Síomha - le vingt-trois janvier 2012 à 10h08.

La première nuit venait de se passer à l'intérieur du château mais la jeune femme n'en croyait toujours pas d'être ici. Il y a encore deux jours, elle se serait levée, prête à aller bosser. Et là voilà, se pavanant dans un château, parmi d'autres candidats, en train de participer à un jeu de télé-réalité. Enfin. La jolie brune venait de se réveiller tout juste. Doucement, elle se leva et essayant de faire le moins de bruit possible pour les quelques-uns qui dormaient encore, elle s'empressa de sortir de la chambre. La première chose qu'elle voulait faire était de rejoindre la salle de bain. Elle avait toujours eu cette curieuse habitude de passer directement dans la salle de bain dès qu'elle était levée. Non pas qu'elle voulait absolument ne pas être pas vu en ayant la tête dans le cul, comme certains diraient. Disons que c'était simplement par habitude. Néanmoins, l'irlandaise mit un certain temps avant de trouver la salle de bain. La veille, elle n'avait pas cherché à faire quelques repérages, si bien qu'elle avait l'impression de se perdre tout le temps, dans ce château. Finalement, après avoir trouvé la salle de bain, Enya entra dans la fameuse pièce. Jamais elle n'avait eu l'occasion de voir une salle de bain aussi grande. Cette pièce était tellement énorme qu'elle pouvait surement contenir chacun des candidats en même temps sans qu'ils ne soient en train de se marcher dessus. Enfin, baillant et frottant un de ses yeux en même temps, la belle n'avait même pas remarqué qu'une autre candidate était présente, alors qu'elle s'approchait d'un lavabo.

Des gens. Partout. Dans chaque pièce. A chaque détour dans un couloir. Ils envahissaient tout le manoir tels des rats en guise de nourriture. Soupir. Heureusement que le château restait grand. Il ne serait jamais assez grand, cela dit. Elle devait tout de même admettre avoir un incroyable privilège: celui d'être seule. Pas de partenaire. Personne dans son lit. Voilà du changement. Un toit au-dessus de sa tête. Un frigidaire rempli. Un cellier rempli. Sans les trente-quatre autres personnes qui rythmaient la vie de ce château, Síomha serait sur un petit nuage. Réveillée dans les eaux de neuf heures et demies, elle resta allongée sous ses couvertures, profitant des nombreuses minutes qu'elle pouvait passer à ne rien faire. Lorsqu'elle en eut assez, elle se leva et rejoignit la salle de bain de sa démarche élégante. Pas un chat. Pas un bruit. La chance lui souriait donc en cette première journée. C'est dans un cas comme celui-ci qu'elle apprécie le fait d'être entourée de flemmards qui daigneront se lever une fois midi passé seulement. Tant mieux pour eux. Tant mieux pour elle. Tout le monde y trouve son compte. La brosse à dents dans la bouche, elle s'occupait énergiquement de sa dentition. Toujours autant dans sa bulle, elle ne faisait pas attention au reste de la pièce. Tous les candidats pourraient entrer d'un seul coup que ça ne la ferait même pas sourciller. Cela dit, sa mauvaise humeur pouvait rester tranquille pour le moment puisque, uniquement une petite brune fit son apparition. Síomha se contenta de la regarder une seconde. Puis tourna les yeux à nouveau. Peu intéressée.

Postée devant un lavabo, la jolie brune actionna le robinet et se passa un petit coup d'eau sur le visage après avoir baissé son visage près du lavabo. Se redressant, la belle tourna la tête légèrement et termina par finalement apercevoir la candidate qui était postée non loin d'elle devant un autre lavabo. D'après ses souvenirs, c'était celle qui n'avait aucun partenaire. Elle se lavait les dents, énergiquement. Et c'est à ce moment précis qu'Enya comprit qu'elle était définitivement encore endormie, puisque la jeune femme devait être dans la pièce depuis qu'Enya avait débarqué, sans doute. Enfin, reprenant ses esprits, la jolie brune attrapa ses quelques affaires d'une main et fouillant dans sa trousse de toilettes, elle attrapa sa brosse à dents, elle aussi, ainsi que son dentifrice. Après cela, elle dirait sans doute sous la douche. Ouais. Quelques secondes plus tard, c'était Enya qui frottait sa brosse à dents contre ses jolies dents.
Plus tard, après avoir terminé de retirer le peu de dentifrice qu'elle avait encore dans la bouche, Enya attrapa une pince posé dans sa trousse de toilette et s'attacha les cheveux, rapidement, de façon, à pouvoir prendre sa douche sans trop les mouiller. Puis, après quelques secondes, elle se tourna finalement vers la blonde. « Hm, alors, tu as bien dormi ? » demanda t-elle, d'un ton pas très rassuré. Elle n'avait pas trouvé mieux, sur le coup. Et puis, après avoir passé la première nuit dans le château, elle était sûre que la blonde n'aurait pas entendu cette question trente-six mille fois. De toute façon, Enya n'avait jamais été bien placée pour lancer une conversation. Surtout quand elle ne connaissait pas la personne en question.

