Un petit peu de sport ça ne fait de mal à personne. Après les fêtes, même si je me suis moins gavée qu’à l’extérieur du jeu, augmenter les séances de cardio m’apparait plus qu’essentiel pour m’assurer de ne pas trop me ramollir. A mon âge la consommation trop excessive d’aliments gras sans un minimum de suivi aura bien plus vite fait de me pourrir la vie qu’il y a dix ans lorsque j’étais encore toute pimpante. Je m’en sors plus que bien malgré tout, je supporte bien le temps qui passe et j’encaisse sans broncher là où des bombasses se sentent obligées d’opter pour de la chirurgie esthétique histoire de donner l’impression qu’elles ne sont pas vieilles et ridées comme toutes les autres femmes sur cette terre à leur âge. Après une heure de footing à l’extérieur et un bon petit repas à base de légumes vapeurs accompagnés d’une légère portion de féculents je me sens requinquée. Un petit passage par la douche, par le lavabo pour me brosser les dents et me voilà plus que jamais parée à passer le temps en m’adonnant à une activité récurrente ici… Le ménage. Il y a fort à faire ici, surtout dans le cellier que tout le monde retourne à longueur de journées à la recherche de nourriture. Un petit peu de rangement des produits et nous devrions à nouveau être capables d’y voir clair. Je l’espère en tout cas, je suis motivée et j’ai même prévu un petit panier pour les produits qui arrivent à date et que j’utiliserais pour cuisiner ce soir et demain, j’ai horreur du gâchis. A peine arrivée et je repère des miettes par terre, des restes de chips, celles qu’est en train d’avaler Colin, je le fusille du regard, mes doigts à deux doigts de s’abattre sur son oreille à nouveau. « Tu ne peux pas manger proprement non ? Regarde-moi ce bordel ! Et puis… T’as mangé ? Tu ne peux pas te gaver que de chips ! » Il fronce les sourcils en me regardant, visiblement dégoûté. Très théâtral le gamin et il ose me dire que je pue de la gueule, non mais n’importe quoi, le prime remonte à deux jours, ce n’est pas possible que je sente encore le fromage… N’est-ce pas ? Hein ? « Dis pas des bêtises, je me suis brossé les dents au moins trente fois depuis dimanche pour chasser cette horrible odeur ! » Et je n’exagère pas, la bataille est difficile, j’ai l’impression d’avoir perdu la bataille contre ma propre haleine et j’ai horreur de cela. « J’allais te proposer de te faire à manger mais tu sais quoi ? Reste avec ton paquet de chips et fini diabétique ou obèse… Ou les deux ! » Vexée la Greta ? Un petit peu, je n’y peux rien moi si ce fromage était vraiment coulant et puant, j’ai relevé un stupide défi et ça ne m’a rien apporté. Il respire son paquet pour éviter d’avoir à sentir mon haleine, enfoiré. « Ma vengeance sera terrible, elle ne verra rien venir Rowena, elle va le payer cher ! » Oh que oui, je vais prendre mon temps, ma vengeance sera longue et douloureuse, pire encore que l’affront qui m’est actuellement fait. « C’est pas ton oreille que je vais botter si tu prends ma carte bleue gamin, c’est ton petit cul plat ! » Monsieur a des goûts de luxe en plus. Je lui tourne le dos et commence à m’attaquer aux boites de conserve, elles sont en désordre, un vrai bordel.

