Il était peut-être temps que j'arrive. Depuis dimanche dernier je n'avais jamais mis un seul pied dans la salle de musique, une pièce qui, à mes yeux était très importante. Pendant des années j'avais pris des cours pour perfectionner ma manière de jouer, que ce soit du piano ou de la guitare allant même jusqu'à faire de temps en temps du violon. J'aimais la musique, je vivais avec la musique même. Si je n'étais pas venu jusqu'à maintenant c'était surtout parce que j'attendais le bon moment. J'étais plutôt pudique lorsqu'il était question de me mettre en avant avec la musique, je me rabaissais sans cesse, je n'atteignais à mes yeux pas la perfection il était donc inutile que je me vante de savoir faire quelques trucs... Pénétrant la pièce, mes écouteurs à la main je m'approchais du piano, appuyant sur quelques touches pour voir si le son était correct. Il était génial même, il sonnait beaucoup mieux que sur celui que je possédais à la maison. Prenant place assise devant je m'entrainais avec une ballade. Une chanson française de Léa Castel, dernière chance. Fredonnant les paroles je me plongeais dans une bulle, ne remarquant même pas qu'il y avait quelqu'un derrière moi.

Il me semblait avoir prouvé à Sixtine et aux téléspectateurs, la semaine dernière, que j’étais dans l’incapacité de chanter juste, ni de jouer du xylophone. Il en était pareil pour le reste des instruments se trouvant dans la pièce des mélomanes. Pourtant, je m’aventurais bien de nouveau vers le sous-sol. À la base, j’étais partie pour faire quelques longueurs dans la piscine, mais en voyant des autres candidats ouvrir la porte, je n’avais plus envie de plonger dans l’eau. Je m’approchais alors devant la salle de musique, l’ouvrant avec une certaine culpabilité. Comme un enfant ouvrant son cadeau de Noël, avant Noël. J’espérais, en mon fort intérieur, tomber sur un réel musicien cette fois-ci et non sur une jeune fille douée pour les jingles et seulement pour ça. Ouai, en gros je ne voulais pas tomber sur Sixtine ; ce n’est pas que je ne l’aime pas au contraire, c’est juste qu’elle n’est vraiment pas douée pour le chant. Je me glissais dans l’entrouverture de la porte, refermant celle-ci derrière moi avec mon « petit cul » comme le dit si bien Ruben, en essayant de ne pas faire trop de bruit. Une douce mélodie s’élevait du piano un peu plus loin, jouée par Baptiste. Je ne le connaissais que de nom et d’ailleurs, je ne demandais bien où l’avais-je entendu. Sûrement lors du prime, car le son de sa voix m’était inconnue ; quoique plus maintenant, car il était en pleine interprétation de la bien jolie chanson, que je ne connaissais pas, puisque chantée en français. Je le regardais de loin, posant ma serviette sur le côté et m’asseyant calmement dans un des fauteuils, les jambes croisées en tailleur. Je n’avais aucune envie de l’interrompre, surtout qu’il ne semblait pas m’avoir vu. Il marqua un temps de pause, que je cru être la fin de la chanson. « Bravo » lui lançais-je, et en français (oui Môôôsieur !), avec quelques applaudissements.

Je ne pourrais pas dire si j’étais un chanteur dans l’âme, je n’avais pas suffisamment d’expérience pour m’autocritiquer, ce qui était sûr c’est qu’aucun miroir ne s’était jamais brisé lorsque je poussais la chansonnette. Je n’aspirais pas à une carrière dans la musique, peut-être qu’être pianiste ou guitariste aurait été l’un de mes rêves si je m’étais écouté ne serai-ce qu’une seule seconde avant d’abandonner mes études et mes envies pour poser ma candidature au McDonald, mais aujourd’hui je profitais de mon aptitude à composer, juste pour le plaisir de certains privilégiés, ma famille et quelques amis. Je faisais ça avant tout pour moi, un endroit dans lequel m’évader pendant quelques minutes. Terminant ce morceau, je me rendais compte qu’il y avait quelqu’un, une fille que je ne connaissais pas beaucoup. Peut-être m’écoutait-elle depuis le début ? N’étant pas pudique musicalement parlant au point de m’énerver parce que quelqu’un m’écoutait je me contentais de lui sourire un peu gêné, j’avais une bien piètre image du résultat que je fournissais lorsque je touchais un instrument de musique. « Bravo ! » Je lui souriais, elle ne devait pas être française, je n’en savais rien mais à en voir la manière dont elle l’avait dit j’aurais presque pu affirmer qu’elle était irlandaise. « Merci… Oona c’est bien ça ? »

