@Moïra x Pendant une semaine, ils ont joué la comédie. Ce n’était pas pour déplaire à Owen, c’est assez drôle comme exercice. Il ne s’était d’ailleurs pas tant amusé ou ne serait-ce que mis « en pause » depuis des jours, des semaines, des mois. Il aime trop les étoiles, l’infini et au-delà comme dirait un certain Buzz et pas Aldrin. Moïra le sait que trop bien. Il avale sa salive en sa présence, se gardant bien de penser à ça lorsqu’ils sont ensemble depuis quelques temps. D’ailleurs, c’est ce qu’il fait en ce moment. Parce que c’est tout naturellement avec elle que notre homme – tout juste après le prime – est parti à la découverte de leur nouvelle habitation. Très éloignée de la leur. Mais le type de la bâtisse et sa richesse n’intéresse que très peu Owen : lui tout ce qu’il veut, c’est passer une bonne nuit dans un bon lit. Ils venaient de monter au premier étage, en quête de leur chambre. Passant devant des miroirs déformant, lui ne peut s’empêcher de sourire aux grosses fesses que cela peut faire à sa douce. Il peut bien rire d’elle de temps à autre. Il ne peut s’empêcher non plus de se regarder  avec plus d’attention, de se recoiffer, sourire avant d’aller un peu de l’avant. Il ne dit rien. Elle guide le couple, sa main dans la sienne. Il la laisse faire. Rapidement, ils arrivent devant des portes. De couleurs différentes. Une sur le thème des guimauves, une autre sur le caramel et la pire, sur le réglisse. « Si tu veux mon avis, la chambre réglisse sera le repère des loosers… Personne n’aime ça, le réglisse ! » Il est sérieux. Mais il sourit légèrement quand même. Qui peut bien se damner pour un rouleau de réglisse, alors que le caramel existe, par exemple. Ou le chocolat, aussi raffiné soit-il. Owen lâche la main de Moïra, pour ouvrir la porte et inspecter la chambre. Rien que pour vérifier. Elle n’est pas si mal. « Attend… » Il la voit. « C’est la tienne... Et on est pas ensemble !» Il ne sait pas s’il doit rire ou non, comment réagir.

Le premier prime et l'entrée des candidats dans le nid ayant rapidement pris fin après l'entrée de la jeune femme, elle et son compagnon, Owen non pas Achille qui était son partenaire et elle tenait à la nuance parce qu'ils n'avaient rien à voir l'un avec l'autre de son point de vue, étaient partis à la découverte de leur nouvel habitat comme beaucoup d'autres. Elle l'avait entraîné, elle aimait être en tête de file, jusqu'à l'étage car elle se disait judicieusement que c'était là que devaient se trouver les chambres. En vérité, la seule chose qui lui importait, plus encore que le fait d'avoir été sélectionnée ou qu'Owen ne l'ait pas attendu avant d'arriver sur le plateau, c'était de dormir confortablement après une semaine passée dans un lit de prison. Si elle n'avait pas prêté plus d'attention que cela au bâtiment en général, ce qu'elle ne manquerait pas de faire dès le lendemain, elle n'avait cependant pas pu ne pas remarquer les miroirs déformant sa silhouette dans le couloir. Elle trouvait cela stupide, ça ne l'amusait pas et il lui avait suffit d'un simple regard pour le faire comprendre à son homme qui, lui, semblait plutôt s'amuser. En plus il ne pouvait pas s'empêcher de se regarder et de se recoiffer. Elle avait roulé des yeux puis souri; cela l'amusait plus au quotidien que cela ne l'agaçait. Mais ils étaient pressés, ou du moins elle l'était. Elle avait donc continué de le tirer comme un enfant dans un magasin de jouets jusqu'à ce qu'ils arrivent à destination, ou presque. Ils étaient devant les portes des chambres. Owen s'était empressé de catégorisé la chambre réglisse comme celle des loosers parce que personne n'aimait ça. Moïra avait croisé les bras. « Je te signale que j'aime ça, moi, la réglisse. » Elle n'en raffolait pas mais elle n'en haïssait pas le goût. « Et moi je trouve que la chambre guimauve porte bien son nom. » Elle avait du mal avec les couleurs pastelles, elle préférait ce qui était neutre, classique, sans forcément de nuance pour adoucir; si besoin, il y avait le blanc, simple et efficace. Mais le pastel, c'était "tendance". Enfin, la pièce était peut-être