S’il y avait une chose dont Adam avait l’habitude, c’était de mal dormir à peu près toutes les nuits. Et le lit du nid de Cupidon avait beau être confortable, la compagnie de Liee avait beau ne pas être si désagréable, Adam n’arrivait pas à dormir plus de quatre heures de suite. Voilà pourquoi en cette heure tardive Adam n’était toujours pas couché.
Et comme il avait vus plusieurs candidats trainer dans la maison, il s’était décidé à sortir dehors, et il avait choisis la plage. Une serviette de bain sous le bras, une couverture sous l’autre, un livre et une lampe torche dans une main et une bouteille d’eau dans l’autre, Adam se dirigeait vers la plage, sachant qu’il y resterait sans doute jusqu’au levé du soleil.
Vêtus d’un pantalon en toile bleu marine et d’un t-shirt blanc, il avait les pieds nus et sentait ainsi le sable caresser ses pieds. Il mit un certain temps à choisir sa place, hésitant entre un endroit et un autre, alors qu’au fond, cela n’y changeait rien, puisque cela restait du sable.
Il étendit finalement sa serviette sur laquelle il s’assit, puis il posa tout le reste à côté de lui. Il était prêt pour une nuit tranquille sur la plage.

Ce que j'adorais par-dessus tout depuis mon arrivée ici, depuis le début de l'aventure, c'était le bruit des vagues et le souffle du vent une fois la nuit tombée. Et ce soir, cette nuit, je m'étais promis d'aller me balader sur la plage, une fois que la lune brillerait assez pour refléter sur l'eau. Vêtue d'une simple petite robe, je quittais donc le nid pour aller toucher le sable de mes pieds. Comme je l'espérais, une légère brise était présente, assez pour me caresser le visage à chacun de ses souffles et me donner quelques frissons par-ci, par-là. Je m'avançais alors jusqu'à l'eau, et y plongea mes pieds avant de commencer à marcher. Mes cheveux volaient à droite, à gauche, au rythme du vent, et je fus alors obligée de les attacher en une natte, qui descendait sur mon épaule droite. Doucement, je remontais le chemin que j'avais pris en arrivant, et remarquais une lueur blanche au loin. J'hésitais à m'en approcher, avant de me souvenir que, de toutes façons, c'était une plage privé, ce qui signifiait que seul nous, candidats, y avions accès. Enfonçant un à un mes pieds dans le sable, j'avançais donc jusqu'à cette fameuse lumière, distinguant de mieux en mieux la silhouette de l'un des candidats. Le plus discrètement possible, j'allais me loger derrière la personne, me baissant délicatement pour m'accroupir avant d'approcher mes lèvres de son oreille. J'ignorais de qui il s'agissait, quoique, plus vraiment maintenant que je pouvais repérer les cheveux frisés de ce qu'il semblait être, le petit clown de la saison. A la hauteur de son oreille donc, je décidais de me manifester. « BOOOOOOOOOOOOUH ! » Presque aussitôt, je me reculais, ne tenant pas à me prendre un coup, mais j'étais au moins fière de mon arrivé auprès du jeune homme.

Le calme de la mer. Le bruit des vagues. Le sable frais. La petite brise de vent. Adam se sentait déjà bien, assis là, seul au milieu de la nuit. Il avait fermé les yeux et écoutait les vagues avec attention. C’était mieux que n’importe quelle musique. C’était hypnotisant.. A tel point qu’Adam ne fit vraiment pas attention à ce qui se passait autour de lui. Et c’est pourquoi il sursauta et se leva d’un coup en entendant un inconnus lui crier « bouh ».
« NON MAIS CA VA PAS LA TETE ! J’AURAIS PUS MOURIR D’UNE CRISE CARDIAQUE !! …SI J’AVAIS ÉTÉ CARDIAQUE !! ET PUIS ET PUIS VOILA ! T’ES QUI D’ABOORD ?! FUCK TU M’AS TROP PEUR ! »
Adam criait, oui. Il avait vraiment flippé, oui. Il exagérait un peu, oui. Il y a deux secondes il était tout calme, maintenant, c’était plus trop ça. Toujours debout, il sauta plusieurs sur place, tout excité.
« Maintenant tu vas devoir me supporter ! »
Il se rapprocha un peu de la personne, pour voir à qui il avait affaire. Une candidate, blonde.. Il avait déjà vus son visage, mais il était incapable de dire de qui il s’agissait.
« Ich bin Adam, und duuu ?! »
Il parlait un peu l’allemand aussi, des fois, pour le fun. Il tendit sa main vers la jeune femme, un sourire aux lèvres. Quand elle lui serra la main, il l’attira vers lui pour qu’ils soient collés l’un à l’autre. L’entourant de ses bras, Adam lui murmura à l’oreille.
« La plage, la nuit, le bruit des vagues, toi et moi.. On se croirait dans un film romantique.. Tu ne trouves pas ? »

