Bon dieu mais quelle conne!

Les mains plaquées contre mes lèvres, horrifiée du spectacle qui se tramait sous mes yeux, je n'osais même pas poser ma paume sur l'épaule de mon partenaire de peur de m'en prendre une. Je n'y étais pas allée de main morte, le pauvre devait souffrir comme jamais, d'autant plus que j'avais un revers du pied plutôt efficace d'après les rares pervers qui avaient tenté de dépasser les limites de l'acceptable avec moi. Toujours penchée sur lui, j'attendis qu'il se calme. Il hocha ainsi difficilement la tête, tout bonnement adorable, alors qu'une larme roulait déjà sur sa joue. Me sentant fondre, un large sourire s'étala bien malgré moi sur mes lèvres tandis qu'un petit rire s'échappait de ma gorge, plus attendrie que jamais.

Oooooh mon Soren, je suis désolée je te jure, je voulais pas.

Posant mes mains sur ses joues échauffées, je déposais un baiser sur son front puis son nez, espérant qu'il se détendrait un peu après cela. Il tirait une telle tronche, crispé comme l'aurait été un constipé, et lorsque mon regard se plongea dans le sien un peu plus d'une demi-seconde, une sorte de fou rire incontrôlable s'empara de moi. Tentant de m'arrêter, mes gloussements ne firent que redoubler alors que je laissais mon front tomber contre son torse, trop embarrassée pour oser affronter ses iris accusatrices. J'étais honteuse, presque affalée sur le brun sans pouvoir cesser de me tordre de rire, lui qui devait souffrir le martyr.

J'avais mal, tellement mal que j'avais la sensation que tout mon corps brûlait littéralement. J'inspirai profondément tentant par je ne sais quel miracle d'occulter la douleur, ma fierté de mâle alpha avait tendance à prédominer même lorsque les émotions étaient trop fortes. J'entendais à peine les complaintes d'Ismaelle à son sujet, seulement sa douceur eut pour effet de m'apaiser légèrement. Je desserrai les dents, essayant de retrouver une expression plus ... Digne. Mes yeux s’illuminèrent dès lors que ma partenaire déposait de légers baisers sur mon visage. A vrai dire c'était la seule partie de mon corps capable de réagir normalement. Je commenças tout doucement a reprendre des couleurs lorsque la jeune femme croisa mon regard, ce qui eut le malheur de lui déclencher un fou rire. J'arquai un sourcil, presque vexé qu'elle puisse s'esclaffer ainsi, je la regardais sans broncher, constatant seulement qu'elle était à moitié affalé sur moi. « Tu me martyrises et maintenant tu te fous de ma gueule, t'es pas possible ! » Je tentais par tous moyens de ne pas me mettre à rire, le mouvement risquait de me faire plus de mal que de bien finalement, seulement à l'entendre rire ainsi c'était difficilement gérable.

Après deux longues minutes où je ne pus aligner trois mots sans me prendre d'une nouvelle crise de spasme, je finis par souffler une énième fois, essuyant d'un revers de la main mes yeux humides avant de sourire au candidat. Je me sentais étrangement bien à ses côtés, et même si je m'étais embarquée dans ce fou rire à cause de cette certaine souffrance que je venais de lui infliger par maladresse, il n'empêchait que c'était une chose dont j'avais affreusement besoin dans la maison. Je n'avais pas ris ainsi depuis des semaines, ce pourquoi je ne cessais de sourire à Soren, un regard mièvre posé sur son visage rassurant. Il était désormais une sorte de bouée de sauvetage à laquelle je sentais que je pourrais m'accrocher en cas de pépin. De biens belles paroles certes, mais j'osais espérer désormais que peut-être notre relation ne pourrait évoluer qu'en crescendo, contrairement à ce qu'avait prédit Roselynn durant le prime. Ma joue posée sur son torse, allongée en travers du lit, je sentis une fatigue soudaine et particulièrement lourde me gagner. Un bâillement venant déformer ma mâchoire, je finis par frotter mes yeux rougis du dos de la main, soupirant avant de me blottir plus confortablement contre mon partenaire, en toute innocence. Mon bras venant se glisser en travers de son épaule, mes doigts courraient ainsi dans ses cheveux dans le simple but de l'apaiser. Je culpabilisais réellement de lui avoir fait aussi mal, c'était des douleurs que des candidats comme Gabriel méritaient, pas lui.

