J’espérais réellement fuir, être assez rapide pour pouvoir me réfugier dans mon lit conjugale ou à un autre endroit où je pourrais être tranquille, pour pouvoir réfléchir à ce qui venait de ce passer. Ce n’est pas la solution de fuir, mais c’est la seule solution que j’ose faire, sans pour autant penser aux conséquences. « Merci pour ta sincérité… » Je ne pouvais plus avancer. Je me sentais déjà mal de m’en aller lâchement comme ça et il avait fallu qu’il ajoute ça. Je me retournais vers lui timidement. Honteusement. M’appuyant sur l’encadrement de la porte. J’avais été sincère, mais pas totalement. Je l’appréciais, c’était indéniable, mais c’était plus que ça encore. Je l’aimais vraiment beaucoup, mais j’étais incapable de le lui dire et j’étais très mal à l’aise de l’entendre. « Sache que je voulais au moins te le dire maintenant… Car si tu venais à partir dimanche, je n’aurais pas eu l’occasion de te le faire savoir… » Je baissais immédiatement la tête pour ne pas avoir à croiser son regard bleu perçant. Je profitais de mes cheveux longs pour cacher mon visage, envahit par un flot d’émotions. Je n’avais aucune envie, mais vraiment réellement aucune envie de partir. Parce que je suis bien ici, que pour la première fois, je m’étais fais au moins deux amis et si facilement qui plus est, et… parce que je ne veux nullement m’éloigner du Sir tout simplement, qui m’est bien plus cher qu’un simple ami. « Il existe ceux qui définissent l’amour comme étant un phénomène qui doit se prolonger dans le temps, voire éternellement, qu’il est d’une beauté infinie et qu'il ne doit jamais s'estomper… » Je restais dans la même position, poussant tout de même mes cheveux derrière mes oreilles. Je l’écoutais parler. Il parle toujours aussi bien, mais de chose qui m’échappe toujours autant. Mis à part croire que c’est une chose infinie, il croyait quoi lui ? Je le laissais continuer, sans plus du tout faire raisonner le son de ma voix. « Je pense au contraire que l’amour est voué à une existence rapide mais tellement éclatante, qu’elle marque durablement les esprits… Tel est ma conception, et tu l'as bien compris, mon amour est une expression artistique vouée à être flamboyante, et éphémère ! » Qu’avais-je à rajouter ? J’étais totalement perdue, ne sachant plus du tout quoi penser, d’Artie, de moi, de… nous. Je le regardais quitter la salle de bain du coin de l’œil, plus peinée encore que tout à l’heure. « Merci » Je lui lançais un regard affligé, mais il n’était déjà plus là. Je n’allais pas le rattraper ; j’étais tellement figée dans ma position et je n’en avais pas le courage ; l’énergie. J’ai même passé le reste de ma nuit éveillée, à déambuler dans le château. Je me suis énervée une quinzaine de fois sur mon bandage. J’ai du boire un litre de jus d’orange. Et je me suis finalement endormie sur un canapé. Je n’étais même pas capable d’apprécier ce qu’Artie me confiait, de tels mots ne se présentant peut-être plus jamais à mes oreilles, ainsi que ses lèvres sur les miennes. Je me trouvais tellement pathétique…
TERMINE...