with placide

Samedi matin, enfin presque plus à présent, levée depuis à peine trente minutes, je n'avais pas résisté à l'entrée dans la salle de bain ni même à la cuisine où j'avais pu choppé entre autre, une tasse de café, juste ça. Il faisait beau, ce n'était pas le temps habituel dans notre hémisphère nord, c'est pourquoi j'avais envie de profiter pleinement de ce soleil d'acier, de cramer ma peau blanche et fragile. J'avais abandonné la robe blanche à froufrous de la vieille pour un bon vieux jogging bien à l'aise ainsi qu'un marcel des plus sexy. J'avais attaché mes cheveux en une boule sur le haut du crane, n'ayant pas pris la peine de les brosser. C'était ça, les samedi matin : glande absolue et orgueil envolé.

Mes pas trainaient dans le jardin, le sable, je visitais chaque recoin de ce que l'on pouvait nous offrir pour arriver finalement devant le labyrinthe. Je me grattais le haut du nez, rongeais l'un de mes ongles, perdue dans une réflexion sans borne, réflexion de quoi? Je me tournais vers l'habitant qui était venu me rejoindre, lui demandant « A ton avis, pourquoi ils nous ont mis un labyrinthe ? » Espéraient-ils que l'un d'entre nous s'y perde pour ne jamais se retrouver, mourir de faim et de fatigue, de peur ? J'y voyais bien la petite blonde de la veille s'y aventurer, elle n'y tiendrait pas deux minutes.

Cela faisait maintenant quelques heures que j'étais debout, quelques heures que je passais mon temps à marcher d'une pièce à une autre et à observer les candidats sans trop me faire remarquer. Je m'étais levé tôt, comme à mon habitude, je n'avais jamais eu besoin de beaucoup d'heures de sommeil. Pour moi dormir était égal à perdre son temps. C'était comme être mort pendant quelques heures. C'était inutile.

A la recherche de quelque chose à faire, je me sentis soudainement attiré par une jeune blonde traînant dans le jardin. La suivant à quelques mètres de distance, je la vis s’arrêter devant le labyrinthe et je me dis qu'il était peut-être temps que je me mêle aux autres. M'approchant, je me ensuite placé à ses cotés. « A ton avis, pourquoi ils nous ont mis un labyrinthe ? » C'était une bonne question. J'étais curieux de visiter le labyrinthe et de voir ce qu'il cachait, mais je n'en voyais pas l'utilité. « Surement pour perdre quelques candidats en chemin, histoire d'éviter les nominations. » dis-je avec un grand sourire. « Au fait charmante ta tenue. » Ma remarque était loin d’être cynique, je préférais de loin sa tenue à celles de certaines autres candidates déjà sur leur trente-et-un dès le matin.

Je me frottais un instant l'oeil gauche, parce qu'il me grattait, une poussière, un rayon de soleil trop brutal, je n'en savais rien. Je laissais alors mon interlocuteur donner sa version des faits puis je hochais la tête « C'était aussi mon avis » J'arborais un fin sourire, et ma laissait étrangement dompter par son air perdu. Je ne pu m'empêcher de baisser les yeux sur ma tenue lorsque celui ci en fit la remarque, je haussais ensuite les épaules, las de toutes ces filles un peu trop ... trop à mon gout, chose que je lui fis remarquer, peut être cela lui permettrait de mieux me cerner, peut être pas « Je trouve aussi ... C'est celle que je préfère en tout cas, la tenue "spécial samedi de glande" » Je n'avais jamais été de ces filles trop nian nian, adolescente, j'aurais aimé simplement me transformer en petit mec, je l'avais testé sans grand succès, mes courbes bien trop féminines avaient pris le dessus, j'avais dû faire avec ... Mais pas le samedi ! « Ca te chante une ballade enchantée dans le labyrinthe en compagnie de ... bah moi en fait ... » J'avais regardé autour de moi, levé les bras en signe de désolation, avec ce regard qui veut dire "désolée, il n'y a que moi".

« J'ai bien envie de découvrir les entrailles de ce trucs ... Enfin, s'il en a .. » J'avais tourné mon attention sur le labyrinthe, cherchant des yeux l'entrée, puis me retournant une dernière fois vers Placide, je lui annonçais « Au fait, moi c'est Liee, comme ça tu sauras au moins à qui t'en prendre avant de mourir » J'attrapais sa main, sans même attendre sa réponse, pour le tirer vers les buissons, cherchant avidement l'entrée.

