La vie dans une prison est moins atroce que ce que prétendent les criminels qu'il tente de renvoyer derrière les barreaux parce qu'ils représentent un danger pour la société. Ça ou simplement parce que le Procureur du District de Cook a décidé qu'afin de renouveler son mandat il doit se montrer plus sévères envers une certaine catégorie de prisonniers. Pour faire simple, Lloyd-Snö trouve qu'ils geignent tous un peu trop. Après tout, pour l'instant il n'a pas eu envie de se pendre dans sa cellule, il est bien trop occupé à tenter de jeter un coup d'oeil quand Lawrence et Grey retirent l'espace d'un instant leur combinaison orange pour aller se coucher. Il n'a pas non plus éprouvé le besoin de se shooter à l'héroïne ou autre drogue dure que les barges prétendent voir circuler en taule. Non, vraiment, il ne voit pas où est le drame. Certes la vie est un peu répétitive entre quatre murs ternes, et certes il n'est là que depuis trois jours et il sait que sa sentence finira dans quatre, mais tout de même ! Pleurer et se parjurer pour ne pas retourner en prison ? Vraiment, Lloyd ne peut envisager que ce soit si terrible. Ou du moins pas quand il y a une population aussi sympathique -quoique parfois un peu pénible- aux alentours. Il a même découvert un dessin accroché sous sa banquette, un dessin de gosse. Plutôt mignon. Pas aussi mignon que ceux que Mei lui fait et qui recouvrent son bureau, mais mignon quand même. La cabane est un endroit chaleureux, ou presque, surtout ou presque. Le bordel qui y règne lui fait froid dans le dos, mais il n'est pas encore décidé à ranger, les gars qui vivaient là étaient de vrais porcs. C'est en partie parce qu'un tel capharnaüm a pris possession de certains lieux que Lloyd se dit que ce n'était pas une prison pour femmes. Il a allumé une cigarette sur le chemin et a tenté de choper un cendrier. Sans succès, ce qui l'a momentanément agacé avant qu'il ne réalise que ce n'est pas très sûr de laisser des cendriers portables dans une prison, les anciens habitants auraient très bien pu se fracasser le crâne au cours d'une dispute. La clope éteinte il a foncé dans la cabane, juste pour rester un peu plus longtemps dehors. En entrant il est tombé sur le bordel et depuis, il le regarde du coin de l'oeil, répondant à son défi. « Résiste Lloyd. Résiste. » pense-t-il avant de décider que ça va le faire chier toute la semaine s'il ne fait rien. Alors qu'il n'a sorti que deux balais il tombe nez à nez avec Sara, sa camarade pré-sélectionnée. « Oh ! Salut. » fait-il, la gratifiant de son plus beau sourire compte tenu du fait qu'il a une pelle et un râteau à la main. « Tu peux approcher, je n'ai pas encore décidé de tuer quelqu'un et de l'enterrer avec le matériel de jardinage. Je fais juste un peu de rangement. Histoire de... de... juste pour que ça soit plus agréable à vivre quoi. » Way to go Snö, way to go ! Passer pour un con n'est pas dans ses habitudes, il s'estime même plutôt bon pour cacher ses moments d'ignorance. Et alors qu'il se sent s'enfoncer dans sa bêtise, et parce que la loi des séries -télévisées ou non- se montre une fois de plus bien réelle, quelqu'un d'autre approche, deux secondes suffisent à Lloyd pour identifier Colin. La cabane est-elle un lieu de rencontre pour amoureux ? Est-ce qu'il se retrouve par hasard au milieu de quelque chose dont il n'a pas conscience ? Toutes les informations sont bonnes à prendre.