En général, j’ai toujours aimé la musique, mais ce que j’aime par-dessus tout, c’est écouter des chansons interprétée en live, accompagnée d’une guitare ou d’un piano. Le garçon face à moi faisait les deux, pour le plus grand plaisir de mes oreilles. Je l’applaudissais vivement et j’eux le droit à un beau sourire. « Merci… Oona c’est bien ça ? » Je lui souriais en retour, secouant la tête de haut en bas pour lui dire oui. « C’est bien ça et toi,… toi t’es Baptiste ! » disais-je en réfléchissant un peu. Je n’étais pas encore capable de donner des noms à toutes les têtes, mais j’essayais de faire de mon mieux. J’usais de moyens mnémotechniques pour retenir certains prénoms et pour d’autres, je retenais leurs prénoms grâce à mes rencontres. « Je me souviens, t’étais dans le top des candidats » Je lui souriais en retour, ravie de le rencontrer. Aux premiers abords, il avait l’air plutôt sympa et cool ; je m’efforçais de le paraître moi aussi. Je me levais de ma place, pour m’approcher de lui ou plutôt de l’instrument qu’il manipulait, sur lequel je posais une main pour la faire glisser. « Tu dois jouer depuis longtemps… tu chantes vraiment très bien en tout cas ». Je le regardais un peu, avant de faire une moue boudeuse. « J'aimerai trop savoir jouer du piano moi aussi ! »

Il fallait reconnaitre qu'il n'était pas désagréable de se faire féliciter par quelqu'un, qui plus est une personne quasiment inconnue. Oui, à part lui avoir demander si elle désirait une coupe de champagne, l'avoir remerciée de m'avoir laissé passer avant elle dans le parc, le minimum syndical, toujours avec gentillesse néanmoins. Aujourd'hui j'avais conscience que nous allions peut-être apprendre à nous connaitre d'une manière un peu plus profonde, pas seulement en étant capable de sortir le prénom de l'autre. « C’est bien ça et toi,… toi t’es Baptiste ! » Acquiesçant pour lui faire comprendre qu'elle était dans le vrai je lui adressais ensuite un petit sourire, je ne savais pas quoi lui dire. C'était toujours comme ça les premiers temps. « Je me souviens, t’étais dans le top des candidats » Je lui souriais une nouvelle fois, il est vrai que j'avais été dans le top trois cette semaine. J'avais gagné un privilège, un indice sur le secret d'un candidat. « C'est bien ça... D'ailleurs je me demande toujours comme j'ai pu parvenir à entrer dans le top trois. » Je ne pensais pas avoir été présent dans le nid d'amour à ce point-là. Ce n'était cependant pas désagréable. « Tu dois jouer depuis longtemps… tu chantes vraiment très bien en tout cas » Hochant la tête, allant même jusqu'à me sentir rougir à ce compliment je me retournais pour regarder ce magnifique piano. « Oui, depuis une bonne dizaine d'années maintenant et... Merci, je n'ai pas l'habitude que l'on me complimente comme ça. » Je lui adressais un nouveau sourire, un peu moins coincé et plus sincère. « J'aimerai trop savoir jouer du piano moi aussi ! » Sa petite moue boudeuse m'amusait, plongeant mon regard dans le sien je lui proposais d'une manière très naturelle. « Si tu veux je peux te donner un ou deux cours ? »

Je lui souriais en plissant un peu mon nez. J’avais réussi à retenir son prénom et, à présent, je voulais en savoir un plus sur lui. Le truc c’est que, je ne suis pas du genre sociable et dépasser le simple stade du prénom relevait parfois de l’exceptionnel. Pourtant, il m’était tellement sympathique, que je me poussais à aller un peu plus qu’un simple ‘ah oui c’est toi !’. Je m’avançais alors davantage vers lui, tout en le complimentant. C’était réellement sincère : je n’avais absolument pas compris les paroles de cette chanson française, mais j’avais bien sentit une émotion passer sans ces paroles. Je me dis toujours qu’une personne qui sait chanter, réussi toujours à faire passer des émotions, même avec des paroles totalement nulles. « Oui, depuis une bonne dizaine d'années maintenant et... Merci, je n'ai pas l'habitude que l'on me complimente comme ça. » Je ne connaissais pas son âge (j’étais carrément nulle à ce jeux de deviner les âges des autres), mais j’en déduisais qu’il avait commencé très jeune, comme tout les musicien d’ailleurs. Un sourire en coin se dessina sur mes lèvres. « C’est pas normal. À moins que tu ne chantes jamais en publique. » C’est vrai quoi, quand on a un talent fou comme lui, on ne que recevoir des compliments. Evidemment que j’aimerai être à sa place et caresser les blanches et les noires sans réfléchir. J’aimais aussi cette expression qu’ont les pianistes en jouant ; ils ont l’air tellement concentré et habité par les notes qu’ils retranscrivent. Ma petite moue boudeuse s’envola assez rapidement de mon visage, tandis que je le fixais moi aussi dans les yeux. « Si tu veux je peux te donner un ou deux cours ? » J’eus un moment de pause, mes yeux grandirent d’étonnement. « Tu veux bien ? Ca ne te déranges pas ? Merci ! » En parlant, mes mains s’étaient jointes, alors que je m’étais reculée du piano. D’ailleurs, je le contournais pour venir à la hauteur de Baptiste. « Je peux ? » lui demandais-je en pointant du doigt le petit banc sur lequel il était assit. Il me laissant une petite place, où je posais mon popotin. « Je vais essayer de ne pas être trop chiante ! J’te promets rien ! »

