☼ MOORE

Vêtu du bas de jogging que je mets habituellement pour dormir et d’un pull en laine, je quitte mon livre et mon lit pour sortir prendre l’air. J’ai un peu mal à la tête et j’ai terriblement envie de fumer. Seul sur le balcon du château, je m’installe contre la rambarde, face au parc et un peu plus loin la mer, puis, je sors de ma poche l’attirail pour me rouler une clope. Zut ! Je fais d’ailleurs tomber une feuille du balcon. Adieu. Tant pis. J’en ai pleins. C’est la production qui fourni. Bref. J’allume ma roulée et la consomme quand j’entends la porte vitrée s’ouvrir. Je me retourne. Moore. « Wesh la guedin ! » J’ai décidé d’adopter aujourd’hui le langage verlan que je trouve, au passage, ridicule au possible. Ah ah. Moore va trouver ça suspect. Ouai, je suis bizarre, et alors ?! « Comment ça va Rubignole et toi ? » Je me souviens plus très bien du surnom officiel du brun à tête de sérial killeur, mais l’idée est là. La candidate comprendra. Je ne sais pas très bien ce qu’il en est de leur relation et j’ai envie d’en savoir un peu plus. Pas besoin de passer par quatre chemins avec Moore pour cela. Si la jeune femme ne daigne pas me répondre, tant pis. C’était plus un moyen d’entamer la conversation après tout.

Pause clope. Enfin.. c'est un grand mot sachant qu'on passe le plus clair de notre temps à ne rien faire, alors pause.. non c'est pas vraiment ça. Quoi que si, on va dire que je fais une pause parce que supporter ces crétins c'est pire que tout franchement c'est un emploi à plein temps. Une petite pause clope ne ferait pas de mal. J'étais dans la chambre alors c'est naturellement que je prend mon paquet de clope et un briquet pour me rendre au balcon. Je pousse la porte vitré quand dans un soupire je me rend compte que je ne serais pas seule. « Wesh la guedin ! » Ah suuuper l’accueil. Moi le mien est encore mieux un bon doigt d'honneur en plein dans sa face. Je me met à coté de lui m'appuyant sur la rambarde. J'allume ma clope et le regarde en coin. « Comment ça va Rubignole et toi ? » Je lui lance un regard noire. Je prend une bonne taffe. « Tu fumes de la merde vraiment. » dis-je en référence à ses roulé d'adolescent. C'est le genre de truc que je fumais quand j'étais au lycée vraiment.. nul. Ah oui sa question. S'il croit que je vais lui répondre. « Alors t'as gagné ? » dis-je alors de manière énigmatique je le sais très bien. Parce que pour me suivre faut être dans ma tête et il est loin d'en être capable c'est certain. « La partie de Scrabble, que tu as faite avec Zhara dans la chambre mystérieuse. » J'étais sérieuse. Si c'était pas du scrabble c'était les dames, ou alors les échecs ou un morpions qui sait. Je fume une nouvelle taffe et regarde ce qu'il se passe dans le parc.

Appuyé contre la rambarde du balcon, j’observe, songeur, le paysage qui s’offre à moi tout en détruisant à petit feu mes poumons. V’là que la grosse pintade fait irruption dehors. Je la salue d’une manière assez originale. Elle aussi. Elle pointe son majeur en plein dans ma face. Ah ah. Pour commencer la conversation, je lui demande ce qu’il en est de sa relation avec Ruben. J’aurais peut-être dû m'abstenir. « On t’a poussée dans les orties pour que tu sois d’aussi mauvaise humeur ? » Je roule des yeux. Ok, j’accepte qu’elle ignore ma question sur Ruben et qu’elle me lance un regard noir, mais critiquer ma roulée si bien faite, non, c’est inacceptable. Elle ne l’a même pas goûté tiens ! Le tabac est sans nul doute bien meilleur que celui que consume la brune. Je ne suis pas exigent là-dessus mais cependant la qualité de mes roulées est indéniable. Bref. J’ai pas envie d’entrer dans un débat, je laisse la candidate parler. « Gné ? » Gagner quoi ? J’arque les sourcils attendant la suite de ses propos, légèrement intrigué. Une partie de scrabble dans la chambre avec Zhara ?! Tss. Je soupire. Qu’elle est bête ! « Tu sais, Zhara n’est pas si coincée que ça, et moi, je ne pense pas qu’au cul, contrairement à certaines personnes. » Je prends un air tout à fait sérieux, assez de plaisanterie. J’aimerai qu’elle comprenne. En fait, je suis sûr qu’elle le comprends déjà mais que ça fait un peu partie de son rôle de tailler l’aspect religieux et prude de la candidate.