Ma petite farce faite, j'observais alors le candidat se lever d'un bon, devenant complétement hystérique. Je ne su m'empêcher de rire, et me relevais alors le sourire aux lèvres comme je ne l'avais encore jamais eu dans le nid. « Désolée, c'était trop tentant ! » Doucement, j'essayais de me calmer, mais la façon qu'avait le brun de se dandiner dans tous les sens ne m'aidait guère. Il me prévint ensuite que j'allais maintenant devoir le supporter, chose qui serait certainement des plus faciles. « Ca ne devrait pas me poser de problèmes, tu m'as l'air assez supportable. » répondais-je. Il s'avança en ma direction, tentant de repérer de qui il s'agissait, apparemment, avant de me dévoiler son prénom, en Allemand. Ce qui me fit de nouveau sourire. « Schönen Namen. Ich bin Emrys. » Quoi de plus simple pour moi que de m'exprimer dans ma langue natale ? Et à peine avais-je eus le temps de terminer ma phrase que je glissais ma main vers celle d'Adam, qui, en un temps record, m'attrapa entre ses bras pour me chuchoter quelques mots à l'oreille. A mon tour, je l'encerclais de mon bras, rentrant dans son jeu. « Une adaptation cinématographique d'un roman de Nicolas Sparks. Type Dear John, The Notebook ou The Last Song. Nous sommes deux adolescents totalement fous l'un de l'autre, j'ai l'alzheimer et toi, tu vas bientôt repartir pour l'armée, je vais aller me marier avec un autre, en croyant que tu as décidé de ne plus m'écrire de lettre, et quand tu vas revenir, je laisserai tomber l'autre plouc pour te retrouver. On vivra heureux, et on fera plein d'enfants.. oui, c'est entièrement romantique, en effet. » Je ne me décollais pas du jeune candidat, attendant n'importe quelle réaction qu'il penserait bon de m'offrir.

Adam avait eu peur, certes, mais il s’était très vite repris. Il était comme ça, impulsif, lunatique, vif, et très réactif. Il retint le prénom de la jolie blonde, entendant nettement le parfait accent allemand. Il avait visé juste sans même le faire exprès et ça le fit bien sourire. Ses bras autour de son corps frêle, il avait les mains posés sur son dos et elle ne risquait rien, il n’était pas du genre à balader ses mains dès les premières minutes. Il avait beau être parfois brusque, il ne l’était pas pour ça. Là, malgré leur proximité, malgré l’intimité que cela entrainait, malgré le contact, ce n’était qu’un jeu, un simple amusement, et Emrys l’avait bien compris, entrant dans son jeu. Content de voir qu’elle réagissait bien, Adam eut un sourire amusé qui s‘effaça rapidement, échangeant ensuite un long regard avec la candidate avant de se serrer un peu plus contre elle, doucement, et de rapprocher ses lèvres de son oreille.
« C’est le meilleur moment du film, quand on se retrouve après s’être quitté pendant plusieurs années. C’est un moment de tendresse pure, un moment qui fait pleurer tellement c’est beau, un moment intime et secret… »
Il se recula un peu et croisa son regard. Il lui caressa doucement la joue avec ses doigts fins. Il avait une expression très sérieuse, un visage fermé, un regard profond. Il semblait tellement différent de l’imbécile surexcité d’il y a quelques minutes. Sa voix était douce.
« Quatre ans. Tant d’années, tant de mois, tant de semaines, tant de jours, tant d’heures, tant de minutes à penser à toi sans pouvoir te voir ou te toucher, ne serait-ce que sentir ton parfum... »
Il jouait à merveilles son rôle, non ?

