Vingt-quatre heures. Une journée… Je suis candidate Fake Lover depuis maintenant une journée. Une femme changée. Une nouvelle Penny. Il faut arrêter les conneries. Je suis la même qu’hier, si ce n’est qu’hypothétiquement, j’ai un peu plus de chances d’ajouter un peu (beaucoup) d’argent à mon compte en banque. Et ça, c’est une pensée non-négligeable qui m’arrache un sourire rêveur alors que je me balade avec nonchalance dans les couloirs de notre nouvelle demeure. À cette heure-ci, je devrais peut-être prendre la direction de ma chambre. Pourtant, il est clair qu’une idée précise s’est immiscée dans ma boîte crânienne. Je ne connais pas exactement la porte que je dois pousser pour y arriver, ce n’est pourtant pas ce qui m’arrête. Il n’y a rien pour m’arrêter moi. D’un pas silencieux, je pénètre finalement dans une chambre qui n’est pas la mienne, évaluant les environs pour déterminer ma destination finale. Ok, je n’ai aucune idée de quel lit devrait être le sien, alors je me jette sur le premier qui est à ma portée. Celui-ci est vide, alors je me dis que j’ai peut-être mes chances d’avoir tout bon. Maintenant, ce serait bien si sa partenaire ne se pointait pas avant lui, sinon je crois qu’on aura un problème. J’enroule une mèche de mes cheveux rebelles autour de mon doigt quand une personne fait finalement son entrée dans la chambre. Ah merde, mauvaise personne. Je me contente de sourire naturellement. Si les gens pensent que j’appartiens à cette chambre, personne ne posera de questions. J’ai l’air confiante. Ouais ça, c’est mon lit. Ou pas… parce que Joaquim s’enfonce dans la chambre pour se rendre de l’autre côté de la pièce et que moi comme une idiote je squatte le lit d’un couple dont je ne connais aucunement l’identité. Oups. Je me relève comme si de rien n’était, mes bouclettes volant de chaque côté de ma tête, pour aller là où j’aurais dû être depuis le début. « Coucou. » Longs battements de cils. Et pour une seconde fois en quelques minutes, je me laisse tomber sur un lit qui n’est pas le mien. Comme il s’agit de celui de Joa, cette fois-ci, il n’y a pas de quoi en faire un drame. D’ailleurs, je n’aurais pas besoin de parler qu’il saurait déjà ce que je viens faire ici à cette heure du soir. « Tu crois que Goldfish accepterait d’aller dormir dans une autre chambre cette nuit? » Quoi ce n’est pas ça le nom de sa partenaire? Ça sonne comme la marque de petits craquelins en forme de poissons rouges. Et juste cette pensée me faire sourire. On n’a pas trop eu l’occasion de discuter lui et moi depuis hier, ou même depuis que nous sommes en Chine. La production a mis un point d’honneur sur le fait de nous traiter comme n’importe quel candidat et que nous ne pouvions pas dormir dans la même chambre, ni même passer du temps ensemble avant le début de l’aventure. C’est con. On se parle à tous les jours Joaquim et moi. « Richard est très gentil. Mais Richard ce n’est pas toi. » Peu importe ce que ça veut dire. Je me sens loin et j’ai juste envie de dormir une nuit avec lui. Après ça ira. Oui, je résonne comme un enfant de cinq ans. Je l’assume complètement.

