Le moins que l’on puisse dire, c’est que la soirée de dimanche s’est avérée mouvementée pour Colin. Non pas à cause de l’activité prévue par Cupidon lors du prime qu’il espérait pleine d’action et qui l’a énormément déçu – lui demander avec qui il ne voudrait pas passer la nuit, à lui, alors qu’il est plutôt joueur ? Merci de le rabaisser à ça – mais à cause du retournement de situation à l’issue du prime. Quand il a appris qu’il était techniquement éliminé, il était forcément agacé, sans pour autant le montrer, avant que la satisfaction ne s’empare de lui en constatant l’abandon de Sara lui permettant de continuer l’aventure, pour finalement apprendre avec lassitude son énième nomination. Heureusement pour lui, la soirée s’est définitivement terminée sur une bonne note puisqu’il a remporté les pleins pouvoirs à la roulette, soit le meilleur gain qu’il pouvait espérer, surtout en étant nominé, lui permettant ainsi de choisir ses adversaires. Plutôt que de s’inquiéter quant à l’issue du prochain prime, il décide de fêter son sauvetage et son gain à la roulette en embarquant du whisky, des chips et Salomée, aussi  et accessoirement, vu qu’elle aussi a un sauvetage à fêter. Il n’a pas pu le faire la veille puisqu’il était trop occupé à affronter Greta au bar, alors ce n’était que partie remise, d’autant plus que Salomée pouvait difficilement refuser de l’accompagner après la promesse qu’il lui a faite la semaine dernière. Il l’a peut-être un peu forcée, mais quand même. « T’inquiète, j’sais que Joe fait un peu peur à vue de nez, mais il est plutôt cool, au pire j’t’autorise à te réfugier dans mes bras. » C’est une petite nature Salomée, elle ne résistera pas face au clown qui tient la grande roue. « Et de ton côté j’espère que t’as préparé ta main, parce que j’ai pas changé d’avis. » Il compte toujours la broyer. Ou peut-être qu’il sera gentil et changera d’idée à la dernière minute. À voir. Arrivant près de la grande roue, il attend sagement que Joe apprête une nacelle pour eux, avant de lancer un regard outré à Salomée quand ils sont installés. « Comment j’ai trop peur, et toi t’essaie même pas de me rassurer, j’y crois pas. » Pourtant ça se voit qu’il ne répond plus de lui et qu’il est à deux doigts de la syncope, non ? « Et dire que j’ai pris de quoi fêter notre retour alors que t’es totalement ingrate. » Elle ne mérite ni la bouteille, ni les chips, mais il prend quand même soin de les disposer entre eux. « Bon, honneur aux dames quand même, tu vois je suis gentil, moi. » Il termine, son air d’imbécile sur le visage.

Sauvée. J’ai été sauvée. En plus de ne pas m’y attendre, je n’aurais jamais pensé que Colin se retrouverait dans les deux à sauter à l’issue du prime. Heureusement que Sara s’était chauffée à nous préparer un petit coup de théâtre, j’aurais déprimé à l’idée d’avoir perdu Clotaire et Colin successivement. Je porte peut-être la poisse qui sait, dès que je commence à vraiment me faire un pote il se casse. Une soirée comme ça ça se fête et après avoir fini ivre la veille, comme si ça ne suffisait pas, je retrouve le gosse pour son tour de roue avec une fiole de vodka en poche. A la russe m’voyez. En plus de ça j’ai prévu le coup en prenant des gants puisque je n’ai pas oublié cette histoire de main broyée et le connaissant j’ai plutôt intérêt à ne pas prendre cette histoire à la légère. Je traine un peu des pieds, j’avoue, le temps se rafraichit de jours en jours et le froid ça m’irrite. Une petite remarque relou du Colin et je sens que les probabilités sont grandes pour qu’à tout moment je l’envoie balader avant de rentrer vénère au chaud. Il a dû le remarquer puisqu’il tente de me rassurer. Oh. On a franchi une nouvelle étape dans l’amabilité là. « Merci. Je vais finir par croire que tu es vraiment de bonne