sonny.

Je m’étais offert une petite balade dans le parc, mais voilà, je commençais à prendre froid. Ça m’apprendra à ne pas prendre mon manteau. Mes mains, lentement, prenaient une teinte bleutée qui ne me rassurait guère. Et que dire de mes oreilles qui chauffaient, probablement gelées par le vent frais qui s’était levé. Avec la mer à proximité, ça n’avait rien d’étonnant. La cabane en bois m’avait donc paru être un excellent refuge. Il faut dire que je n’avais pas frôlé très souvent les planches de cette pièce : on m’y avait convoqué une seule et unique fois, lors du premier prime. Et de ma propre volonté, je n’y étais jamais retournée. Aucun buzz à l’horizon, de quoi rassurer mes adversaires. Pénétrant dans ces lieux sacrés – oh, oui – j’avisais bien vite l’un des sofas où je m’installais, m’assoyant sur mes mains afin de tenter de les réchauffer un peu. L’endroit était silencieux, que le bruit du vent qui filtrait à travers les fenêtres. Je scrutais les environs, observant la pièce comme s’il s’agissait de la première fois. Le buzzeur régnait en maître, ici. La tentation était grande d’appuyer dessus, bien sûr, mais à quoi bon? J'avais une fortune limité et je tenais à ma cagnotte. Pas question de la gaspiller sur un coup de folie. Tout à coup, la porte s’ouvrit derrière moi et je me retournais, avisant le candidat qui s’introduisait dans la cabane. « Tu viens pour buzzer ? » Non, parce que si c'était le cas, j'allais devoir me bouger de là, et je n'en avais pas vraiment l'intention.

Pris d’une pulsion soudaine, je décide d’aller fumer ma clope dehors et de me balader dans le parc. Mes jambes s’engourdissent, une bonne marche s’impose donc. Pourtant, ce n’est pas le froid qui manque. Si la température est meilleure que les dernières semaines, elle ne dépasse pas les zéros degrés. Heureusement, ma super doudoune en poils de coyote est là pour me réchauffer. D’ailleurs, j’ai l’impression qu’un candidat s’est amusé à arracher quelques poils de la fourrure. Grrr ! Après quelques minutes de marche, je décide d’aller me poser au fin fond du parc dans la cabane en bois. Je ne sais pas tellement si l’accès y est autorisé, mais après tout, je connais bien le chemin. J’y suis déjà venu à deux reprises. Une fois car Cupidon m’y a convié et une autre fois pour buzzer Moore. Bref. J’ouvre la porte grinçante. Je suis forcé de constater qu’une blonde monopolise déjà la salle. Zut. Si ça se trouve, je dérange. Après tout, peut-être qu’elle est entrain de buzzer un candidat. Quoi que, d’après sa question elle n’en a pas tellement l’air. « Hum… Non. » Ok, la jeune femme risque de me prendre pour un paumé de la vie. Je suis hésitant et je ne sais pas tellement moi-même ce que je fais là. « Je suis sur plusieurs pistes mais j’ai pas assez d’indices pour buzzer. » Pour l’instant, je ne suis sûr de rien en ce qui concerne les secrets. A vrai dire, je patauge un peu. Peut-être que la candidate est plus avancée que moi à ce niveau. « Et toi ? Tu t’apprêtais à buzzer peut-être ? » Pourvu que non. J’ai pas tellement envie de bouger. Le canapé du confessionnal me fait de l’œil.

« Hum… Non. » Je pousse un soupir de soulagement – pas que je sois réellement soulagée par le fait qu’il n’est pas venu ici pour titiller le buzzeur, mais au moins, je ne serai pas forcé de quitter les lieux. Quand je vous avais dit que je n’avais pas envie de bouger d’un poil! « Je suis sur plusieurs pistes, mais j’ai pas assez d’indices pour buzzer. » Je le comprends tout à fait sur ce point ; c’est un peu la même chose de mon côté. Quelques pistes, mais rien de totalement sérieux. Rien, en tout cas, qui vaille la peine que je sacrifie cinq miles euros de ma cagnotte. « Et toi ? Tu t’apprêtais à buzzer peut-être ? » Je fais aller ma tête de gauche à droit, une moue réprobatrice au visage. « Non, du tout. Je squatte juste les lieux en échange d’un peu de chaleur. » D’ailleurs, mes mains ont finalement récupéré leur couleur naturel, quoique un peu plus rougit qu’à l’ordinaire. J’en profite pour m’installer plus confortablement sur le sofa, étendant mes jambes tout en laissant pendre dans le vide mes pieds : pas question de salir ce fauteuil, je n’ai pas envie que Cupidon me fasse subir ses foudres pour si peu. « Je suppose que tu as eu une idée similaire… » J’en viens vite à cette conclusion, car sans l’attrait principal de cette pièce, je ne vois pas pourquoi il serait venu s’y réfugier.