Joa, il débarque dans sa chambre avec l’intention de se dégoter un pull pour la fin de la soirée. Il a l’impression de s’être fait complètement arnaquer avec cette destination exotique de merde. Il fait plus froid qu’en Floride. Il n’y a presque pas de soleil. Il fait juste gris. Il s’enfonce dans la pièce pour se diriger vers ses affaires, ne faisant pas trop attention à @Penny. Il ne sait pas ce qu’elle glande, assise sur un lit au random, mais il la laisse faire sa vie. Ce n’est pas non plus comme si elle ne faisait pas déjà tout ce qu’elle veut. Il commence à fouiller dans sa valise, laissant ainsi le temps à la jeune femme de rectifier le tir pour venir squatter son pieux en toute décontraction. Il se marre un peu en entendant le surnom qu’elle a dégoté à son binôme. C’est bien trouvé. Beaucoup mieux que ce que lui a même a inventé pour ne pas avoir envie de ricaner comme un môme de dix ans à chaque fois qu’il est amené à l’appeler. Joaquim, ce n’est pas vraiment la sainteté incarnée, alors il s’en fout pas mal de se comporter d’une manière non politiquement correcte vis-à-vis du prénom de sa partenaire. Il n’y peut rien, si ça ne veut pas s’imprimer dans sa mémoire. Et puis très franchement, elle a quand même beaucoup plus une gueule à s’appeler Chloé qu’autre chose. Joaquim, il esquisse un petit sourire moqueur à l’évocation du binôme de Penny. Richard, c’est sans doute un type super comme elle le souligne, mais il se doute que ce n’est pas le genre d’hommes avec lequel elle se voyait partager son lit en venant s’inscrire à une télé-réalité. Elle qui rêvait d’abdominaux se retrouve avec le silver fox du coin. Même pas le plus appétissant du casting, parce qu’il y a de la concurrence cette saison niveau antiquité. Lui, à titre personnel, ça lui convient parfaitement. Il a ses raisons. Tant que le candidat restera gentil et respectueux, il n’aura rien à y redire. « Ça te fait quoi d’être reléguée au service gérontologique de l’émission ? » il la questionne en ricanant, se foutant un peu de leur gueule à elle et à son nouveau papy. Richard, il n’est pas non plus si âgé qu’on essaye de le leur faire croire. Il fait peut-être un peu vieux jeu au niveau de ses goûts télévisuels, mais il n’a qu’une poignée d’années de plus que le fantasme ultime de Penny provenant de sa série romantico-médicale pour gonzesse. Pourtant, ça signifie effectivement qu’il est bien plus proche de la génération de la grand-mère de Joaquim que de la sienne ou même de celle de sa mère, comme ça doit être également le cas de plusieurs candidats. Là, Penny avec sa requête, elle est quand même entrain de le mettre un peu dans la merde vis-à-vis de sa partenaire qui n’a pas tout à fait l’air d’apprécier l’entièreté de son humour foireux. Joaquim, il ne sait pas trop comment il va présenter la chose auprès de Golshifteh, à savoir que ce serait sympa si elle pouvait virer du lit conjugal pour la nuit afin qu’il puisse y accueillir une autre fille. Il n’a pas forcément envie de lui donner matière à le faire chier, alors qu’il sent bien chez-elle une certaine disposition pour venir lui casser les burnes. L’autre solution, la plus lâche, ce serait de ne rien dire et de la laisser constater par elle-même que dans le pieux de Joa, il y aura toujours une place réservée d’office pour Penny. Parce qu’il est con et que tout le monde sait déjà que même s’il fait durer le suspense, il ne peut rien lui refuser. Il fixe la jeune femme quelques secondes, avant d’hausser les épaules. « Je ne sais pas si elle va accepter, elle a déjà l’air pas mal accrochée à moi, si tu veux mon avis… » il se pavane en esquissant un léger sourire moqueur. Enfin. Ça, c’est quand elle ne doit pas secrètement déplorer le fait qu’elle soit tombée sur un type dans son genre en guise de partenaire. « Elle a tellement pris ses aises, qu’elle dort quasiment à poil. » La meuf, ça lui a prit comme ça. La nuit dernière, avant de se glisser dans le plumard, elle s’est déshabillée pour venir pioncer les seins à l’air à ses côtés. Il ne sait pas quoi en penser. Il s’en fout même un petit peu, la laissant faire ce qui lui chante, alors il laisse à Penny tout le loisir de décortiquer et d'interpréter de tels gestes. « Je veux bien essayé de lui expliquer qu’elle non plus, elle n’est pas toi, mais je ne suis pas sûr qu’elle va m’écouter. » il poursuit avec cynisme. Comme si Goldfish pouvait déjà être tellement accro, que ce n’était même plus concevable de partager un peu de temps nocturne passé auprès de Joaquim avec une autre nana.