foi. » J’admets avec un sourire et un regard en coin. Je n’ai toujours pas profité de l’offre qu’il m’a faite la semaine dernière en matière de réconfort, j’ajoute donc le caractère sincère à cette proposition qu’il vient tout juste de renouveler. Avec lui je reste principalement sur du second degré sauf avec cette histoire de main que je prends très au sérieux. « Ouais j’ai sorti les gants. J’ai hésité à les fourrer avec du coton avant mais vu ton gabarit et le mien qui, rappelons-le, est très athlétique, je me suis dit que tu ne pouvais pas me faire vraiment mal. » Alerte alerte. Je viens de capter la référence que Colin a fait par rapport à Joe. Joe le clown. Comment j’ai pu oublier ça ? Là je fais moins la maline. Suivant mon camarade d’assez prêt pour rester dans un périmètre de sécurité fictif je reste figée à observer le clown à l’air diabolique attacher les nacelles. Colin peut dire ce qu’il veut le son de sa voix n’est pas analysé par mon cerveau. « J’ai peur des clowns. » que je lâche d’un air distant sans quitter le concerné des yeux. Il va nous faire mourir. Pourquoi on est venus ici ? Pourquoi j’ai accepté son offre ? J’aurais dû tilter que si j’avais évité la grande roue jusqu’à maintenant c’était parce qu’il y avait une raison. « Fêter ça ? » Il récupère mon attention et je constate la bouteille de whisky et les chips entre nous deux, un fin sourire se dessinant de nouveau sur mon visage auparavant livide. « Waw t’as fait les choses bien ! J’ai l’air de quoi avec ma fiole moi ? » Je sors l’intéressée de la poche de mon long manteau, c’est pathétique mais ça pourra toujours servir au moment d’attaquer le clown. « Merci Colin. » que je lance d’un air espiègle en m’appropriant la bouteille de whisky. « A notre retour. » Je tends symboliquement la bouteille vers mon acolyte avant d’en porter son goulot à mes lèvres. Tout ce qu’on attend d’une femme moderne. Une grimace traverse cependant mon visage, pas insensible à la brûlure de ma trachée par le liquide ambré. « Brr les premières gorgées vont être difficiles. Si tu me l’avais dit j’aurais pris du coca. » Mais monsieur fait dans les surprises apparemment. « Aller à toi, détends-toi un peu avant qu’on ne s’envole. » Je lui tends la bouteille un sourire collé sur le visage. Moi je vais me charger des chips.

Logiquement, il aurait été préférable qu’ils fêtent leur sauvetage respectif à l’issue du prime de la veille, mais Colin avait déjà des engagements à tenir auprès de Greta. Il savait que peu importe le jour où il demanderait à Salomée de l’accompagner à la grande roue, elle ne pouvait pas dire non, à cause de leur accord tacite passé la semaine dernière. Et même sans celui-ci, il s’était montré suffisamment docile pour se traîner jusqu’au stand à confiseries, c’est donc à son tour d’être la parfaite petite camarade docile qui s’en tient à son plan. Elle traîne un peu des pieds pour l’instant, mais il ne lui en tient pas rigueur, du moment qu’ils arrivent à la grande roue, il est content le petit, il lui en faut pas plus. Il est de bonne humeur et ça s’en ressent à sa façon de se comporter, puisqu’il prend soin de préparer psychologiquement la jeune femme à la vision de Joe, qui n’est plus très loin d’eux à présent. Même lui qui n’est pas forcément effrayé par ce genre de déguisements doit reconnaître qu’il fiche un peu la trouille, quand même. « Comment ? T’en as douté jusqu’à présent ? J’suis outré. O-U-T-R-É. » Sa mine se veut boudeuse tandis qu’il ignore pendant quelques instants la blonde, afin d’accentuer sa déception. Pas longtemps ceci dit, puisqu’il doit s’assurer qu’elle a préparé sa main à ce que celle-ci va bientôt subir, à savoir un broyage en bonne et due forme. « Tu viens un peu de me mettre au défi là, j’suis pas sûr que ce soit une très bonne idée. » Pour