Déjà une journée ici, une journée dans cette prison. J'avais hâte que la semaine soit terminée, j'étais positif, ma devise c'était la joie, le bonheur, les bonbons et les licornes roses, mais bon quand même. Là j'avoue que j'avais du mal à être parfaitement heureux dans cet environnement là, même si j'essayais, ouais j'essayais vraiment d'être sociable, de m'intégrer au groupe. Parce que bon fallait avouer qu'on était pas mal dans cette prison, heureusement les personnes ne sont pas dangereuses. Du moins je le crois, en fait je n'en étais pas vraiment sur, mais bon j'espérais. Stop, stop il fallait que je me fasse une idée par moi même et puis je verrais bien. Rester zen, cool calme c'était ma devise donc je ne devrais pas me prendre la tête avec elle et apprécier tout le monde. Pour l'instant j'appréciais vraiment tout le monde, parce que je ne les connaissais pas donc je ne pouvais rien dire et ne pas les juger. Après tout il ne faut pas partir avec des préjugés ! Je pris un ballon qui n'était pas trop loin d'ici et je le lançais en espérant qu'il rentre dans l'anneau orange et qu'il traverse le filet. Malheureusement il se cogna violemment contre l'anneau et partit rapidement vers une direction et percuta même la tête d'un garçon. « Oups excuse moi. Je ne suis pas vraiment excellent en sport. » dis-je avec un léger sourire désolé pour lui faire comprendre que j'étais réellement désolé. En même temps mon but n'était quand même pas d'assassiner les personnes ! Je voulais intégrer l'aventure Fake Lover, mais tout de même il y avait des limites.

Qu’est-ce qu’il fout ici, près du « terrain » de sport ? Il se pose la même question. Ce n’est pas une grande révélation que celle de dire que Colin ne fait pas de sport, sans quoi cela se verrait à sa musculature. Le sport n’a jamais représenté un grand intérêt pour lui ; tout juste suivait-il les cours d’éducation physique au lycée, même si c’était principalement pour admirer sa copine de l’époque. Mais au-delà du manque d’intérêt, c’est surtout sa flemmardise qui l’empêche de pratiquer une activité physique régulière. À choisir, il préfère très nettement épouser les contours d’un canapé, c’est bien plus passionnant. Et il regrette qu’ils n’en aient aucun à disposition sur lequel il aurait fait la larve, sans quoi il ne se serait pas pris un ballon de basket dans la gueule à peine quelques minutes après avoir rejoint le terrain. Et si se prendre un ballon de la figure n’a rien d’agréable, ce qui l’achève réellement c’est la remarque du danger public. « Naaaaan sérieux, merci Captain Obvious, j’avais pas remarqué. » Difficile de passer à côté de cette information en se recevant un ballon de basket en plein dans la gueule, alors que le panier est à l’opposé de lui. « Ben tiens, on se trompe de cellule et Cupidon se fait entendre, par contre quand quelqu’un essaie d’éliminer un de ses colocataires y’a plus personne, hein. » Connard. C’est peut-être pas volontaire, mais il en a rien à faire, il n’apprécie pas franchement d’être salué de la sorte. « J’te jure ta place elle est pas dans le nid d’amour mais bien ici mon gars. » Colin, légèrement énervé ? Non, du tout. « Bon et fais-moi le plaisir de plus t’approcher de ce coin, il en va de la santé de tout le monde. Même si sur le principe je m’en fous un peu d’eux. » Il ne faudrait pas qu’il pense qu’il s’inquiète véritablement du sort de leurs autres camarades, vu que ce n’est absolument pas le cas. À la rigueur, il n’aimerait pas que miss jolies cuisses se retrouve avec des bleus qui l’empêcheraient d’admirer pleinement la vue, mais en dehors d’elle, il s’en fiche pas mal. Et si son camarade avait dans l’idée de récupérer le ballon, c’est trop tard, Colin l’a déjà expédié le plus loin possible du danger public dont il ignore encore l’identité.