« Je trouve aussi ... C'est celle que je préfère en tout cas, la tenue "spécial samedi de glande. » Je ne pouvais qu'approuver. J'étais du genre à privilégier les tenues confortables aux tenues qui faisaient plus présentable. Je n'avais d'ailleurs jamais compris le sens de la phrase 'il faut souffrir pour être belle'. Je ne comprenais pas l’intérêt de souffrir même si c'était pour être attirante. Je préférais le naturel au superficiel. « Ca te chante une ballade enchantée dans le labyrinthe en compagnie de ... bah moi en fait ... » « Huuum... Laisse moi réfléchir... » Je me mis à regarder aux alentours à la recherche d'un autre habitant de la maison, sans succès. « Il semblerait que nous sommes seuls et faute de mieux, je pense que je vais me contenter de toi et de ta charmante tenue. » dis-je avec un clin d'oeil.

« J'ai bien envie de découvrir les entrailles de ce trucs ... Enfin, s'il en a ... » « En effet, je pense que la découverte pourrait être intéressante. » Face au labyrinthe, j'avais l'impression que celui-ci n'attendait que nous. La jolie blonde dont j'ignorais le nom se présenta ensuite et pris ma main sans attendre pour nous entraîner vers les buissons. « Vers les buissons, déjà ? Tu es une rapide à ce que je vois. Sinon, moi je suis Placide. Je suis un vrai gentleman et je te laisse passer devant, comme ça tu mourras avant moi. »

Il réfléchit quelques instants à ma proposition avant de déclarer que vu que j'étais seule, il se ferait un plaisir de m'accompagner .. avec ma tenue, je fis une petite moue avant de rétorquer « Je vais finir par croire qu'elle te dérange cette tenue ! » J'avais les mains fermées sur les hanches et puis je souris, ne me prenant le moindre du monde au sérieux, encore moins les remarques du candidats.

Il trouvait l'idée intéressante, visiter les méandres des buissons, cool, je l'attrapais, le trainais et pu entendre avec ravissement sa boutade sur les buissons, je soupirais de lassitude, levant les yeux au ciel avant de répondre « C'est vrai que j'aime assez faire pipi derrière un buisson, mais j'vais éviter, on sait jamais si un caméraman se cache là dedans ... » Bah quoi? Les buissons, ça servait à quoi d'autre que pissouiller hors de la vue des autres? C'est pas à ça qu'ils servaient, ceux qu'on pouvait trouver sur les routes? Et puis, en vrai gentlemen, il m'annonça qu'il me laissait passer, et puis au moins, il avait la vie sauve ne serait ce que deux minutes de plus « Quelle gentillesse ! J'aurais jamais pu tomber sur un gentleman aussi parfait ! Ou du moins, à ce qui y ressemble ... » Marmonais-je finalement tout en trouvant enfin le trou, m'exclamant « Le trou ! Il est là ! Viens !!! » Je le tirais un peu plus par la main, m'enfonçant avec lui dans le labyrinthe.

« Je vais finir par croire qu'elle te dérange cette tenue ! » Je ne connaissais presque pas la demoiselle, pour ne pas dire pas du tout, et pourtant je commençais déjà à l'apprécier. Elle avait un petit quelque chose qui me plaisait et elle me faisait penser à une artiste légèrement dans son monde. « C'est vrai que j'aime assez faire pipi derrière un buisson, mais j'vais éviter, on sait jamais si un caméraman se cache là dedans ... » « Bonne résolution, je ne pense pas être encore prêt pour assister à un tel spectacle. » En effet, je n'avais encore jamais eu l'occasion de voir une fille faire pipi dans un buisson et je devais avouer que l'idée ne me tentait pas beaucoup. « Quelle gentillesse ! J'aurais jamais pu tomber sur un gentleman aussi parfait ! Ou du moins, à ce qui y ressemble ... » « Je te rassure, je suis une vraie perle. » dis-je avec un sourire des plus charmeurs.

Liee trouva enfin l'entrée du labyrinthe et c'est ma main dans la sienne qu'elle m’entraîna à l'intérieur. Nous étions à peine entrés depuis quelques secondes quand la fameuse chanson de Cupidon se fit entendre. Légèrement surpris, je lâchai soudainement la main de la jolie blonde et m'éloignai d'elle de quelques pas. « Je ... Ce n'est absolument pas contre toi, mais je préférerais que rien ne se passe ... » Je lisais l'incompréhension sur son visage et j'avais du mal à expliquer mon refus, mais j'espérais qu'elle allait comprendre et qu'elle n'allait pas me sauter dessus pour obtenir ce que je ne voulais pas lui donner. « Je ne peux pas. » J'étais limite prêt à courir au cas où Liee se mettait à tenter quelque chose.

