Je me suis fait une raison ; dans quelques heures je devrais quitter l’hôtel qui m’a accueilli durant presque trois mois. C’est pas évident mais j’ai pas le choix. Je ne suis heureusement pas la seule à être dans cette situation. Il y a encore pas mal de demi-finalistes et les quatre finalistes surtout qui n’ont pas encore remis un pied dehors. Du coup, je commence à rassembler mes affaires qui sont un peu étalées partout. Je gère principalement tout ce qui est vêtements. D’ailleurs, je jette un vif coup d’œil à ma montre pour me rendre compte qu’il est grand temps d’aller chercher mon linge à la laverie. Je m’y rends sans plus attendre puis une fois dedans, j’emprunte une bassine vide. Je souris légèrement à Allen avant de m’accroupir en face de ma machine qui vient de se terminer. Je commence alors à ramasser mon linge dans le silence le plus complet. Un silence qui ne me plait pas tellement et qui semble plaire encore moins à Allen qui entame la conversation. Je me stoppe nette et me tourne vers lui. « Hein ?! » Je lui demande pas de répéter, j’ai très bien entendue à vrai dire. Seulement, je ne comprends pas. Je lui ai jamais réclamé de me faire de chèque ou dis que j’avais besoin d’argent. Alors je ne suis pas et j’attends qu’il en dise plus à ce sujet. Il rajoute dans un premier temps que ça le tiens à cœur. J’hausse un sourcil car je ne comprends toujours pas. Il a pitié de moi et de mon secret au point qu’il est prêt à me verser de l’argent ? Il rajoute ensuite que cet somme est à moi. Maintenant, c’est sûr, il s’agit de son dernier buzz et de l’argent de ma cagnotte qu’il a remporté. Sauf que je ne suis pas d’accord du tout. Je secoue la tête négativement en lui faisait les gros yeux. « Hors-de-question que cet argent me revienne ! Il est à toi ! Tu l’as gagné et tu l’as mérité ! » Je suis d’accord qu’à deux jours près j’aurai pu valider ma cagnotte mais c’est le jeu et ce sont les règles. Allen a trouvé mon secret alors il remporte ma cagnotte. Tant pis si j’ai tout perdu à la fin. Mes motivations ici n’ont jamais été financières. « En plus de ça, je repars pas les mains vides, Cupidon a eu pitié de ma cagnotte à sec et m’a offert 5000€.  » Et je l’en remercie vraiment. C’est adorable. Je pensais vraiment finir l’aventure avec 0€. Il m’a dit que c’était pour me féliciter de mon parcours alors je ne peux pas les refuser pour le coup. Ça m’a fait plaisir bien que j’aurai préférée atteindre la finale. « Je... » Je commence alors à m’exprimer quand Allen m’avoue d’un air presque triste qu’il ne souhaite pas que j’arrête de lui faire confiance ou du moins que je pense qu’il a trahi ma confiance. Sauf que je ne sais pas trop quoi dire sur le coup et le candidat reprend la parole pour confesser ses erreurs et affirmer qu’il n’a jamais été un homme violent. « Je sais bien. » Je lui adresse alors un fin sourire sincère en arrêtant de tripoter mon linge humide. « Tu avais besoin d’aide. Ce n’est pas de faute. » J’essaye de m’en convaincre et de ne pas lui montrer que je ne suis pas vraiment à l’aise avec son secret. Forcément, ma perception de lui a quelques peu changée après la révélation. Je me suis posée des questions et je pense que c’est légitime. Néanmoins, je me persuade de certaines choses. « Je ne connais pas ce Allen-là. C’est juste perturbant. » Je lui confie alors pour essayer de lui expliquer mon léger malaise par rapport à ça car il doit le sentir j’imagine. « Et je ne souhaite pas le connaître. » Je m'empresse d'ajouter histoire que ce soit clair. Je me doute être maladroite à ce sujet mais j'ai une carapace que j'ai un peu laissée tomber avec lui et je ne souhaite pas le regretter. Je prends mes précautions donc.

