oublier facilement que pour bon nombre de gens il n'était pas encore si tard que cela ... Tour était une question de rythme de vie, lui avait remarqué qu'il se levait beaucoup plus tôt que la plupart des candidats, simplement parce qu'il était habitué depuis un certain temps à se coucher tôt et à se réveiller à l'aube. Laissant là ses constatations personnelles sur le rythme de sommeil des uns et des autres, il avait gardé le silence un court instant tandis que Mackenzi venait finalement se poser près de lui, et ses yeux glissant un instant sur la jeune femme il avait croisé les bras contre la balustrade, comme elle, et finalement posé la question qui lui brûlait les lèvres. Il se demandait si Mackenzi en avait voulu à Istvan, pour sa nomination, égoïstement parce qu'il avait envie de savoir si la situation entre Claudia et lui était irréversible ou non, et s'il y avait matière à comparer. « Non. » Vraiment ? « Lui en vouloir ne m'avait même pas traversé l'esprit. » Il aurait du se sentir soulagé, probablement, et se dire que si Mackenzi était capable de faire la part des choses alors probablement que Claudia aussi ... Mais non, au fond il savait que cela ne voulait rien dire. « Tu penses que j'aurais dû ? Tu penses que cela fait de moi une mauvaise candidate de télé-réalité ? » La question avait provoqué chez Sayid un sourire amer, et pourtant quelque part un peu amusé tant cela lui semblait improbable de lui poser cette question à lui. Lui qui était de moins en moins certain d'être à sa place ici. « Je ne pense pas être le mieux placé pour savoir ce qu'est un bon candidat de télé-réalité. » Rien que le mot le faisait grincer des dents, télé-réalité. Bon dieu, mais qu'est-ce qu'il était venu foutre ici. « C'est quoi, ton objectif en venant ici ? » Parce qu'il était clair à ses yeux que l'on ne s'infligeait pas ce genre de programmes si l'on n'avait pas une idée derrière la tête, à moins de s'appeler Sailor ou Gigi et d'avoir les yeux qui brillaient devant l'émission depuis l'autre côté de leur télévision ... Mais pour une raison inconnue Sayid avait du mal à s'imaginer Mackenzi dans ce rôle de ménagère plantée devant son écran de télévision. « Claudia m'en veut. » Il ne savait pas pourquoi il lui disait cela, tout d'un coup. Pour faire le lien avec ce qu'il avait demandé tout à l'heure, probablement. Oh bien sûr Claudia avait accepté ses excuses, tout ça, mais il n'était pas dupe et il savait encore remarquer lorsque quelqu'un avait un souci avec lui. C'était bien la seule chose qu'il arrivait à décrypter chez les autres sans trop de difficulté à vrai dire. « Et j'veux dire, je peux comprendre, mais ... je ne sais pas. Ça m'agace. » Et c'était peut-être le fait d'être agacé qui le perturbait le plus, parce qu'au fond il n'en regrettait pas plus d'avoir tourné la roulette, et tout cela ne l'empêcherait probablement pas de retenter sa (mal)chance la semaine prochaine, s'il était encore là.

Les questions posées par Sayid me poussent à me poser quelques questions sur moi-même. Il y en a une que je cite oralement, d'autres que je garde à l'intérieur parce que je n'ai pas envie de l'envahir avec mes questions. La plupart de ces questions concernait na capacité à survivre dans une émission comme celle-ci. Je ne pense pas suffisamment stratégique, peut-être même un peu trop gentille. Je risquais, au fur et à mesure des semaines, de me faire manger tout cru. C'e n'était pas pour autant que je comptais changer de personnalité mais il me faudrait, sans doute, me préparer à quelques déceptions liées à des candidats plus stratégiques et moins sentimentaux que moi. J'allais m'y préparer. C'est tout ce que je pourrais faire pour éviter d'être trop souvent blessée par le choix de mes colocataires. Sayid ne se trouvait pas le mieux placé pour répondre à ma question et je me sentais soudainement moins seul, pensant que Sayid était probablement lui aussi, un peu étranger à toute cette culture télévisuelle. Et puis, une question qu'il est le premier à me poser depuis que je suis arrivée ici. Honnête, je ne vais pas lui cacher la vérité, je ne vais pas lui mentir en disant que je suis ici pour l'amour ou pour l'argent. De toute façon, si il est suffisamment observateur, il a déjà dû remarquer cette alliance que je porte en permanence à l'annulaire. «C'est mon mari qui m'a poussé à m'inscrire. Il s'est dit que ça me ferait du bien de changer d'air, de sortir de notre maison. A vrai dire, je ne sais pas trop si il m'envoie là pour moi ou si c'est pour pouvoir avoir un peu des vacances.» Cette phrase n'est pas dite avec amertume. J'essaie de rire de la situation plutôt que de me dire que c'est véritablement la fin de notre histoire d'amour. Dans ma tête, cette fin n'est toujours pas envisageable. Je l'aime encore et m'éloigner de lui n'y changera rien. Sayid lui, me semble préoccupé et l'objet de ses préoccupation n'est autre que sa partenaire. J'ai entendu qu'il l'avait placé involontairement sur le banc des nominés de cette semaine et il pense qu'elle lui en veut. Cela n'est pas impossible, je ne connais pas suffisamment la candidate pour me prononcer, ni même pour tenter de la raisonner. «Tu en es sûr ? Elle te l'a dit ?» Il s'agissait peut-être juste d'une mauvaise impression. J'en étais presque certaine à vrai dire. Comment en vouloir à quelqu'un alors qu'il me s'agit pas d'un choix mais du hasard. Je me posais délicatement ma main sur celle de Sayid, espérant qu'il ne soit pas opposé à ce genre de contact. «Cela va passer, elle oubliera. » Claudia m'a plutôt l'air d'être quelqu'un qui n'a pas à s'en craindre. Je ne pense pas qu'elle soit en danger cette semaine et ce, peu importe les candidats qui se retrouvent face à elle. «Puis je trouve pas ça très juste de t'en vouloir puisque cette nomination ne découle pas directement d'un choix que tu as fait.»