C’est avec impatience que j’attends de savoir si Evey compte buzzer ou pas pour m’installer dans le sofa de la cabane en bois. J’ai terriblement froid et je n’ai qu’une seule envie : me caler au chaud, près du buzzeur. Hallelujah ! La jeune femme annonce qu’elle squatte également la pièce pour se tenir au chaud. Elle devra donc la partager avec moi puisque je pars m’installer sur la place restante du canapé. « Ouai. A vrai dire, je voulais aller me prélasser dans le hammam, mais c’était trop loin. J’ai pensé construire un igloo dans le parc aussi mais j’ai pas trouvé de neige. Donc je me suis dit qu’éventuellement je pourrai squatter le confess’. » J’aurais très bien pu ressortir ma réplique bidon de la dernière fois : ‘je joue à cache-cache, ça se voit pas ?!’ mais je préférais répondre un plus sérieusement. Ou presque du moins. « On fait un truc. Je te dis le prénom d’un candidat, tu me dis le premier secret qui te vient à l’esprit, même s’il est bidon, d’accord ? » Je ne sais pas trop comment me vient cette idée. Peut-être que la vision constante du buzzeur, qui fait une mine de chien battu, y est pour quelque chose. C’est vrai, en presque un mois d’aventure, même pas un secret n’a été découvert. Il faut remédier à ça. D’une manière ou d’une autre. Je lance sans plus attendre à la candidate un « Franckie » en espérant qu’elle accepte de jouer le jeu et qu’elle lui trouve un super secret de la mort qui tue.

« Ouai. A vrai dire, je voulais aller me prélasser dans le hammam, mai c’était trop loin. J’ai pensé construire un igloo dans le parc aussi mais j’ai pas trouvé de neige. Donc je me suis dit qu’éventuellement je pourrai squatter le confess’. » Ce disant, il entreprend de s’installer sur le canapé, au bout de mes pieds et que je replis pour lui laisser un peu de place. Oui, je sais être conciliante quand l’envie me prend. Bon, remarquez, il aurait tout aussi bien pu s’installer sur l’autre sofa, mais un peu de présence humaine ne me dérange pas autant que je l’aurais cru. À croire que je commence à m’y faire. « On fait un truc. Je te dis le prénom d’un candidat, tu me dis le premier secret qui te vient à l’esprit, même s’il est bidon, d’accord ? » J’acquiesce d’un signe de tête. Après tout, maintenant qu’il est là, pourquoi l’ignorer. Et puis, ça pourrait être amusant… Du moment que je ne m’aventure pas trop loin dans mes pistes. Pas question que mes recherches servent ces buzzs, oh non. « Franckie. » J’arque un sourcil et affiche une mine songeuse sur mon visage. Il faut dire que le petit homme n’est pas vraiment dans mes priorités, niveau secret. Aucune supposition, ni même inspiration ne me vient quant à ce qu’il cache. Alors, comme il me l’a demandé, je lui dis la première chose qui me passe par la tête, qui est d’une nullité incroyable. « Ma mère m’a échappé sur la tête quand j’étais bébé. » Je tente un moment de garder mon sérieux, mais je laisse finalement apparaitre un léger sourire amusée sur mes lèvres. Cette réponde est tellement pathétique et probablement bien loin de la réalité. Je m’excuse déjà d’avance d’avoir froissé cette pauvre bourge qui l’a mit au monde. « Je te mets au défi de faire mieux. » fis-je en posant mon regard sur lui. « Qu’est-ce qu’elle t’inspire, Sixtine? » Je n’allais pas jouer le jeu toute seule : qu’il participe un peu à son tour.

Désolé pour cette attente et cette médiocrité .

Voilà, j’ai pris possession du sofa, ou plutôt du bout restant, puisqu’il faut avouer qu’Evey prends pas mal de place. Ça ne me dérange pas, non. Je ne compte pas la virer. Qu’elle reste allongée si ça lui chante. Je me contente du petit espace restant. Je ne suis pas bien difficile après tout ; un peu de chaleur, c’est tout ce que je demande. Pour entamer la conversation, je propose alors à la candidate une sorte de jeu tout droit sortit de mon imagination. Si elle accepte, elle devra donc décréter un secret pour un des candidats du château. Je propose le nom de Franckie. Puis j’observe la blonde, soucieux de savoir si elle compte me répondre. Apparemment oui puisqu’après quelques secondes de réflexion, elle prend la parole pour me faire part de son verdict. Selon elle, la mère de Franckie l’aurait laissé tomber sur la tête quand il fut bébé. Ah ah. Je ne peux m’empêcher de lâcher un semblant de rire. La jeune femme a tout à fait compris le principe de ce jeu. Et en redemande par ailleurs. Sixtine.. hum.. « Je me suis fait piquer par une méduse et depuis je leur voue un culte. » Je dis vraiment la première idée qui me passe par la tête. Elle est ridicule, j’en ai conscience. Je crois bien que c’est la photo de Sixtine avec un sac plastique sur le crâne qui me fait penser à ça. « Lhoas ? » que je lui balance, d’un ton impassible. A son tour. Lui trouver un secret bidon ne devrait pas être mission impossible.

C'est très bien. Désolé également pour l'attente.