Gêne, frustration, peine, douleur, gaieté. Ce sont toutes sortes d'émotions qu'elle croit avoir expérimenté durant le prime. Un mélange étrange qui lui laisse un goût amer dans la bouche. Elle a toujours les paroles de sa petite sœur qui font écho dans son cœur. Elle à toujours la trace chaude de la nuque de Lino sur les lèvres. Et que dire de son bras droit ? Qu'elle croit mort, parce qu'elle ne le sent plus vraiment après l'effort. Elle n'imaginait pas qu'un prime puisse être si éprouvant. Mais elle n'est clairement pas à plaindre, ce soire Moïra est partie. Et même si elle ne la connaît pas trop, elle n'aurait pas misé sur son départ, sans trop savoir pourquoi. Son amoureux l'a suivit, elle imagine que c'est plutôt une preuve d'amour. Ce qui l'amène à se questionner sur ce qu'elle ferait si Jade était amené à partir avant elle. Ce n'est même pas envisageable. Elle se pose toutes ces questions là pendant qu'elle retire d'un bras endoloris les traces de maquillages qu'à laissé le prime sur son visage. Elle n'est pas prête de s'endormir, trop de choses en tête. Trop d'images qu'elle ne s'explique pas, trop d'expériences inédites. Elle n'arrive plus à oublier. Normalement c'est facile, ça fait le vide tout seul. Mais pas ici. Non ici y a trop de choses, trop de gens, trop d'émotions. Son coeur tourne, tourne, tourne et manque de la faire tomber sur le coté. Elle se retient in-extrémiste grâce au rebord de la vasque. Son regard semble vaciller alors qu'il s'y accroche de justesse au reflet de Lino dans le miroir. Depuis combien de temps est-il là ? Son esprit fait l’addition : prime, suçon, Jade. Le soucis c'est qu'il se contente de poser tout ça, sans en trouver la solution. Elle ne comprend rien. « Pourquoi tu m'as pas dis pour ton diabète ? » Qu'elle le questionne dans un souffle à peine audible. Ce n'est pas preuve de timidité, c'est juste comme ça que ça lui est sorti de ses lèvres pulpeuses. Naturellement d'un air éphémère sur le bout des lèvres. Ce n'est pas un reproche, c'est une question toute simple. Mais elle croit savoir la réponse en réalité. Elle se dit qu'il ne lui faisait pas confiance avec ça, et il a certainement raison. Oui il a eut raison d'avoir plus envie de se confier à Jade qu'à elle. Parce que Jade elle saurait certainement y faire quelque chose, en y mettant toute la bonne volonté du monde. Scar, y a des chances qu'elle oublie, qu'elle ne comprenne pas ou qu'elle sente tout ça au dessus de ses moyens. Elle est pas capable de s'occuper des autres, même ponctuellement. Y a qu'avec Jade qu'elle joue les infirmières. D'un geste délicat elle retire le reste de gloss de ses lèvres, laissant une traînée rosée sur la commissure de ses lèvres. « Je suis désolée pour le suçon. » Qu'elle s'excuse, parce qu'elle imagine que ça devait pas être très agréable pour lui. Les mots de Jade lui reviennent encore à l'esprit et le quart d'un instant elle ne sait plus où elle se trouve, le regard dans le vague. Elle a peur elle aussi, peur de ne pas être à la hauteur, pire encore de ne jamais l'avoir été.

Il se fait tard et il ne voit toujours aucun signe de vie de la rouquine. Pour l'instant, il ne parvient pas à s'endormir, tracasser par de petites interrogations qui trottent dans son esprit depuis quelques jours. Cette émission fait ressortir des choses insoupçonnées chez lui ou plutôt fait remonter à la surface des émotions oubliées. Il éprouve de l'attirance, de la défiance, de la mélancolie. Tout cela réunit crée en sa personne de l'incrédulité provenant sans doute un manque flagrant de confiance en soi. Quand il se regarde dans le miroir, il se revoit plus jeune, chétif, malade et inquiet. Il doute de lui. C'est quelque chose qui persiste, qui le rend de temps en temps à fleur de peau. Il ne s'apitoie jamais longtemps sur son sort. Lino voit toujours le bon côté des choses, malgré sa condition physique. Il est un battant et résiste contre toute affliction. Il se lève, enfile un peignoir et débarque dans la salle de bain et croise le regard de Scarlett. Il a un sentiment de déjà-vu. Son binôme l'interroge sur son diabète et la raison pour laquelle il ne le lui a pas révélé plus tôt. « Ce n'est pas quelque chose que je crie sur tous les toits. », qu'il répond tout simplement. Il ne tient pas à ce qu'elle ne résume qu'à sa maladie. Il refuse de jouer les victimes. C'est à la fois par fierté et par pudeur qu'il ne s'est pas confessé. « Ta sœur l'a découvert par hasard. Maintenant tout le monde est au courant de toute façon. » Il se mordille les lèvres, le regard dans le vague. Sa sœur s'est retrouvée à un moment qu'elle n'était pas sensée voir. Et sur le coup, la vérité a éclaté. Ce jour-là, il ne s'est jamais montré aussi vulnérable. Il bifurque le sujet sur quelque chose de plus frivole. Le suçon en question est toujours là. Il le caresse de ses doigts et réplique sur un ton badin :  « C'était plutôt agréable, je trouve. » Il esquisse un sourire carnassier un bref instant pour la dérider un peu. Mais la réalité les rattrape très vite lorsqu'il s'aperçoit du teint livide de la jeune femme. « Il y a quelque chose qui te tracasse, je me trompe. » Il caresse distraitement le menton de son interlocutrice et le soulève en douceur.

