C'était déjà leur troisième jour. Les affinités prenaient peu à peu forme, on apprenait encore à tous se connaître et surtout , l'ambiance était très "colonie de vacances". Une colonie qui n'aurait eut aucun adulte pour superviser, aucune règle. En gros ça pouvait vite devenir le bordel. Ils y avaient ceux qui ne faisaient que bouffer, ceux qui passaient leur vie dans la piscine et au SPA, ceux qui roupillait jour et nuit et puis ceux qui - comme Rory - faisait un peu tout ça en même temps. Après tout, personne n'était à l'abris de voir sa jolie petite tête voler dehors après une semaine. Ca serait le truc le plus frustrant et le plus con mais au pire, valait mieux avoir profiter un max de tout ce que le jeu et l'aventure avait à offrir. Et puis s'était dans sa nature : rester en mouvement, essayer, bouger quoi !

Mais en ce début d'après midi, c'est l'appel de la nicotine qui fut le plus fort. Elle aimait à prétendre ne pas être une fumeuse acharnée mais techniquement, cela faisait maintenant des années, qu'elle ne se passait plus de ce vice lui goudronnant les poumons. Elle avait gardé son petit short de pyjama, son débardeur, mais avait enfiler un gros pull ainsi qu'une paire de bottes fourrée et s'était rendue sur l'immense balcon des chambres. De là, la vue était imprenable. Elle se serait crue dans une espèce de conte des frères Grimm. La brume au loin filtrait quelques rares rayons de soleil et donnait à l'ensemble du ciel, une couleur unique. Elle posa les coudes avant sur la balustrade et jeta son regard sur le terrain se demandant si - margés l'espace, elle ne péterait pas un jour une case par manque de liberté ... Enfin ça c'était si elle avait la chance de rester assez longtemps ici ! entre temps, elle se grilla une clope et déposa son paquet à terre dans une longue exhalation de fumée blanche.

Trois jours de présence. Pour le moment j'étais encore en vie, et n'avais essayer de tuer personne. Un exploit en soit. Il fallait savoir que l'ambiance colonie de vacances, ce n'était pas vraiment mon truc, mais alors, vraiment pas. Trop d’hystériques, d'agitation, de remue ménage. On ne pouvait pas faire un pas sans croiser quelqu'un. Or, j'aimais ma solitude. Attention je n'étais pas associable, ceci dit, j'aimais avoir la paix de temps en temps. Ce qui semblait extrêmement compliqué par ici. Mais bon, il allait falloir que je m'y fasse, c'est tout. Et puis maigre consolation : au fil du temps les candidats se feront de moins en moins nombreux. Enfin en partant du principe que je reste assez longtemps pour ça. Ce qui en toute honnêteté n'était pas gagné d'avance. Je ne serais sans doute pas, voir même très loin d'être le candidat le plus apprécié dans ce château. Bref, en ce début d'après midi, juste après manger, j'avais décidé de me griller une clope. Et comme il devait y avoir genre une règle, interdiction de fumer à l'intérieur, c'est tout naturellement que je pris la direction du balcon. En pénétrant sur le balcon, je pus apercevoir une jeune femme, de dos, à la balustrade. Et de ce que j'en voyais la vue était plutôt pas mal.  « La vue est pas mal » déclarais je. Bien évidemment, je parlais seulement du paysage. Toute autre interprétation ne serait qu'erreur Je m'avançais alors jusqu'à la hauteur de la demoiselle. Je reconnus Rory, a qui j'avais parlé lors du prime d'ouverture.  « Tu sais que fumer tue » dis je, comme pour lui faire la morale. Avant de sortir une cigarette de mon propre paquet, et me l'allumer.

Rory sentait ses joues se rosirent du au froid. Le soleil avait beau être de la partie, le vent piquant ne faisait pas exception à ce mois de janvier bien trempé. Cela dit, elle n'en avait que faire. La cigarette coincée entre ses doigts de la main droite lui réchauffait quelque peu le bout des doigts. Au loin, dans le parc, elle devina deux silhouette de candidats en train de gambader. Elle plissa quelques peu les yeux pour tenter de les reconnaître mais en vain ... C'est à cet instant que la voix de Cooper vint interompre ses pensées superflues. Gardant un coude sur la balustrade, elle détacha le second de son emprunte pour pouvoir se retourner et croisa le regard du jeune homme ... Comprenant plus ou moins son allusion, elle lâcha un petit sourire en coin, en ponctuant simplement : N'est ce pas ?! Elle tire une nouvelle bouffée et suit du regard le grand brun la rejoindre. « Tu sais que fumer tue » Rory garde son regard bien planté dans celui du jeune homme. Il doit faire une bonne tête de plus qu'elle, si pas plus encore. Il parle d'une voix posée, il a ce style de ceux qui aime à prétendre au mystère ou un truc du genre. Restait plus qu'à savoir si c'était un acte ou sa réelle personnalité ... Oh et puis on s'en foutait un peu, c'était un jeu, tout le monde prétendait ce qu'il voulait non ? Elle répond : Pas plus qu'une vie morose ... Et puis je sais maintenant que nous seront deux à emprunter le même chemin brûlant des enfers ... belle gueule ! Ajouta-t-elle avec un petit sourire taquin au coin des lèvres. Parait qu'il aimait qu'on lui dise ...