J'étais bluffée par la façon dont ma première rencontre avec le candidat se déroulait. Nous étions les héros de notre film à l'eau de rose, dont le scénario était totalement improvisé, et continuait d'ailleurs de l'être au fur et à mesure que le temps s'écoulait. J'étais fière aussi, fière d'avoir eu l'idée de surprendre le jeune homme qui reposait paisiblement sur la plage, la suite était tellement plus hilarante et palpitante. Evidemment que je me laissais prendre au jeu, j'adorais ça même, et il faut aussi dire qu'Adam, pour ce qui était de jouer la comédie, avait l'air d'un excellent partenaire. Je suivais son regard, qui lui-même suivait le miens, en buvant chacune de ses paroles comme si elles étaient réelles. J'avais envie de rire, mais je m'en empêchais, je m'en voudrais trop de faire rater nos si soudaines (et fictives) retrouvailles. « Quatre ans. Tant d’années, tant de mois, tant de semaines, tant de jours, tant d’heures, tant de minutes à penser à toi sans pouvoir te voir ou te toucher, ne serait-ce que sentir ton parfum... » Il avait tout bon. Par là, je voulais dire qu'il était parfait dans son rôle, qu'il avait tout compris, qu'il maîtrisait parfaitement chacune de ses répliques. Et je m'appliquais au mieux pour faire en sortes d'atteindre son niveau. « Je.. » Délicatement, j'avançais mon visage vers le siens, tandis que je descendais mes doigts le long de ses bras, mêlant mes mains aux siennes. Mes lèvres arrivaient à la hauteur de celles de Adam, c'est à ce moment là que je m'écartais, lâchant l'une de ses mains avant de l'entraîner avec moi en courant jusqu'à l'eau, chose qui aurait très bien pu se retrouver dans un film, également. Les vagues s'échouaient maintenant un peu plus au-dessus de nos chevilles, peut-être m'en voudrait-il pour son pantalon, mais pour l'instant, c'était bien la dernière chose qui me venait à l'esprit, trop concentrée sur mon personnage. Jee levais le nez vers le ciel, regardant la lune avant de me retourner vers le candidat, une fois de plus, sa main toujours dans la mienne. « Fais-moi l'amour entre deux vagues, ô mon bel Adam. » Je riais intérieurement, et gardais l'air sérieuse à l'extérieur. Quitte à jouer notre film à l'eau de rose, autant le faire jusqu'au bout. Et je me demandais d'ailleurs bien ce qu'il allait savoir répliquer à ça, ce qu'il allait en faire.

A fond dans son rôle et dans cette scène improvisée, Adam espérait qu’Emrys continuerait le jeu. Son simple début de phrase laissé en suspens lui confirma qu’elle continuait. La scène était parfaite. Les phrases non terminés étaient très important dans un film à l’eau de rose. Emrys jouait son rôle à merveilles. Elle s’approcha tellement de lui, qu’il crut l’espace d’un instant qu’elle allait l’embrasser. Mais elle ne le fit pas, trop bonne actrice, elle se contenta de lui prendre la main et de l’emmener en courant dans l’eau. Adam suivit tel un homme amoureux. Les pieds dans l’eau, Adam posa son regard sur la belle blonde, qui elle regardait le ciel. Il voulut rire, lui dire a quel point leur jeu était génial, mais il se retint pour ne pas gâcher le tout. Et c’est là qu’elle se tourna vers lui et qu’elle reprit la parole, lui coupant le souffle quelques secondes. Que..Quoi ? Il ne s’attendait pas à une phrase aussi directe. La regardant un moment, il la prit contre lui, posant ses mains sur ses hanches et respirant son parfum dans son cou. « J’ai rêvé de ce moment chaque nuit depuis quatre longues années.. Et ce soir, c’est tellement plus beau, tellement plus vrai que dans mes songes..  Je ne saurais résister à ta demande plus longtemps… » Dans les films, c’est le moment où l’homme portait la femme jusqu’à un endroit reculé et intime.. Mais malheureusement Adam n’était absolument pas musclé comme les acteurs et en fait il avait une force de moineau. Il lui aurait été donc impossible de la porter. Il se contenta donc de lui prendre la main et de l’emmener là où il avait disposé sa serviette. Il regarda un instant la serviette, puis il reporta son attention sur la belle blonde. Il porta ses mains à son visage, se rapprochant d’elle. « Es-tu sûre de vouloir le faire ? » Il n’y avait vraiment que dans les films à l'eau de rose que les mecs demandaient ce genre de choses… Et ça arrangeait bien Adam, qui commençait à se demander jusqu’où pourrait aller Emrys.

