Jeudi, milieu de la semaine, le début officiel de la saison se rapproche de plus en plus. Je me languis d’être à dimanche et de laisser derrière moi cette prison qui ne sera plus qu’un lointain souvenir quoi qu’il adviendra. L’ennui, c’est surement le plus tracassant des soucis ici. Je défie quiconque de passer plusieurs jours enfermé sans vraiment d’autres occupations que manger, dormir, parler aux autres et à la limite un peu de sport. Du coup, ce jeudi, j’ai voulu innover et m’improviser jardinier à mes heures perdues. Cette semaine, on a été missionné par Cupidon pour l’entretien du potager. Du coup, poussé par cette volonté d’échapper à l’ennui, je décide d’aller arroser les plantes. Arrosoir à la main, je me dirige donc vers la serre. Je commence ensuite donc à arroser les plantes, c’est exaltant. C’est un peu la folie de ma semaine en quelque sorte. N’empêche j’imagine la situation, moi un grand baraque en train d’arroser les plantes, ça nuit clairement à ma virilité. Moi qui suis pourtant d’habitude assez regardant là-dessus. Avançant pour arroser les plantes suivantes, je remarque que je ne suis finalement pas le seul dans le coin. Un gars plutôt grand aux cheveux assez courts se tient non loin de moi. « Toi aussi t’es un passionné de plantes ? » Je suis sûr que oui.

A ma très grande surprise, le mec n’était pas passionné par les plantes. Je tombe des nues. Comment ne peut-on pas apprécier les plantes ? Les plantes c’est la vie. Trêve de plaisanterie, c’est vrai que ça peut avoir un côté sympa, mais c’est sûr qu’il y a plus divertissant que le jardinage. Il ajouta même ne pas savoir différencier un coquelicot et une tulipe. Pour le coup je pense m’y connaitre autant que lui dans le domaine végétal. Il me demanda si moi, c’était mon truc. « Oui je suis un passionné de fleurs. Je suis jardinier en fait. » Je décroche un sourire. Ca me fait rire et j’espère qu’il me croira, plus c’est gros plus ça passe comme on dit. Il se présenta sous le prénom de Pablo et avoua par contre ne pas non plus être passionné de peinture, que ce serait cliché sûrement en référence à son homonyme Pablo Picasso. « Enchanté, moi c’est Achille, passionné de mythologie grecque. » Cliché ? Sûrement. Mais on sous-estime souvent l’influence que peut avoir un prénom. En l’occurrence le mien m’a fait apprécier la mythologie grecque dès le plus jeune âge dans lequel je me suis rapidement identifié au héros de L’Iliade. Après on en dira ce que l’on veut, cliché ou pas, moi Achille, j’ai un faible pour la mythologie grecque et c’est comme ça.