très belle et bien décorée, il n'y avait qu'à entrer pour le savoir, seulement Owen avait choisi de pousser la porte de la chambre réglisse. Elle avait à peine eu le temps de voir qu'il s'étonnait déjà du fait qu'ils ne soient pas dans la même chambre. Ça l'avait faite rire, elle n'était pas plus surprise que cela de l'apprendre. « Mais ta chambre à toi c'est littéralement la porte à côté, on est pas si éloignés. » Un tout petit bout de couloir et quelques mètres de parquet, leur couple devrait survivre à cela. « Enfin on peut toujours demander à nos partenaires si ça les dérange de partager un lit, si tu ne peux vraiment pas te passer de ton doudou pour dormir. » C'était elle son doudou, évidemment. Ce n'est pas qu'elle s'en fichait mais cela lui paraissait normal qu'ils ne soient ni partenaires ni dans la même chambre. C'aurait été bête de la part de la production de les garder trop proches, c'était une occasion en rêvée de créer des tensions et c'était bon pour l'audimat. Mais cela ne fonctionnerait pas, bien sûr.

Owen n’a jamais été le moteur du couple et ce n’est pas plus mal. Devoir s’occuper d’une personne dépendante en tant que chef de file, comme elle aime l’être, et se donner des airs de supériorités par rapport à elle ne l’intéresse pas. Il a déjà bien à faire en s’occupant de sa propre personne et de ses petites affaires à côtés. Il se laisse donc entraîner dans les couloirs plus avec habitude que plaisir et ne peut s’empêcher de sourire à la dérobée devant leurs corps déformés, mais elle le voit. Elle a toujours l’œil pour tout. Il arrête de sourire instantanément, détournant le regard sur sa propre personne. Il passe à autre chose. Les chambres. Il n’avait pas bien fait attention au déroulé d’une saison par rapport à un couple. S’il connaissait l’émission parce qu’ils la regardaient avec délectation à deux, il n’avait pas porté plus d’attention aux couples entrant dans le jeu. Il se doutait bien que la production n’allait pas leur faire « cadeau » de les mettre ensemble et si ça aurait pu être triste pour une couple classique, finalement ça ne le dérange pas outre mesure. S’ils étaient normaux, ça se saurait. Par exemple : elle ne peut s’empêcher d’aimer la réglisse. Owen a toujours l’impression qu’elle aime, en grande partie, tout ce que les autres détestent. C’est pourtant le bonbon le pire du monde. Il lève les yeux au ciel, mais ne discute pas. Pas plus lorsqu’elle parle de la guimauve. Il doit être dans cette chambre-ci alors. Il préfère et il ne peut s’empêcher de préférer de toute manière une toute autre chose qu’elle. « Tu sais pas ce qui est bon. » Mis à part lui, dirons-nous. Ca pour le coup, malgré le temps qu’elle ait prit, elle a fait le bon choix. « Et t’insinue que je suis dans celle-là ? » Il va ouvrir la porte d’à côté, mais ne se retrouve pas. Lançant un regard de biais à Moïra, il va ouvrir la porte d’en face. La caramel. La sienne. « Je suis là ! La distance est plus longue. » Il compte les pas le séparant d’elle, pour la rejoindre à nouveau. Feindre l’amoureux perdu, ça le connait. Mais il finit par froncer les sourcils, tout en souriant un minimum. « Mais c’est bon. Je pense pouvoir survivre comme ça. » Il est moins enjoué sur le coup, mais feint plutôt bien l’amusement. Avec la force qu’on lui connait, il entoure les épaules de Moïra de son bras, pour venir l’embrasser : ses lèvres s’appuyant sans gêne et sans délicatesse contre les siennes, leur goût sucré lui ayant manqué. C’est vrai que leurs retrouvailles auraient pu être plus passionnelles. Ce n’est pas comme s’ils avaient fait semblant de ne pas se connaître, pour rendre le temps des abysses plus intéressant. Ce n’est pas comme si, donc, ils n’avaient pas pu se toucher, s’embrasser, comme ils le souhaitaient. Il se contente de lui mettre les mains aux fesses, tandis qu’il stoppe leur baiser. « L’aventure serait chiante si on devaient être collé non ? » C’est que le plan d’action de Cupidon est, pour lui, pas adapté à eux. Collés, leur couple se fragiliserait certainement plus que s’ils sont éloignés. Pas normaux, encore une fois.

