Colin accueille la révélation de Salomée comme un véritable coup de poignard dans le dos. Il pensait que sa bonne foi était avérée, il se sent donc logiquement trahi. Ses excuses sans aucune sincérité laissent l’américain de marbre. Si elle souhaite réellement obtenir son pardon, il va falloir qu’elle y mette du sien. « C’est pour ton bien. » Il la pousse ainsi à se décarcasser pour le satisfaire, lui permettant de viser plus haut, de devenir une meilleure personne. C’est de bon cœur. Il en oublie de bouder, trop soucieux de rappeler à Salomée le triste destin qui attend sa main. Malheureusement pour lui, elle ne possède pas le même sens du partage que lui, puisqu’elle évoque la mauvaise idée que c’est, surtout pour lui. Il ne comprend pas tout de suite, elle laisse planer le suspense, avant que l’hypothèse d’une gifle lui traverse l’esprit et il s’agit effectivement de ça. Il est – encore une fois – outré, car il ne peut imaginer qu’elle lève la main sur lui, elle l’aime trop pour ça, elle n’oserait pas. Il agrémente même sa supplication d’yeux dignes du Chat Potté, mais ça ne fonctionne pas avec elle. Juste avec sa mère parait-il, ce qui lui fait reprendre rapidement son sérieux. « La violence est prohibée ici, c’était dans l’contrat. » Il précise, reprenant une expression plus détendue en affichant un air faussement désolé pour elle, à base de lèvres pincées et de tête qui se balance de droite à gauche. Quand elle évoque son physique athlétique, il est obligé de lui faire une réflexion. Il a cru comprendre la semaine dernière qu’elle s’était mise au sport avec le Musclor de la saison, mais clairement, ça n’a pas vraiment l’air d’être concluant. Elle est toujours aussi faible et ce n’est pas la faute de la cigarette comme elle le prétend, elle n’est simplement pas douée. « Steuplait, tu parles à un ancien sportif de haut niveau, alors. » Il presse son index quelques secondes contre ses lèvres afin de lui faire comprendre qu’elle n’a rien d’une experte, le tout avec son sourire satisfait sur les siennes. « C’est le but de l’émission, j’te rappelle. » Il répond en haussant les épaules. Cacher son jeu, ça fait partie intégrante du truc, ce qui fait de lui un adversaire redoutable. Qu’elle fasse gaffe, hm. Joe fait son apparition et Salomée lui apprend ainsi sa phobie, information qui n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd. Il faut qu’il checke s’il y a pas une réserve dans le coin, contenant le maquillage et les tenues de Joe. Elle cherche à justifier l’apport de sa minuscule fiole, mais elle se fatigue pour rien, elle n’a pas assuré, il faut qu’elle l’assume. Elle marque cependant un point, c’est l’intention qui compte. Par contre, il est vexé par ce qu’elle laisse entendre par la suite. « Tu devrais l’savoir pourtant, que j’suis du genre hyper généreux. » C’était donc évident qu’elle serait gâtée en sa compagnie. Il a la larme à l’œil, pas parce qu’elle joue la gratitude, mais parce qu’elle a douté de sa générosité. Surtout qu’il s’agit peut-être de leur dernière occasion de trinquer ensemble, puisqu’il est à nouveau en danger cette semaine et même s’il se veut relativement sûr de lui, il a conscience que si les nominations s’enchaînent, ça peut plus lui porter préjudice qu’autre chose. Elle compte sur lui pour mettre de l’ambiance afin que les téléspectateurs continuent de voter pour lui, mais il a toutefois besoin d’un peu d’aide pour y parvenir. Il y a deux éléments qui fonctionnent particulièrement bien avec les moutons qui regardent cette émission : les règlements de compte ou le sexe. S’il peut probablement compter sur Salvador pour le premier, il espère obtenir le soutien de Salomée pour le second. « J’veux surtout pas m’vanter, mais si tu te tapes le maigrichon de service, tu pourras compter sur le soutien de ceux qui défendent les minorités. » Très bon plan, donc. Il est de la partie, même si a priori frapper Salvador serait plus rapide. « La plus rapide vers la sortie, ouais. » Il précise, un peu pensif. Frapper quelqu’un dans le cadre de cette émission lui pose problème puisque ce serait le meilleur moyen de prendre la porte. « Il reste donc que l’option sexe, ma foi, ça me convient. » Il conclut, avec son sourire d’emmerdeur au coin des lèvres tout en détaillant la jeune femme. Elle ne s’est pas gênée quand ils discutaient de ses séances de sport et du fait