Pas plus qu'une vie morose ... Et puis je sais maintenant que nous seront deux à emprunter le même chemin brûlant des enfers ... belle gueule ! « Parle pour toi, j'irais au Paradis. » Ouais bien sur. En présumant qu'il y aurait une vie après la mort – foutaises si vous voulez mon avis – c'était bel et bien l'enfer qui m'attendait. Aucun doute là dessus. J'avais tellement pêché dans ma vie – et pas du poisson – que ça serait impossible de faire la liste de toutes mes conneries. J'esquissai un sourire. « Et pas besoin de gonfler mon égo, je le sais que je suis canon. » Et hilarant bien évidemment. N'empêches c'était la deuxième fois qu'elle faisait un compliment sur mon physique. A croire qu'elle faisait une fixation de la dessus. En même temps je comprenais, j'avais un visage hypnotisant. Je tirai alors un peu sur ma cigarette. L'air frais me fouettait le visage. Je n'avais jamais été très sensible au froid. Je m'en accommodais aisément. A vrai dire, je préférais cela aux chaleurs insupportables. «Alors...comment ça se passe pour toi ce début d'aventure ? » Je me sentais obligé de faire un minimum d'effort pour entretenir la conversation.

Rory se redressa quelque peu et changeant de position, vint s'adosser à la balustrade afin de plus ou moins faire face à son interlocuteur. Elle pouffa quelque peu aux premiers mots de son nouveau camarade. J'sais pas pourquoi mais j'ai du mal à y croire. Comme une impression que tu caches un sévères truc bien noir sur ton compte ... Ou une successions de petites conneries ... au choix. Mais le résultat est le même non ? Il pouvait déjà compter la vanité parmi ses vices par exemple. Ca lui ôtait direct des point auprès du big boss ça. Bon cela dit en passant, Rory avait son lot d'ardoises également et était loin de pouvoir s'appeler Gabrielle (ben ouais comme l'ange tu vois). T'as raison, je ne voudrais pas causer la fracture de tes chevilles. Elles doivent être déjà assez fragiles avec le poids qu'elles supportent, les pauvres. Elle cligna simplement et termina sa cigarette. Dernière bouffée, dernière fumée et elle écrasa son mégot dans le haut cendrier d'extérieur posté non loin. Plutôt pas mal ... je profite quoi. J'aurais pas râlé de me retrouver les fesses au soleil mais bon ... Le cadre est quand même top donc ça va. Et toi ? Des attentes par rapport à l'aventure ?

Rory semblait trouver ridicule que je puisse aller au Paradis. Non mais oh. Je n'avais donc pas la tête du parfait petit innocent ? Merde, moi qui le croyait pourtant.  « C'est si évident que ça ? » Elle avait plus que raison concernant le passé trouble. Quant à la succession de petites conneries. C'était plutôt d'énormes conneries oui. Mais passons. Elle s'en prit alors à mes chevilles. « Ne t'en fais pas pour moi, elles sont solides. » Et oui oui ma tête passait encore entre les murs. Je n'avais pas un ego sur-dimensionné ou une très haute opinion de ma personne. Simplement je savais reconnaître les faits. Je suis canon. Une simple constatation, basée sur des années d'expérience. Plutôt pas mal ... je profite quoi. J'aurais pas râlé de me retrouver les fesses au soleil mais bon ... Le cadre est quand même top donc ça va. Et toi ? Des attentes par rapport à l'aventure ?  « J'avoue. Quitter cette p'tain d'Irlande aurait été pas mal aussi » Mais non, on était resté ici. En plus cela aurait été l'occasion pour moi de voir autre chose. Je n'avais jamais eu l'occasion de sortir du pays. Tans pis.  « La seule chose que j'espère retirer de cette aventure, c'est de l'argent. » Je n'étais certainement pas là pour l'aventure humaine, ni une quelconque célébrité ou gloire. Juste des raisons purement financières.

Rory avait un petit sourire en coin planté sur son visage depuis le début de la conversation. En fait sous ses airs de faux macho, le Cooper était quand même bien marrant ! Fallait aussi dire que Rory avait toujours préféré les caractères bien trempés ... S'entendre avec le petit penaud silencieux de l'aventure serait plus rude. Ca va alors tu me rassures ... Mais puisque tu me la si gentiment demandé, je prendrais bien soin à l'avenir de ne plus jamais mentionner ta plastique. Tu comprends, c'est pour ton bien ... Dit elle en venant lui tapoter l'épaule, qu'elle devina bien musclée puisque ferme et sculpée. Ce qu'elle ne dirait bien évidemment pas. Il continua alors la conversation et il lui indiqua être lui aussi bien d'Irlande. Ca pouvait paraître logique mais en fait pas tant que ça ... fallait voir le nombre de nationalité qui déferlaient dans ce jeux ! A croire que Fake Lover était mondialement connu. T'es né ici ? Pure souche ? Demanda-t-elle alors simplement avant de continuer le motif de leur venue en ces lieux. Tu m'étonnes ... A croire que tout le monde est là pour le fric dans cette baraque. Enfin pas moi mais bon ... Je suppose que l'un ne va pas sans l'autre. Entrer ici c'est d'office gagner un truc quoi. Si pas ici, ce sera dehors, pour ou moins un petit mois avant que la majorité d'entre nous disparaisse dans la nature inconnus et sans projets. HAHA elle avait l'art de foutre l'ambiance hein ? Non mais sérieux, en fait en entrant ici, il ne fallait pas non plus avoir trop d'espoir parce que franchement ... combien réussissait vraiment hein ? Sans projets de base, tu finissais souvent à la casserole. Rory ne l'espérait pas mais elle savait que cela pouvait arrivé. Heureusement pour elle, elle avait son job.