Oh le monsieur était d'une nature violente. Mais bon ce n'était pas grave je connaissais la sophrologie peut-être est-ce que je pouvais lui apprendre ? Genre appliquer une technique de respiration, la zen attitude tout ça tout ça ! Je suis sur que ça peut lui être utile en plus ! Non, mais en plus il a l'air vachement tendu alors que ce n'est qu'un ballon non ? En plus il parlait beaucoup, il parlait encore plus que moi en parlant de Cupidon, de toute façon. Il devait se calmer mon cerveau enregistrait pas tout d'un coup là. Non mais parfois les gens sont idiots, enfin bref, il était quand même gentil. Enfin il avait l'air, c'était juste l'histoire du ballon, mais dans le fond son fond justement n'était pas mauvais je pense. « Ah oui on est sur un cas de tendu extrême. Non mais je te jure que la sophrologie ça marche tu devrais essayer. Genre tu inspires, tu expires. » dis-je très sérieusement. Bah quoi c'était important que je lui donne des conseils, s'il s'énervait rapidement comme ça, il fallait qu'il apprenne à calmer son énervement intérieur tout ça. Les ondes négatives c'est pas beau c'est caca. Fin c'est ce que je dis, mais après bon je sais pas trop. Peut-être que c'est moi qui suit trop positif et que je devais être plus agressif et méchant ? Non bien sur que non. Justement parfois je me trouve dur avec les gens, surtout là je lui ai fais mal donc ça doit pas être très plaisant je le sais. « Va-y si tu veux je te guide. Allonge-toi par terre et tu t'imagines des trucs plaisants tu verras c'est cool et ça calme. » dis-je en me disant qu'il allait sûrement le faire. Bah oui c'était un bon conseil donc il allait forcément le suivre. Puis c'était pas tout les jours que je donnais des bons conseils donc raison de plus pour les écouter voilà voilà ! Cody est dans la place en ce moment. C'est l'esprit prison tout ça tout ça je pense qui me rend un peu boum boum. Ouais enfin ça va plus très bien dans ma tête, l'enfermement tout ça j'sais pas si j'aime en fait.

Colin est peut-être un véritable flemmard, mais il n’est pas pour autant passif. Ainsi, quand il se prend un ballon de basket dans le visage alors qu’il n’a absolument rien demandé (pas qu’il soit du genre à le faire en temps normal), cela ne peut que l’agacer. Au-delà de son agressivité, il y a surtout un manque flagrant de patience qui fait qu’il s’en fiche bien des excuses de son camarade, qui ne fait d’ailleurs rien pour arranger son cas puisqu’il en vient à lui parler de sophrologie. Colin reste muet un instant, tentant de deviner si le ton de son camarade est véritablement sérieux ou si ce dernier est particulièrement doué dans la maîtrise de l’ironie. Mais il semblerait que la première hypothèse soit la bonne. L’américain fronce les sourcils, pousse un soupir avant de répondre « t’es gentil, mais j’sais encore comment on respire » sifflé entre ses dents, passablement agacé. « S’tu veux j’t’envoie le ballon dans la gueule aussi, hein, on verra si j’suis le seul cas tendu dans le coin. » D’autant plus qu’il ne ferait pas le moindre effort pour préserver un minimum le visage du danger public. Au contraire, même. « J’ai pas envie que tu m’guides, non, du tout. Par contre, toi tu peux toujours t’allonger et je te marche dessus, j’suis sûr que ça, ça va sérieusement me détendre. » Il commente, en désignant le sol d’un signe de la tête, de façon à encourager son colocataire à suivre ses ordres. Dans l’immédiat, c’est bien la seule chose plaisante qui lui vient à l’esprit. Rancunier, le Colin ? À peine. Il est conscient de s’énerver rapidement, d’autant plus que demain tout ceci appartiendra au passé, mais il ne peut s’empêcher de râler en voyant la taille du terrain et de constater que malgré tout, un imbécile est capable de louper son tir. « Entre nous, j’espère que prof de sophroconnerie c’est pas ton job, parce que t’as vraiment pas l’air doué en la matière. » Genre, dire à ses « clients » que ce sont des cas tendus, c’est pas vraiment la bonne solution selon Colin. Ça donne juste deux fois plus envie de lui donner un coup de poing, déjà qu’avec sa tête d’idiot du village il part mal, si en plus il aggrave son cas, il n’est pas sorti du pétrin.