Elle les avait guidé jusqu'aux chambres sans se soucier de s'il en avait envie. Il ne s'y était pas opposé et elle ne s'était pas posée de question. Elle avait fait primer son avis avant le sien, comme souvent. Elle était même prête à lui faire remarquer que les miroirs lui faisaient une tête horrible pour qu'il s'en détache plus vite, mais il n'avait pas insisté trop longtemps. Une fois arrivés à la croisée des chemins entre les trois chambres aux noms de sucreries, ils en étaient allés chacun de leur petit commentaire contradictoire sur la réglisse. Il trouvait qu'elle ne savait pas ce qui était bon. Elle avait croisé les bras sur sa poitrine, l'air presque frustré. « Et tu crois que tu sais, toi, peut-être ? » S'il était si malin, il devrait répondre qu'elle était bonne, dans le sens du terme qui lui plaisait, elle s'en moquait. Remarque, elle aurait très bien pu le lui dire à lui aussi, mais elle voulait que ce soit lui d'abord -elle était parfois un peu gamine. Quand à ce qu'elle insinuait à propos de la chambre guimauve, elle avait haussé les épaules, elle ne pensait pas forcément qu'il s'y trouvait mais il y avait bien une chance sur trois, ou deux puisqu'ils n'étaient pas dans la même et qu'elle était dans la réglisse, ce qui ne lui déplaisait pas. « Tu n'as qu'à regarder. » Avait-elle suggéré très judicieusement puisque c'est ce qu'il avait fait. Il était dans la caramel, celle d'en face. D'après lui c'était plus long. « Si tu le dis. » Elle avait souri. Il pensait pouvoir y survivre. « Moi aussi. Je crois en nous. Mais c'est vrai qu'on a jamais expérimenté la relation longue distance. Qui sait, elles ne sont peut-être pas toutes vouées à l'échec. » Ils seraient l'exception, mais elle plaisantait bien entendu, ce n'était pas un si ridicule éloignement qui allait changer quoi que ce soit à leur amour. Elle s'attendait évidemment à ce qu'il vienne l'embrasser. C'était à lui de le faire, elle n'avait pas oublié qu'elle était encore un tout petit peu énervée contre lui parce qu'il ne l'avait pas attendue, c'était sa façon de se racheter, et de lui rappeler qu'elle était sienne au passage. Enfin sa remarquer était juste. Passer tout le jeu ensemble en permanence n'aurait rien d'intéressant. « Oui, c'est vrai. Autant rester à la maison dans ce cas. » Elle avait passé ses bras autour du cou de son homme. « Ton baiser n'était pas à la hauteur de mes attentes, je suis déçue. » Elle simulait la contrariété avant de hisser ses lèvres rosies jusqu'à celle d'Owen et d'y glisser la langue. C'était plus approprié pour des retrouvailles.