J’ai toujours été de celles qui sortent pour aller faire une course pour aller à la pharmacie et finissent par passer trois heures dans une librairie. La présence des livres me réconforte et, pour moi qui suis d’un naturel terriblement curieux, c’est à la fois une torture absolue et une tentation extrêmement plaisante que de me balader au gré des rayons, happant au passage un titre, m’attardant sur une ou deux dizaines de quatrièmes de couverture et bien sûr le fatidique « j’ouvre un livre au hasard et en lis un paragraphe, une page, m’immisçant brusquement dans son intimité avant de le refermer ». « J’ai envie de relire du Jane Austen pour la millième fois. » j’avoue nettement ; il y a pourtant tant de livres qu’il me reste à découvrir, tant d’auteurs qui me plaisent déjà un peu et avec lesquels j’aimerais faire plus ample connaissance, et pourtant. Je finis immanquablement, et avec une régularité presque agaçante, par relire toujours mes petits favoris, Austen, Oscar Wilde et Bret Easton Ellis. « Et si tu me dis que cela fait de moi une romantique, je vais certainement me mettre à pleurer des larmes de sang. » j’ajoute avec un sourire équivoque. Je me retiens de justesse de la menacer de quelque chose de plus violent, mais je ne la connais pas assez pour me permettre le second degré. J’ai toujours eu horreur de cette idée populaire qui veut que Jane Austen, ce soit cucul la praline et autre fanfreluche. Jane Austen, c’est l’intelligence vive, le sarcasme superbe et la méchanceté délicieuse, il faut être complètement niais pour passer à côté de ça – ou se baser simplement sur les adaptations télévisées, peut-être. « Et toi, que lisais-tu ? » je poursuis, joignant mes mains dans mon dos en m’inclinant vers elle, curieuse, comme d’habitude.