Vous croyez aux esprits ? Probablement pas. Ou alors, c'est que vous êtes bien naïfs. Ou crétins. Ou les deux. Jackson, lui, ne croyait pas en toutes ces sornettes. Comme il ne croyait pas en tout un tas de choses, en fait. Et donc, les esprits en faisaient partie. Mais étrangement, il y avait cru durant une bonne partie de sa vie. Sans doute parce que son imbécile de sœur lui avait assuré qu'il pourrait entrer en contact avec leur défunte mère à force de croyance et de volonté. Résultat : des nuits entières passées à allumer des bougies et à invoquer celle-ci, en vain. Alors aujourd'hui, il n'y croyait plus du tout, c'était très simple. Pas plus qu'il ne croyait au paranormal, en général. Il avait beau affectionner un univers assez glauque et particulier, il n'en était pas moins un idiot prêt à croire en toutes ces choses purement bidons. Quoi qu'il en soit, et bien qu'il ne croyait donc ni aux esprits ni à quoi que ce soit de surnaturel, Jackson s'était rendu dans la cave en ce jour, muni de son habituelle lampe torche, et visiblement bien décidé à mettre la main sur quelque chose. En fait, la toute première fois qu'il s'était rendu ici, il avait entendu des bruits suspects. On l'avait pris pour un fou - parce que d'une certaine manière, il en était un depuis quelques temps - et il était alors parti à la recherche d'une entité suspecte et mystérieuse, sans résultat. Pour sa défense, ses recherches avaient été pour le moins interrompues. Mais en tout cas, il était aujourd'hui bien décidé à percer le mystère de ces bruits étranges. Soyons clairs, il ne s'attendait pas à tomber sur une créature de cauchemar, non. Il voulait simplement se rassurer, en quelques sortes, en trouvant la simple source de tels bruits. Si c'était un truc tout con, et bien, ça serait un truc tout con. Et puis voilà. Après quoi, il pourrait vaquer à d'autres occupations et n'aurait plus à se demander perpétuellement ce que pouvait bien cacher cette cave, et d'où pouvaient bien provenir ces putains de bruits. Mais alors qu'il s'avança à travers la sombre pièce, il entendit la porte s'ouvrir doucement. Instinctivement, il braqua la lumière de sa lampe torche en direction de celui ou celle qui venait d'entrer, en l'éblouissant quelques peu. C'était Syssoï. « Merde » fit-il, se rendant compte qu'il lui foutait clairement la lumière dans les yeux. « Désolé » reprit-il, baissant la dite source de lumière. Si il pouvait éviter d'avoir sa future cécité sur la conscience, ça serait pas mal quand même.

Si vous voulez être tranquille dans cette baraque, je ne saurais trop vous conseiller d’éviter tout ce qui est cellier ou salle de bain, vous vous y retrouverez enfermé, séquestré et torturé pendant des plombes par des femelles qui veulent... Je vous le donne en mille : PARLER ! C’est quoi ce délire au juste ? Qu’est-ce qu’elles ont toute avec cette activité à la con ? Parler ! Et pourquoi pas faire du tricot en même temps ? J’aime pas parler, je ne supporte pas de parler, j’avais même prévenu la Prod qu’il n’était pas nécessaire de me poser un micro, puisque je n’allais pas lâcher un mot de toute la période que je passerais entre leurs murs. Ils m’avaient ris au nez, et maintenant je comprends pourquoi... Y a trop de femelles par ici. Cependant, j’ai bien appris ma leçon, pour être tranquille, il vaut mieux éviter tous lieux susceptibles d’abriter un membre de la gente féminine. La cave me semble être l’endroit idéal. Y a plein d’araignées, ça pue le moisi, et y a probablement un ou deux monstres qui traînent. Autant d’élément répulsifs à femmes. Justement, j’en entends une qui s’approche alors que je suis tranquillement entrain de lire dans la cuisine. J’ai une chance sur dix qu’il s’agisse de Gabrielle ou Sixtine, mais