sa main, surtout. Il n’en faut pas plus à Colin pour qu’il se lance le défi de lui faire mal. Oui, ce n’est pas très galant, mais c’est ainsi. « J’en déduis que les entraînements avec Musclor se passent plutôt bien ? » Faut croire, elle n’a pas encore l’air d’être cassée en deux, c’est bizarre d’ailleurs. Arrivés à destination, Joe leur prépare une nacelle et l’américain est surpris du soudain silence de la candidate, jusqu’à ce qu’elle lui avoue sa peur des clowns. Il l’observe un instant, s’imaginant une plaisanterie, mais aucun signe ne va dans ce sens. « Sérieux ? » Oui, probablement, mais il s’attendait à une phobie un peu moins commune s’il devait lui en coller une. « J’suis pas sûr que dire ça devant le concerné soit une très bonne idée, si ça se trouve il va prendre un malin plaisir à te courser dans la nuit quand on aura fini ici. Vu sa gueule, j’suis pas sûr que tu t’en sortes en un seul morceau. » La rassurer ? Non, c’est inutile maintenant qu’ils sont sagement installés sur la nacelle et que d’ici quelques instants, elle ne pourra plus quitter l’endroit à moins de sauter dans le vide. Laissant le sujet de Joe derrière eux, il préfère disposer les réserves prévues pour fêter dignement leur retour. « D’une débutante, et ça me fait de la peine de le constater. » Il précise, d’un ton peiné en baissant la tête. Malgré tout, c’est bien aussi, une fiole. « À notre retour, ouais, et y’a intérêt qu’on puisse remettre ça la semaine prochaine. » Il ajoute, autant s’encourager dès maintenant en connaissant son sort depuis hier soir. « Le coca, c’est pour les petits joueurs. J’te pensais pas aussi faible, j’suis tout choqué et triste, là. » Il affiche un sourire moqueur tandis qu’il s’empare à son tour de la bouteille pour la porter à ses lèvres, suivant son conseil de se détendre avant qu’ils ne s’envolent, buvant une bonne gorgée, avant d’esquisser à son tour une légère grimace. « Mais j’suis détendu, hyper détendu même. » Il ajoute, tandis que la roue se décide enfin à démarrer et qu’il se dit qu’il serait temps de jouer au type terrifié, il est supposé l’être après tout. « Attends, attends, j’y pense, y’a pas une pancarte qui dit un truc genre « on décline toute responsabilité en cas de chute » ? Parce qu’ils mettraient pas ça si cet endroit était sûr, du coup ça veut dire que c’est pas le cas, OH MON DIEU J’VEUX DESCENDRE. » Il s’exclame tandis qu’il se met à balancer la nacelle, veillant toutefois à bien tenir la bouteille. Faudrait pas qu’elle s’éclate au sol quand même, quel dommage. Il est crédible dans le rôle du type terrifié là, c’est bon ? Manquerait plus que la roue s’arrête et avec Joe le capricieux aux commandes, c’est pas totalement impossible. Là, il pourra mimer la syncope ou la crise de larmes obligeant Salomée à y mettre enfin un peu du sien pour le rassurer, car pour l’instant ça laisse à désirer.

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Accompagner Colin à la grande roue m’est égal, je le fais presque de bonne foi. Je ne sais d’ailleurs toujours pas s’il était vraiment sérieux en se plaignant du manque de volontaires pour l’aider à affronter sa peur du vide. Impossible de savoir sur quel pied danser avec lui mais je m’en fou complètement, je passe au-dessus. Raison pour laquelle j’arrive facilement à le supporter contrairement à certains ici. Cela dit le fait qu’il fasse considérablement froid m’importe déjà un peu plus. Lorsque la nuit tombe les températures chutent avec et je me les pèle royalement. Heureusement Super Colin est toujours là pour proposer ses bras en cas de besoin. Adorable. Tellement que ça en est pas crédible le concernant mais, aller, à force de proposition je vais finir par le prendre au sérieux. Je roule des billes face à tant de cinéma. Il est inépuisable ce