C'était amusant, tout notre petit manège. Nous étions, l'un pour l'autre, de total inconnus, et pourtant, dans notre jeu, c'était comme si nous nous connaissions depuis de longues années. La chose est, cette petite histoire sur la plage privée allait certainement nous rester longtemps en mémoire après ça. Et, j'étais quasiment sûre que, si jamais ce passage-ci de l'aventure était filmé et choisi au montage pour paraître aux yeux des téléspectateurs, il en ferait rire plus d'un. J'étais d'ailleurs très étonnée que le brun sache garder son calme aussi facilement, lui que je m'étais déjà autorisée à qualifier comme étant le petit clown de la saison, celui qui serait amplement capable de venir écraser je ne sais quoi provenant de je ne sais où dans le lit des autres, ou bien d'autres conneries du type. Pourtant là, toutes ces idées s'envolaient au fil des secondes, quand il devenait mon Adam romantique, sortant d'un univers qui n'avait rien de réel, même s'il le paraissait, sur le moment. Après ma demande, il reprit la parole avant de me ramener près de sa serviette, se rapprochant une énième fois de moi, allant jusqu'à poser ses mains sur mes joues. « Es-tu sûre de vouloir le faire ? » Il ne manquait réellement que les caméras, et nous sortions tous deux ce qui pourrait sans doutes être le nouveau grand film de l'année. « Oui, Adam.. j'en suis sûre. » C'était maintenant à mon tour d'ignorer ce que le jeune candidat allait faire, de mourir d'impatience en attendant une quelconque réaction de sa part. Délicatement, et avec le plus de grâce possible, je me baissais sur la serviette, entraînant Adam avec moi. Je plongeais mon regard dans le siens, attendant la suite avec amusement, si je puis dire.

Proche de ce moment où leur deux corps étaient sensés ne faire plus qu’un, du moins selon le scénario improvisé de leur film, Emrys et Adam avaient l’air d’un véritable couple alors que c’était loin d’être le cas. Regardant la jeune femme dans les yeux, Adam attendait la réponse à sa question, se demandant si oui ou non elle allait continuer. Elle confirma et l’invita à la rejoindre sur la serviette. Il tenta de ne pas montrer sa surprise et se contenta de la regarder s’installer sur la serviette, la suivant dans son mouvement. Ils s’allongèrent et Adam la prit contre lui avec délicatesse. La regardant un instant dans les yeux, il commença à déposer quelques baisers furtifs dans son cou avant de déposer un court baiser sur sa bouche, pur et innocent. Puis il eut un sourire et un regard charmeur avant de donner un véritable baiser à la candidate. Il ne la connaissait pas, il ne savait que son prénom, mais Adam n’était là que pour le jeu et il savait où était ses limites, car malgré ce qu’on pourrait croire, il avait des limites. Le but de ce baiser était de continuer dans leur jeu sans aller trop loin. Il l’embrassait avec intensité sans pour autant être violent ou trop rentre dedans. Ce n’était qu’un baiser après tout. Et finalement, embrasser une inconnue avec qui il partageait un faux moment de retrouvailles avait quelque chose de particulier. Il mit fin au baiser et la regarda attentivement.
« Tes lèvres sont un délice… »
Un simple murmure. Était-ce une phrase du film improvisé ou bien des mots vraiment pensés ? Seul Adam le savait, et il aimait faire planer le doute.

Allongés l'un près de l'autre sur la serviette du candidat, j'attendais patiemment de voir ce que ce cher Adam allait bien faire. Nos regards se perdirent l'un dans l'autre un temps, puis le brun vint déposer quelques baisers dans mon cou, avant de remonter directement vers mes lèvres, ce fut un baiser rapide, court, que nos spectateurs fictifs attendaient depuis probablement un bon moment maintenant. Et lorsqu'il se redressa un instant, je n'arrivais pas à déchiffrer son sourire, à appréhender ses futurs gestes, ses prochains actes. Et, il revint à la charge, nouant de nouveau nos lèvres ensemble, mais d'une façon entièrement différente de la précédente, d'une manière qui se valait plus réelle. Se séparant de moi une seconde fois, il fit une remarque, positive, sur mes lèvres, qui me fit assez plaisir, je devais l'avouer. « Han, je suis flattée. Les tiennes le sont également. J'en deviendrais presque totalement dépendante. » Si j'exagérais ? A peine.. enfin, peut-être un peu.. voir beaucoup.. Certes, m'être retrouvée lèvres contre lèvres avec Adam ne m'avait pas déplu, loin de là, mais j'imagine qu'il en fallait plus que ça à une personne pour devenir indépendante de ses lèvres, j'imagine. « Tu penses que c'était pas trop léger pour un générique de fin ? » demandais-je, soulignant alors la fin de notre petit jeu. Qui me semblait bel et bien fini.. à moins qu'Adam ignore ce que je venais de dire pour justement repousser encore un peu ce générique, fictif d'ailleurs, mais j'en doutais..