justement, la chance c’est pas trop mon truc. J’prends pas de risque. Je referme mon bouquin rapidement, le serre contre moi, et écarte ma chaise le plus silencieusement possible. Ne pas faire de bruit, n’alerter personne de ma présence. J’ai le choix entre la porte du cellier ou celle de la cave, puisque je ne peux pas sortir de la cuisine par le salon qui abrite THE beast. Suite à mon précédent raisonnement, j’opte pour la cave. J’ouvre la porte, et me précipite vers les premières marches de l’escalier. Immédiatement je me retrouve cerné par un halo de lumière qui se dirige droit sur ma face et se répand autour de moi. Première pensée : Merde, je suis fais comme un rat. Puis la lumière s’éteint, et tandis que je bats des paupières dans l’espoir de recouvrer la vue, c’est la voix de Jacko qui parvient jusqu’à mes tympans. Ouf. Je referme la porte derrière moi, et dévale les marches en me cramponnant à la rampe pour ne pas me viander lamentablement, alors que ma vue revient doucement. Je le rejoins l’attrape par un bras, et d’un doigt contre mes lèvres, lui intime l’ordre de se taire. J’avance dans les profondeurs de la cave en l’entrainant à ma suite, puis je m’accroupis derrière un meuble, tirant sur le bras de mon otage pour qu’il en fasse de même. « J’crois que j’ai été suivi... » lui dis-je sans avoir conscience que ma remarque fait l’effet d’une réplique moisie d’un film policier de 86eme zone. J’ai chuchoté, mais c’est déjà trop, donc je retombe dans le silence, les yeux rivés vers cette porte que je ne veux pas voir s’ouvrir. Pitié.

Entre nous, Jackson était bien loin de s'attendre à tomber sur quelqu'un à une heure pareille, dans la cave. Il pensait très sérieusement pouvoir y enquêter seul, uniquement accompagné de sa lampe torche, et ne pas être dérangé par qui que ce soit. Et pourtant, il ne fallut que quelques instants pour que la porte s'ouvre, laissant pénétrer un individu dans cette sombre pièce. Sans doute emporté par sa surprise, Jackson avait alors pointé sa lampe vers le visage de l'intrus, ce qui, il est vrai, n'avait pas été la meilleure chose à faire. Voilà pourquoi il trouva bon de s'excuser - non, ça n'est pas une blague - auprès de la personne qui venait alors d'entrer. Et la dite personne se prénommait Syssoï et agissait pour le moins étrangement. Car celui-ci ne tarda pas à descendre les marches des escaliers, puis à l'attraper par le bras pour ensuite le sommer de faire le silence. Heu, c'était quoi son problème ? Une chose était en tout cas certaine, ce type était bizarre. Et lorsque le grand brun conduisit Jackson derrière un meuble, où ils s'accroupirent rapidement, cette pensée ne vint que se confirmer aux yeux du blond. Ainsi donc, Syssoï croyait avoir été suivi ? Ouais ouais, il était décidément bizarre. Jackson resta à l'observer silencieusement quelques minutes. Est-ce qu'il avait le droit d'en placer une, ou est-ce que la moindre intervention risquait de les placer dans une situation dramatique ? Non attendez, c'était n'importe quoi. « Hum, je ne voudrais pas être désobligeant, mais ... » commença-t-il par murmurer, avant de reprendre « ... tu as fumé la moquette dernièrement ? » Il n'insinuait rien, il constatait simplement l'attitude de son camarade. Bon d'accord, peut être s'agissait-il d'un peu de mauvaise foi, parce qu'après tout, Jackson n'était pas moins dérangé que son camarade de se trouver ici à une heure pareille, avec sa petite lampe torche. Pour autant, Jackson ne prétendait pas être suivi, lui. Alors à moins que le tueur à la tronçonneuse débarque subitement, il n'aurait d'autre choix que de se faire du soucis pour Syssoï. Et oui. Parce qu'après tout, Jackson était bien connu pour son extrême préoccupation pour les autres. N'est-ce pas ?