mec. « Excuse-moi la drama queen. » J’allais le sermonner d’arrêter de bouder mais il se résonne lui-même. L’envie de me rappeler qu’il comptait réduire mes doigts en compote l’a emporté. « Pour toi c’est effectivement une mauvaise idée. » Un simple sourire en coin et je ne lui en dit pas plus concernant le plaisir qu’il aura de goûter ma seconde main si jamais il s’amuse à broyer la première comme un enfant l’aurait fait dans une cour de maternelle. Si je n’ai plus le droit de me la raconter où est passée la liberté d’expression. « Ouais ça va. Maintenant que j’ai craché mes poumons aux premières séances ça se passe beaucoup mieux. La clope c’est hyper nocif, j’te jure. » On rigole au nez de toutes les préventions hein mais quand on en subit les effets on se marre beaucoup moins. D’ailleurs on s’en mordra tous les doigts d’avoir voulu faire nos rebelles lorsqu’on aura la soixantaine passée. Mais bon en attendant on peut toujours cloper comme des porcs, de toute façon personnellement je me donne bonne conscience avec quelques séances de sport. « Tu devrais t’y mettre toi aussi. » Je lui glisse l’idée en conseil d’ami, un sourire narquois imprimé sur les lèvres. Je fais moins la maline lorsqu’on se retrouve face au clown de film d’horreur qui est chargé de gérer la grande roue. Ce qui m’inquiète le plus c’est que notre sort soit entre ses mains en fait. Colin a raison quand il dit que j’aurais dû me taire. Enfin partiellement puisque comme d’habitude il exagère. Je grimace face à son explication, lui offrant mon magnifique majeur en prime. « Très drôle. Tu t’amuses à ça et je te démonte. » Le rôle du mec c’est de rester à son poste, pas de tous nous faire flipper. Par contre je commence à connaître l’énergumène qui se tient en face de moi et s’il y en a un pour tenter de me faire peur c’est bien lui. Il me traite de débutante face à ma fiole. J’hausse les sourcils un faux air de bourgeoise sur le visage. « Je l’ai joué fine en choisissant un format adapté à notre escapade vois-tu. » Je pense à tout mais en mieux que lui, voilà. Il évoque son énième nomination et j’esquisse un sourire afin qu’on évite de s’engrainer dans une tourmente. J’espère aussi sincèrement qu’il sera encore là la semaine prochaine mais impossible de savoir ce qui peut influencer les votes du public d’une semaine sur l’autre. « Mais bien sûr ! Je te fais confiance pour mettre un peu d’animation, les téléspectateurs ne voudront plus se séparer de toi. Ils ont dû avoir les boules quand ils ont vu que tu allais y passer à cause d’eux. » Ca ne fait aucun doute. Sans lui on s’ennuie. Il me traite de petite joueuse. Pff. « On verra si tu le seras toujours d’ici une heure. » Je plisse les yeux, lui piquant de nouveau la bouteille une fois qu’il en a fini avec sa gorgée pour la lui tendre de nouveau. « Ce n’était que du cinéma en f… » Il me coupe et se met à parler à toute vitesse avant d’hurler. Je l’observe stupéfaite les yeux ronds grands ouverts. Je rigole dans mon coin jusqu’à ce qu’il ne se mette à faire bouger la nacelle. J’ai horreur de ça. Déjà que l’attraction n’a pas l’air de première jeunesse alors si en plus il s’amuse à jouer avec le feu là ça ne me fait plus rire. Je me redresse pour l’arrêter, posant ma main sur son épaule pour le calmer. Je n’ai pas de pouvoirs apaisants mais ne sait-on jamais. « Arrête de balancer la nacelle ! Colin ! ARRETE ! » Il m’énerve ! Comme si ça ne suffisait pas la roue s’accélère. Mon poing se resserre machinalement sur son manteau en sentant mon équilibre m'échapper. J’atterris à ses côtés à l’opposé de là où j’étais précédemment logée. « Respire ça ira mieux. Tu veux faire une séance de respiration ? » Je lui propose tous sourcils haussés, sérieuse et déterminée à lui servir de professeur si ça peut nous éviter de mourir ici.