Le silence. Un son qu'elle appréciait. Et c'était d'ailleurs agréable que la jeune femme brune qui était entrée dans la salle de bain, avec la tête dans le cul d'une manière phénoménale, se contentait de la fermer aussi. C'était reposant. Et cela lui permettait de ne pas faire semblant d'en avoir quoi que ce soit à faire, de ce qu'on lui disait. Ainsi donc, elle continuait de se brosser les dents durant le temps imparti avant de se rincer la bouche avec de l'eau glaciale. Ce qui fit souffrir ses gencives sensibles, bien sûr. Pas le temps de s'arrêter sur si peu, elle survivrait. Par la suite, elle attrapa sa brosse à cheveux, qu'elle passa de nombreuses fois dans sa chevelure afin de la démêler. Pendant ce temps-là, l'autre gamine était en train de s'agiter dans tous les sens. Tant qu'elle gardait la bouche fermée et qu'elle n'approchait pas la blonde, elle pouvait bien faire ce qu'elle souhaitait, Síomha s'en fichait éperdument. Mais bien entendu, les choses ne se passent pas toujours comme elle le veut. Et la brune ouvrit la bouche. Pour poser une question inutile, qui plus est. La belle blonde se demanda s'il était réellement nécessaire de répondre ou si elle allait se rendre compte par elle-même de son inutilité. « Oui. » finit-elle par dire malgré tout, ne lui accordant pas un regard pour autant. Oui, elle avait passé une bonne nuit. C'était sans doute l'information qui allait changer sa vie, elle n'en doutait pas. Oh, n'allez pas croire que Síomha n'était pas très bavarde le matin ou bien que le fait de se réveiller la mettait de mauvaise humeur. Non, non, elle était tout le temps ainsi.

Oui ? Sérieusement ? Bon d'accord, il était vrai que le silence était parfois reposant. Faut dire qu'entendre plus d'une trentaine de personnes parler chaque seconde de chaque heure pouvait être casse-pieds, mais tout de même ! Et puis, d'accord, la question était loin d'être intéressante mais elle aurait pu parler d'autre chose. Ou pas, puisqu'elle ne l'avait pas fait, de toute façon. Elle préférait passer trois heures à se brosser les cheveux, apparemment. Même pour Enya, qui n'aimait pas tellement parler - du moins, parler d'elle -, ce silence ne lui plaisait pas. La jolie brune avait rapidement levé les yeux au ciel, mais ne chercha pas pour autant à reprendre la parole. De toute façon, ça ferait sans doute chier la blonde, alors. Se déshabillant, Enya se dirigea ensuite vers la douche, appuyant sur un bouton afin d'allumer l'eau. Coup de chance, elle était encore chaude. Pour combien de temps aussi ? C'était ça, la question. Peu importe, de toute façon, elle devait se laver. Se posant sous le jet, la belle laissa couler l'eau sur elle de longues minutes. Elle adorait le contact de l'eau sur sa peau. En particulier lorsque l'eau était bien chaude. Non pas qu'elle n'aimait pas nager dans une piscine ou encore, la plage - bien oui, l'eau est plus froide -, c'était deux choses différentes pour elle. Il y avait la douche d'un côté. Et le reste. Enfin.
Plus tard, alors que la belle venait tout juste de rallumer l'eau après s'être savonnée partout, elle jeta un rapide coup d’œil vers la blondinette. Finalement, elle ne put s'empêcher de reprendre la parole. « T'es toujours comme ça, je veux dire, muette ? Ou c'est juste qu'aujourd'hui, tu t'es levée du pied gauche ? » Il n'y avait aucun ton de reproches dans sa voix, ce n'était pas dans son genre, d'ailleurs. Elle se posait juste la question. Et puis, au moins, elle serait fixée.

