La nuit s’installait après avoir passé une première journée au sein du nid douillet. Je pensais m’ennuyer comme en prison, finalement je n’ai pas vu cette première journée passer. Je pense que c’est le temps de prendre des repères, que la routine s’installe tout ça.. car à mon avis, le temps va se ralentir de jour en jour à force d’être cloitré ici. En attendant je n’ai pas eu le temps encore de faire ce que j’avais à faire. J’avais parlé à Moira hier, ma partenaire histoire de la connaitre un peu plus elle et sa relation avec son mec, mais je comptais bien aussi discuter avec ce dernier, histoire que ce soit clair dès le début, on est jamais trop sûr, je les connais pas après tout ces gens-là. Je m’équipe d’un bon manteau afin de lutter contre le froid et décide de me rendre dans le jardin pour prendre l’air une dernière fois aujourd’hui. En arrivant dans le jardin, je vis au loin une silhouette assise sur les tables de pique-nique, une silhouette rousse aux cheveux longs.. Pas de doute, c’était le mec de Moïra. Je profite donc de l’occasion pour le rejoindre. « Owen c’est ça ? » lui lancai-je avant de m’attabler en face de lui. « Ca va, pas trop dur d’être séparé de ta moitié ? » lui demandai-je, néanmoins amusé de cette situation. Séparé, c’était un bien grand mot, c’était juste séparé au niveau du jeu, ils pouvaient se retrouver autrement, rien ne l’empêchait. Il fallait aussi s’en douter que le couple serait séparé, Cupidon il est fourbe, je suis sûr qu’il s’amuse plus à foutre la merde dans les couples qu’à les unir. En tout cas, j’espère juste que le mec de Moïra prend pas ça trop à cœur.

Officiellement Owen ne fume pas : il sait très bien que ce n’est pas bon pour la santé, que ses poumons lui en voudraient certainement pour ça et qu’il n’est pas question pour lui de s’abimer - même de l’intérieur - juste pour quelques bouffées de bonheur. En tant que bon sportif, il refuse également de perdre son souffle et ne plus pouvoir courir parce que l’on en a vu s’affaiblir physiquement pour ça. Son physique est indissociable de son cerveau : il ne pourrait être qu’uniquement intelligent. Il se doit d’être et intelligent et beau… Mais officieusement, il agit comme un gamin : il fume en cachette et se parfume comme il le peut pour en masquer les odeurs. Comme il ne fume que par intermittence, sa consommation de chewing-gum est tant excessive qu’inexistante. Et il a réussi à développer une stratégie : en général il ne fume qu’au matin et au boulot, uniquement. En rentrant au soir, on ne peut pas le soupçonner. Le pire dans l’histoire, c’est qu’il aurait pu fumer comme il le voulait en étant gamin : son père n’en avait passablement rien à foutre de lui et de toute sa marmaille en général. Il aurait même pu devenir alcoolique à dix ans, s’il n’avait pas été sérieux. Dans le jeu, c’est plus compliqué. Moïra risque de s’en apercevoir à tout moment, mais tant pis. Il profite du soleil tombant plus rapidement les jours d’hivers, pour sortir et s’en griller une. Une seule écharpe couvrant son cou et un gros pull, pas plus. Cigarette à la bouche. « Affirmatif. Toi ? » Il ne se retourne pas pour voir son interlocuteur, c’est ce dernier qui venait apparemment à lui. Ses yeux se posent alors sur un mec aussi musclé que lui voir un peu plus, mais bien moins longiligne que lui. « Elle n’est pas moitié… Elle est mon tout. » Un sourire. Il n’est pas coutumier de ce genre de déclaration, mais ils sont filmés quand même. Les mots d’amour doivent attendrir. « Ce n’est pas comme si l’on ne se voyait pas… » Haussement d’épaules. « Et puis je peux dormir avec une autre nana sans qu’elle m’accuse de quoique ce soit. Tout bénéf. » Il sourit. Il plaisante. Il ne tromperait jamais pour rien au monde la brune : trop droit dans ses bottes, trop sérieux. « Après ça deviendrait plus dur s’il se passait des choses entre vous… » Il pose un regard plus dur sur le mec pour tester.