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Tandis qu’ils s’approchent de la grande roue, il repense au gérant des lieux qui n’est autre qu’un clown légèrement … flippant, il faut le dire. Ainsi, pour Salomée qui est une petite nature, c’est la crise cardiaque assurée, Colin préfère lui offrir un ticket vers ses bras avant qu’ils n’arrivent à destination, afin de lui montrer qu’il est là pour elle, en personne attentionnée qu’il est, hm. Elle va enfin finir par croire qu’il est de bonne foi, bah tiens, c’est le moment. Il pensait que c’était acquis depuis une ou deux semaines, il est outré de découvrir qu’il a vécu dans le mensonge durant si longtemps. Il se sent trahi, le petit. « Ouais mais non, va falloir faire mieux pour obtenir mon pardon. » C’est un peu faible. Entre les excuses qui ne sont pas sincères et le surnom, elle s’y prend mal. Il faut qu’elle s’améliore et heureusement pour elle, il va être son cobaye, il est très bon dans ce rôle. Cessant de bouder pour évoquer la main de Salomée bientôt réduite en charpie, il ne peut s’empêcher de percevoir sa réflexion comme une mise au défi. « J’vois pas pourquoi. » Il rétorque quand elle parle de mauvaise idée pour lui, avant que ça lui monte au cerveau. C’est bien, maintenant il peut comprendre Cody. « Naaan, tu n’oserais pas m’faire du mal quand même ? Pas à moi ? » Il la questionne, la mine semblable à celle du Chat Potté. Pas lui, quand même. Outre les gants, elle peut compter sur sa force nouvellement acquise grâce aux entraînements d’Achille. Il en déduit qu’ils se passent plutôt bien, et cela semble être le cas. « Mais non, c’est juste que t’es pas douée. » La clope n’a rien à voir là-dedans, elle se cherche des excuses, voilà tout. Bon, d’accord, peut-être qu’il y a un lien, mais quel intérêt s’il ne peut pas chambrer Salomée ? « Naaan, j’essaie d’aller à contre-courant, le côté musclé et en bonne santé c’est à la mode maintenant, mais quand ce sera le tour des imberbes fragiles j’vais avoir une longueur d’avance. » Il ne perd pas espoir, pour l’instant il évolue dans l’ombre, mais un jour ou l’autre il aura le droit à la lumière. Il a fait du sport pendant longtemps, mais il n’est plus motivé par cette perspective à présent, et peu importe si ses repas composés de chips et de sodas ainsi que sa consommation excessive de cigarettes nécessiteraient qu’il s’y mette. Arrivés à destination, il est surpris d’apprendre la peur de Salomée. Les clowns, c’est tellement commun. Mais ce n’est pas le plus important, le plus important c’est qu’elle a fait l’erreur d’en parler devant le principal concerné. Même si son rôle consiste à assurer le bon déroulement du tour, il ne serait pas étonné d’apprendre que Joe fait des extras comme figurant de films d’horreur. « Trop charmante. » Il lui offre un sourire à peine forcé. Tandis qu’il a prévu la bouteille de whisky et les chips, Salomée fait pâle figure avec sa petite fiole. Une vraie débutante. Tss, décevant. « Adapté, mais inutile, on va pas aller loin avec ça, heureusement que j’avais prévu l’coup. » Elle se cherche des excuses, mais ça ne fonctionne pas avec lui. Ils trinquent à leur retour, et il espère qu’ils pourront en faire de même à l’issue du prime de dimanche, ce qui voudrait dire qu’on lui accorde une semaine supplémentaire. « Bon, du coup, dans cette émission ça veut dire taper quelqu’un et me taper quelqu’un. Pour le premier, j’pense à Salva, ce serait pas illogique. Pour la seconde, je pense à toi, parce que j’sais que tu serais prête à te dévouer pour m’rendre service. » Il précise avec son sourire d’imbécile aux lèvres. Ce sont deux choses qui fonctionnent à merveille dans une émission comme celle-ci, c’est le moyen le plus rapide d’obtenir l’approbation du public. Bon, plus dans le second cas que le premier, en fait. Raison de plus pour qu’elle se sacrifie. Il s’empare de la bouteille qu’elle lui tend, précisant qu’il est détendu et, par conséquent, il n’a pas vraiment besoin de boire. Mais c’est toujours un plus qui n’est pas désagréable. « Oh, c’est mignon, tu comptes avoir ma garde pendant une heure, j’suis trop flatté, mais fallait m’prévenir avant, j’suis demandé. » Il s’imagine mal rester ici pendant une heure, même en étant à l’aise en hauteur. Enfin, c’est la  version officieuse, qu’elle semble enfin comprendre avant qu’il se mette à jouer l’officielle, commençant