Une nuit de plus écourtée, parfois plus tard, parfois plus tôt, Sheelah était imprévisible dans ses nuits et j'en venais à me demander s'il valait pas bien que je me couche l'après midi pour être sûr d'avoir ce sommeil réparateur. J'avais cet air blafard et ces cernes sous les yeux, le manque de sommeil apparent mais ce n'était pas comme ci j'étais le seul ou bien que je concourais pour le plus beau de la maison, aucune envie. Je me glissais hors du lit, les pieds nus, je traversais la maison pour rejoindre le balcon dans l'espoir d'y trouver Sigride, comme nous l'avions déjà fait quelques nuits alentours, dommage, lorsque je poussais la porte, la silhouette élancée de la jeune femme avait laissé place au muscles saillant de Gallilée. Soit. Je fis une simple grimace en sentant l'odeur de nicotine qui en sortait et me demandait s'il était vraiment bon d'être dans cette maison, je ne savais pas combien de personnes fumaient mais c'était mauvais, seule chose que je savais. Je m'appuyais un instant sur le mur pour me gratter le pied nu, profitant de l'absence d'esprit de mon camarade vers lequel je m'avançais quelques instants plus tôt. Je courbant vers la balustrade, je regardais quelques secondes la piscine avant d'ouvrir la bouche « On retrouve toujours les mêmes » J'affichais un petit sourire tout en plongeant mon regard sur le profil de Gallilée qui semblait plutôt vivre la nuit, lui aussi. Nous avions peut être eu une petite altercation quelques jours plus tôt, je l'avais trouvé imbu de lui même mais je ne lui en tenait pas rigueur, personne n'était réellement à sa place ici.

Gallilée me rappelais que nous étions vingt-quatre dans cette foutue maison, je hochais la tête à sa réponse mais ne trouvais pas la peine d'ouvrir la bouche. Il se contenta de faire peser le silence auquel cas je soupirais. S'il fallait éviter toutes ces guerres pesantes dans la maison, il valait mieux savoir se tenir et j'avais retenu qu'il était le gars au silence, je rirais volontiers avec les filles de la maison qui me plaisaient bien plus, elles savaient être marrante et sans prise de tête, je n'aimais pas les pseudos méchants, les gros bras et les attardés que composaient la gente masculine. Après un nouveau silence dans lequel je me plongeais, oubliant la présence de Gallilée et regardant la piscine se muter devant moi, je sursautais au timbre de voix de Gallilée qui affirma alors qu'il s'agissait d'une belle nuit, me demandant mon avis sur le question, je levais les yeux vers la lune et répondis « Je ne suis pas friands du jour, j'aime la nuit mais plus encore lorsque la nuit éclaire les visages ... » Je baissais la tête pour poser mes yeux sur le jeune homme, mon oeil de photographe faisant surface, je souris doucement et me tournais pour rejoindre l'un des fauteuil dans lequel je me pelotonnais rapidement, les pieds nus sur le cuir, je ramenais mes genoux sur ma poitrine avant de les enlacer de mes bras, posant mon menton sur mes genoux, je levais les yeux vers mon partenaire d'une nuit.

Je luttais contre ce silence pesant et j'avais envie de parler, de déblatérer n'importe qu'elle stupidité pourvu que ce soit fini. Je fixais Gallilée qui lui regardais le ciel, je tournais la tête à mon tour vers les astres, admirant les étoiles et souriant en repensant à ces rêves d'enfants que j'avais, des rêves farfelus mais si faciles, voler avec les étoiles et leur parler. Enfant, on m'avait dit que chaque étoile représentait les morts, je leur parlais mais je n'avais jamais eu de réponse c'est pourquoi j'avais vite abandonné cette idée loufoque. Je fus tiré de ma rêverie par Gallilée qui reprit « Qu'est-ce que tu vois sur mon visage ? » Un nouveau sursaut et je posais mes pieds au sol pour m'enfoncer un peu plus négligemment dans le fauteuil où je répondis « Tu es en mal d'amour » Je haussais les épaules et me redressais pour me lever totalement et rejoindre la balustrade aux côtés du jeune homme.

Je pensais que tout le monde était en mal d'amour, je n'avais pas pu annoncer clairement mon opinion à Gallilée mais je laissais ce mystère en suspens, un sourire aux lèvres. Quelqu'un nous manquait toujours dans notre vie, un père ou une mère, une vieille dégarni ou même un chien ou un poisson, nous avions toujours besoin d'être regardé et aimé, c'était un fait. Gallilée se mit à rire, m'annonçant clairement qu'il était dans la merde, chose qui me fit simplement rire, le fixant à mon tour, je le regardais m'avouer « Avec les hommes qu'on nous a planté ici, j'ai plus qu'à sauter du balcon. Sauf si tu te sens capable de m'apporter le réconfort dont je manque cette nuit. » Je haussais les épaules et passais devant mon visage chaque homme de la maison, un sourire aux lèvres, oui en fait, il était mal barré « Il y en a toujours un quelque part ... Tu as pas une peluche toute dégarnie en attendant ou une chaussette » Je fixais une nouvelle fois Gallilée alors qu'il concluais en me demandant si j'étais capable de lui tenir compagnie, une soudaine gène apparue, je n'étais pas habitué à ce genre de prouesse, même pour rire. Je m'avançais vers Gallilée pour reproduire le baiser qu'il m'avait donné, une fois dans le salon, un baiser plus long cependant, comme j'avais pu apprendre à le faire, la même semaine. Me reculant doucement, surpris et gêné de ma réaction, je déclarais « Je ne pourrais te rendre que ce que tu m'as déjà donné » Façon, mes lèvres n'étaient plus chastes depuis longtemps après tout ...