ft @Lamine

Je rejoignais le casino, bien que ça ne soit toujours pas mon endroit préféré au monde. C'est vrai que je n'y mets pas les pieds très souvent et que je suis encore moins inspirée par la roulette qu'avant depuis que j'ai nominé accidentellement le pauvre Leandro mais cette fois, c'est différent parce que j'y ai été conviée. C'est Lamine qui m'a proposé, un peu plus tôt dans la journée de l'y rejoindre pour quinze heures si cela me disait. Une invitation que j'avais d'emblée accepté, sans avoir la moindre hésitation. L'heure approchant méchamment, j'avais quitté la salle de bal dans laquelle je lisais un livre pour suivre le chemin qui mène au casino. Je ne mets pas trop de temps à atteindre l'endroit, fort heureusement pour moi, l'ascenseur n'est pas tombé en panne cette fois-ci. Ce qui relève presque du miracle quand on sait à quel point il peut être capricieux. Le silence règne en maître pendant ma traversée du couloir aquarium, seul le bruit de mes pas se fait entendre, et encore, je ne porte pas des talons façon Gigi. Finalement, après être passée devant d'autres portes, j'arrive devant la porte et ne perd pas de temps à y entrer. Je suis seule pour le moment, Lamine ne va certainement pas tarder à arriver puisque j'ai quelques minutes d'avances. Pour patienter, je m'installe devant la machine au grappin, glissant un jeton dans celle-ci j'en profite pour faire une partie. Je suis concentrée et tiens fermement le manche, guidant la pince du mieux que je puisse le faire jusqu'à ce qu'une ombre se dessine sur la vitre. «Salut toi » Je m'exprime sans prendre la peine de me retourner parce que je sais très bien de qui il s'agit. La silhouette qui est apparue en reflet ne laisse aucun doute «Quel est le programme ?»demandais-je curieuse en abandonnant finalement le levier de la machine pour me retourner et lui faire face. «J'ai entendu dire que tu étais l'heureux propriétaire d'awards. J'ai eu moins de chance que toi.» Je n'en avais pas gagné un seul. Ce qui en soit voulait dire que je n'en avais pas eu de péjoratif non plus, donc je n'allais pas me plaindre. «Tu m'aurais attribué lesquels toi ?»On se connait bien maintenant, j'estime que l'on peut discuter de ce genre de choses sans se sentir gêné.

J'attends patiemment que Lamine se pointe et il faut dire que c'est de ma faute si je dois attendre puisque c'est moi qui suit en avance. De toute façon, il y a de quoi s'occuper ici. Je ne risque pas de dire le contraire avec tous ces jeux qui m'encadrent. D'ailleurs, je me positionne face à l'une des machines et fais un premier essaie pour passer le temps. Je suis donc dos à l'entrée lorsque le candidat arrive mais je note tout de même sa présence grâce à la vitre qui reflète sa silhouette. Il me salue dans un parfait français, une langue qui ne m'est pas inconnue puisque j'ai moi-même, vécue en France plus de dix ans. Un détail qu'il doit sans doute ignorer puisque je ne le lui ai jamais précisé. «Comment allez vous monsieur ?» lui demandais-je dans un français beaucoup moins perfectionné que le sien. Malgré tout ce temps passé en France, je garde un accent américain qui ne trompe personne lorsque je m'exprime dans le langue de Molière. A la question, qu'est-ce que l'on va faire, le brun me rétorque que l'on va un peu tout tester mais que l'on peut commencer par ce que je désire. «Est-ce que tu pourrais m'attraper un truc dans cette machine pour commencer ?» Que je lui demande en me décalant sur le côté pour qu'il puisse prendre la place. Je ne suis pas très difficile, j'accepterais la première chose qu'il attrapera parce que j'ai tout simplement envie de garder un souvenir du candidat. Même si ce souvenir est lié à une futilité, cela me convient. En parlant de "futilité", j'évoque les awards et lui fais remarqué que je n'en ai pas obtenu un seul.  