Inutile de mentir ; il a grimacé quand il a découvert que les abysses consistaient en une prison à l’abandon. Il n’est pas douillet, mais s’il s’est plus ou moins tenu loin des ennuis durant sa courte vie, ce n’est pas pour se retrouver enfermé alors qu’il n’a rien fait pour. Ceci dit, il est parvenu à relativiser quand il a découvert les réactions de ses petits camarades à l’idée de vivre dans un tel environnement durant une semaine entière. Un pur délice. Entre ceux qui cherchent une fenêtre par laquelle sauter et ceux qui traînent leur carcasse comme s’ils étaient en stade terminal, Colin se fait un malin plaisir à enfoncer le doigt là où ça fait mal et à rappeler à chacun leur situation. Aux filles, la présence de bestioles aussi charmantes que les araignées et les rats, et aux hommes, l’horrible tenue qu’ils doivent revêtir et qui ne met absolument pas leurs pectoraux en avant. Lui, il n’a ni l’un, ni l’autre de ces problèmes. Aucune phobie à déclarer, ni aucune musculature à exhiber, alors il s’en sort plutôt bien. Décidant qu’il a assez mené les brebis galeuses sur le chemin de l’abandon pour ce matin, il reprend son exploration des lieux, les mains dans les poches de sa combinaison orange du plus bel effet, une moitié de couvert en plastique entre les lèvres, à défaut de ses cigarettes adorées. Ses pas le guident jusqu’à la cabane en bois qu’il a déjà eu l’occasion de visiter la veille, mais dans laquelle il ne s’est pas attardé. C’est l’occasion. Dans l’immédiat, il n’a de toute façon pas grand-chose de mieux à faire. Mais il semblerait qu’il ne soit pas le seul à avoir eu cette fantastique idée, puisqu’à peine a-t-il poussé la porte qu’il tombe nez-à-nez avec Sara et le garçon renommé Abercrombie & Fitch par ses soins, surnom bien plus facile à retenir que son prénom digne des pires tirages du Scrabble. « Salut. Lord Snow, Madmoiselle. »  Il lance, esquissant une légère révérence, avant de porter son attention sur le contenu de la cabane, qu’il n’avait pas pris suffisamment le temps d’inspecter la veille. « Les grands esprits se rencontrent, faut croire. » Il répond distraitement à la demoiselle tout en continuant son exploration. « Baah, j’ai ramené toute la famille, d’ailleurs faudrait aller aider ma grand-mère, avec sa jambe en bois elle est plus aussi rapide qu’avant. » Il rétorque en plongeant cette fois son regard en direction de la porte. « J’me déplace pas en meute. » Il finit par dire, plus sérieux, en haussant les épaules. « Hm, ça avait pas l’air d’être la grosse éclate avant que j’arrive. Ou alors j’ai interrompu une réunion trop select réservée aux premiers sélectionnés et vous vous abstenez de vous réjouir devant moi pour pas briser mon petit cœur ? » Il est évident qu’il ne se remettrait pas d’assister, impuissant, à un tel élan de joie alors qu’il n’a pas la chance d’être scellé sur son sort. Nul doute qu’il prendrait soin de tailler son couteau en plastique pour se taillader les veines et quitter ce monde ô combien cruel. « Oh, non, en fait c’était un 5 à 7 et j’viens de te freiner dans ton élan, sorry bro. » Il ajoute en jetant un coup d’œil à Lord Snow. Ça se tient comme hypothèse, il ne voit pas l’intérêt d’une telle cabane, même si les pelles contenues à l’intérieur de celles-ci laissent à penser qu’il s’agit de l’armurerie officielle de cette satanée prison. « Bon, allez, me faites pas languir plus longtemps, je suis chaud ou carrément froid, là ? » Il pousse même la provocation jusqu’à user de sa plus belle voix de gamin. « Inutile de préciser que j’demande une récompense si j’suis dans le vrai. » Récompense qui sera donnée par mademoiselle, il insistera plus tard sur ce point. Et il veut bien se contenter d’un sourire, faut croire qu’il est de bonne humeur, ce matin. Ça détend, d’emmerder le monde.