D’un point de vue extérieur, en effet, je dois avoir l’air d’un fou à stresser de la sorte, entrainant Jacko jusqu’au fond de la cave pour ensuite le forcer à se planquer avec moi derrière un tas de meubles vétustes bouffés par les insectes. Mais quand on réfléchi cinq secondes au début de semaine que je viens de passer, alors, je pense qu’on estimera que je suis juste prévenant, et incroyablement altruiste envers le blond de le protéger d’une éventuelle expérience similaire à la mienne. Je lui intime le silence, les yeux rivés sur une porte qui... qui ne s’ouvre absolument pas. Visiblement, soit mes poursuivants ont baissé les bras, soit je n’avais pas de poursuivants du tout. Mon égo opte pour la première solution, ma raison pour la deuxième, et la porte reste toujours terriblement immobile. Pas un bruit ne filtre jusqu’à ce que Jacko décide de rompre le silence pour me demander si j’ai fumé la moquette. J’hausse un sourcil dubitatif. Ce serait difficile, il n’y a pas de moquette dans le château, pas plus que d’herbe ou autre produit naturel à fort potentiel explosif pour mon cerveau. Y a bien de l’alcool qui traîne, mais j’en ai zéro gramme dans le sang. « J’ai été séquestré deux fois en deux jours, alors j’avoue peut être avoir tendance à l’exagération, mais... Crois-moi sur parole, tu voudrais pas vivre ça ! » Je secoue la tête, comme pour chasser un traumatisme tenace aux souvenirs de ces instants passés en captivité. « D’ailleurs, t’étais où, toi ? T’étais pas censé protéger Gabrielle de moi ? Comment j’ai pu me retrouver enfermé avec elle pendant des plombes dans le cellier ? » Une question sous forme de reproche. J’étais sérieux en lui demandant un coup de main dans le dossier ‘Gaby’. Pourtant, elle était parvenue à me coincer. D’accord, je savais qu’il était totalement inenvisageable qu’il lui colle au train 24h sur 24, mais passer un minimum de temps avec elle pour empêcher Gabrielle de me fréquenter le plus possible, ça devrait être gérable non ? A moins que... « Ca s’est mal passé avec elle ? » Je ne vois que cette explication pour justifier le fiasco total de l’opération. Et à voir la tête de Jacko, j’ai comme l’impression d’être dans le vrai.

Si pour Jackson cette cave était avant tout un lieu d'apaisement et d'exploration, cela semblait être d'avantage une sorte de refuge pour Syssoï. Visiblement, celui-ci était un brin paranoïaque, se pensant apparemment suivi. Aux yeux de Jackson, il passait légèrement pour un taré, autant vous le dire. En même temps, son entrée avait été pour le moins particulière, tout comme ce qui suivit, à savoir le fait qu'il ait conduit Jackson dans le fond de la cave, se cachant ensuite avec lui derrière quelques vieux meubles. Alors forcément, Jackson se faisait légèrement du soucis pour son camarade. Personne n'entrait, mais il semblait persuadé d'avoir été suivi. Ouais ouais, c'était pas grave, hein. Ça arrivait à des gens biens, parait-il. Syssoï avait peut être légèrement abusé de la fumette, hein. D'où l'allusion à la moquette made by Jackson. Ça n'avait rien de méchant, qu'on se le dise. Simplement, il en venait à se demander si Syssoï allait bien. On reconnaissait là la bonté naturelle de Jackson et l'attention qu'il portait toujours aux autres, bien sûr. « Tu m'as l'air traumatisé » adressa-t-il à son camarade, une fois que celui-ci lui ait conté ses mésaventures. Ainsi donc, il avait été séquestré deux fois en seulement deux jours. Saperlipopette, ce type avait probablement connu l'enfer sur terre. Qu'il soit toujours là pour le raconter était d'ailleurs un miracle. Et alors que Jackson s'apprêtait innocemment à en savoir plus, il n'eut pas besoin de questionner son camarade. En effet, celui-ci lui fournit quelques détails. Des détails dont il se serait d'ailleurs bien passé, au final. Gabrielle et Syssoï, enfermés dans le cellier pendant des plombes ... Jackson baissa légèrement la tête. Okay, il avait compris. « Si elle désirait absolument te voir, je n'aurais pas pu l'en empêcher de toute manière ... » fit-il doucement. Bon sang, maintenant, il ne pouvait s'empêcher de les imaginer dans le