C’est la semaine dernière qu’Imma avait posé le pied la première fois sur le sol de la salle zen et une espèce de coup de foudre l’avait prise. Un peu comme devant le bassin japonais dehors et l’aquarium dans le couloir. L’intérêt de cette chambre, le rêve, la tranquillité, tout pour elle. Imma a besoin de rêver, comme elle a besoin d’être seule parfois. C’est ce qui la motiva à s’avancer dans la salle finissant un bout de gâteau au chocolat gracieusement préparé par une autre candidate de l’hôtel. Elle avançait pas à pas, très doucement dans pièce, ses yeux se posant directement sur le corps étendu d’une blonde. Sur le coup elle n’avait pas Simone, la seule blonde à qui elle avait déjà réellement parlé. Avec qui elle avait échangé devant les poissons, lui laissant un très bon souvenir. S’approchant à pas feutrés, elle se demanda si son sommeil était normal. C’est bête, mais elle se demandait si la jeune femme respirait encore ; son sommeil semblait si paisible, peut-être trop pour être normal. S’approchant encore un peu plus – trop – Simone s’anima. Laissant alors le temps à la namibienne de faire quelques pas en arrière, se décaler. Le marchand de sable l’a bien eu. Imma sourit légèrement. Elle connait ce mythe. Rapidement elle baissa son regard sur ses doigts, ne voulant pas être impoli avec elle. Et finalement ce qu’elle lui dit ensuite, Imma le prend comme une critique. Ou pas une critique, mais un message subliminal, caché. « Oh je… Je m’en vais alors » Elle ne voulait pas la réveiller, l’empêcher de dormir. Elle regrette vraiment, déjà en marche vers la sortie, mais elle l’invite à s’assoir à côté d’elle. Etonnée, elle s’exécute sans discuter, s’asseyant en tailleur sur une espèce de pouf. Pour laisser un silence s’installer entre elle. Mais elle est assise tout juste à côté de Simone, assez proche pour lui touche une petite mèche de cheveux, blonde comme les blés, le soleil ou même le sable. Imma sourit doucement. « Tu peux me parler de toi ? » Qu’elle souffle, entre ses lèvres pulpeuses si peu ouvertes.

Imma ne voulait pas déranger Simone dans son sommeil, mais rapidement cette dernière lui assure le contraire, l’invitant notamment à prendre place proche d’elle. Ce qu’elle fait sans discuter, d’ailleurs elle en profite pleinement. Elle veut savoir qui elle est. Toujours parce qu’elle préfère écouter que parler et qu’elle se rend compte qu’elle ne connait rien de la jeune femme. Vers qui elle ose un geste léger. Elle est jolie Simone et a de jolis cheveux. Les siens ne lui conviennent plus, elle se dit qu’il serait temps de les tresser pour être tranquille. Mais elle se dit surtout qu’elle veut savoir qui est Simone et elle lui demande de parler d’elle. Imma n’est pas intrusive, elle ne veut pas savoir les moindres instants de la vie de sa camarade, ses secrets honteux. Non, elle veut juste avoir une idée de qui elle est, globalement. Ou de connaître de petites anecdotes sur elle sans grandes importances, mais plutôt drôle. Simone est plutôt bonne cliente, se pliant à sa demande à la fois sans rechigner et plutôt aisément. Et la namibienne met tout de côté dans sa tête, sachant qu’elle serait capable de tout lui redire plus tard. Elle enregistre tout. Surtout son métier, il est étonnant. Elle n’aurait imaginé une femme faire ça, mais en même temps elle trouve que ça lui va bien. À Simone, qui lui demande si elle veut savoir quelque chose en particulier… « Oh… Non... Des banalités, ça me va » Qu’elle souffle monotonement – dans ses pensées – et pas forcément très pointue sur ça. « Comme ton animal préféré ou les langues que tu parles… » Qu’elle donne tout de même en exemple. « Ou comment tu as pensé à travailler en aéo.. Aéronef » Oui, elle est largement intéressée. Ca n’existe pas par chez elle, ou tout du moins elle n’en a jamais entendu parler… Dans le même temps, elle lui dit qu’elle aussi elle peut parler, qu’elle est là pour écouter. Imma s’en doute. C’est qu’elle n’est pas faite pour parler d’elle, sans vie réellement trépignante. Pour autant, elle se laisse quand même tenter, pour lui rendre la pareille. « Je… J’ai pas de frères ou de sœurs… » Elle ne dit rien de plus. Simplement parce que cette information, elle ne l’a jamais dit. Elle pourrait lui avouer qu’après l’avoir eu, ses parents n’ont plus jamais su avoir d’enfant. Et que les regards en biais n’ont eu de cesse d’augmenter depuis. Elle se garde de lui dire tout ça, se contentant de souffler doucement. « J’aurai bien aimé avoir une petit sœur » La coiffer, s’occuper d’elle, avoir des responsabilités. « Et par exemple je parle allemand » Qu’elle souffle, se stoppant net en se rendant compte qu’elle parle beaucoup. Trop.