Sara n'est pas à l'aise avec son prénom. Pas étonnant. C'est plutôt sympa de sa part de demander, les se contentent généralement de l'amocher sans aucune pitié et sans prendre ne serait-ce qu'une seconde pour s'informer. Lloyd n'y prête plus aucune attention, c'est une autre de ces choses de la vie pour lesquelles il a cessé de se battre. Mais parce qu'elle demande, il est content de donner une précision. « Lloyd-Snö. Mais Lloyd, ou Snö, ou LS vont bien. » il a prononcé Snö comme on prononce la neige. C'est en le disant qu'il s'en est rendu compte mais même lui a fini par accepter cette prononciation. Le prénom Suédois est de loin la partie qui gêne le plus la population américaine alors... il a concédé un geste amical à tous ses compatriotes. Il ne sait pas exactement si c'est une plaisanterie ou une vérité dissimulée sous un sourire. Arthur et Lloyd-Snö sont presque aussi soignés et borderline maniaques l'un que l'autres, alors il ne peut déduire qu'une seule chose, Sara n'est pas tombée sur les bons. L'arrivée de Colin et son intervention ne passent pas inaperçues et le surnom qu'il lui donne le fait sourire. Le garçon est vraiment branché séries-télé. Orange is the new black lors de leur arrivée, Game of Thrones maintenant. Est-ce qu'il passe le plus clair de son temps devant son écran ? Il est très jeune, c'est bien un truc de jeune de binge-watch des séries affalé sur un canapé. « Ou Lord Snow, ça m'va aussi. » commente Lloyd-Snö à l'intention, faisant référence à la conversation qu'ils ont eu quelques secondes auparavant, avec un petit sourire en coin alors qu'il replace une pelle dans un coin. Avec encore un peu d'effort, et s'ils trouvent des tabourets, la cabane en bois pourrait-être un nouveau lieu de réunion pour des groupes. Un endroit plus intimiste que la salle commune. « Colin, loup solitaire. Noté. » Il fait un « check » mental, un post-it cérébral, une information de plus à ajouter à la liste de plus en plus longue des faits et gestes de ses camarades. À la sortie, s'il n'a pas gagné, il pourra peut-être écrire un livre sur son expérience. Un best-seller à coup sûr, la classe moyenne adore ce genre d'histoires, hell ! Il adore ce genre d'histoires. Le jeunot réfléchit beaucoup, trop peut-être, et il leur prête des intentions que ni Snö, ni Sara n'avait au départ. C'est vrai qu'ils auraient pu célébrer, mais étaler son bonheur à la face de gens moins chanceux que lui n'est pas vraiment dans les habitudes de Lloyd. Profitant de l'occasion il confesse : « Tu nous as démasqués... » en levant les mains en signe de reddition avant de répondre aux plates excuses de Colin, concernant un potentiel 5 à 7 entre lui et la jolie brune. « Y'a pas de mal, on n'avait pas commencé. » Si Arthur voit ça, il doit bien se foutre de sa gueule. Lloyd-Snö et une fille c'est déjà très improbable. Lloyd-Snö et une fille dans une cabane en bois en bordel ? Ça relève de la réalité d'un univers alternatif. Ce n'est que lorsque Colin, encore lui il a vraiment la langue bien pendue, cherche à savoir s'il a mis dans le mil avec ses suppositions que Lloyd décide d'arrêter de marcher dans son petit jeu de déduction. « T'es carrément glacé là. Je suis juste venu faire du rangement et Sara voulait organiser une séance photo pour l'occasion. » L'absence d'appareil photo dans les mains ne rend pas l'excuse très plausible, mais qu'y faire ? La spontanéité de la situation avait beaucoup joué sur les envies de Sara, ça devait être ça.

Il s’est déjà aventuré jusqu’à cette cabane en bois pas plus tard que la veille, où il a rencontré Marnie, mais contrairement à la jeune femme lors de leur rencontre, lui n’est pas spécialement étonné de voir du monde dans cette cabane, bien qu’elle ne soit pas le premier lieu qu’il lui viendrait en tête d’occuper. Il peut comprendre qu’à force de vivre les uns sur les autres, certains aient un besoin de solitude et cet endroit s’avère être idéal pour satisfaire ce désir de tranquillité. Malgré tout, dans un endroit aussi confiné que cette prison, même les bonnes idées n’en sont pas, car nul ne doute que cette cabane sert de refuge à beaucoup de monde et qu’elle perd donc son