Avec les gosses c’est toujours la même rengaine, ils retrouvent toujours quelque chose à dire et ils ne font pas attention à leur environnement. Preuve par A+B ? Il critique ouvertement mon haleine sur laquelle je n’ai plus aucun pouvoir depuis que j’ai osé accepter le défi de Rowan en dévorant un fromage terriblement puant pour mieux pouvoir embrasser deux candidats. Je plains clairement Zélie et Salvador qui ont été les victimes de ce défi stupide et qui, pour le restant de leurs jours, auront le loisir de m’associer à un fromage plaisant en bouche mais terriblement odorant. Ce que j’espère c’est que l’animatrice aura la courtoisie de m’offrir une récompense, que je n’ai pas fait cela pour rien. A défaut d’avoir obtenu un petit quelque chose de la part de l’ancienne candidate j’ai au moins l’occasion de m’adonner à mon activité favorite, gueuler sur Colin qui fait la sourde oreille, comme toujours. « Mon cœur va très bien, il peut supporter un peu d’adrénaline ! » Je me défend en allant chercher la pelle et la balayette pour récolter l’essentiel des miettes que je vais mettre à la poubelle, je suis un peu maniaque je crois. « Ah parce que tu comptes sur les autres pour te faire à manger ? Tu n’es pas capable de cuisiner tout seul ? T’as encore besoin de maman pour te préparer tes petits plats ? » Je demande avec une voix enfantine en lui pinçant la joue, c’est mignon à cet âge-là… Dommage que ça grandisse ! « J’peux te faire un petit truc vite fait si tu veux ! Enfin… Si tu te tiens et si tu fais attention à ne pas remettre trop de miettes par terre ! » Je crois que je commence à m’adoucir, à m’habituer à Colin, à l’apprécier suffisamment pour faire ce genre de gestes stupides. Il va abuser de ma bonté et je n’y verrais que du feu parce que j’ai un grand cœur dissimulé sous mes manières et mes hurlements. « Oui, obèse, et ne crois pas que t’es large parce que tu peux prendre trente kilos du jour au lendemain mon bonhomme ! » A croire que du jour au lendemain ta morphologie décide de te la faire à l’envers et de te faire payer tes erreurs du passé. Si même cette partie de toi fait sa salope… Où va le monde ! Mon haleine est dégueulasse mais elle alimente dangereusement mon désir de vengeance, croyez-moi que Rowan paiera, tôt ou tard elle paiera cher cet affront qui m’a été fait. « T’es trop sage pour atteindre le niveau de cruauté que je recherche gamin. » Il n’imagine même pas, il aurait l’air d’un saint à côté de moi. Je me lance dans le rangement, appliquée et ordonnée dans mon approche et n’hésite pas à me montrer à nouveau menaçante avec Colin qui n’est même pas un tout petit peu effrayé, mon plan diabolique tombe à l’eau. « Méfie toi de la provocation, j’ai tendance à répondre à ce genre d’appels ! » Oh que oui, je ne peux pas résister lorsque l’on me provoque, trop de faiblesse en moi. Je risque de le casser en deux si je l’attrape qui plus est, ce n’est donc pas dans son intérêt. Il compte sur Achille pour muscler son fessier comme celui de Beyoncé… Ou le mien… Je relève la tête, l’incline légèrement pour jeter un coup d’œil à mon postérieur et redresser le regard pour constater qu’il le regarde avec insistance. « ça va aller non ? » Je ne suis pas en exposition. « Je sais que j’ai un cul d’enfer mais quand même… » La danse muscle, plus qu’on ne le croit d’ailleurs. Le fait d’être afro-américaine aide, les noirs ont toujours des culs parfaitement bombés. Il quémande une boite de maïs que j’oublie étrangement de lui donner. « Je te dois bien cela ? C’est toi qui m’en doit une, je t’ai embrassé je te rappelle ! » Et pour cela je mérite d’être saluée, il devrait m’être redevable.