Un seul mot. C'était suffisant. Aurait-elle dû parler de la qualité de son lit? De la décoration de sa chambre? De ses colocataires? De comment elle se sentait au réveil? Du rêve qu'elle avait fait? De sa position favorite pour dormir? De la meilleure nuit qu'elle avait passé dans sa vie? Soyons sérieux, ces informations n'intéressaient personne et c'est bien pour cela qu'elle ne comptait pas les communiquer. Elle préférait s'occuper de ses cheveux blonds. Les pointes commençaient à se faire sèches. Merde. Elle n'était même pas certaine d'avoir apporté du shampooing dans sa valise. Elle devrait bien pouvoir en piquer à quelqu'un d'autre. Ça ne l'inquiétait pas. Et dans le pire des cas, ses cheveux secs lui donneraient un air encore plus sauvage. Vraiment pas de quoi se prendre la tête. Síomha était en train de se déshabiller lorsque sa camarade ouvrit la bouche de nouveau. Pour critiquer la loquacité étonnante de la blonde. Oui, elle était toujours muette. « Je ne vois pas l'intérêt de parler si c'est pour répéter constamment les mêmes conneries. » rétorqua-t-elle d'un ton détaché. Oui, voilà, ça résumait plutôt bien ses pensées. Elle n'avait pas besoin de parler, parce qu'elle n'avait rien à apporter de ce côté-là. Elle préférait se taire plutôt que parler pour parler. Elle n'était pas bavarde, c'était ainsi. Elle finit d'enlever ses vêtements, se retrouvant rapidement nue avant d'aller sous la douche à son tour. Quoi? Vous en prenez pas vos douches à poil, vous?

Au moins, elle avait été plutôt clair. Elle n'avait pas du tout envie de parler ce matin. A moins que finalement, elle était toujours comme cela. Ouais, peu importe. Après tout, vu qu'Enya avait l'air de la faire chier plutôt qu'autre chose, celle-ci se tairait aussi, sans doute. Néanmoins, quel était son but en venant ici alors ? Non, parce que jouer l'insociable, ça allait pas marcher longtemps, hein. Peu importe. Finalement, au bout de quelques secondes, Enya arrêta de se poser bon nombre de questions sur la blonde et lui tournant légèrement le dos, la jolie brune se concentrait maintenant sur l'eau qui tombait sur sa peau. D'ordinaire, la belle serait déjà sortie de sous la douche, une serviette autour d'elle. Aujourd'hui, elle voulait en profiter. Ce n'était certainement pas tous les jours qu'elle aurait l'occasion d'avoir la douche pour elle toute seule. Enfin, pour deux puisqu'au final, l'autre candidate était venue la rejoindre. La belle resta sous la douche quelques instants, encore et puis, finalement, elle se décida à sortir. Se décalant légèrement, elle attrapa la serviette qu'elle avait posé non loin de la douche et termina par s'enrouler dedans puis, tout en faisant attention de ne pas glisser sur le sol - ses pieds étant mouillés - la belle retourna près d'un lavabo et approcha sa tête du miroir, se regardant légèrement.

Elle ne comprendrait jamais les gens qui parlent. Ceux qui parlent uniquement pour parler du moins. Ils se racontent tout et n'importe quoi, comme si leur petite vie sans sens intéressait qui que ce soit. Expliquez, sérieusement, où était l'intérêt de parler de la météo? « Oh, tiens, il pleut. » En quoi était-ce nécessaire de le préciser? Ou d'en parler? Il fait un temps de chiottes, c'est bon, pas besoin de remuer le couteau dans la plaie. Donc, non. Síomha n'était pas bavarde. Elle n'ouvrait la bouche qu'en cas d'extrême nécessité. Et la candidate devrait déjà s'estimer heureuse d'avoir entendu le son de la voix de la blonde, la douceur de ses paroles, et l'incroyable chaleur qu'elle dégageait. Ironie, bien sûr. Profitant de l'eau chaude au maximum, la belle laissa les gouttes d'eau se tracer un chemin sur sa peau, avant qu'elle n'attrape son gel douche et qu'elle s'en passe sur tout le corps. De nouveau, elle mit en fonctionnement le robinet, laissant l'eau brûler sa peau autant qu'elle effaçait les traces blanches de gel douche. Elle prit un flacon de shampooing au hasard et ne s'attarda pas sur l'étiquette, puisqu'elle se frottait déjà les cheveux avec le liquide. Même manège que précédemment avec l'eau, jusqu'à ce que sa chevelure soit dépourvue de toute trace de shampooing. Elle sortit alors de la douche, enfilant son peignoir au passage. Tout comme ce fût le cas pour sa camarade quelques instants plus tôt, elle se rendit en face du miroir. Une serviette trainait là. Parfait. Elle l'attrapa, se pencha en avant, enroula ses cheveux dans la serviette, se redressa. Le silence, ce que ça pouvait être agréable!