Je suis sincèrement désolée Soren. Je suis une vraie gourde, j'espère que tu ne m'en veux pas.

Un énième bâillement, je risquais d'une minute à l'autre de sombrer dans les bras de morphée mais maintenant que j'étais installée, je n'avais plus réellement envie de me lever pour me mettre en pyjama et m'enfouir sous la couette.

Allongé sur le lit, cette douleur m'avait terrassé dans tous les sens du terme puisque dorénavant je me sentais soudainement épuisé. Peut être que ma position n'aidait en rien, effectivement, je me sentais étrangement bien. Ismaelle sur mon torse, je la regardais en souriant, il est clair que cette petite rousse ne me laissait guère indifférent. Je l'appréciais sincèrement, c'était assez déroutant en un sens puisque nous ne nous connaissions que très peu. J'osais à croire que cette alchimie perdurerait et ne pourrait que grandir à mesure que les semaines avanceraient. La main de ma partenaire dans mes cheveux, m'apaisait, à vrai dire, cette petite maladresse bien qu’extrêmement douloureuse faisait parti du passé, pas rancunier pour un sous il est clair que je ne lui en voulais pas. Je m'empressai d'ailleurs de la rassurer. « Mais non c'est rien. Et puis tu peux être rassurée, je pourrais dormir nu cette nuit qu'il ne t'arriverait strictement rien ! » Mon rire ne tardait pas à retentir, tandis que j’effleurais la joue de la jeune femme du bout des doigts sans quitter ses iris des yeux. J'étais tellement bien dans cette position que j'aurais presque pu passer la nuit ainsi. Quoi qu'il en soit, il est clair que je n'avais aucune envie de bouger pour le moment ...

Tu as besoin de te reposer.

Je me surpris à frissonner lorsque sa main vint effleurer ma joue. Ce geste était en lui-même d'une douceur que je ne connaissais que très peu, j'en fus d'ailleurs agréablement surprise et ne pus que lui sourire un peu plus, fermant finalement les yeux un bref instant. Bref instant qui sembla trainer en minutes étant donné que lorsque je rouvris les paupières, les lumières étaient éteintes et j'étais étroitement blottie contre mon partenaire. Visiblement, je m'étais littéralement endormie sur le torse de Soren. Chose qui ne serait jamais arrivée quelques jours plus tôt, c'était horriblement embarrassant et je n'osais même pas ouvrir la bouche pour voir ce qu'il en était de lui. Levant la tête dans l'obscurité, je glissai ma main dans mes cheveux désormais complètement emmêlés, me demandant combien de temps j'avais bien pu m'assoupir avant de me mordre la lèvre, ne distinguant qu'à peine son visage dans la pénombre. Je conclus qu'il devait dormir, préférant tirer cette hypothèse plutôt que d'imaginer qu'il gardait peut-être le silence par embarras ou qu'il se retenait d'exploser de rire. Je fis alors passer au dessus de ma tête mon débardeur avant de me débarrasser de mon legging en un tour de main, rougissant dans l'obscurité à l'idée qu'il relève soudainement la tête et ne m'aperçoive ainsi, en sous-vêtements. Ne trainant pas, je me mis aussitôt sous la couette, mon débardeur sous la main pour lorsque viendrait le moment pour moi de sortir du lit en pleine lumière. Serrant mon oreiller entre mes bras, j'ouvris finalement la bouche, murmurant.

Soren?