à paniquer. Après tout, maintenant que la nacelle s’élève, c’est le moment ou jamais. S’excitant, l’américain commence par hurler avant de faire bouger la nacelle. Il ne s’inquiète pas, il se doute que la production ne mettrait pas du matériel dangereux à leur disposition, il peut donc se permettre de flanquer la trouille à Salomée sans risquer leurs vies. Enfin, il l’espère. Il se retient de rire quand elle pose sa main sur son épaule avant d’essayer de le raisonner. À sa manière, en lui criant dessus. Trop gentille. Il n’avait pas prévu que la roue s’accélère, mais ça lui rend service, en fait. Il continue son manège encore quelques instants, le souffle saccadé, mais ne peut s’empêcher de laisser échapper un rire quand elle se retrouve à ses côtés et qu’elle lui parle d’une séance de respiration. « C’est quand même triste de devoir en arriver là pour que tu décides enfin à jouer ton rôle. » Il annonce, en lui tapotant gentiment la tête. La figure rassurante, tout ça. « Et puisqu’on est coincé ici, tu peux même pas partir en mode vénère en m’insultant, c’est triste. » Ou alors, il lui faudrait sauter, mais ce serait dommage de la perdre aussi tôt. « Vois le bon côté des choses, ta main est saine et sauve. » Il commence à la connaître, elle va juste se focaliser sur le fait qu’il l’ait menée en bateau. « Tiens, fais pas la gueule, bouteille du pardon. » Il lui tend celle-ci, alors qu’il remarque la vitesse toujours plus rapide de l’attraction. « Euh ouais, ça par contre c’est pas ma faute. » Si elle est tentée de l’accuser, ce dont il ne serait pas surpris. « Allez Joe, j’sais qu’elle t’a vexé, mais c’est pas une raison pour faire l’con, j'ai rien demandé moi. » Il hurle, tandis qu’il espère enfin avoir le droit à une vitesse normale, si c'est pas trop demandé, tiens. Sérieux, ils l’ont trouvée où cette roue défaillante ? Heureusement pour lui, il semblerait que son coup de gueule ait fonctionné. Gentil Joe.

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Le petit bébé qu’est Colin exige une excuse de taille pour daigner m’accorder le pardon. On arrive devant la roue donc ce sera pour plus tard, ce qui ne m’empêche pas de soupirer suite à sa réflexion. « T’es exigeante. » Finalement peu importe qu’il accepte ou non mon manque d’excuses puisqu’il oublie rapidement qu’il est censé bouder. De toute façon c’est beaucoup mieux pour lui d’aller dans ce sens-là sinon il peut dire adieu à tout soutien psychologique une fois montés dans la grande roue. Ou même physique si on prend en compte sa volonté de me tenir la main. Il a plutôt intérêt à y faire attention et ne pas trop s’amuser au plus fort. Il ne voit pas pourquoi. Pour l’instant. « Tu verras. » L’air de rien il est très perspicace, il a rapidement deviné de quoi il s’agit. Je reste volontairement de marbre face à ses grands yeux suppliants. « Ca marche très certainement avec ta mère mais pas avec moi. Je te frapperai sans pitié. » J’annonce sur un ton détaché à en faire pâlir Joe le Clown. Je ne rigole plus lorsqu’il s’agit de m’inventer un personnage de Terminator. Je suis la reine de la menace. Sauf avec Achille, il ne marche pas dedans lorsqu’il force trop sur l’entrainement à mon goût et que je lui sors toutes sortes de scénarios pour tenter de l’effrayer. Il m’est insensible c’est frustrant parfois. Colin rajoute par-dessus ça que si j’ai cru mourir aux premières séances c’est que je ne suis pas douée. J’aimerais bien l’y voir lui tiens. Je m’indigne en le regardant de haut, puisqu’il ne mérite que ça. « N’importe quoi t’y connais rien. » La sportive ici c’est moi. S’il veut commenter il faut d’abord qu’il enfile un jogging et qu’il vienne bouger son corps frêle. Ce n’est visiblement pas dans ses intentions. Vraiment très étonnant. « Ah je vois t’es un précurseur. On croirait pas comme ça avec ta dégaine et tes discours d’ado. Tu caches bien ton jeu. » que je siffle d’un air moqueur un sourire mesquin étirant mes lèvres. Le karma me met alors un clown devant le nez et j’arrête tout de suite de faire ma frimeuse. C’est un calmant très efficace mais je ne vais pas non plus trembler de peur et en perdre mes mots. J’internalise. La preuve, je menace une nouvelle fois Colin à qui je viens d’offrir un moyen pour m’emmerder sur un plateau d’argent. C’est charmant oui. Je ne réplique pas puisqu’il n’y en a pas besoin, pour une