Ce n'est pas un reproche qu'elle formule à voix haute. En réalité elle aimerait qu'il dise exactement ce quelle pense. C'est-à-dire qu'il a bien compris que son rôle de partenaire serait bancale. Peut être même bien avant qu'elle ne lui en fasse la confidence. Pour la rouquine, son silence sur quelque chose qui pourrait être assez utile à leur « couple » est une preuve que justement elle n'est pas totalement à coté de la plaque, ça la conforte dans l'idée qu'elle s'est faite de son rôle de partenaire. Elle ne se rend pas vraiment compte que son commentaire peut sonner comme un reproche du genre « pourquoi tu l'as dis à ma sœur et pas à moi ». Ce serait beaucoup trop enfantin pour Scar ce genre de comportement, même s'il lui arrive de faire preuve d'innocence. « Je m'en doute. » Qu'elle répond du tac au tac soucieuse de bien se faire comprendre. Elle imagine bien que ce n'est pas quelque chose qu'il dit à tout le monde. Mais peut être que justement il pensait le confier à sa ou son partenaire s'il avait hérité de quelqu'un de plus... à même d'être utile. Il ajoute que Jade l'a su de manière assez hasardeuse. C'est certain, mais sa petite soeur c'est toujours à elle qu'on confie les choses de toute manière. Ce n'est pas de la jalousie, c'est un constat pure et simple. Qu'elle comprend parfaitement d'ailleurs. « D'accord. » Qu'elle laisse échapper hésitant à donner le fond de sa pensée. Elle aimerait pas qu'il la pense ingrate ou quoique ce soit. C'est juste qu'elle aimerait bien savoir si c'est rapport à elle ? Et vu comme ça, c'est pire encore, elle a l'impression d'être d'un narcissisme insupportable. « T'aurais aimé avoir une autre partenaire ? » Jade par exemple ? Elle lui demande tout de même, se disant peut être qu'il allait faire le chemin tout seul entre cette question et la première. Il a l'air soucieux que tout le monde soit au courant pour sa maladie, mais il devrait pas. Enfin Scar elle va pas changer son regard sur lui, à vrai dire elle n'y fera certainement pas assez attention au faite qu'il soit diabétique. « Ça change rien pour moi. » Qu'elle essaye de lui dire d'un ton qui se voulait rassurant, mais elle n'est pas doué pour ça. « Ton diabète je veux dire. » Elle ajoute tout de même, parce que les sujets se croisent et s'entrecroisent. Elle termine de retirer le rose de ses lèvres pour partir sur un sujet totalement différent : le suçon. Elle s'en excuse, parce que ça devait pas être hyper cool. Mais lui à trouvé ça agréable et semble le porter fièrement. Ce qui provoque un sourire franc, entre amusement et incompréhension de la part de la rouquine. Mais ses émotions se chevauchent ce soir, comme souvent d'ailleurs. Elle passe du sourire et l'inquiétude. Repensant aux mots de Jade.  Elle attrape au vol la main de Lino qui vient se déposer sur son menton, pas pour l'empêcher de la toucher, mais au contraire pour le sentir un peu plus au creux de sa main. Comme pour être sûre qu'il est bien toujours là. « Je... C'est... Jade, elle allait bien ce soir ? » Il sait bien mieux qu'elle, puisqu'il a passé sa soirée avec sa soeur. « La question sur sa peur... tu sais ? » C'est bizarre, parce qu'elle arrive pas à en parler à quelqu'un d'autre qu'à Jade. Elle presse la main de Lino dans la sienne avant de la lâcher brutalement, s'équipant d'un coton imbibé d'eau froide. « Peut être qu'avec de l'eau froide ça va partir ? » Elle suggère en changeant totalement de sujet, s'attaquant déjà à la marque dans son cou.[/color]