Effectivement, nous étions tous les deux épuisés, je hochais la tête approuvant sa remarque. Et j'étais d'ailleurs sur le point de lui indiquer qu'elle en avait autant besoin que moi qu'elle fermait déjà les yeux. Je l'avais observé quelques instants sans m'empêcher de sourire, puis j'avais fini par m'endormir à mon tour épuisé. J'ignorais combien de temps j'avais fermé les yeux, d'ailleurs si je n'avais pas senti ma partenaire bouger j'aurais certainement pu passer la nuit ainsi. Seulement, j'ouvris immédiatement les yeux lorsque celle-ci se détachait de moi, ce qui m'étonnait relativement. Elle avait remué pendant son sommeil et c'était blotti contre moi, j'en étais sûr au vu de la soudaine fraîcheur que je sentais. Je n'osais pourtant pas bouger ne la discernant que très mal dans la pénombre. J'étais à la fois quelque peu gêné par la situation, me demandant comment je m'étais comporté avec elle dans mon sommeil, si les habitants qui avaient rejoins la chambre nous avaient vu dans les bras l'un de l'autres ou non. Et à la fois particulièrement amusé par la situation, puisque légèrement improbable face à la réaction d'Ismaelle à mon sujet lorsque nous parlions du couché. Bref, je demeurais immobile alors que je la sentais remuer sans réellement savoir ce qu'elle faisait, jusqu'à ce qu'elle se mette sous la couette. Elle avait sûrement dû se déshabiller, fort heureusement pour elle, je n'avais rien vu du tout dans l'obscurité. Qu'allais-je faire ? Si je me manifestais maintenant, elle aurait pu s'imaginé que je l'avais reluqué et ce qui était faux, mais je n'allais pas feindre l'homme endormi encore longtemps, d'autant que je commençais à avoir un peu froid au dessus de la couette. Puis sans que je m'y attende, elle prononçait mon prénom dans un murmure. Comme pris de panique, je restais silencieux en premier lieu. « Hum ... Oui ? » murmurais-je à mon tour tandis que je bougeais enfin, commençant à me préparer à me mettre réellement au lit, je fis sauter ma cravate et ma chemise en moins de temps qu'il ne fallait pour le dire, puis ôtait mon pantalon, pour me retrouver un caleçon. J'ouvrais le lit, en essayant de ne pas trop la coller histoire de ne pas abuser. Puis j'essayai de capter son visage presque en vain. « Je ... J'imagine que tu veux dormir ... » Rétorquais-je bêtement.

Soren en tarda pas à me rejoindre après mon petit appel. Lui tournant le dos, je m'entêtais à fixer le mur face à moi, ou du moins ce que je pouvais en apercevoir, fermement blottie contre mon oreiller serré entre mes bras. Le sentant se glisser à mes côtés, je ne fis rien de plus que soupirer paisiblement, attendant que le sommeil me gagne de nouveau, jugeant préférable de garder le silence afin de passer au dessus de ce petit incident. Seulement, le jeune homme ne semblait pas être de cet avis étant donné qu'il s'adressa aussitôt à moi, ou plutôt à ma chevelure qui devait lui faire face à cet instant, me demandant si je souhaitais réellement dormir maintenant. A vrai dire je ne savais pas. Me tournant, je m'approchai finalement de lui, hésitant un instant sur ce que je m'apprêtais à faire. C'était pourtant plus fort que moi, j'avais besoin de cette présence, certes le geste n'était pas des plus innocent étant donné nos âges mais j'espérais que mon partenaire ne l'interpréterait pas à tord. C'est pourquoi je vins simplement me coller contre son flanc, ma tête au creux de son épaule, ne sachant à vrai dire pas où je pourrais bien déposer ma main. Il s'avérait simplement que sa peau, chaude, se présentait comme une source de réconfort pour moi (et un sacré radiateur!) Me mordant la lèvre, je me décidais finalement à prendre la parole, ne levant pas le visage.

Sans arrière pensée Soren. Bonne nuit.

Et, enroulant mon bras autour son torse, je fermai les yeux, me fichant de ma presque nudité, me fichant de beaucoup de chose d'ailleurs.

Un silence particulièrement déroutant s'installait entre nous, allongé à ma place, je ne sentis plus aucun mouvement de la part de ma partenaire qui était toujours assise sur le lit. Fraîchement réveillé j'ignorais si j'avais envie de dormir à nouveau, à vrai dire je ne savais plus grand chose. Elle finit par s'approcher de moi, comme hésitante sans dire un mot. Je fixais le plafond ou du moins je regardais vers cet endroit qui me semblait être le plafond relativement sombre. Ismaelle ne tardait pas à se blottir de nouveau contre moi, surpris de constater qu'elle était quasiment nu, j'arquai un sourcil sans faire de commentaires néanmoins. Je dégageai mon bras afin de lui laisser le loisir de s'installer confortablement au creux de mon épaule, tentant de rester aussi impassible que possible je n'étais pour le moins que troublé d'un tel revirement de situation. Elle se décida enfin à briser ce silence que j'avais de plus en plus de mal à supporter, me stipulant plus ou moins ses conditions. « Très bien. Bonne nuit. » Répondis-je dans un murmure quasi inaudible. Sans arrière pensée, à vrai dire je ne pensais plus à rien, j'enroulai mon bras autour de ses frêles épaules, m'apprêtant à trouver le sommeil. Mon autre main vint se glisser dans ses cheveux que je caresser doucement, dans le simple but de l'aider à trouver le sommeil plus rapidement, innocemment. Je fermai les yeux à mon tour, bercé par les battements de son coeur, le seul bruit qui venait à présent troubler la quiétude de la chambre plongée dans l'obscurité la plus totale. J'ignorai dans combien de temps le sommeil me gagnerait enfin, j'ignorai même si j'allais parvenir à m'endormir et à vrai dire, je m'en moquai, j'étais divinement bien, apaisé et à vrai dire, c'était le principal sur l'instant.