Cela ne me gêne pas tellement en soit mais j'aimerais tout de même savoir ce que lui m'aurait attribué comme prix. Parce que son avis m'intéresse sans doute plus que beaucoup d'autres et que justement, je l'estime suffisamment sincère et honnête. Franc comme le dit l'award qu'il a gagné. «Je trouve oui, qu'il te correspond bien parce que je t'estime suffisamment franc pour me dire la vérité sans tourner autour du pot lorsque je te pose une question.» Je ne sais pas vraiment si lui, il est d'accord avec cela mais c'est mon ressenti. J'ai réellement l'impression que c'est quelqu'un qui me dira toujours ce qu'il pense, sans chercher à me mentir. «La plus séduisante, c'est flatteur. Merci» Cela me fait plaisir, je rougis même un peu mais rien de flagrant. «Mylah est une belle femme» c'est la seule chose que je puisse dire parce qu'il faut l'admettre, la blonde est vraiment somptueuse. Je la trouve bien plus élégante et raffinée que moi-même. Et il ne faut pas le nier, la blonde a beaucoup de prestance et d'assurance, je suppose que c'est quelque chose qui plait. Il ajoute qu'il a voté pour Leandro et se justifie en m'expliquant qu'il a simplement eu pitié de mon partenaire, ajoutant que lui-même et Leandro ne risquaient franchement pas de remporter ce titre. Un affirmation qui me fit sourciller. «Tu dis n'importe quoi. Je te trouve très séduisant.»Et j'en ai rien à faire si l'on vient me dire que cela se fait pas de dire cela d'un autre homme que son époux. Ouais, je m'en fous complètement et je suis libre de dire ce que je veux. Je ne cherche pas à le rassurer mais je trouve cela dommage qu'il ne s'estime pas séduisant parce que c'est un personnage lamine, il a son style et ne cherche pas à ressembler aux autres. C'est ce qui me plait le plus chez lui. «Est-ce que si ma situation maritale n'avait pas été celle qu'elle est, tu te serais comporté autrement avec moi ?» Cette question me brûles les lèvres et m'échappe complètement.

Lamine affirme qu'il va bien. Puisque nous allons passer un moment ensemble, c'est plus agréable pour moi d'être avec quelqu'un qui est de bonne humeur. Et la bonne humeur risque bien de perdurer puisque nous avons comme projet de jouer dans cette salle de jeux pour adultes. Nous commencerons par les machines qui livrent des cadeaux parce que j'ai bien envie de garder un souvenir de Lamine. J'ai envie d'avoir quelque chose qui me rappelle mes bons souvenirs avec le candidat lorsque nos routes se sépareront. Oh, je ne suis pas pessimiste, je n'imagine pas que nos routes vont se séparer si rapidement que cela mais on sait jamais. Je l'apprécie et je suis le genre de femmes à m'attacher à des petites choses, des objets que les autres jetteraient à la poubelle. Le Français se précipite pour aller jeter des jetons et après les avoir insérer dans la machine, je le vois attraper une capsule tombe finalement dans le trou. Je ne vois pas trop ce que c'est mais finalement, Lamine m'annonce qu'il s'agit d'un string. Bon, j'espérais autre chose mais cela fera très bien l'affaire. «Bien sûr que je le veux.» Et là, il doit s'en doute s'étonner parce que ce n'est vraiment pas le style de sous-vêtement que j'ai l'habitude de porter et j'pense que ce n'est pas non plus dans ce genre de tenue qu'il m'imagine. Je ne crois pas en tout cas. «Je ne vais pas le porter mais je le garde, c'est sûr !» J'ai porté beaucoup de string durant ma carrière tout simplement parce que ça fait moins de marques sous le tutu, c'est plus esthétique. Désormais, je n'en porte plus parce que j'estime que ce n'est pas ce qui me va le mieux et que ça n'est pas non plus ce dans quoi je me sens le plus à mon aise. Il ne faut pas croire, ça compte le confort. Lamine m'avoue m'avoir décerné son vote pour la catégorie "la femme la plus élégante" lors des awards. Je suis plutôt honorée de savoir qu'il puisse me caractérisé par cette adjectif parce que ça n'est pas nécessairement ce que je dirais en parlant de moi-même. D'ailleurs je trouve qu'il correspond très bien à la belle Mylah qui l'a gagné lors du dernier prime. Je la trouve sophistiquée, élégante, distinguée et elle a pour moi, physiquement, tout de la femme idéale. Déjà, elle est blonde. J'ai toujours voulu être blonde mais j'ai toujours pensé que cette couleur ne m'irait pas alors je me suis toujours contenté de rester brune, ma couleur naturelle. Le français m'indique simplement qu'elle n'est pas son genre. Bien, encore faudrait-il qu'il m'ai clairement défini son genre. Et répondre que j'y correspond, c'est un peu trop facile. Je veux en savoir plus et je n'hésite pas une seule seconde à lui poser la question«Ta femme idéale, elle ressemble à quoi ?» Je l'interroge une nouvelle fois tandis que j'analyse les nouvelles possibilités de jeux. Du coin de l'oeil, je scrute la pièce mais comme la discussion m'intéresse bien plus que l'idée de jouer, je ne dis rien pour le moment, me reconcentrant sur nos paroles.  