Quand je repense au prime je me dis que j’aurais pu être bien plus salope encore en offrant à Colin le baiser qu’il ma quémandé quelques heures plus tôt. Le truc c’est que j’ai accepté de l’embrasser, bonne âme que je suis, et qu’il aurait été bien illogique de recommencer. J’espère qu’il en aura pris de la graine, il lui reste quelques petites choses à travailler pour réellement être capable d’embrasser une fille correctement mais il ne se débrouille pas trop mal. Mon cœur est en pleine forme aux dernières nouvelles et il devrait encaisser une montée d’adrénaline sans grosses difficultés, Colin en doute, référence masquée avec très peu d’efforts sur mon âge et les symptômes que cela entraine sur le long terme. Il fait référence à la veine de mon front qui se gonfle toujours lorsque je m’énerve et hausse le ton. « J’ai toujours eu cette petite veine apparente et j’ai été bien plus en colère qu’aujourd’hui. » Parce que même énervée après lui je n’ai jamais atteint le niveau de colère maximal, il ne me reconnaitrait pas et arrêterait de se frotter à moi. Très peu de personnes ont eu l’occasion de me voir dans un tel état et ce n’est pas plus mal, difficile de parvenir à contenir la furie que je deviens sous le coup de la colère. Vous savez ce qui est le plus triste dans l’histoire ? J’ai la très nette impression que Colin est incapable de se faire à manger, il y a un certain nombre de petites choses qu’il ne semble pas à même de faire et je trouve cela très marrant, je m’en moque allègrement. « Sinon quoi ? Tu vas lui demander de venir me mettre une fessée ? » Je lui demande, provocatrice, lorsqu’il me demande de ne pas mêler sa mère à l’histoire. Le con a raison lorsqu’il me prouve que se comporter de la sorte lui permet de réussir son coup à chaque fois, ne suis-je pas en train de jouer à la boniche ? « Je vais te mettre un coup de poigne claque derrière la nuque tu vas voir si je suis bien dressée ! » Je précise en relevant la tête, toujours à genoux pour terminer de rattrouper les miettes qui finissent dans ma pelle, direction poubelle et retour à mon objectif du jour, le rangement. « J’vais te couper la langue et la faire revenir avec un filet d’huile d’olive, ça te va comme menu ? » Il dira moins de bêtises comme ça ! Qu’il se méfie, on se gave de sucreries et de produits très gras et du jour au lendemain on se retrouve avec trente kilos en trop sans l’avoir compris, il verra, il en sera victime si son corps décide de dire stop et d’arrêter de traiter les graisses avec autant de rapidité et de générosité. « T’es beaucoup trop arrogant pour devenir un superhéros, il te faudrait être au service des autres qui plus est ! » Ce qu’il n’est pas, il l’a dit lui-même il y a quelques minutes. Pris à son propre piège le petit. Ma vengeance je la prépare lentement mais surement, Rowan paiera le prix de son affront je peux vous le garantir, je n’ai aucunement besoin de l’aide de ce petit morveux qui va me proposer de mettre de la colle sous sa chaise ou de la recouvrir de farine, je recherche quelque chose de plus pensé, de plus élaboré, de plus original voyez-vous. « Je ne vais pas déballer mon plan pour qu’elle tombe dessus en préparant ses chroniques, hors de question ! » Un magicien ne dévoile jamais ses secrets, une vengeance se doit d’être secrète, pour l’effet de surprise. Il me provoque encore et toujours et je le préviens d’avance, je ne sais pas mettre mon poing dans ma poche, je préfère frapper celui qui m’embête et il pourrait bien repartir sans une oreille. « Tu rigoleras moins si je te met à l’amende devant tous nos petits camarades ! » Il aura l’air con le petit, maté par la vieille qu’il passe son temps à embêter… Et à reluquer à voir ses yeux s’arrêter sur mon popotin travaillé, musclé et généreux. Il ose me dire à présent que j’ai un cul flasque, n’importe quoi. « ça, un cul flasque ? Watch and learn ! » J’abat une main violemment contre mes fesses pour les faire rebondir et le résultat est à la hauteur de mes espérances, musclé, pas la moindre graisse pour donner l’impression d’être faite de gélatine. « Fessier de compet’ ! » Je me félicite, j’ai au moins un argument de taille, les mecs raffolent de mes fesses. Il se lance des fleurs en abordant notre baiser et je me sens obligé de lui casser son délire. « Ce n’était pas le baiser du siècle… J’ai eu droit à tellement mieux… J’pensais que vous les jeunes vous aviez quelques nouvelles habilités mais rien du tout ! » Je n’ai même pas été surprise, ordinaire, tristement ordinaire. « Mais un jour peut-être… Tu sais… Quand tu seras grand, avec un peu d’expérience ! » Il n'est pas interdit de croire au Père Noël.