Anouchka fatigue vite. Elle est assise dans l’un des canapés du salon lorsqu’elle sent ses paupières se fermer lourdement. Alors tout doucement elle bascule pour s’allonger sur son côté. Il n’est même pas encore neuf heures et demi du soir qu’elle dormirait déjà bien. C’est ce qu’elle est en train de faire à moitié déjà. Un coussin entre ses bras, un plaid emprunté, elle a la sensation d’être dans un cocon. D’être enlacée. D’être choyé. Dans son demi-sommeil, elle se demande si elle n’est pas une petite mamie coincé dans un corps de jeune fille. Elle baille Nanou. Pourtant on ne peut pas dire que ses journées soient particulièrement bien remplies. Elle n’ira pas non plus jusqu’à dire qu’elle s’ennuie, parce que lorsque l’ennuie pointe le bout de son nez, elle a toujours un livre en secours. Ayant la sensation d’une main se posant sur son front et lui caressant doucement le visage, elle ouvre immédiatement les yeux. Ses yeux clairs embrouillés par des larmes de fatigue. Personne. Elle se relève aussi rapidement croyant à une blague. Personne. Elle a juste chaud aux joues. Au front. Ses cheveux en batailles lui chatouillant ce dernier. Elle sourit bêtement. Alors elle se décide enfin à se lever histoire de gagner son lit. Ce sera quand même plus confortable pour finir sa nuit déjà commencée depuis… Cinq bonnes minutes. Elle monte doucement les escaliers. Elle pousse tout aussi doucement la porte de sa chambre. Personne n’est couché. Personne et surtout pas Juliette. La rouquine sourit. Et aligne alors les pas vers la chambre Shennong. Celle de Juliette donc, où cette dernière se trouve. Toujours pas fixée sur le lit qu’elles sont censées occuper, la rouquine avait dormi seule dans son lit la nuit passée. Mais elle se dit que cette fois, elles devraient dormir à deux. « Tu préfères que l’on reste dans ta chambre ? Ou peut-être que tu préfères que l’on dorme séparément ? » Lui demande-t-elle alors en s’approchant un peu. Pour finalement poser ses fesses sur le lit. « On fait comme tu veux. Moi je n’ai pas de préférence. » Faux. Elle aimerait beaucoup rester dans sa chambre parce qu’elle en aime déjà ses colocataires. Mais si Juliette décide de reste là, et bien Anouchka changera. Certains diront que c'est un manque de personnalité. Elle préfère se dire qu'elle aime faire plaisir aux gens.

Je m'apprête à commencer une énième bouquin lors qu'Anouchka apparait dans mon champ de vision et j'étire un sourire oscillant entre amusement et surprise. Mes opales bleutées la dévisagent un instant avant de fermer mon livre pour lui offrir toute l'attention dont je dispose. « Tiens tiens ma nouvelle partenaire se rappelle de mon existence » Je souffle d'un air légèrement mélodramatique, ma main se posant déjà sur l'endroit où se trouve mon coeur. « Après m'avoir blacklisté hier » j'avance, l'air grave et les lèvres pincées face à ce constat blessant. Je me dois de relever ce fait. Il est vrai que nous avons fait chambre à part après le prime, chacune trop fatiguée pour gérer ce nouveau partenariat, c'est ma déduction. Néanmoins je l'ai cherché quelques instants la veille, après quelques clopes, avant de me rendre compte qu'elle s'était évaporée. Elle me demande où on va dormir tout en me laissant le choix. Je ne me suis pas particulièrement attachée à mon lit tout comme à mon partenaire. « On peut dormir dans ta chambre » J'esquisse en haussant les épaules parce que je me moque de l'endroit où sombrer. Je n'y attache aucune importance, peu importe qui est dans sa chambre. Je préfère lui faire plaisir du coup et aussi parce que je suis particulièrement facile à vivre, on ne va pas se mentir. « Par contre tu vas m'aider dans le déménagement » J'avance comme une condition parce que j'ai bien dans l'idée d'embarquer avec moi tous les oreillers histoire d'être confortable. Je demande si on peut prendre la couette aussi, j'ai conscience des rumeurs du "tu as tiré la couette toute la nuit, j'ai eu froid", autant prévenir. Mes opales la scrutent un instant. « Tu es pas trop triste par le départ de Timéo ? » Je l'interroge tout en me mettant en mouvement pour débarrasser le bordel que j'ai réussi à installer en quelques jours à peine. « Il avait l'air cool » Je me permets de commenter parce que c'est l'impression que j'ai eu de lui. Comme la plupart des candidats, ceci dit.

Après avoir somnoler un bon moment dans le salon à en avoir des hallucinations, Anouchka s’est enfin décidée à aller se coucher. Pourtant en atteignant l’étage des chambres elle n’alla pas dans la sienne immédiatement. Elle tourna les talons et entra dans la chambre de sa nouvelle camarade, qui devait se demander si elle n’avait pas décidé de l’ignorer. Loin de là l’idée de la rouquine. Cette dernière se doutais bien qu’elle la trouverait là. S’approchant doucement, elle pose alors ses fesses à côté de Juliette tout en lui demandant simplement comment elle souhaitait faire pour leur cohabitation de lit. Sa première réponse lui fit prendre une mine choquée ainsi qu’amusée. « Tu ne peux pas dire ça. Tu occupes toutes mes pensées depuis dimanche. » Qu’elle répond mutine, presque tristounette. Alors que sa camarade jouait les mélodrames à peine exagéré. « Je sais que tu dis ça pour me faire de la peine. Et tu réussi très bien. » Qu’elle souffle les yeux mi-clos. Tentant de faire l’actrice elle aussi, mais elle n’est pas assez sérieuse. Elle lâche un rire. Avant de poser sa tête sur l’épaule de la belle brune, parce qu’elle proposait l’idée de dormir dans la chambre de la biélorussie. Trop complaisante et bonne avec les autres, elle préfère lui proposer de choisir que de dire clairement qu’elle a envie de rester dans sa chambre. Mais elle en est très heureuse. Tellement qu’elle bondit du lit tel un petit bébé kangourou tout excité. « Evidemment que je vais t’aider à déménager. Je peux même le faire toute seule. » Qu’elle commence tandis qu’elle prenait déjà dans ses bras tout les oreillers du lit. Tellement gros qu’on ne voyait déjà quasiment plus la bouille de la rousse. Et donc pas sa moue légèrement triste. « Un peu. Comme tu dis il avait l’air cool… » Elle penche un peu sa tête, se demandant encore et toujours si rien de grave ne lui était arrivé. Si elle ne l’avait pas fait fuir. Elle reprend : « Mais je te trouve encore plus cool que lui alors je suis contente d’être maintenant avec toi ! » Qu’elle annonce en reprenant un sourire large comme une banane. « Je te préviens quand même que moi je suis une mamie. Je dors tôt. Alors tu n’as pas intérêt à me réveiller le soir quand tu te coucheras ! » Qu’elle sort en agitant son index devant le nez de Juliette, faussement sèche. Elle rigole d’ailleurs.