Je ne sais pas ce que j’ai, mais j’ai un coup de moins bien aujourd’hui. Ça m’arrive de temps en temps. Sans aucunes raisons apparentes, sans aucuns éléments spécialement déclencheur, et bien paf, je ne suis pas bien. Mais généralement c’est passager. Il le faut, parce que je n’ai pas envie de passer pour un dépressif dans le jeu. Personne ne voudrait de ça, de toute façon. On est là pour s’amuser. Joie et bonne humeur doivent régner, rien d’autres. Alors je décide de m’isoler un peu, histoire de ne pas embêter les autres candidats. Je me rends au belvédère. C’est un lieu que j’aime beaucoup. On a une vue imprenable sur le paysage. On peut aussi apercevoir la forêt où on a passé notre première semaine. Les abysses. J’ai l’impression que c’était il y a super longtemps qu’on a dû tous s’adapter à vivre avec très peu de choses. Il s’en est passé beaucoup de choses depuis. Assis sur un banc, je fixe un point invisible à l’horizon. Mes pensées vagabondent. Une larme coule sur ma joue. C’est alors que j’entends une voix briser le silence derrière moi. Je sursaute. Essuie immédiatement cette larme, et passe un sourire sur mon visage, essayant de cacher mes troubles précédents. Je me retourne alors pour faire face à Gigi. Elle me souhaite mon anniversaire, avec quelques jours de retard. Elle m’a préparé un gâteau. A l’écouter, il est possible qu’il ne soit pas très fameux. Je regarde le gateau en question. Il m’a l’air tout à fait apetissant. Par contre, je peux y lire dessus « Happy birthday…Lea » Lea ? Je suppose qu’elle s’est arrêtée là n’ayant plus de place. Je remarque alors qu’elle est beaucoup moins bien apprêtée que d’habitude. A croire qu’elle revient de la guerre. « Haaan c’est super gentil !  Arrêtes, il est très beau, et je suis sur qu’il est très réussi. » Et même si ce n’est pas le cas de toute façon, je serais du genre à tout manger et dire que c’est très bon, juste pour faire plaisir et ne pas vexer. « Alors bien sur que je veux une part. » En tout cas ça me touche qu’elle se soit mise aux fourneaux, juste pour moi. D’autant plus si ça faisait autant d’années qu’elle n’avait pas préparé de gâteaux. « Par contre t’aurais pu trouver un diminutif un peu plus…viril quand même. » Que je dis, amusé. Oui parce que bon Lea, ça fait prénom de fille. « Attends, t’as un peu de farine là… » Que je dis en passant une main sur sa joue, pour lui enlever la farine qu’elle a. « A croire que ça a été un vrai champ de bataille. Je n’ose même pas imaginer l’état de la cuisine. » Cela doit être un gros bordel.

Gigi débarque à un mauvais moment. Je ne veux pas qu’elle me surprenne dans un moment de faiblesse. De quoi je dois avoir l’air, à chialer dans mon coin ? Alors j’efface rapidement toute trace de larme, et tente de faire bonne figure. Mais je ne suis pas sur que ça soit suffisant pour qu’elle ne remarque rien malheureusement. Mais au moins, si au début, mon sourire était juste de façade, il s’est transformé en un réel sourire après la découverte de son geste pour moi. Cela me fait vraiment plaisir. Et peut importe si le gâteau est dégueulasse ou exquis. C’est l’attention qui compte. Elle me fait part d’une petite anecdote, selon laquelle elle aurait envoyé son mari à l’hosto après lui avoir préparé un repas. Hm c’est censé me rassurer ça ? Parce que bon, j’aurais un peu de quoi m’inquiéter là quand même non ? Je savais qu’on pouvait rater un plat, mais de là à envoyer quelqu’un à l’hosto tout de même. Elle a cuisiné avec du cyanure ou bien ? « Et il est resté avec toi après ça ? Quel courage. » Que je réplique pour la taquiner. « C’est pas grave pour les bougies t’inquiètes. Cela nous aurait emmerdés plus qu’autre chose en plus. » Pas très pratique quand on a pas de table, mais juste un banc. Donc ce n’est finalement pas plus mal, ne nous compliquons pas la tâche. Je tiens l’assiette qu’elle me dépose sur mes genoux. « Vaut mieux que ça soit Joey qui tombe dessus que Mylah. » En maniaque qu’elle est, je n’ose pas imaginer sa tête en tombant sur le champ de bataille que Gigi a du laisser derrière elle. Elle s’imagine être horrible, mais ce n’est pas mon avis. « Arrêtes, tu ne pourrais jamais être horrible. » Même comme ça elle reste jolie, si ce n’est plus à mon gout. Je m’exécute alors pour tendre mon assiette et qu’elle me serve. L’heure du verdict à sonné. J’attrape un bout, grâce à la cuillère qu’elle m’a donné. Puis je le porte à ma bouche. Je mâche. J’avale. Je reste silencieux quelques secondes. Je laisse planer le suspens. « Tu peux respirer, c’est bon, il est réussi. Tu vois je te l’avais dis. » Et je n’ai même pas besoin de lui mentir, parce que c’est ce que je pense réellement. Bon certes ce n’est pas le meilleur gâteau que j’ai gouté dans ma vie, mais il n’en reste pas moins bon. Je reprends une autre bouchée. « T’as l’air d’aller mieux depuis dimanche. » Je sais que le départ de Ronan l'a beaucoup secouée. D'autant plus qu'elle doit se sentir coupable, vu qu'il s'est retrouvé en danger à cause de la roulette russe qu'elle a tournée. « Tu n’es pas seule, tu sais. » Peut être doit elle se sentir comme ça, je ne sais pas, mais ce n’est pas le cas en tout cas. Il reste encore beaucoup de candidats qui tiennent à elle, j’en suis sur, et moi le premier.