Le roux aux cheveux longs s’appelait donc bien Owen. Cool, au moins dans ma tête j’arrêterai de l’appeler le roux aux cheveux longs, Owen ça rend mieux. Il me retourna donc la question. « Achille. » Pas compliqué à retenir je pense, on pense vite à celui qui incarne le héros de l’Iliade d’Homère, un personnage qui parce qu’il avait le même prénom que moi m’a énormément influencé dès mon enfance dans ce que je suis aujourd’hui. Je sais pas si j’aurai accordé tant d’importance à la force physique ou encore aux mythes grecs en général si j’avais porté un autre nom. Quand je lui demandai si ce n’était pas trop dur d’être séparé de sa moitié, il me repris en précisant que c’était pas sa moitié mais son tout. Ce qui me fait sourire et intérieurement rire. Déjà de un parce que je trouve ça cliché de jouer avec les mots de la sorte en l’an 2015, et que je trouve ça un peu culcul. Maintenant, je juge pas, au moins il a l’air de la kiffer, et aimer quelqu’un c’est malheureusement pas donné à tout le monde. Par la suite, ce qu’il dit me rassura tout de même. Il avait raison il pouvait la voir quand même et en plus de ça il pouvait dormir avec une autre meuf. Même si il disait ça avec humour et qu’il ne tromperait sûrement pas Moïra, au moins il prenait pas la situation trop à cœur. « En plus ça va, on peut pas dire que ta partenaire est dégueu non plus. » riais-je. Oui il aurait pu tomber sur pire je pense, même si c’est difficile de trouver quelqu’un de vraiment répugnant dans ce genre d’émission. Ils vont généralement éviter les gens jugés trop moches, c’est comme ça. « Et puis tu vas être enfermé h24 avec elle pendant peut-être plusieurs semaines, je pense que c’est pas plus mal pour vous que Cupidon vous ai séparé. » De un, parce que je pense qu’on peut avoir tendance à s’isoler avec la personne qu’on kiffe, et de deux à force d’être h24 avec elle dans la même maison, si en plus ils sont collés, je pense pas que ce soit bon pour la solidité d’un couple. Après je sais pas, perso je suis pas un spécialiste dans le domaine de l’amour, mais moi être collé avec ma meuf, ça me saoulerait. Owen reprit enfin un ton sérieux en expliquant que ça deviendrait plus compliqué par contre si il se passait quelque chose entre nous, pour le coup moi ça me fait rire, mais je préfère le rassurer. « Non t’inquiète il se passera rien. » Du moins, si ils se kiffent vraiment, il y a aucune raison pour qu’il se passe quoi que ce soit. Après si ils se kiffent pas tant que ça.. c’est pas mon problème, ça leur rendra service même.