utilité. Peut-être que les deux candidats présents ne sont pas venus jusqu’ici pour cette raison, mais il peine à croire qu’on puisse s’éterniser s’il est juste question de venir pour prendre une pelle afin de s’occuper de la serre, ou un ballon pour tenter de se bouger un peu. Peu importe, de toute façon, dans l’immédiat ça ne l’intéresse pas, il est trop occupé à détailler le contenu de la cabane en saluant ses camarades d’un air absent, avant que Lord Snow ne fasse une réflexion sur son surnom. « Si ça t’va, je risque d’en changer, alors. » Et de rester à Abercrombie et Fitch, ça lui va plutôt bien, aussi et ce n’est pas dit que ça lui plaise autant que Lord Snow. Quant à savoir s’il faut s’attendre à une arrivée massive de candidats, ils peuvent être rassurés, il y a peu de risques. Enfin, Colin n’a pas fait attention à la possibilité qu’on le suive jusqu’ici, mais il sait que si les moutons devaient suivre quelqu’un, ce ne serait certainement pas lui, mais plus quelqu’un comme Lord Snow, justement. Après une réflexion qui n’avait rien de sérieuse, il se reprend et finit par expliquer qu’il ne se déplace pas en meute, ce que Lord enregistre, même s’il n’en voit pas l’intérêt. Ce n’est pas comme s’il venait de lui offrir un indice sur son secret et qu’il comprendrait qu’il note avec attention ses propos, il ne voit pas à quoi cela peut lui servir d’enregistrer une information aussi inutile. « Ok, Sara. Noté. » Il lance, en jetant un coup d’œil au Lord. Voilà, ça, c’est une vraie information pertinente. Bon, il aurait pu s’en passer et se contenter d’un surnom comme avec les autres, mais elle a pas l’air hyper extravertie la demoiselle, pas sûr qu’elle apprécie d’être qualifiée « d’avion de chasse », parce que clairement, elle dépasse presque Lorena dans le domaine. La dénommée Sara estime que plus on est de fous, plus on rit, sauf que le proverbe ne s’applique pas vraiment dans cette situation, car comme il ne manque pas de leur faire remarquer, ça n’avait pas vraiment l’air d’être la grosse éclate avant qu’il n’arrive. Alors il se met à formuler des hypothèses, sans réellement penser qu’il tombera dans le vrai. « Ouais, bon, pour la coordination entre vos deux versions, on repassera. » Il commente quant à la probabilité d’un 5 à 7, entre un Lord qui affirme qu’ils n’ont pas commencé et une Sara qui a l’air plutôt refroidie par l’idée. « T’sais, faut bien trouver une vraie utilité à cette cabane, alors c’est pas si improbable quand on y pense. » Il ajoute pour la demoiselle en haussant les épaules. Ça ne lui viendrait pas à l’idée à elle, mais il est persuadé que ça a déjà effleuré l’esprit de certains, Fake Lover n’était pas connue pour accueillir des prudes, au contraire. Sans surprise, il apprend qu’il est complètement glacé. En réalité, pas de petite fête ou de 5 à 7 en vue, simplement une séance photo… sans appareil photo, comme il le constate en observant les mains vides de Sara, qui ne tarde pas à reprendre la parole. « Ah ouais, émerveillée carrément, il t’en faut pas beaucoup, c’bon à savoir. » Tiens, le jour où il mangera des légumes, il ne manquera pas de l’appeler pour qu’elle immortalise la scène. « Non, j’suis dans la team des winners, moi. » Personne ne peut le contredire, si ses souvenirs sont bons, ses deux camarades ne font pas partie de l’équipe d’un ancien gagnant, comme c’est le cas pour lui. « Ah non, non, j’aide pas moi, j’vais te décevoir Sara, mais faut pas te lancer dans une carrière de voyante, hein. » Elle était sûre, mais elle a visé à côté. Il ne voit pas pourquoi il devrait donner un coup de main, s’il avait su que Lord s’apprêtait à nettoyer la cabane de fond en comble, il ne serait jamais venu jusqu’ici. Ils n’ont aucune obligation envers cette cabane contrairement au potager, et s’il n’a pas pris son rôle à cœur pour le second, ce n’est pas par élan de motivation qu’il le fera pour la première. « J’peux vous encourager par contre, ça, c’est dans mes cordes. » Il ajoute, en prenant place sur une vieille caisse en bois et en désignant rapidement du pied une tâche au sol. « Allez, on frotte, ça va pas s’faire tout seul. » Il sait motiver ses troupes, oui, hm.