Ca va alors tu me rassures ... Mais puisque tu me la si gentiment demandé, je prendrais bien soin à l'avenir de ne plus jamais mentionner ta plastique. Tu comprends, c'est pour ton bien ... Elle me donna une petite tape sur l'épaule. Oh, qui lui avait donné l'autorisation de me toucher ? Rhalala les jeunes. Perso, je m'en fichais bien qu'elle ne me complimente plus à l'avenir sur mon physique. Je n'étais pas de ceux qui adoraient s'entendre dire combien ils sont magnifiques et merveilleux. Très loin de là. Si j'étais irlandais pure souche ?  « Ouais, un pur et dur. Je viens de Limerick. Et toi? » demandais je en retour. Rory ne semblait pas motivée par l'argent pour faire cette aventure. Plutôt par la notoriété. Peut être faire booster sa carrière de je ne sais quoi. Manquerait plus qu'elle soit de celles à vouloir faire actrice ou un truc du genre. Et se retrouver à jouer la chroniqueuse dans des émissions de merde. Pour se faire virer deux semaines plus tard.  « Pour ma part, j'ai bien l’intention de disparaître dans la nature et qu'on m'oublie très vite. » Bosser dans l'audiovisuel, ou tout métier dans le show business ne m'intéressait pas le moins du monde. Encore moins faire les choux gras de la presse ou être reconnu par les gens dans la rue. Je n'aspirais pas à être sous les feux des projecteurs. D'ailleurs, croyez bien que ça me faisait royalement chier d'être ici. J'avais toujours considéré la télé-réalité comme de la merde. Qui pouvait regarder ce genre de truc quand même ? Bref.  « Ce sont quoi tes merveilleux projets ? »

Rory se replongea l'espace d'un instant dans ses racines, sa famille. Ce n'était pas de gaieté de coeur mais un instinct lorsqu'on lui demandait d'où elle venait. Normal en fait. Son visage était un rien moins détendu sans pour autant qu'elle ne s'en rende compte : Mon père est irlandais oui mais ma mère Canadienne. Enfin je suis née et j'ai grandis ici donc ... Cela dit, si je peux me barrer un jour, je ne me ferais pas prier !. Connor continua sur sa lancée, visiblement il n'en avait vraiment rien à foutre d'être ici ... Mis à part son fric, il ne semblait pas vouloir en retirer quoi que se soit d'autre. En espérant que ça ne soit qu'un acte ou qu'il change un peu l'air de rien ... Car les gens qui ne pensent qu'à leur porte feuille, ça lui fout la gerbe à Rory ! T'es si désespéré que ça ? J'ai mal pour toi rien que de voir à quel point cet endroit doit te donner des boutons. Sérieux, tu pouvais pas tenter ta main au poker ou un truc comme ça ?. Il lui demanda alors ce qu'elle avait comme projet. Elle reprit place, accoudée à la balustrade et se grilla une nouvelle clope ... tant qu'à faire. J'ai envie de bouger avec ma musique, mixer à gauche et à droite, me faire une plus grande place c'est tout. FL c'est une opportunité comme une autre. Si ça ne fonctionne pas, je continue quand même donc ... On verra bien.

L'expression de Rory sembla changer légèrement lorsqu'il était question de parler de ses origines. Était ce si difficile que ça ? Canadienne et et Irlandaise.  « Pour ma part, si je pouvais juste quitter mon quartier pourri ça m'irait » Ouais, parce que j'habitais à Limerick, mais pas dans la jolie partie de la ville. Cela parut surprendre la jeune femme que je ne sois là qu'exclusivement pour le fric. Au moins, je me montrais sincère, à l'inverse de probablement la moitié des habitants, qui se cachaient derrière de pseudo bonnes raisons. Tenter ma main au poker ? Il faudrait déjà que j'ai un quelconque argent à perdre à la base.  « Je préfère déterminé à désespéré. » Je l'écoutai alors parler de ses projets. Une didjette ? Je n'aurais pas dis. Mais bon, j'étais le premier à savoir qu'il ne fallait pas se fier aux apparences.  « C'est sur qu'ici, c'est un bon moyen pour te faire connaître. » me contentais je de répondre.