+@Olivia
Imma n’est pas plus du genre protection de la nature, que destruction totale. Elle ne lutte pas pour la faune et la flore, toutes les deux protégées, mais elle ne peut s’empêcher de s’émerveiller devant de belles plantes et de grands arbres, comme c’est exactement le cas en ce moment. Elle avance doucement dans les allées, le nez pointé en l’air pour observer les grandes feuilles passant parfois au-dessus d’elle. C’est qu’elle a l’habitude de voir de grands arbres chez elle, mais pas de ce genre-là. Ici, elle a plutôt l’impression d’être dans une jungle amazonienne, avec des couleurs chatoyante et une humidité légèrement ambiante. Et ses animaux sauvages. Enfin, son animal sauvage et encore, il n’a pas l’air bien sauvage. Un perroquet trônait fièrement sur le dossier d’un banc. Le perroquet que Maha avait gagné lors de la loterie. Fascinée, Imma le regarde de loin n’osant s’approcher de la bête. Elle n’a pas peur, ou que très légèrement. Mais elle se dit que les animaux doivent sentir ce genre de chose, alors elle ne tente pas le diable. Pas tout de suite. « Qu’est-ce que tu fais ici ? » Elle souffle, lui posant directement la question. Elle est tout de même étonnée de le voir dehors, tout seul. Ne risque-t-il pas de s’envoler et de s’évanouir dans la nature ? Avalant difficilement sa salive, elle finit par aligner quelques pas dans sa direction. Mais un battement d’ailes la fait se raviser. Elle se stoppe. Lui n’a pas bougé. Seule une personne s’approche d’eux, une rousse qu’elle reconnait, peut-être cause de ce brusque mouvement de l’animal. « Olivia » Qu’elle souffle tout doucement, presque un chuchotement pour ne pas alerter l’animal. « Regardes » Elle pointe du doigt le perroquet dont elle a oublié le prénom.

Pour la deuxième fois de la journée, je me rends dans la cuisine et actionne la bouilloire. Celle-ci est tellement plus rapide et sophistiquée que celle qui j'ai à la maison à Londres. Mais elle fait autant de bruit. Cela ne me dérange pas, j'ai toujours été captivée par les changements de température de l'eau et la naissance des petites bulles à partir de presque rien. Dans le mug géant que je me suis approprié depuis le premier jour, je verse l'eau chaude et y ajoute un sachet de thé vert. En me voyant, je suis certaine que les gens doivent penser que je suis le genre de fille très zen, thé et méditation... En réalité c'est tout le contraire. Ayant une personnalité borderline, j'ai eu une période assez auto-destructrice, carburant au café, cigarettes, et à plus d'alcool qu'il n'est raisonnable d'en boire. Et cette période n'est pas si lointaine d'ailleurs. Depuis j'ai pris un tournant radical et ai décidé d'être plus saine, et compense avec des litres et des litres de thé. C'est déjà mieux. Ma tasse à la main, je m'en vais me balader dans le jardin et laisse mes yeux se promener de fleur en fleur, de bourgeon en bourgeon, puis d'arbre en arbre lorsque je m'enfonce dans la petite forêt du domaine. « Olivia » J'entends mon prénom mais ne percute pas immédiatement que quelqu'un m'appelle. Il me faut apercevoir Imma pour réaliser qu'elle s'adresse à moi. Je fais quelques pas en sa direction avant de m'arrêter alors qu'elle dit : « Regardes ! » Je regarde son bras et suis la direction qu'elle pointe avec son index et c'est la que je le vois, le perroquet. Je murmure, aussi bas qu'elle : Oooooh ! Après avoir trempé mes lèvres dans le thé chaud, je suis prise d'un regret : Oh non... Mon appareil est resté à l'intérieur... La photo que j'aurais pu prendre aurait franchement été merveilleuse.