Peut-être que je n'avais jamais eu le plaisir d'être complimenté sur mon chant et ma maitrise du piano, de la guitare et de l'ensemble des instruments que je maitrisais parfaitement ou presque parce que j'étais un peu timide, j'étais comme tout le monde. J'avais beau prétendre que les critiques m'aidaient à avancer il n'empêchait que ça faisait quand même un peu mal au cœur. Je ne voulais pas être déçu avec le musique, je m'interdisais de perdre cette petite flamme juste pour plaire aux autres. Les compliments de Oona me donnaient donc la pêche, ça faisait du bien quand même de savoir que la musique produite pouvait plaire à certaines personnes. « C’est pas normal. À moins que tu ne chantes jamais en publique. » Souriant, j'appuyais mon doigt sur l'une des touches du piano, me retournant à nouveau vers elle. « Je n'ai jamais chanté en publique pour dire vrai, je ne suis pas encore prêt à être critiqué là-dessus... » J'étais sincère comme d'habitude, c'était peut-être la chose qu'on pouvait le plus me reprocher, ma franchise à toute épreuve, je n'avais pas peur de dire aux gens leurs quatre vérités quitte à faire du mal sans m'en rendre compte. J'étais comme ça et même en essayant de me retenir, j'étais bien incapable de ne pas faire une bourde. Proposant à la jolie blonde de lui donner quelques leçons pour qu'elle soit capable de faire quelques mélodies toutes simples je voyais qu'elle était contente. « Tu veux bien ? Ca ne te déranges pas ? Merci ! » Lui souriant, je me décalais afin qu'elle puisse venir s'asseoir à mes côtés. « Non t'inquiètes pas... J'aime partager mes passions. » Je lui adressais un nouveau sourire, réfléchissant à la manière la plus simple pour lui apprendre simplement à composer des trucs sympathiques. « Je vais essayer de ne pas être trop chiante ! J’te promets rien ! » Je portais un petit regard amusé sur la jeune femme, elle n'allait pas être ennuyeuse, je le savais. « J'ai vu pire, t'inquiètes pas... Bon alors... Pour commencer, essaye de visualiser les touches comme si elles étaient des numéros, de un à quatre-vingt huit si j'ai bonne mémoire. » Un vrai professeur ferait travailler avec les do, ré, mi et le tralala... Mais je m'étais vraiment amélioré en suivant cette technique, plus simple.

« Je n'ai jamais chanté en publique pour dire vrai, je ne suis pas encore prêt à être critiqué là-dessus... » Un sourire se dessinait sur mon visage, j’en étais sûre. S’il avait déjà chanté en publique, il se serait rendu compte qu’il avait un réel talent et que peu de personne le critiquerait sur ce talent d’interprétation. Il devait l’avoir comprit en me voyant. Je ne suis pas du genre à faire dans la dentelle ; s’il était vraiment mauvais, il l’aurait su immédiatement. Il ne restait plus qu’à lui prouver qu’il était véritablement bon. En attendant, il me proposa de me donner quelques cours ; il ne pouvait pas me rendre plus heureuse et je ne perdais pas une minute. « Non t'inquiètes pas... J'aime partager mes passions. » Il ne m’en fallait pas plus pour motiver ; je m’asseyais à côté de lui, le regardant dans les yeux. Je remarquais qu’il souriait facilement et je remarquais aussi, par la même occasion, que son sourire était contagieux, puisqu’il me faisait sourire systématiquement. « J'ai vu pire, t'inquiètes pas... Bon alors... Pour commencer, essaye de visualiser les touches comme si elles étaient des numéros, de un à quatre-vingt huit si j'ai bonne mémoire. » Comment il pouvait le savoir ? Pour l’instant j’étais toute tranquille, mais je pouvais être extrêmement énervante, quand j’en ai envie. Je me positionnais bien à côté de lui et face au piano. Alors, de un à quatre-vingt huit. « Que les blanches, ou les noires aussi ? » demandais-je, en me penchant un peu vers lui. « Bon, pour l’instant c’est facile ! » Rigolais-je, parce que je savais bien que la suite allait être beaucoup plus corsée pour une fille aussi inculte que moi en musique. J’en avais vu des pianistes jouer, mais je n’avais jamais compris le solfège et tout le tralala. Je bougeais mes doigts devant moi, puis les fit craquer. J’étais fin prête. « Ca n’a rien à voir mais, t'es là pour quoi toi ? Je veux dire, dans le jeu ? »