cellier, tous les deux. Peut être se faisait-il des films, mais peut être pas. Finalement, Syssoï lui demanda alors si cela s'était mal passé entre Gabrielle et Jackson. Le grand blond posa son regard sur son camarade, hésitant à lui répondre. Bon allez, ça n'était pas dramatique après tout, alors autant cracher le morceau. « Je n'irai pas jusqu'à dire que ça s'est mal passé, mais c'était bizarre ... L'autre jour, j'ai apparemment dit quelque chose qu'elle a eu du mal à digérer, je ne sais d'ailleurs toujours pas pourquoi, m'enfin ... Et aujourd'hui, j'ai réussi à lui parler, et je crois que ça va déjà mieux. » En fait, c'était surtout lui qui allait mieux. Parce qu'il supportait difficilement quand Gabrielle l'ignorait, quand elle lui faisait plus ou moins la gueule. Ainsi, avoir pu converser normalement avec elle, cet après midi, n'avait pu que lui faire plaisir. Jackson hésita à retourner la question à son camarade. Avait-il véritablement envie de savoir ce qui avait bien pu se passer dans ce fichu cellier ? Pas sûr. Et puis, ça n'était pas censé l'intéresser, de toute manière. Pour autant, il pourrait faire passer cela pour de la curiosité mal placée, et puis c'est tout. « Et le cellier ... ? Enfin, je veux dire ... C'était comment ? » Il aurait sans doute mieux valu qu'il se taise pour le coup, surtout si c'était pour sortir une question aussi étrangement tournée. Mais c'était trop tard. Merde.

« Tu m’as l’air traumatisé » mais je le suis ! Entre Gabrielle qui se transforme en Cruella et Sixtine en Little Bouddha, y a de quoi laisser des séquelles à vie. Mais fort de ma panique et de mon explication décousue quant au pourquoi du comment je me retrouve planqué derrière un meuble au fin fond d’une cave où notre seule visiteuse sera une araignée, je n’ai pas réfléchis une seconde à ce que j’étais entrain de dire, ni aux conclusions qu’allait en tirer Jacko. En même temps, me connaissant un minimum, j’ai du mal à croire qu’on puisse encore me confondre avec un Human Zob qui s’introduit dans tout ce qui passe à portée de gland, j’aurais même plutôt tendance à opérer l’inverse et à laisser la bête hiberner de manière exagérée. Exagéré pour la pauvre fille qui passe après et qui prend très cher dans le creux des reins après cette abstinence volontairement involontaire. Je ne prends conscience du malaise qu’au moment même où il évoque son impuissance face aux envies de Gabrielle. Si elle avait envie de me voir, dit-il, il n’aurait pas pu l’en empêcher. Faux ! il aurait pu ! Son visage se baisse, son regard aussi, et je soupçonne une petite coucouille dans le plan élaboré par mes soins. Jackson devait aller présenter ses excuses à Gaby, qui lui aurait immédiatement pardonné, et tout à son bonheur tout neuf, elle en aurait complètement oublié mon existence. Sauf que bizarrement, ce n’est pas du tout le sentiment que m’a laissé ma séquestration dans le cellier. Il pense que cela vient d’un truc qu’il aurait dit et qui ne serait pas passé. « Quoi ? Qu’est-ce que tu lui as dit ? » Ma question est légitime, je suis en droit de m’interroger ce qui a tout fait foiré, encore plus en sachant qu’il s’agit d’une malheureuse bourde orale. Il a l’impression que les choses se sont arrangées aujourd’hui, et je l’espère sincèrement. Aussi, lorsqu’il m’interroge sur le cellier, alors que je suis encore plongé dans mes analyses scientifiques du cerveau rouquin, j’hausse un sourcil avec perplexité. Quoi le cellier ? Il hésite, puis enchaine la suite. C’était comment ? Oh Seigneur, on dirait qu’il parle d’un plan cul ! « C’était pas très agréable. » Je le détrompe en fronçant les sourcils d’agacement qu’il puisse penser ça. « Lorsque tu souffres de claustrophobie qu’importe la personne qui te maintient dans une pièce close, et qu’importe son mobile, tu le vis pas bien. » Je soupire, avant de me laisser tomber dans un fauteuil vétuste, soulevant un nuage de poussière au passage. « Je n’irais pas jusqu’à dire que ça s’est mal passé mais… c’était bizarre. » je conclue en plagiant volontairement le Jacko. Est-ce que lui aussi la trouve changée, différente, et pas forcément en bien ?

