La fin de l'année approche et avec les traditions que sa famille a mis au point pour mélanger parfaitement les différentes cultures de son père, de sa mère mais aussi de ses oncles et tantes du côté paternel qui n'ont pas d'héritage suédois. Une pratique fortement appréciée par Arthur qui, en bon Danois, n'apprécie pas nécessairement qu'on lui impose toutes les traditions suédoises de la terre. Car malgré la proximité des deux pays nordiques, leurs traditions varient quelque peu et il n'y avait au départ rien de plus dérangeant pour Arthur que d'être sans cesse rappelé à la réalité par sa belle-famille suédoise et ce malgré les efforts que Lloyd-Snö pouvait faire pour que son père accepte le mari Danois. Aussi, dans la famille de Lloyd a-t-on mis au point une tradition hybride consistant à casser toute sa vaisselle quotidienne -pas la porcelaine des grandes occasions ou autre- pour en acheter une nouvelle. L'an nouveau débutant avec des plats propres et frais, symboles qu'on fait entrer dans son corps le changement. Il est hors de question qu'il casse la vaisselle du nid, sinon ils vont la lui faire payer et il n'a pas assez sur sa cagnotte. Alors, il a décidé d'éclater quelque chose qu'on leur a donné le droit de martyriser. La piñata. Elle est réputée indestructible mais bon. En tapant bien fort dessus ça devrait céder. Lloyd n'investit que rarement sa fierté dans ses décisions, les combats devant un juge sont toujours une source d'orgueil, parce qu'il les gagne presque toujours, mais en dehors de ça, son appréciation de lui-même ne dépend pas de l'impact de l'extérieur. Cependant si cette piñata lui résiste, son ego risque d'en prendre un coup. Quoiqu'elle a déjà résisté à des gros bras dans le passé. Arrivé à l'arbre où elle pend il la tâte des doigts, étudie sa solidité. En quoi est-elle faite ? Elle a l'air si facile à éclater et pourtant... la matière est peut-être souple mais très résistante aux coups ? La silhouette dégingandée de Colin approche et ça met du baume au cœur de Lloyd. Bizarre, ils ne sont pas non plus super potes, mais la soirée qu'ils ont passé ensemble la semaine passée les a rapprochés ou du moins c'est le sentiment que Lloyd a sur la situation. « Tu veux m'aider à faire sa fête à cette bestiole ? » qu'il demande en désignant la piñata du pouce. « Il paraît qu'à l'intérieur il y a des indices. » ajoute-t-il, mentant comme un arracheur de dents, pour convaincre Colin de rester et de l'aider. Histoire qu'ils soient deux à se ridiculiser.

La réponse, par la négative -ô surprise- de Colin ne le surprend pas. Elle ne le déçoit même pas. C'est comme si son troisième œil c'était ouvert pour lui dire : « Eh, Lloyd, tu sais bien que le gamin est dans la contradiction permanente ! ». Devant ce refus absolument choquant Lloyd écarte les bras comme un hôte de talk-show le fait pour accueillir un invité de marque. « Le party-boy ladies and gentlemen ! » qu'il lance avec un petit sourire mi-amusé mi-narquois. Lloyd ne sait pas pourquoi Colin lui plaît, d'une façon très platonique s'entend, il le trouve amusant. C'est typiquement le garçon qui aurait tout pour réussir mais qui par fierté ou par simple égocentrisme se complaît dans une certaine médiocrité. Le genre de gars que Snö a envie de frapper derrière la tête pour lui donner une bonne leçon en même temps qu'il a envie de l'avoir comme pote juste parce qu'il est drôle dans son manque de filtre verbal. Le raisonnement que lui fournit Colin quoique pas idiot manque foncièrement de fondation et sonne comme une excuse trouvée à la va-vite pour échapper à une punition que lui aurait assigné son père. « Je pense que c'est plutôt l'inverse. Si tu n'y arrives pas t'as une bonne excuse. Moi si j'échoue on dira qu'en fin de compte je fais juste de la gonflette. » le contredit gentiment Lloyd sans vraiment s'attendre à ce qu'un mot de ce qu'il dit n'ait d'impact sur Colin. C'est peut-être ça la partie la plus pénible de ce genre de personnalité. Quoique vous leur disiez, les mot rebondissent sur leur peau comme un caillou plat ricoche sur l'eau d'un lac, donnant l'impression de perturber la surface une seconde avant que la normalité reprenne sa place. « Si je te donnais des indices tu les croirais ? Tu m'as toujours paru plus tête-à-claque qu'idiot du village pourtant. » fait-il un peu incrédule face à l'idée même que Colin pense que Lloyd lui livrant des indices est une possibilité. Faut pas déconner, ils savent tous les deux que ça ne marche pas comme ça. Quand Colin se met à chanter son petit discours d'encouragement, Lloyd éclate de rire. Il n'en rate vraiment pas une celui-là. « Il te manque les pom-poms et tu serais presque un fantasme sur pattes. Je me demande comment Lorena a pu te résister deux semaines ! » ricane-t-il avant d'attraper la batte. Temps de faire un essai. Les gens s'y sont essayer avant lui, il n'y a aucune raison pour qu'il soit plus chanceux, mais avec un peu de chance quelqu'un aura craquelé la structure et Lloyd viendra lui apporter le coup de grâce.« Tu m'expliques tes choix pour les nominations ? Cody et Naveen et puis Pablo. Pourquoi eux ? » demande-t-il avant de viser, de simuler un coup, comme un golfeur le fait avant de frapper la balle reposant sur un tee. Il ne prend pas la peine de mettre un foulard devant ses yeux, ça serait le désavantager alors qu'il affronte déjà une piñata réputée invincible. Frappant de toutes ses forces il envoie le récipient mystère faire le tour de la branche. À son retour en position initiale, Snö est bien obligé de constater que non, lui non plus n'a pas fait une égratignure à l'enveloppe de la pochette surprise mexicaine. « Un indice donc ? Mon secret concerne ma famille. » fait-il l'air de rien. Son visage, impassible car trop habitué à garder un masque d'indifférence pendant les procès ne laisse transparaître aucun indice. Est-ce un indice aussi important que la piñata est résistante ou un indice en carton ? Mystère.