Il est vrai que lors de ma révélation j’étais un peu perturbée. Non pas à cause de ma cagnotte qui s’est envolée à deux jours du prime de la demi-finale mais car je ne me sentais pas tellement prête à tout dévoiler. Je n’ai pas eu assez de temps. Allen m’a prise au dépourvu. Néanmoins, je ne lui en ai pas un instant voulu et je m’en suis assez bien sortie au finale. Les premiers mots ont été les plus durs. Quant à ma cagnotte, tant pis, ce n’est pas grave. En aucun cas je souhaite qu’Allen me la rembourse. Il n’a pas à faire ça. Premièrement, car cet argent il l’a mérité, contrairement à ce qu’il peut dire et deuxièmement car je n’en ai pas spécialement l’utilité. Je ne participe pas à ce jeu pour gagner de l’argent. J’aurai l’impression de lui voler cette somme en plus de ça si j’acceptais. « Tu as trouvé la plus grosse partie. » Peut-être que sans le buzz de Kira, il n’aurait trouvé que la moitié de mon secret mais il aurait eu la partie la plus importante. Certainement pas celle dont je suis la plus fière. Et puis, si j’avais commencé à raconter mon histoire en commençant par SunSay, je pense qu’il aurait ensuite pu trouver facilement le fait que j’ai quitté mon pays pour le fuir. « On ne peut rien refuser à Cupidon, tu le sais bien. » J’affirme alors en ayant l’impression d’avoir convaincu Allen de garder son argent. Je me doute qu’il ne lâchera pas l’affaire mais moi non plus. Je ne lui donnerai pas mon nom de famille et encore moins mes coordonnées bancaires. Il ne pourra donc pas me faire de chèque ou de virement. Sa seule solution à la limite serait de me payer en espèce mais retirer 13 000€ en cash c’est moyen. Il pourrait les perdre. Et puis, je les accepterai pas de toute façon. « Tu n’as pas à me le prouver. Je te crois. » Je ne sais pas où il s’est mis cette idée là en tête mais j’ai jamais pensé qu’il pouvait m’avoir buzzé afin de récupérer ma cagnotte. Je ne crois pas qu’il ait réellement besoin d’argent en plus. Il a joué jusqu’au bout et c’est très bien. Après tout, j’ai fait pareil avec Sayid. Et puis, c’est aussi un peu de ma faute tout ça d’abord. C’est moi qui lui ai donné des indices tout au long de l’aventure. C’est moi qui l’ait mit sur la piste de mon secret. Je savais donc à quoi m’attendre. « C’est-à-dire ? » Je me permets de lui demander sans savoir si sa référence a de l’importance ou non. Je connais de nom le Docteur Jekyll et Myster Hyde mais je serai incapable de dire quoi que ce soit à ce sujet. Je crois que mon père avait le livre dans sa bibliothèque en version russe bien évidemment. Peu importe. Je lui offre un sourire bienveillant quand il me certifie se soigner et qu’il ne sera plus jamais celui qu’il a été. C’est ça que je voulais entendre. Ça me rassure énormément, pas juste pour moi mais pour lui aussi. J’aimerai le lui faire savoir mais il évoque un élément qui m’avait échappé et dont il aurait peut-être dû s’abstenir de remettre au goût du jour. Ma mine se décompose un peu. Heureusement, il balaye toutes mes subites questions ou craintes d’un seul coup. « J’avais un peu peur de ça au début, j’étais méfiante, pas à cause de toi spécifiquement tu t’en doutes, mais… plus maintenant. » Le candidat ne m’a vraisemblablement pas dis que je ressemblais à sa femme avec une intention particulière. Tant mieux. J’en avais un peu peur. C’était une simple constatation un peu maladroite, il faut avouer. Heureusement qu’à l’époque je n’avais pas connaissance de son secret sinon je crois que pour le coup je l’aurais évité jusqu’à la fin. Aujourd’hui, c’est différent. Il me demande si son secret change quelque chose par rapport à notre relation ou l’opinion que j’ai de lui. Je prends un instant de réflexion car j’ai pas envie de répondre à la légère ou de lui dire forcément ce qu’il a envie d’entendre juste pour lui faire plaisir. « Il y aura toujours cette information dans un coin de ma tête, c’est pas quelque chose que tu peux effacer. Mais j’aime ce que tu es devenu aujourd’hui et j’ai pas peur du Allen que je connais. » Un sincère sourire s’installe sur ma frimousse avant que celle-ci prenne un air presque affolée. « Oh j’oubliais le principal, je te considère comme un ami, quoi qu’il arrive. » Et autant dire que des amis du sexe masculin, j’en ai pas beaucoup. En réalité, c’est le premier. Du moins depuis ce qui m’est arrivé et que j’ai débarqué sur le continent américain. « Il y a intérêt à ce qu’on se revoit à la sortie ! » Je finis par déclarer presque émue par toutes ces déclarations d’affection en posant ma bassine et me levant pour le prendre dans mes bras soudainement. Il sera d’ailleurs surement un peu surpris par ce geste. « Tu vois, il y a du progrès ! Il y a encore deux mois, j’aurai été incapable de faire ça avec toi. » Je déclare ça sur une touche d’humour, cela va de soi. J’essaye de prendre le tout avec autant d’autodérision que possible. Je suis comme Sailor, j’ai pas envie de pleurer éternellement sur mon sort et ce qui m’est arrivée. Ça m’a laissé des traces, certes, mais je veux pas que celles-ci deviennent un handicap.