L'échange de politesses continue et Lloyd commence à trouver ça long. Il sait bien que les présentations sont de rigueur, son éducation le lui a inculqué à coup de pelle dans le crâne. Mais tout ça devient un peu redondant et l'idée qu'il va devoir faire ça pendant une semaine, ou plus, lui donne le tournis. Sara répond à Colin qu'elle n'aurait pas pensé à ramener un garçon dans la cabane pour un petit cinq à sept en toute discrétion. Jusqu'à cet instant Lloyd-Snö s'était promis de rester politiquement correct, de ne pas montrer les pires aspects de sa personnalité. Les aspects préférés d'Arthur, ceux qui le font rire même après six ans de vie commune. En y réfléchissant quelques secondes il trouve ça idiot. S'il a été pré-sélectionné c'est bien que ses castings se sont passés sans encombre et qu'il a convaincu la production qu'il méritait sa place dans l'aventure, alors pourquoi essayer de cacher la moindre once de sa personne ? Peser le pour et le contre est fatigant, épuisant même. Alors, décidant qu'il n'y a pas de raison pour qu'il se morde la langue plus longtemps. « Moi ça me viendrait à l'idée. » fait-il un petit sourire entendu au coin des lèvres. C'est fou ce que le naturel peut revenir rapidement au galop, surtout quand on essaye de le contenir et de le faire taire alors qu'on est, à l'image de Lloyd-Snö, fier de sa personnalité. Mais, parce que la suite de la conversation pique son intérêt, Lloyd, qui a eu l'espace d'un instant envie de suspendre son activité ménagère et de s'empaler sur la pelle, reprend son rangement avec entrain. Sara est bavard, ou elle fait bien semblant. Snö apprécie les gens bavards, parce qu'ils ont tendance à être moins pénibles -ou tout du moins plus divertissants- que ceux à qui arracher plus de deux mots s'avère une épreuve de force. Les petits commentaires de Colin le font sourire alors qu'il range un truc sur une des étagères encombrées de la cabane. Il n'a pas sa langue dans sa poche le minot. « Tu vois Colin, t'as peut-être des chances de la satisfaire finalement. » fait Lloyd taquin. Il a appris ça à la fac, puis a pu le vérifier au boulot, il est de bon ton pour des garçons de se taquiner sur la qualité supposée de leurs prouesses sexuelles. Ça n'a rien de méchant aux yeux de Lloyd, mais si Colin est un peu sensible sur le sujet ça pourrait s'avérer problématique. Une chance qu'à son âge les hormones soient encore en ébullition et qu'il n'ait probablement jamais connu de panne. Sara se met à parler, parler et encore parler. La phrase a probablement un sens mais Lloyd ne le capte pas, ça va trop vite c'est trop alambiqué pour qu'il ne capte le message intrinsèque à ses balbutiements. « Je... wow, Sara tu m'as perdu un instant. » Mais dans le fond, elle a probablement raison, ils sont trois, de trois équipes différentes... l'intérêt de l'affirmation lui échappe mais sa véracité semble implacable. Sara est le parfait exemple de ce que Lloyd et ses amis appellent un « Stoner », un avocat qui harangue des faits et des articles de loi avec précision et factuellement justes mais sans grand intérêt juridique ou avec le cas en cours. Le fait que Colin ne veuille pas aider ne surprendra que Sara, parce qu'il paraissait assez clair que le gamin n'a pas été éduqué pour aider ou que ses parents ont eu droit à la mention « Epic Fail » dans la transmission de leurs valeurs à leur progéniture. « Je dois avoir un grand avenir de voyant, parce que j'aurais parié que tu ne mettais pas souvent la main à la patte. » lâche-t-il sans aucune animosité. Et les petits commentaires qui font passer Lloyd-Snö pour la bonne de la prison ne sont pas assez pour le mettre sur les crocs. Il est dans sa phase rebelle, le monde est moche, la vie c'est de la merde, mais moi je suis la huitième merveille du monde. Lloyd comprend, ils sont tous passés par là à un moment ou un autre et rien ne fait rentrer du plomb dans le crâne d'un jeune dans sa phase jack-ass mieux qu'un peu de temps. La maturité viendra, ou Colin restera un petit con si ça lui chante, Lloyd-Snö n'aura qu'à supporter son attitude pendant quelques semaines. En bon masochiste -il a été étudiant en droit à Stanford, ils sont tous un peu masochistes là-bas- il finira peut-être même par apprécier cet aspect de la personnalité du jeune homme. La vie est pleine de surprises, celle-ci ne ferait même pas partie du top dix.