Achille, il retiendra ce prénom. Non pas parce que le candidat ait l’air marquant et pas plus parce qu’il passera au minimum une semaine dans le même lit de sa compagne. Elle le lui a certainement signalé : leur couple ne date pas d’hier, ils sont solides malgré tout. S’il pouvait facilement retenir Achille, donc, c’est pour son homonyme héroïque et légendaire. Mais le Achille devant lui est soudainement moins impressionnant, moins enclin à faire douter Owen. Mauvais jugement, parce qu’il ne évidemment pas trouver en lui le potentiel sexy que ces dames voient. Et dans les dames, il compte aussi Moïra. Aussi confiant en elle qu’il est. Pourtant, il n’est pas tranquille en disant aimer l’idée de dormir avec une autre. Même si cela sonne comme plaisant. Même avec sa partenaire. « Non, ça elle n’est pas dégueu effectivement… mais qu’est-ce qu’elle est chieuse ! Heureusement que j’ai de l’entraînement ! » La Moïra oui. En vivant avec elle, il a appris à se contrôler et c’est un bon exercice qu’il applique en ce moment avec Salomée. Mais Achille revient sur son couple. Owen ne dit rien, se contente d’acquiescer d’un mouvement de tête. Il a raison : ils n’ont pas l’habitude d’être l’un sur l’autre et Owen sait pertinemment que c’est le moteur de leur relation. Être collés, à se faire des mamours, ce n’est pas leur truc. Mais il veut s’assurer que rien ne se passera entre eux. Si on ne peut pas prévoir le futur, on peut le prévenir. « Bien » Il le regarde de haut en bas, air menaçant. Il ne sait pas si ça fonctionne et s’il met lui-même assez de bonne volontaire pour lui faire croire de la suspicion. Pourtant, s’il devait se passer quelque chose entre eux, Achille en serait le premier responsable. Peu importe les circonstances. Il se frotte les mains. « On a froid à ce que je vois ! » Il s’exclame soudainement, montrant du doigt son manteau alors que lui n’en a pas. Petit joueur. « On est pas habitué au froid Irlandais ! » Son accent irlandais n’est habituellement pas aussi prononcé que ça. Owen lui donne une tape vigoureuse, mais amicale dans son dos, gardant après cette même main sur l’épaule du mec. Il aime faire ça, resserrer un peu sa main et les faire se sentir plus petit encore qu’ils ne le sont, par rapport à lui. Du haut de son mètre quatre-vingt-dix tout juste passé.

Owen ne me contredit pas et avoua lui aussi ne pas trouver dégueu sa partenaire. Par contre il lui reprochait son côté chieuse et ça du peu que j’ai vu je vais pas le contredire non plus. Là où je suis plus étonné c’est quand il me dit qu’il était habitué avec Moïra. « Ah ouais ? Moïra c’est une chieuse ? » demandai-je en riant légèrement. Pour le coup je l’aurai pas cru, elle me paraissait beaucoup plus calme que Salomée et du coup je m’en réjouissais d’avoir une partenaire pas trop reloue. Par contre si il s’avère qu’elle soit dans le genre de Salomée, je sais pas si perso je vais pouvoir la supporter. Ce qu’il vient de dire m’inquiète un peu, mais bon on verra bien. Je lui assure ensuite qu’il ne se passera rien entre Moïra et moi-même. Ce à quoi il répond simplement par un bien, d’un air assez menaçant que te tends pas trop à apprécier sur le coup. Ca me donnerai presque envie de vouloir foutre la merde en fait.. Mais d’un autre côté, je peux le comprendre aussi mais qu’il soit rassuré, j’envisage rien du tout avec elle, ce sera juste ma partenaire parce que le jeu en a voulu, mais ça s’arrête là. Après j’aime foutre la merde, je suis comme ça, j’aime l’animation.. mais là perso je sens bien que les deux se kiffent alors il y aurait pas vraiment d’intérêt à leur manquer de respect. Et pour le moment je n’ai rien contre eux même si j’ai du mal avec le côté menaçant d’Owen, je vais pas m’arrêter là-dessus. D’ailleurs, le voilà, qu’il prend un ton beaucoup plus sympathique quand il s’agit de parler d’autre chose que de sa femme. Me faisant remarquer que moi je portai un manteau et lui non. C’est vrai que Moira et lui viennent de Dublin et du coup ils sont pas trop dépaysés eux. Après j’ai habité une grande partie de ma vie à Londres, et aujourd’hui à Amsterdam, on peut pas dire non plus que ce sont les villes les plus chaudes du monde. « Je suis pas vraiment frileux pourtant.. mais pas con non plus, en hiver on se couvre quand on est normal. » Je veux bien qu’il soit habitué au froid d’Irlande, mais je vois pas l’intérêt de s’exhiber dehors non couvert quand il fait froid. Il va pas me faire croire qu’il a chaud non plus. « Après c’est vrai que toi tu dois pas aller souvent dans les pays chauds vu ton teint de peau. » Petit sourire taquin, mais prendre un peu de couleur, ça lui ferait pas de mal je pense.