Si la jolie blonde était du genre à aimer le silence ou à ne parler que très peu, ce qui était le cas, apparemment, elle avait largement fait un mauvais choix en venant ici. Soyons sérieux, elle n'aurait l'occasion d'avoir que très peu de silence durant les prochaines semaines. Du moins, si elle allait loin dans le jeu. Une trentaine de personnes, ça faisait du bruit, forcément. Enfin. Devant le miroir, la jolie brune s'observa quelques secondes puis, après cela, elle commença à s'essuyer, à l'aide de sa serviette. Arrivé un moment, il fallait bien qu'elle s'habille, après tout. Une fois entièrement sèche, la belle posa sa serviette à côté du lavabo, puis, attrapant ses affaires, enfila ses sous-vêtements. Après cela, elle retira délicatement la pince qui tenait ses cheveux relevés et les laissant tomber, elle secoua la tête, légèrement, afin qu'ils se remettent en place. Puis, comme sa camarade auparavant, elle s'empara d'une brosse à cheveux et commença à se brosser les cheveux. Néanmoins, la belle ne put s'empêcher de jeter un coup d'oeil discret vers sa camarade. Cependant, elle n'ajouta rien de plus. Non pas qu'elle ne voulait pas. Disons qu'une fois de plus, elle ne pouvait pas s'empêcher de penser à ce que les autres pouvaient penser d'elle. Dans cette situation, elle avait l'impression de faire chier plus qu'autre chose la jolie blonde - ce qui avait l'air d'être franchement le cas - et donc, c'est pour cela qu'elle préférait s'abstenir. Finalement, après avoir brossé ses cheveux, la belle s'empara de son jean et l'enfila puis, remarquant que son paquet de cigarettes venait de tomber de sa poche, elle se baissa afin de le ramasser tandis que, rapidement, elle le replaça dans sa poche de jean, en vrac.

Ses cheveux bien au sec dans une serviette, elle pouvait maintenant s'occuper d'autre chose. Comme euh... comme quoi d'ailleurs? Bonne question. Elle n'avait pas envie d'enfiler ses fringues maintenant. Tout comme elle n'avait pas envie de se maquiller dans l'immédiat. Elle avait envie de rien faire du tout. Alors elle se lança un dernier regard via le miroir puis tourna les talons, allant s'asseoir sur le bord de la baignoire qui était en plein milieu de la pièce. Elle croisa les jambes – habitude – et passa ses deux mains sur son visage, explorant chaque partie de son visage fatigué. Le matin, forcément, c'est dur. Sa camarade, à qui elle ne portait que peu d'attention, c'est bien vrai, s'était alors mise en tête de s'habiller – sage décision, Síomha a entendu dire que ce château est rempli de pervers(es) en manque. On ne sait jamais ce qui peut arriver. Bien entendu, ce n'est pas le fait qu'elle loge son fessier dans son jean qui l'interpella, mais bien le faire qu'un magnifique paquet de cigarettes venait de s'écraser au sol. Une petite led lumineuse s'alluma dans le cerveau de la blonde tandis qu'elle pensait « cigarettes, cigarettes, cigarettes! ». « Tu me files une clope? » C'était instinctif. Dès qu'elle voyait de près ou de loin un paquet de cigarettes, elle avait envie de fumer. Elle ne savait pas combien de clopes elle fumait par jour, mais le nombre était probablement assez élevé pour qu'elle attrape un cancer dans les années à venir. Bof. Tant pis.