« On t’a poussée dans les orties pour que tu sois d’aussi mauvaise humeur ? » Je lève les yeux au ciel, t'es chiant aujourd'hui Sonny sérieusement, t'es un gros lourd et c'est pas le jour à me faire chier c'est terminé tout ça. On me fait plus chier, on l'approche plus, on me touche plus et on me parle plus. Donc je préfère lui parler de lui et sa petite vierge blanche qui vient d’Afrique. « Gné ? » Ouais bon c'était pas très claire alors je lui en dis plus. « Tu sais, Zhara n’est pas si coincée que ça, et moi, je ne pense pas qu’au cul, contrairement à certaines personnes. » Non mais j'ai pas dis qu'il avait couché avec Zhara alors pourquoi il me parle de cul. Et puis je n'aurais jamais encouragé ce genre de chose puisque c'était peine perdue, la petite est verrouillé à double tour. Mais il dit qu'elle est pas si coincé que ça alors ça me fait réfléchir. « Une petite branlette c'est ça ? » Parce que si elle est pas si coincé que ça et qu'ils ont pas joué au scrabble bien que tout le monde ne pense pas qu'au cul.. comme moi à comprendre.. Et bien je me dis qu'ils ont moins fait des préliminaires non ? Je m'en fou en faite, je lui offre un sourire super exagéré. Puis je me concentre de nouveau sur le paysage faisant fit de tout ce qu'il pourrait me dire. Je continue de fumer en silence. « Alors t'es débarrassé de ta blonde heureux. » dis-je d'une voix monocorde sans même prendre la peine de jeter un coup d'oeil au monsieur qui m'accompagne.

Je constate avec stupeur que Moore est en réalité une grosse vicelarde obsédée par tous les potins du nid d’amour et en manque continuel de ragots. Ah ah. Comme si j’allais satisfaire sa curiosité. Si j’ai bien horreur d’un défaut humain c’est celui-là. « Pff ! Va t’acheter un jouet en plastique au lieu de dire de la merde ! » Je fais référence à un sex-toy bien entendu. La brune commence légèrement à me gonfler. A croire qu’elle ne jure que par le sexe ! Mais qu’est ce que ça peut lui foutre que j’ai baisé ou non avec Zhara ou que l’on ait fait quelque chose de sexuel. Moi, je vais pas lui demander les détails de ses parties de jambes en l’air que je sache ! Tsss. Heureusement elle décide de changer de conversation par elle-même. MERCI. « Ouai. Et encore, j’aurais pu en être débarrassé définitivement. Figures toi que cette conne ne sait pas nager. » Je repense alors immédiatement au dernier tête à tête entre moi et Siomha. Ça avait très mal fini pour la blonde. La candidate au QI d’une huitre avait, en effet, manquée de se noyer et en plus, était sorti de ses gonds suite à mes propos terrassant mais terriblement véridiques. « Enfin bon. Comme j’avais pas envie de finir mes jours en prison, j’ai préféré la sauver. » Je tire une grimace, dépité, avant de finir ma roulée et la jeter dans le vide. Je tourne ensuite la tête vers la brune pour observer sa réaction. Il ne manquerait plus qu’elle prenne la défense de la poupée barbie ! Ça serait le pompom.