qu’il en aurait besoin, c’est donc à son tour désormais. Il fait peut-être le malin à présent, mais les choses pourraient changer d’ici quelques dizaines de minutes, il est vrai qu’il est supposé être terrifié. Il ne pensait d’ailleurs pas avoir signé pour rester une heure dans une nacelle, surtout qu’il a un emploi du temps à respecter, mais elle marque un point quand elle évoque la tristesse de Joe, un peu délaissé par les candidats. « Qu’est-ce que j’ferais sans toi ? » Il soupire, affichant toutefois une mine emplie de gratitude. On se le demande. Elle lui a appris une grande leçon ; faire preuve d’anticipation, ce n’est pas rien. Il aurait dû l’apprendre plus tôt, ça lui aurait évité de se souvenir à la dernière minute qu’il est supposé être terrifié par la grande roue, bien qu’il soit malgré tout crédible dans le rôle du type apeuré, certainement aidé par sa technique qui consiste à secouer la nacelle comme un forcené. Il pousse même le jeu jusqu’à l’hyperventilation histoire de rendre le tout encore plus réaliste. Et cela fonctionne puisque Salomée tombe dans le panneau comme une débutante, ce qui l’oblige à avouer la supercherie puisqu’il ne parvient pas à retenir un rire, qui ne se calme pas pour autant quand elle se décide à le frapper avec ses petits bras. « Hé oh, qu’est-ce que j’ai dit tout à l’heure ? La violence est prohibée. » Non mais elle l’écoute pas, c’est dingue. « Elle me malmène, Cupidon, envoie de l’aiiiiide. » Il supplie en essayant de capter une caméra. Genre, elle ose le frapper et elle pense rester impunie ? Bon, d’accord, c’est ce qui va arriver, mais il aura essayé. « Bah j’suppose que c’est pas trop tard pour te rattraper. » Il lance, en jetant un coup d’œil dans le vide. Elle pourrait le pousser, là, maintenant, mais même en la provocant il n’a pas besoin d’avoir peur pour sa vie, si elle y met autant de force que lorsqu’elle l’a frappé quelques instants auparavant. « Jamais. » Quelle accusation ! Il ne se serait jamais permis de la détruire juste pour le plaisir de la détruire. Ou alors un tout petit peu. Toute façon, ils sont en sécurité, la production ne prendrait pas le risque de perdre deux candidats dans des circonstances aussi tragiques, il pouvait bien continuer. L’américain lui tend la bouteille en signe de paix, mais Salomée se la joue nana hyper vexée. « À vos ordres. » Il rétorque avec son sourire satisfait sur les lèvres tandis qu’il interpelle Joe. Un vrai pote celui-là, puisque la roue reprend une vitesse normale. Ok, merci le clown, demain il lui apporte un Cody à pourchasser dans la forêt histoire qu’il s’occupe. « Que veux-tu, j’ai des relations moi, madame. » Si ça ne dépendait que des employés du parc, il serait désigné grand gagnant de l’aventure. C’est un homme important, que voulez-vous. Et tiens, il suffisait qu’il use de son influence pour qu’elle accepte la bouteille, quelle intéressée. Il la lui tend et il soupire à sa réflexion. « J’t’ai fait vivre des émotions fortes, c’est pas ce que vous recherchez toutes ? » C’est un service, dans un sens et elle n’est même pas foutue de l’apprécier. Tsss. « Toi, petit cœur, c’est toi qui me déstabilise. » Il répond à sa question déguisée tandis qu’il s’empare de la bouteille pour la porter à ses lèvres. Il reste muet un instant alors que les prunelles de Salomée sont toujours fixées sur lui, et il se raisonne. Lui donner une réponse, c’est la moindre des choses après le coup qu’il vient de lui faire. Réfléchissant quelques instants à la réponse adéquate, il affiche une mine plus sérieuse. « Tout. » Rien ne l’atteint, et pourtant tout le déstabilise. C’est paradoxal, à l’image de sa vie. « Moi, j’crois. » C’est difficile à expliquer ainsi, mais s’il ne devait choisir qu’une réponse, il se citerait. Il est déstabilisé par lui-même, par ce qu’il est ou plutôt par ce qu’il n’est pas. Par ce qu'il veut montrer et par ce qu'il s'interdit. « Et maintenant que j’me suis confessé va falloir que j’te balance en bas histoire que ça s’ébruite pas trop. » Il reprend rapidement en affichant sa mine blasée habituelle, parce qu’il peut être sérieux quand il le veut, mais pas plus de quelques minutes. Mais il n’aura finalement pas à en arriver à un extrême de la sorte – pas qu’il l’aurait voulu, ceci dit – puisque la roue commence à ralentir, probable signe qu’ils arrivent au bout de leur petite balade.