Je suis trop à mon aise sur le lit de Joaquim, maintenant que je sais qu’il s’agit réellement du sien. Je l’apprivoise tranquillement, replaçant au passage les oreillers que j’ai déplacés lorsque je me suis laissé écraser sur le matelas. C’est la première fois que je visite cette chambre et ce lit, mais ça ne sera certainement pas la dernière. Je laisse ma question ainsi que mon nouveau surnom pour sa partenaire faire son chemin. Je savais que ça le ferait rigoler. Ce n’est pas très gentil pour elle en revanche, parce que d’une façon complètement décontractée, je viens sans aucune subtilité de la traiter de poisson rouge. Elle ne le mérite pas, elle est plutôt jolie en plus. Ce n’est pas ma faute si elle a un prénom difficile à retenir. Je roule sur le ventre, logeant mon menton au creux de ma paume de main, l’observant fouiller dans sa valise. Je capte son air moqueur lorsque je mentionne mon partenaire de jeu. Évidemment, il ne ratera pas l’opportunité de se payer ma gueule. Ça lui fait même plaisir de le faire. Parce qu’au fond, ça l’arrange bien que je sois en binôme avec le plus âgé du groupe. « Vas-y, marre-toi. » Non, mais qu’il ne se gêne pas ! Le pire c’est que je souris faiblement parce que sa blague m’amuse un peu. Le service de gérontologique de l’émission. Elle est bonne. « Je vais me récolter tous les votes du troisième âge et pas toi. » j’ajoute fièrement, comme s’il s’agissait d’un argument de taille. « Et puis j’ai toujours eu la cote auprès des plus personnes plus matures… Tu te souviens du vieux Rodger au motel Starlight? » Comment l’oublier, j’ai envie de dire. Il avait le teint gris tellement il fumait de clopes par jour. « Je mettais toujours mon meilleur décolleté et je lui faisais des petits clins d’œil et il nous donnait 15% de rabais sur la chambre à la semaine. » Et c’est maintenant que j’apprends ce petit détail à Joaquim. J’accompagne ma petite remarque d’un grand sourire. J’aime bien le faire chier. Et il le sait. De toute façon, ce n’est pas comme si j’allais agir de la sorte ici avec Richard. Maintenant que c’est dit, est-ce qu’on peut revenir à ma demande initiale? Je suis venue dans cette chambre pour lui demander tout gentiment si je pouvais dormir dans son lit ce soir. Je sais que ça l’emmerde un peu, parce qu’il n’aurait pas pris autant de temps à répondre. Et il semblerait que c’est parce que sa partenaire ne serait pas encline à accepter. Parce que voyez-vous, elle serait déjà bien accrochée à lui. Bullshit. Quoi que si elle dort à poil dès le premier soir, j’avoue que c’est spécial. Je me dis qu’elle doit simplement être à l’aise avec son corps, il ne faut peut-être pas chercher cinquante explications à ce comportement. Pas de là à dire qu’elle est accro. Je le connais bien son petit jeu à Joaquim. Je l’ai vu l’inventer. « La pauvre, elle va rapidement désenchanter. T’es mignon deux secondes, mais après ça passe rapidement… » je commente en rigolant, lui lançant un des oreillers en plein visage. Il faudrait peut-être que j’arrête avec mes conneries, sinon il ne me laissera pas dormir avec lui. Quoique non, c’est impossible. Peut-être que Goldfish elle va désenchanter aussi lorsqu’elle va se rendre compte qu’en étant en couple avec Joaquim, elle est aussi en couple par défaut avec moi. Oui c’est un combo. Ça vient ensemble et c’est inséparable. Je me dis que si on se colle un peu, on doit bien pouvoir dormir à trois dans ce lit. J’en suis certaine même. « Tu n’as qu’à lui dire qu’on est un couple ouvert… comme ça elle n’aura pas à s’inquiéter. » Ce que je suis drôle. Non sérieux, je suis hilarante.