J’étais debout, sur la pointe de mes pieds et en plus, sur une chaise. Penchée à l’extrême, j’étais partie en quête de trouver une boîte de scones, parmi toutes les autres entreposées sur les étagères. Je venais de manger les derniers du paquet que je gardais dans l’une des étagères de la cuisine. C’était totalement normal que j’aille en chercher moi-même après tout, poignet blessé ou non. Bref. Sur ma chaise, j’essayais tant bien que mal d’accéder à l’objet de mes convoitises. En plus, mon ventre gargouillant, ce qui n’aidait absolument pas les choses. Je me pressais, m’avançant toujours plus dangereusement du bord de la chaise, en sachant que je ne pouvais prendre appuis qu’avec une seule main. Un souffle de soulagement s’extirpa de mes lèvres quand mes doigts touchèrent la boîte de biscuit. Un soulagement de trop courte durée puisque un grand boum qui dura quelques secondes ce fit entendre dans le cellier. Je me retrouvais allongée, en compagnie d’au moins une centaine de boîtes de conserves qui jonchaient à présent le sol. Ca faisait la deuxième fois que je tombais cette semaine. La première fois, j’avais eu cette blessure au poignet. Cette fois, je n’osais pas me relever, de peur d’avoir une nouvelle blessure.

J'étais venue dans la cuisine dans le simple but de boire un coup et repartir par la suite. Je quittais donc la bibliothèque dans laquelle j'avais terminé le livre entamé la semaine passé. Mes parents seraient fiers de moi, ils ont pas beaucoup l'occasion de me voir avec un livre entre les mains. Enfin, j'suis tellement pas absorbée par mes études que souvent, je me demande ce que je vais devenir par la suite. Je n'ai pas de plan d'avenir et cela ne semble vraiment pas convenir à mes géniteurs. Après tout, à mon âge, ma soeur savait depuis longtemps ce qu'elle voulait être dans la vie. Elle avait un but, une destination à atteindre. Moi je n'avais rien. Mon plus grand souhait étant d'avoir une belle vie auprès de ceux que je chérissais le plus. J'sais bien que l'on ne peut pas se contenter de ça, mais pour moi, c'est le plus important au monde. Un bruit fracassant se fit alors entendre dans le cellier, c'est quoi ça ? Y a un rat qui essaie de tous nous voler ou bien y a un gnome qui essaie de rejoindre notre monde par une petite porte magique ? Je me précipite donc vers le cellier, ouvrant la porte et trouvant Oona allongée au milieu des boites de conserves. Surtout Céleste, ne cède pas à la panique. « Euh Oona ... Tu vas bien ? » Dis-je alors pour me rassurer par rapport à la chute de la danseuse. Je ne savais pas trop comment abordé la situation, comment l'aider. Je me laissais donc tomber au sol à genoux, à ses côtés pour pouvoir lui parler à proximité. « Tu as mal quelque part ? Tu veux que je fasse quelque chose. » je n'avais jamais vraiment appris comment réagir face à ce genre d'accident et je ne voulais pas aggraver la situation en faisant n'importe quoi.

Je ne savais pas ce qui m’avait fait le plus peur, entre ma chute, celle des boîtes conserves et le bruit sourd qui avait précédé tout ça. Etendue à terre, j’oscillais entre le rire et les pleures : deux chutes, ça commençait à faire beaucoup pour moi. Je n’avais jamais été aussi maladroite dans ma vie que cette semaine. J’essayais de bouger un peu mon poignet, pour voir si je n’avais pas causé d’autres dégâts, mais ça avait l’air d’aller. J’avais mal, mais c’était dû à mon autre cascade. Je fermais les yeux l’espace de quelques instant, à l’idée de devoir ranger toute les boîtes à leur place. « Euh Oona ... Tu vas bien ? » J’expulsais un souffle d’entre mes lèvres, ne sachant pas de qui il s’agissait. Ma fierté m’empêchait d’apprécier une quelconque aide, mais la personne pour l’instant me demandait simplement comment j’allais. J’ouvrais un œil, puis le deuxième pour tourner ma tête vers elle. « Ca va merci… Céleste ! » Je connaissais son prénom, parce qu’elle avait été nominé et sauvée ; sinon, je ne lui avais jamais parlé depuis que nous étions entré dans le nid de Cupidon. Je la suivis du regard lorsqu’elle se mit à genoux près de moi. « Tu as mal quelque part ? Tu veux que je fasse quelque chose. » J’esquissais un sourire en coin, avant de regarder le plafond. Je ne ressentais pour l’instant qu’une douleur aux fesses pour être tombée dessus. Jusqu’à preuve du contraire, elle ne pouvait pas y faire grand-chose, mis à part m’aider à me relever. « Non c’est bon, je crois que tout va bien ! » Commençais-je, en relevant le haut de mon corps, en ne m’appuyant que sur une main évidemment. « Par contre, je veux bien que tu m’aides à me relever. S’il te plait. » Oui, je demandais moi-même une aide, mais c’était la seule et unique.

