w/ @Cody



Tout est si grand dans ce nid qu'elle ne cesse de se perdre depuis quelques jours, son sens de l'orientation hors pair ne manque pas de lui faire défaut. De toute façon c'est toujours pareil, même à Vegas la salvadorienne a tendance à se perdre beaucoup plus souvent dans le dédale des rues et des lumières. Elle a appris à vivre avec son manque total de sens de l'orientation et ne sort jamais sans son smartphone et un itinéraire précis. Mais ici pas de smartphone, les candidats sont coupés de tout et le petit angelot n'a pas jugé bon de leur remettre un plan détaillé des moindres pièces du nid. Non, bien sûr que non, ce serait tellement moins drôle sinon. La jeune femme poursuit donc son exploration du parc d'attraction, laissant son regard traîner sur les différents stands se demandant bien quelles genres de surprises les attendent. Pour certains ce grand parc d'attraction est synonyme de retour en enfance mais pour la salvadorienne c'est totalement différent. Les fêtes foraines sont une totale découverte pour elle, ce n'est pas dans son village perdu au Salvador qu'elle risquait de faire un tour de train fantôme. C'était la première fois en vingt-six ans qu'elle se retrouvait face à un carroussel ou un stand de tir à la carabine, elle ne pouvait s'empêcher de regarder avec des yeux fascinés les lumières et les couleurs douces de chaque stand. Voyant que le ciel commençait à se couvrir, la brune prit le chemin du retour afin de se mettre à l'abri d'une averse qui ne mettrait pas longtemps à éclater. Pas manqué, à peine franchi le grand portail des trombes d'eau commencent à tomber du ciel sans s'arrêter obligeant Enola à se réfugier dans ce qui semble être un bus abandonné en plein milieu du jardin. Elle se précipite dans son abri de fortune et ne remarque même pas qu'un de ses camarades s'y trouvait déjà. " Bonjour, je suis trempée ce bus vient de me sauver la vie ". Elle entame un peu gêné de se retrouver trempé de la tête au pied, sa coiffure est ruiné et ne parlons pas de ses chaussures. Quel gâchis. " Tu fous quoi dans le lit ? Tu faisais une petite sieste ? Laisse moi deviner ton ou ta partenaire ronfle ". Elle ajoute en plaisantant, un pointe de malice dans son regard, elle ne connaît même pas le nom du jeune homme mais rien que le fait de le retrouver dans un bus en train de pieuter l'oblige à redevenir la Enola rigolote et sûre d'elle.

Le fameux bus d'Into The Wild, ce bus que j'avais vu dans le film et c'était à ce moment là où j'avais gardé la bouche ouverte complètement abasourdi par le dénouement de l'histoire. Et j'étais étonné de retrouver un élément du décor là dedans, j'avoue qu'en plus c'était hyper ressemblant. On voyait vraiment la ressemblance et je crois qu'ils ont tenté de réellement le faire à l'identique. J'étais à l'intérieur, j'étais bien et j'admirais d'un oeil discret le lieu où normalement quelqu'un avait trouvé la mort. Heureusement que ce n'était qu'un film, mais c'était tout de même un bon film. J'avais décidé de m'installer dans le bus, mais quand j'eus l'envie de partir, je me rendis compte que ce n'était pas possible puisqu'il pleuvait. Et en plus il ne pleuvait pas qu'un peu. Bon ce n'était pas grave, cela ne me dérangeait pas de rester ici. C'est alors que je vis quelqu'un venir précipitamment dans le bus un peu beaucoup trempée quand même. Une charmante jeune fille comme d'habitude, d'ailleurs j'avais remarqué tout les candidats étaient vraiment charmants, enfin déjà physiquement, mais aussi mentalement. Du moins ce que je pouvais voir, bon j'avoue que j'avais déjà mes préférences et que je trouvais déjà une ou deux personnes étranges, mais pour l'instant je le gardais pour moi. Je lui fis donc un sourire, comme je le faisais tout le temps lorsque je rencontrais une personne. Parce que je voulais être chaleureux, je voulais me montrer sympathique et amical tout simplement. « Non ce n'est pas ça. Enfin moi je pense que je ronfle, mais mon partenaire non. Pourquoi j'ai une tête d'homme fatigué ? » demandais-je tout simplement. J'étais sérieux, bah oui si elle me demandait ça c'était que j'avais forcément l'air fatigué. Bon j'étais également dans un lit donc ça pouvait être également une raison, mais quand même ! « En fait c'est la pluie, je suis venu dans le bus, j'ai regardé et quand j'allais repartir et bien pouf la pluie. Du coup j'ai du m'allonger sur le lit et puis tu m'as trouvé là et je trouve que pour quelque chose de pas très intéressant je parle beaucoup quand même. » dis-je tout en me redressant. Il fallait que j'écourte mon temps de parole, il fallait vraiment que j'écourte tout ça.

Ce bus venait tout bonnement de lui sauver la vie, sans lui elle était quasi certaine de choper la crève, une angine, une pneumonie ou une autre connerie du genre qui aurait le mérite de la clouer au lit jusqu'à la fin de la semaine. Sauf que lorsqu'elle se rue dans le bus pour échapper à cette averse violente elle ne fait même pas attention à son entrée et déboule dans le véhicule comme une furie sans prêter attention au jeune homme qui squattait le lit. La voilà trempée de la tête au pied devant un parfait inconnu qui se la coule douce dans son plumard pendant qu'elle goûte sur le sol. Elle le salue, un peu gênée de se présenter à lui dans cet état alors que la salvadorienne fait toujours très attention à son apparence en société. Dans son métier tout n'est qu'une question d'apparence, personne n'a envie de confier l'organisation de son mariage à une petite pouilleuse trempée de la tête au pied, elle se doit d'être propre sur soi pour que ses clients lui accordent une confiance aveugle. Etre présentable en toute circonstance c'est une fâcheuse habitude qu'elle a gardé de l'extérieur alors que d'autres font beaucoup moins d'effort qu'elle et s'en sortent tout aussi bien. Ses bonnes habitudes reprennent le dessus, que serait une Enola sans ses petites remarques sarcastiques énoncées sur une voix douces mais néanmoins piquante ? Le moins que l'on puisse dire c'est qu'elle est tombée sur le bavard de la bande, obligé de faire des tirades de dix kilomètres de long pour s'exprimer. " Ravie d'apprendre que tu ronfles, ça risque de changer ma vie tu sais, je suis bien heureuse de ne pas dormir dans ta chambre alors ". Elle souligne mutine alors qu'elle se débarrasse de sa veste trempée pour être plus à son aise. Heureusement, elle a eu la présence d'esprit d'enfiler un pull avant de quitter le nid, au moins comme ça elle n'aura pas à demander à son voisin de gentiment dégager du lit pour lui laisser la place le temps que sa température corporelle revienne à la normale. "Non je sais pas mais c'est bizarre de se pieuter à trois heures de l'après-midi.". Après elle dit ça, elle ne dit rien, chacun ses petites habitudes bizarres, ce n'est pas à elle de juger. Enola doit à nouveau subir une autre tirade de son interlocuteur qui avoue lui-même parler pour ne rien dire, il est plutôt perspicace celui-là. "Se l'avouer à soi-même c'est déjà un grand pas vers la guérison". Elle balance comme ça l'air de rien, elle était sûre qu'elle pouvait faire quelque chose pour le soigner contre cette fâcheuse tendance à parler pour ne rien dire. "C'est pas à cause de moi quand même ?". Elle demande simplement, peut être que le garçon était totalement tétanisé de devoir se retrouver face à une femme et de lui parler. Ce qui expliquerait beaucoup de choses.