Ainsi donc, Syssoï avait vécu deux jours difficiles. C'était en tout cas ce qu'il assurait. Doublement séquestré, tout n'avait pas du être facile pour lui durant ces fameuses quarante-huit heures. Jackson aurait presque envie le plaindre. Presque. Parce que malgré tout, Syssoï avait passé un certain temps avec Gabrielle dans le cellier du château. Il suffisait de lui donner ce peu d'informations pour que son esprit tordu et franchement très mal tourné s'imagine tout un tas de choses. Des choses peu catholiques, disons. A ses yeux, il était évident que les deux jeunes gens ne s'étaient pas contentés de trier des boites de converses. Est-ce qu'une telle vision le dérangeait ? Peut être bien. Il n'en était pas certain, en fait. Il préférait d'ailleurs éviter de se poser la question. Ça valait sans doute mieux. Finalement, le grand brun lui demanda si cela s'était mal passé avec Gabrielle. La question l'étonna légèrement, mais il n'y fit que moyennement attention. Syssoï semblait alors curieux de savoir ce qui avait bien pu se passer avec Gabrielle. Et lorsque Jackson lui révéla avoir dit quelque chose qui n'avait pas nécessairement plu à la jolie rousse quelques temps auparavant, la curiosité du grand brun fut plus que jamais piquée. Jackson observa silencieusement son camarade, hésitant très sérieusement à lui répondre. Et si il le jugeait ? Roh, rien à foutre. Après tout, il était libre de faire ce qu'il voulait, non ? « Je lui ai dit ... » commença-t-il, fixant désormais le mur à peine visible qui se trouvait non loin d'eux. « ... que j'avais couché avec Siomha et Moore. Séparément, bien sûr. » Voilà, c'était exactement ce que Jackson avait révélé à Gabrielle. Pour le coup, il était parfaitement honnête. En même temps, à quoi bon mentir à ce sujet ? Il n'en voyait pas tellement l'intérêt à vrai dire. « Sur le coup, elle a plutôt mal réagi, et elle s'est tirée » compléta-t-il, tout aussi sincère qu'auparavant. « Puis cette semaine ça a été mieux. Enfin, si on veut. » L'art de nuancer ses paroles. Car rien n'était jamais parfait avec Gabrielle. Il y avait toujours un petit détail pour venir foutre la merde. Jackson avait beau chercher, il ne se rappelait pas avoir déjà partagé une entrevue avec la rousse qui se soit extrêmement bien terminée. Sans doute parce qu'il n'y en avait aucune, en fait. Par la suite, Jackson s'était lui aussi montré quelques peu curieux. Il avait suffit que Syssoï lui parle du cellier et de Gabrielle pour qu'il ne puisse pas se retenir plus longtemps de le questionner à ce sujet. Ainsi, dans une question affreusement mal tournée, il lui demanda comment cela s'était passé. Non, attendez, il lui demanda très exactement comment cela était. Autant dire qu'on pouvait se demander ce qu'il attendait comme réponse après ça, hein. Très vite, Syssoï lui avoua que ça n'avait pas été très agréable. Jackson le fixa. Cette réponse était peut être censée le persuader qu'il s'était fait des films ? Car ça n'était pas tellement le cas, en fait. Mais la suite le rassura presque. Là encore, presque, oui. Car savoir que Syssoï avait été enfermé dans un cellier alors qu'il était claustrophobe le fit grimacer légèrement. C'était pas cool. Finalement, Syssoï conclut, reprenant la réplique de Jackson. « Tu lui en veux ? » demanda-t-il subitement, les yeux rivés vers son camarade, désormais assis dans un fauteuil plutôt miteux. Ça n'était qu'une question comme une autre, vous savez. Quoi que la réponse l'intéressait, à vrai dire. Il serait, à ses yeux, malheureux que Syssoï ne voit plus Gabrielle de la même manière suite à cet incident. Oui, même Jackson pouvait penser une telle chose. Même lui. « Et, qu'entends-tu par "bizarre" ? » Jackson était définitivement un sale petit curieux.