fois que ce n’est pas à qui aura le dernier mot. Par contre pour la fiole je maintiens, même si l’idée est pourrie comparée au véritable festin que m’a préparé monsieur, elle a son intérêt. « Certes mais c’est l’intention qui compte. Je ne pouvais pas prévoir que tu allais autant me gâter. » Je porte ma main sur mon cœur en feintant la gratitude. Bon en réalité c’est sympa de sa part mais il m’a cherchée. En plus compte tenu du fait qu’il est une nouvelle fois en danger cette semaine il est vrai que j’aurais peut-être pu faire un effort en partant du principe qui fallait profiter au maximum de nos derniers moments. Je compte de toute façon sur lui pour tout faire afin de rester à l’issue du prime dimanche soir. Il résume plutôt bien la chose concernant les possibilités de faire parler de lui afin de gagner en popularité. Je note qu’il ne s’entend pas avec Salvador. Je n’ai pas trop fait attention à ça, pour moi Colin saoule tout le monde au moins une fois par jour. Il ne doute de rien concernant ma dévotion lui. « Pas pour te rendre service. Juste pour augmenter MA popularité, ça va dans les deux sens. Je pense par contre que taper Salvador sera l’option la plus rapide à réaliser. » Je suis so hard to get. Lui par contre il essaie de jouer le mec hyper demandé. En mettant de côté le fait que je n’y crois pas du tout je tiens à lui faire un petit récapitulatif de la situation, juste au cas où ça n’aurait pas encore percuté son petit esprit. « Ca fait un mois que ce pauvre clown attend toute la journée que quelqu’un se ramène dans sa roue, maintenant qu’on est là tu ne penses quand même pas qu’on va s’en tirer si facilement. Il fallait prévoir, c’est de l’an-ti-ci-pa-tion. » Je lui sors mon plus bel air de miss je-sais-tout. C’est un air très difficile à tenir lorsqu’on se sent dépassé par la situation. Là c’est un peu le cas avec Colin qui secoue la nacelle et qui commence à en oublier de respirer. A vouloir le calmer je me retrouve abasourdie un fragment de secondes, les fesses posées à côté de Colin avec l’adrénaline terminant de parcourir mon corps. J’ai vraiment eu peur de tomber. Quel con. Le pire c’est qu’il se marre en fait. Putain il m’énerve ! Il mérite bien que je le frappe, tiens. J’espère même lui avoir fait mal. Ca lui apprendra. « T’es vraiment con ! Je pensais que c’était sérieux ! » Et même si comme dans sa description je ne peux pas partir énervée, ce que j’aurais fait en lui balançant quelques noms d’oiseaux au passage, je peux toujours me contenter du verbal. Vexée je croise, à l’image de mes jambes, mes bras sous ma poitrine tout en relâchant mon dos contre les barres de fer de la nacelle.  « J’aurais mieux fait de vouloir te laisser crever ouais. » Il se moque de ma bonne foi ça m'agace. J’en ai plus rien à foutre de ma main à ce stade. Vivement, je braque mes yeux plissés et accusateurs sur lui. « Tu l’aurais destroy juste pour le plaisir en fait. » Adorable ce garçon, rendez-le à sa mère ça nous fera des vacances. Il croit pouvoir se racheter avec la bouteille. S’il ne veut pas que je la lui balance dans la gueule il a plutôt intérêt à la garder pour lui. « Non merci. Par contre si tu pouvais faire quelque chose pour que la roue arrête d’accélérer ça serai cool. » Même si ce n’est pas de sa faute. Est-ce que j’ai l’air d’en avoir quelque chose à faire là ? Il faut qu’il se rachète alors il a plutôt intérêt à redoubler de créativité. Au lieu de ça il pleurniche et contre toute attente le clown lui octroie ses faveurs. Le mec est pote avec tous les employés de la fête foraine c’en est limite inquiétant. « Waw quelle influence. Je suis impressionnée. » Je joue la groupie avec sarcasme. Tout de suite il a retrouvé grâce à mes yeux, forcément. Je suis sous le charme. Pour autant je n'en perd pas le nord et mon bras se tend de façon à quémander la bouteille. « Donne-moi ça, ça passe pour cette fois. Mais tu me déçois pour une fois que j'étais compréhensive et conciliante avec toi, t'as tiré sur la corde. » Car ce n'est pas dit que je sois aussi sympa à l'avenir. « Et c'est décevant, j'aimerais bien savoir ce qui te déstabilise vraiment. » Un sourire en coin, je l'observe lui et son air de faux enfant rebelle. Au fond il emmerde tout le monde mais personne ne connait vraiment ce qui se cache derrière toute cette mascarade.

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