Au fond de moi, je savais bien que j’avais du talent. Je n’étais pas stupide, je m’étais déjà filmé par curiosité pendant l’une de mes performances et il est vrai que je m’étais épaté, je ne pensais pas être aussi doué, bon, je n’étais pas le chanteur et pianiste du siècle, mais j’avais les bases. Content de voir que ma musique pouvait plaire à au moins une personne je retrouvais très vite le sourire, c’était vraiment agréable d’être complimenté, peut-être qu’il fallait que je fasse un peu plus de démonstrations tout compte fait. Proposant ensuite à la jolie Oona de lui donner quelques cours de piano pour qu’elle puisse acquérir les bases pour se perfectionner toute seule au fur et à mesure des années, un sourire m’échappait une nouvelle fois lorsqu’elle acceptait. « Que les blanches, ou les noires aussi ? » J’avais une méthode plus simple pour éviter le solfège parce que j’avais appris le piano sans en avoir besoin personnellement, c’est peut-être pour ça que je n’atteignais pas la perfection, mais mon niveau me convenait amplement. « Les blanches et les noires, je n’ai pas compté sur ce piano, mais logiquement il y a le même nombre de touches. » Je lui adressais un petit clin d’œil, réfléchissant à la première symphonie que j’allais lui faire apprendre. Un truc actuel, pas trop rasoir et qui s’avérait être plus simple qu’on ne pouvait le croire. « Que dirais-tu d’apprendre l’enchainement au piano de la chanson d’Avicii, Levels ? » En attendant qu’elle me réponde j’exécutais ce fameux enchainement d’une manière très rapide, j’avais maitrisé cette partie de la chanson en quelques minutes. « Ca n’a rien à voir mais, t'es là pour quoi toi ? Je veux dire, dans le jeu ? » Lui adressant un nouveau regard, je prenais quelques secondes pour y réfléchir. « J’avais besoin d’air et… J’avais envie d’une aventure humaine et folle… Et toi ? »

Je ne connaissais absolument rien au piano, je me laissais apprendre aveuglément par Baptiste. « Les blanches et les noires, je n’ai pas compté sur ce piano, mais logiquement il y a le même nombre de touches. » Je lui sourirais légèrement, assimilant ce qu’il me disait lors de ce premier cours. Je savais bien, au fond, que je ne deviendrais jamais aussi bonne que lui au piano, mais j’espérais connaître, grâce à lui, les bases de la musique ; même avec sa méthode moins académique. J’esquissais un sourire, un peu gênée, en réponse à son clin d’œil. En même temps, je touchais pour les touches immaculées de l’instrument. « Que dirais-tu d’apprendre l’enchainement au piano de la chanson d’Avicii, Levels ? » Je fronçais les sourcils, ne reconnaissant pas le nom de la chanson ; pourtant, quand il joua les premières notes de cet enchaînement, je me mis à fredonner l’air, avant de lui demander ce qu’il faisait dans le jeu. Je ne pouvais pas m’empêcher de faire ma toute petite curieuse. Je l’observais, ma tête un peu de sur le côté, le regardant de coin. Mis à part Lukas, avec qui je dormais, je n’avais pas été aussi proche avec un autre garçon du château, aussi longtemps. Je secouais légèrement ma tête, en entendant sa réponse. « J’avais besoin d’air et… J’avais envie d’une aventure humaine et folle… Et toi ? » Je fis un oui de la tête, avant d’hausser les épaules, en soufflant bruyamment. « J’avais envie de voir… si je pouvais me sociabiliser… si je pouvais être plus aimable avec les autres… » Commençais-je à lui expliquer, tournant ma tête totalement vers lui, avec un sourire en coin et un sourcil relevé. « … et aussi parce que j’ai besoin d’argent ! » Finissais-je par avouer, à moitié en riant. Je reportais bien vite mon regard sur le piano. « Levels est un super morceau ! »