« Je lui ai dit… que j’avais couché avec Siomha et Moore. Indépendamment, bien sûr. » Oh putain le con !! Et après il s’étonne qu’elle l’ait plutôt mal prit ? J’aimerais bien savoir comment il aurait réagit si la situation avait été inversée, et qu’au court d’une conversation, Gaby lui avait lâché qu’elle s’était envoyée Ruben et Sonny ? Il n’aurait probablement rien laissé paraître mais se serait laissé bouffer par la jalousie, la convoitise et l’abattement. Un peu comme moi, en cet instant, pas vraiment ravi à l’idée que Gabrielle puisse éprouver de la jalousie envers les va-et-vient dans Jacko dans d’autres filles. J’avais donc raison, Gaby éprouve quelque chose envers lui. Ça fait mal au cul, finalement, mais après tout, c’est mieux comme ça. Je laisse couler, ne répondant rien, jugeant qu’il est assez grand garçon pour comprendre seul qu’il s’agit de jalousie et que Gabrielle a juste besoin d’être rassurée par lui, et par personne d’autre. A un moment, il va falloir qu’il cesse de se comporter comme un animal sauvage et qu’il accepte le domptage. J’espère simplement qu’il est prêt pour ça. En tous cas, il ne peut nier sa propre jalousie. Evidemment, cela s’apparente plus à de l’abattement qu’à une indicible rage, mais je sais quand même repérer un mec jaloux, et lorsque Jacko nous imagine, Gaby et moi, dans le cellier, nous adonnant à une partie de sexe sauvage, c’est de la jalousie qui se lit dans son regard. J’ai envie de le cogner rien que pour ça, mais je me retiens, me rappelant que j’ai renoncé à mon titre de propriété sur elle, et sur n’importe qui d’autre, en fait. Alors, dans un élan de bonté toute nouvelle, je m’emploi à le détromper, à lui faire comprendre qu’il ne s’est rien passé parce que, pour commencer, il ne pouvait rien se passer. La claustrophobie, tout ça… autant de détails que je livre et qui non rien de romantiques ni de sensuel. Je crois qu’il finit par comprendre puisqu’il finit par me demander si je lui en veux, à Gabrielle. De quoi ? De m’avoir enfermé dans un lieu exigu ? « Je lui en ai voulu de n’avoir pas su voir à quel point j’avais besoin de sortir, au point de… Bref. Mais je ne peux pas lui en vouloir de péter un câble à force de silence… Je n’imaginais juste pas qu’elle deviendrait… » Je ne fini pas ma phrase, parce que moi-même je ne saurais trouver le mot exact pour l’achever. Devenir une autre, peut être, et encore, je trouve que ça ne colle pas assez. C’est le blond qui vient à mon secours en m’interrogeant sur ce que j’entends par bizarre. Oui, bizarre, c’est un bon mot, ça. « Je veux dire que… Est-ce que toi aussi tu trouves que Gaby s’est… endurcie ? Pas dans le bon sens du terme, je précise. » C’est l’image que m’avait laissé cette autre avec son regard froid et cruel, sa distance et son détachement. Enfin, avant qu’elle ne redevienne elle-même en une fraction de seconde. J’ai peur d’en être responsable, et j’ai besoin de savoir si quelqu’un d’autre que moi à déjà observé ça chez elle, ou si c’est quelque chose qu’elle me réserve pour me punir.