L'état émotionnel de Scarlett l'inquiète, ce soir. Son comportement étrange le décontenance un peu, à vrai dire. Il ne sait comment la rassurer sur certaines choses, notamment concernant leur « couple » et son diabète révélé au grand jour sous les yeux de ses camarades. Cela n'a pas échappé à la rousse le fait qu'il ne lui ait rien dit à propos de sa condition. Il ne le lui a pas caché consciemment. En discutant avec elle, il aurait peut-être du. Il s'en veut et ne sait pas comment apaiser les doutes de la jeune femme. Elle est en train de douter d'elle-même. C'est un supplice qu'elle s'inflige pour une raison qu'il ignore, mais cela a-t-il un lien avec sa sœur. Il tente de la tranquilliser en lui avouant que le hasard est la raison à laquelle Jade a été mis au courant. Sur le coup, il lui a tout déballé. Il constate en écoutant sa partenaire que ce n'est pas un reproche qu'elle lui fait. Il est un peu à cran lorsqu'on parle de son diabète. De plus, il se sent affaibli depuis tout à l'heure. Il a quitté le plateau e trombe pour prendre l'air. Cela n'a pas suffit, on dirait. Pour l'instant, il tient bon et essaie de suivre la conversation. Elle ressasse encore une fois le même problème que la dernière fois. Il fronce les sourcils et réplique vivement, sans pour être autant en colère contre elle : « Bien sûr que non, enfin. Pourquoi tu dis ça ? » Les nerfs à vif, il serre le poing en fixant son interlocutrice droit dans les yeux. Il recouvre son sang froid un instant, réalisant qu'il perdait légèrement pieds. Il reprend un peu plus de contenance lorsqu'elle lui dit que cela ne gène rien le fait qu'il soit diabétique. Un souffle de satisfaction s'échappe de ses lèvres :  « Ça me rassure. » Il ne veut pas que cela change quoique ce soit le concernant. Il ne veut pas regarder en pitié. Il accepte sa condition, les autres doivent faire de même. Scarlett semble l'accepter. C'est tout ce qu'il lui faut. Du soutien et de la compréhension. Pour s'excuser de sa réponse abrupte d'il y a un instant, il se permet de caresser son menton. Il sent la main de la rouquine sur la sienne. Il sourit, le regard attendri par ce geste. Elle mentionne le nom de sa sœur. Lors du prime, cette dernière leur a révélé sa peur, celle d'être abandonnée par sa frangine. Hésitant, il répond : « Elle avait l'air d'aller bien. Du moins, en apparence. » Ils n'ont pas parlé. Lino a préféré ne pas remuer le couteau dans la plaie. C'est à Jade de lui en parler. Il ne veut pas se montrer indiscret, surtout envers elle. Cela reste quelque chose d'intime. Puis cela ne le regarde pas au fond. Ils reparlent du suçon qu'elle lui fait ce soir. Un suçon loin d'être désagréable qu'il lui dit. Elle s'empresse de l'effacer à l'aide d'un coton mouillé. Il sait d'avance que cela ne partira pas comme cela.  « Oublions ce suçon pour une minute, veux-tu. » Il la saisit par les épaules en douceur, plante son regard dans le sien, puis ses mains remontent et entourent son visage de poupée. « Scar. Je sens que tu ne me dis pas tout. Je souhaite juste qu'on soit honnêtes l'un envers l'autre, cette fois. Qu'est-ce-qu'il y a ? Je veux comprendre. », qu'il souffle avec sincérité. Il lâche son visage un instant, son front vient se poser sur son épaule un instant et il ferme les yeux, les oreilles à l'affût dans l'attente d'une réponse de la part de la belle. Qu'il espère sincère.