Sans aucun scrupule j'admets même que je trouve Lamine séduisant. Il ne faut pas s'insurger contre cela, il ne faut pas le mal partout. J'ai quand même encore bien le droit de trouver un homme beau, un homme plaisant et ça ne serait pas la première fois que mon regard se porte sur une personne de la gente masculine autre que mon mari. Je pense que c'est humain, qu'il ne faut pas en faire tout un plat. Surtout pas lorsque l'on connais les critères actuels de mon mariage. Un mariage qui ne rime plus à grand chose mais auquel je croirais toujours un peu. Et d'ailleurs, je veux avoir l'avis du jeune homme sur la question, je veux qu'il s'exprime sur ce que ça lui fait de savoir que je suis mariée et je me demande même si notre relation aurait évoluée différemment si je n'avais pas eu l'anneau sacré autour de l'annulaire. Il se confie, me donne sa vision des choses et forcément, je ne peux qu'adhérer à ce qu'il dit. Oui, ce ne serait pas respectueux pour l'époux, sauf que dans mon cas, j'estime que les choses sont un peu différentes. Si sur le papier, nous formons toujours un tout, dans la vie, Jack et moi avons choisi d'évoluer séparément. Ou du moins, il a choisit d'évoluer individuellement de moi. C'est son choix et je ne fais que le subir depuis qu'il l'a fait. Je ne fais qu'accepter la distance qu'il installe entre nous parce que je l'aime. Oui, je l'aime. Et sans doute que ça sera toujours le cas parce qu'il le mérite. Jack s'est toujours comporté comme l'époux idéal, il a toujours été honnête avec moi et lorsqu'il m'a dit qu'il souhaitait que notre histoire sonne autrement, je n'ai pas pu me résoudre à le laisser partir. J'ai souhaité une séparation plutôt qu'un divorce, je lui ai dis que nous étions plus fort que cela, à son tour, il s'est contenté d'accepter. Cela fait quand même plusieurs moi que nous évoluons comme des entités bien distinctes et cela fait également le même nombre de mois que je n'ai pas senti son regard chaud se poser avec tendresse sur moi. Désormais, Jack me regarde mais c'est comme si il ne me voyait plus, l'étincelle n'est plus là mais j'ai toujours gardé espoir, j'ai toujours pensé que je parviendrais à la raviver. Et aujourd'hui, dans cette aventure, je redécouvre ce que c'est que d'être réellement regardée, je redécouvre la chaleur d'un regard admiratif. Je ne parle pas d'amour, je parle d'un regard qui me voit simplement comme une femme séduisante et forcément, ce regard est celui de Lamine. Oh, je comprends que mon statut le gêne mais moi, il me fait du bien son regard, il me réchauffe un peu le coeur. Il me permet également de comprendre que je ne suis pas faite pour l'indifférence et qu'il faudrait que Jack se réimplique un peu plus dans notre mariage. Si il ne le fait pas, je crois que nous courrons à notre perte. «Je comprends ce que tu veux dire.» que j'articule, à voix basse tandis que mon regard se perd un peu dans le vide. «Cela fait des mois que Jack ne m'a plus regardé comme tu me regardes.» Que je lui avoue en décidant de marcher vers une autre machine, lui tournant le dos pour ne pas le laisser voir mon visage. Un visage sur lequel on peut lire de la gêne. C'est sans doute la première fois que je l'admets à voix haute, je laisse mon propre mari indifférent et ça me rend triste. Intérieurement, ça me brise. Mais vous voyez, j'essaie toujours de voir le positif. Je me dis toujours que si je souffre de son absence pour le moment, de son indifférence à mon égard c'est juste pour mieux le retrouver ensuite. Parfois, quand je suis un peu plus lucide, j'imagine qu'il a simplement eu pitié de moi et qu'il a renoncé au divorce tout en sachant que pour lui, les choses ne pourraient pas se rétablir. C'est l'impression qu'il m'a donné parfois, une impression que j'ai toujours essayé de balayer de mon esprit pour ne pas sombrer dans une nouvelle dépression. «Et moi j'aime bien ce regard, il est valorisant.» Articulais-je en allant appuyer mon dos sur l'une des machines. «Moi je suis bien avec toi» Parce qu'il se préoccupe de moi, parce que nos discussions me paraissent toujours intéressante et jamais fades. C'est un tout qui fait que j'apprécie sa compagnie. Ce que je veux dire à Lamine, c'est que nous devrions simplement profiter des bons moments que nous offrent cette aventure sans vraiment s'intéresser à ce qui nous attendra à la sortie. Il devrait être plus à l'aise et éviter de se prendre la tête en s'imaginant que Jack va le tuer au moindre regard.