Jackson en avait désormais pris conscience, il avait fait un genre de bourde en révélant à Gabrielle qu'il avait effectivement couché avec deux candidates au sein du château, à savoir Moore et Siomha. La jeune femme avait pour le moins mal réagi et bien que la véritable raison d'une telle réaction lui échappait encore à ce jour, il était assez perspicace pour se rendre compte qu'il aurait mieux fait de garder cela pour lui. Peut être après tout qu'elle ne l'aurait jamais su. Quoi que les bruits de couloirs auraient probablement joué en son désavantage. Quoi qu'il en soit, Jackson avait beau regretter d'avoir annoncé une telle chose à Gabrielle, et d'une telle manière surtout, il ne se sentait pas particulièrement honteux d'avoir fait ce qu'il avait fait avec ces deux demoiselles. Il avait pris du bon temps, en avait donné, alors il estimait ne pas devoir avoir honte de cela. Peut être, néanmoins, qu'une chose lui échappait dans cette histoire. Mais il s'était de toute manière fait la promesse de ne plus y penser. La réaction de Gabrielle, et ce qu'elle pouvait éventuellement cacher, se trouvait désormais derrière lui, derrière eux. Pour le moment, Jackson était bien trop occupé à écouter Syssoï lui parler du moment qu'il avait passé avec la fameuse rousse dans le cellier. Bien évidemment, Jackson s'était d'emblée imaginé certaines choses les concernant. Vous savez, parlez-lui de deux personnes et d'un endroit exigu et son imagination - ainsi que son esprit légèrement pervers - se chargeaient de créer le reste. Mais à en juger par les paroles de Syssoï, rien ne s'était visiblement passé entre ces deux-là. Jackson devait-il se sentir soulagé ? Probablement pas, car après tout, leurs histoires ne le concernaient pas vraiment. Pourtant, c'est bien une sorte de soulagement qu'il ressentit à l'instant où il comprit qu'il n'avait été question que d'une prise en otage. Bien entendu, il était légèrement désolé pour Syssoï, qui n'avait pas dû apprécier les faits. En tant que claustrophobe, il avait même dû souffrir. Naturellement, Jackson chercha à savoir si son camarade en voulait à Gabrielle pour ce qu'elle avait fait, à savoir l'avoir retenu enfermé contre son gré. Jackson écouta alors la réponse de son camarade. « Au point de ... ? » fit-il, encore un brin curieux. Les gens qui ne terminaient pas leurs phrases, ça avait toujours eu le don de l'intriguer. Si bien qu'il cherchait sans cesse à avoir la suite, quelle qu'elle soit. A nouveau, Syssoï ne termina pas sa phrase. Mais là, Jackson n'eut pas à le questionner, puisqu'il ne tarda pas à répondre à sa seconde question, au sujet du sens du mot "bizarre" dans la situation évoquée. Syssoï lui demanda alors si, lui aussi, trouvait la jeune femme changée, endurcie. Le grand brun précisa même qu'il disait cela dans le mauvais sens du terme. Jackson arqua un sourcil, tout en observant son camarade. « Et bien ... Je ne crois pas avoir déjà eu à faire à une Gabrielle dans cet état. » Car aussi loin qu'il s'en souvenait, il n'avait effectivement jamais eu cette Gabrielle-là face à lui. Même la fois où elle l'avait frappé. « Était-elle si différente de d'habitude ? » le questionna-t-il à nouveau. Comprenez bien que cette histoire l'intriguait fortement. Il avait tellement de mal à imaginer la douce rousse agir de cette manière qu'il en venait à se demander si Syssoï ne l'avait pas confondue avec une autre. Mais c'était peu probable, tout de même.