Si on m'avait forcé à parier que je dormirai ainsi avec mon partenaire avant mon entrée dans la maison, j'aurais sûrement dû céder une bonne partie de mes économies au gagnant. Cette nuit allait à l'encontre même des limites que je m'étais fixée avant de pénétrer ici, dormir avec un inconnu s'avérait acceptable, mais de là à se blottir à moitié nue contre lui, s'en était inconcevable pour mon petit copain qui je le supposais devait suivre l'émission avec intérêt. Heureusement, je doutais qu'il ait pu voir quoi que ce soit avec le noir ambiant, les caméras infrarouges ne pouvaient rien face à l'épaisseur de la couette que j'avais pris soin de remonter jusque mon nez. C'est ainsi que je me réveillai quelques heures plus tard, au petit matin, éblouie par les rayons du soleil qui filtraient à travers les rideaux de la chambre. Ne réalisant pas la situation sur le coup, mes yeux ne firent que s'écarquiller un peu plus lorsque je me rendis compte de ma position, occultant cet agréable sensation qui m'habitait auparavant. J'avais enroulé ma jambe pendant mon sommeil autour de celle d'un Soren complètement endormi, mon visage était littéralement niché dans son cou et ma main posée sur sa poitrine nue. Me raclant la gorge, horriblement honteuse et même liquéfiée sur place, je constatai avec le rouge aux joues que mon partenaire n'avait rien perdu de ses aptitudes après mon coup fatal, ce qui eut le mérite de m'électriser sur place étant donné que je me retirai aussitôt, le brusquant même dans mon élan. N'osant pas croiser son regard, je me mis aussitôt en position assise, pensant trouver sous mon oreiller mon débardeur qui s'avérait avoir disparu. Malaise.

La nuit que j'avais passé avait été la meilleur jusqu'à lors, et la présence d'Ismaelle y était incontestablement pour quelque chose. Je n'avais mis que très peu de temps à m'endormir, tandis que la candidate s'était littéralement blottit contre moi. A vrai dire cette situation m'amusait plus qu'elle ne me dérangeait. Je n'avais personne dans ma vie, et pour être honnête, dormir de cette manière avec une jeune femme, ma partenaire en particulier était salvateur. J'aurais certainement continué à dormir pendant quelques heures si je n'avais pas senti la demoiselle remuer brusquement, se détachant littéralement de moi comme si elle venait seulement de se rendre compte de sa tenue et de notre position. Éblouis par la lumière du jour, je ne mis que plusieurs secondes à comprendre la raison de sa fuite. Constatant la légère bosse qui se dessinait dans mon caleçon je fus tout à coup légèrement embarrassé. Je me redressais à mon tour, saisissant le malaise qui régnait à présent, je ne comprenais pas réellement ce qui pouvait immobiliser ma partenaire de la sorte. Puisqu'elle évitait consciencieusement de croiser mon regard je fus presque dans l'obligation de briser ce silence particulièrement gênant. « Huum, tu as perdu quelque chose ? » Murmurais-je de ma voix rocailleuse et encore endormie. La situation était particulièrement cocasse, d'ailleurs plus j'y pensais et plus j'avais l'impression de me retrouver dans un film tant nous donnions l'impression d'être deux adolescents réalisant qu'ils venaient peut être de commettre la plus stupide des erreurs. Je me mordis la lèvre me retenant de m'esclaffer subitement, puisque ce n'était vraisemblablement pas le moment.