Il n'était pas prêt à assister à ce spectacle, je lui répondis par un sourire et un petit clin d'oeil, après tout, je n'étais pas prête à lui montrer mon plus mon super truc pour faire pipi derrière un buisson, c'était top secret truc de fille pour faire rager les hommes qui eux, pouvaient pisser genre n'importe où, n'importe quand ... Y'en avait même certains qui n'avaient pas besoin de buissons pour se cacher, c'était tellement pas grand que ça ne se voyait pas ... Il affirmait être une vraie perle, on allait voir par la suite ...

Nous entrâmes rapidement dans le labyrinthe et forcément Cupidon y mit son grain de sel, genre je m'y attendais pas, un gars, une fille, un labyrinthe, je levais les yeux au ciel et fut surprise de la réaction de Placide qui aurait pu voir un monstre derrière moi, c'était pareil ... Il ne pouvait pas, je haussais les épaules, évoquant « Ouais mais malheureusement pour toi, je suis venue ici pour l'argent ... Alors je perdrais pour rien au monde 1 000 euros sur un simple "je ne peux pas de ta part" » D'un geste vif, j'attrapais sa main pour l'empêcher de partir, ouf, il n'était pas si loin que ça de moi, et puis, je pouvais être brutale si je le voulais « Fermes les yeux, j'vais en faire autant je crois ... » Une grimace sur le visage, j'approchais mes lèvres des siennes et je ne fit que les effleurer ... Je le lâchais, reculant, haussant les épaules et déclara « En fait, c'est pas si dégueulasse qu'on peut le penser ... » Je baissais les yeux, fis des ronds dans la poussière avec mes pieds, genre j'étais gênée pour deux sous .. et lui dit finalement « Désolée ». Mais à deux jours de l'aventure, il était hors de question pour moi de perdre de l'argent et de faire parti des pauvres de l'émission ...

« Ouais mais malheureusement pour toi, je suis venue ici pour l'argent ... Alors je perdrais pour rien au monde 1 000 euros sur un simple "je ne peux pas de ta part" » Je sentais que c'était trop tard, qu'elle avait déjà fait son choix et qu'il n'était pas question pour elle de perdre 1 000 euros. Je la comprenais. Mais j'étais prêt, prêt à m'enfuir et à courir. Malheureusement elle fut plus rapide que moi et d'un ses lèvres effleurèrent rapidement les miennes, si bien que je n'avais même pas senti le baiser. « Putain ! » dis-je légèrement énervé. « En fait, c'est pas si dégueulasse qu'on peut le penser ... » « Félicitations, tu viens de me voler mon premier baiser. » dis-je avec un air sérieux. Du moins le premier baiser dans le nid d'amour... Dans d'autres circonstances, je n'aurais eu aucun problème à embrasser Liee, j'y aurais surement pris plaisir, elle était charmante et plutôt attirante. « Désolée. » « J'aurais dû utiliser la force, ça aurait surement été plus efficace. » Mais utiliser la force contre une jeune demoiselle n'était pas du tout mon genre. « Bon, on se le fait ce labyrinthe ? »

Il était énervé, je ne l'étais pas plus, je haussais les épaules, évitant presque son regard que je cherchais, surprise, quand je l'entendis me dire que je venais de lui voler son premier baiser. Je fronçais les sourcils, avouant alors « J'avais toujours imaginé que mon premier baiser se déroulerait dans un contexte plus ... enfin » Je laissais en suspens ma phrase, ce n'était pas le moment pour moi de dévoiler ma vraie nature de fille bien trop prude pour une aventure comme celle là, je préférais le visage de l'artiste rebelle. Et puis sur mon désolé, il affirma qu'il aurait dû utiliser la force, perplexe. Je ne dis rien pendant un petit moment avant d'avouer doucement « C'est pas comme si c'était nul ... Si? Enfin ... J'sais pas trop comment ça doit vraiment se passer » Je fis une moue des plus indélicates, avant de déclarer « J'vais passer pour la fille la plus cruche de l'émission grâce à toi ! Faut jamais dévoiler ses secrets à Cupidon ! » Et puis il arrêta toute discussion, préférant se faire le labyrinthe « Oui, je crois que c'est le mieux à faire, finalement ... ! » Je lui tournais le dos, regardant à droite, à gauche, tout droit, où devions nous passer? Et puis ce baiser, il m'avait carrément embrumé la tête.