Je me demandais bien ce qu'elle avait fait pour faire tomber autant de canettes et être ainsi allongée sur le sol. Enfin, j'étais pas très adroite comme fille alors je ne pouvais pas critiquer Oona. J'étais bien trop inquiète que pour critiquer quoi que ce soit en fait. Je m'étais agenouillée près d'elle, vérifiant que tout allait bien et que rien n'était cassé. Et visiblement, c'est ce qu'affirma la jeune femme. Elle semblait aller bien, l'accident qui venait d'avoir lieu n'étais finalement pas si grave que ça. Je pouvais souffler, rassurée. Enfin, il aurait été dommage que le candidate doive porter un plâtre ou une autre connerie de ce genre dans une émission comme celle-ci. Elle n'aurait pas pu faire beaucoup de choses et se serait vite fait chier en fin de compte. « Par contre, je veux bien que tu m’aides à me relever. S’il te plait. » J'acceptais volontiers. Me redressant d'abord pour avoir un meilleur appuie, je lui tendis la main et l'aidait à se remettre sur ses deux pieds. « T'inquiète pas pour tout ça ... Je vais t'aider à tout ranger. » Au final, cela ne me dérangeait aucunement et pouvait me permettre d'en apprendre plus sur la candidate à qui je n'avais encore jamais parlé. « Tu viens d'où toi ? » C'était son prénom qui me forçait à poser cette question. Je ne l'avais jamais entendu par le passé et étais donc curieuse de sa provenance. Tout en lui demandant cela, je m'étais accroupie ramassant trois boites de conserves que j'allais directement re-poser sur l'étagère. Elles étaient un peu cabossés mais au final on s'en foutait, tout ce qui était dedans était encore bon. Il n'y avait que l'emballage qui en avait prit un coup.

Tout allait bien au niveau physique, mais je commençais à en avoir marre de cette semaine. Rien allait plus et j’avais hâte qu’elle se termine, sur une bonne touche si possible. Pour maintenant, je pouvais bien lui demander une aide, ma fierté n’étant plus ce qu’elle était depuis quelques jours. Laçant ma main dans la sienne, je me relevais doucement, sans trop prendre appuis sur mon poignet déjà meurtri. « T'inquiète pas pour tout ça ... Je vais t'aider à tout ranger. » Je lui adressais un sourire et un hochement de tête. Elle était super sympa de vouloir m’aider, alors que d’autres m’auraient sûrement laissée seule avec tout le bordel que j’avais fais. Je me baissais pour ramasser une boîte de conserve, que je reposais immédiatement à sa place. Avec une seule main, c’était un peu plus compliqué, heureusement que Céleste était là. « Tu viens d'où toi ? » Je lui adressais un nouveau sourire, en me penchant vers le sol, pour reposer une nouvelle boîte. « Je suis une irlandaise de pure souche ! » Mon prénom était peu commun, je m’en rendais bien compte et c’est aussi pour ça que mes parents m’avait nommé ainsi, entre autre. On me demande souvent d’où il provient, de quelle origine il est. Par contre, le prénom Céleste, bien que m’étant inconnu, sonnait français. Peut-être ne l’était-elle pas, mais à mon oreille, sa consonance ressemblait à celle d’une Louise ou d’une Marie. « Et toi, tu es française ? » Lui demandais-je avec curiosité.