Scarlett est un paradoxe. Souvent elle se retrouve comme désespérée de ne rien ressentir pour les autres. Elle jalouse sa sœur qui y arrive avec plus de facilité qu’elle. Elle jalouse les autres qui eux aussi se font déjà de nombreux amis. Pire encore y en a qui sont déjà très liés avec leur partenaire. Pendant qu’elle ne fait que douter. Et à ce moment-là elle expérimente toutes sortes d’émotions. Elle se sent continuellement vide à l’intérieur, mais assaillit de tout un tas d’émotions en même temps. C’est comme si elle n’arrivait pas à les assimiler qu’elles finissaient par couleur sur elle.  Scar rencontre Lino dans la salle de bain et en profite pour lui poser quelques questions. Elle a peut-être besoin d’être rassuré ? Mais elle sait bien en réalité qu’il n’arrivera jamais à la rassurer. C’est vain. La rouquine lui demande s’il aurait préféré avec une autre partenaire ? Elle voit bien qu’il est déjà plus proche de sa sœur qu’il ne pourrait l’être d’elle. Alors peut-être qu’il lui arrive de se dire qu’il est tombé sur la mauvaise sœur. En même temps il n’aurait pas tort de la penser. Scar est persuadé que Jade est la meilleure d’entre-elles, même si la petite dernière pense le contraire. Il lui dit que non, les nerfs à vif. Scar l’observe se contracter, serrer les poings sans comprendre pourquoi cette question affiche chez lui une telle réaction. Elle hésite alors à lui dire pourquoi elle lui demande ça. « Pour rien. » qu’elle murmure en terminant de se démaquiller. Elle s’est promis d’être honnête avec lui, mais c’est assez compliqué de l’être en réalité. Ses pensées dévient sur ce qu’il disait sur sa maladie, il a semblé être un peu inquiet que le regard des autres changes. Mais celui de Scar non. Parce que pour être honnête elle va certainement oublier le faite qu’il est malade, parce que finalement ça n’a pas d’importance pour elle.  Son regard change et elle se rend compte qu’il a découvert un Lino qu’elle n’imaginait pas. Sanguin et impulsif. Ce n’est pas quelque chose qui la dérange, au contraire. Elle trouve que ça le rend que plus humain. Il vient lui caresser le menton, doux comme un agneau. Il est paradoxal et à peut-être plus de points communs avec Scarlett qu’elle ne pouvait l’imaginer. Ses pensées viennent filler ailleurs, elle croit bien qu’elle perd quelques couleurs. Scarlett, à fleur de peau. Scarlett fuyante, solitaire, mais qui vient garder sa main dans la sienne pendant qu’elle répond à sa question par une autre. Il lui dit que sa sœur avait l’air bien en apparence. Et si lui le dit, c’est qu’elle n’allait pas bien du tout. C’est moment là où elle découvre que sa présence peut faire mal à Jade, ça la fout en l’air. Son cœur devient plus gros et son regard plus terne. C’est plus simple de changer de sujet pour le suçon. Alors elle y retourne et tente de l’effacer au coup de coton mouillé. C’est vain, mais elle préfère s’y atteler plutôt que de continuer de parler. Mais s’est sans compter sur Lino. Il la stoppe dans son geste et dépose ses mains délicates sur les épaules de Scar, mains qui laisse une marque chaude sur sa peau diaphane. Elle ne quitte pas ses yeux, la bouche entre-ouverte. Et se laisse faire quand il vient encadrer son visage de ses mains chaudes. La douceur et la chaleur de ses mains la surprend. Ou peut-être que c’est l’effet que sa provoque sur son épiderme ? Il lui demande plus d’explications, lui demande d’être honnête. Son regard se brise comme une poupée de porcelaine que l’on aurait fait tomber sur le sol. « Je... »  Qu’elle laisse éclater dans un sanglot retenu. Ses yeux s’embuent une seconde pour laisser place à une absence d’émotion.  « Tout va bien. »   Qu’elle laisse échapper en évitant son regard. Elle veut s’échapper de son contact mais se ravise, elle a envie d’essayer.  « Je… Lino, j’ai vraiment envie d’être honnête avec toi, mais je crois bien que tu vas être réellement déçut. »   Qu’elle lui dit dans un premier temps. « Je rêve d’une chose en particulier, c’est de... d’être capable de me lier à quelqu’un d’autre que Jade. Et ça lui fait peur tu sais, c’est ce qu’elle disait. Elle croit que je vais me désintéresser d’elle. Parce que c’est vrai que je n’ai jamais été capable d’aimer quelqu’un d’autre qu’elle, alors peut-être qu’il n’y a de la place dans mon cœur que pour une seule personne ? »    Ses mains douces viennent attraper celle de Lino. Elle les garde deux trois secondes dans les siennes avant de les laisser tomber dans une caresse.  « J’ai l’impression de trahir Jade, parce que je crois que j’aimerais vraiment beaucoup qu’on soit plus proche toi et moi, même si je ne sais pas faire. »   Et encore ce n’est que la partie émerger de l’iceberg. « Et puis tu vas perdre ton temps. » Elle termine dans un murmure en pivotant pour se retrouver face au miroir et continuer de se préparer pour sa nuit. Elle attache tranquillement ses cheveux et se regarde d’un air fantomatique, comme si elle était toute seule. Pourtant elle continue de sentir la présence de Lino, jusqu’à la marque chaude de ses mains sur ses épaules et ses joues creuses.