Depuis quelques temps, Jackson avait l'agréable impression que ses rapports avec Syssoï s'étaient améliorés. Clairement même. Quelques semaines plus tôt, il avait ressenti l'envie de se jeter des falaises simplement à cause de la présence du grand brun. Mais aujourd'hui, cette même présence lui faisait du bien. Et rien à voir avec la blague vaseuse des avances homosexuelles, soyons clairs. Simplement, Jackson avouerait sans difficulté qu'il appréciait désormais Syssoï, ou en tout cas que celui-ci était devenu quelqu'un d'appréciable à ses yeux. Quoi qu'il en soit, Jackson était pour le moins mal à l'aise à cet instant précis. Comme chaque fois qu'on évoquait Gabrielle en sa présence. Encore, la plupart du temps, il parvenait à rester extrêmement neutre, se gardant bien de montrer le moindre signe du malaise qu'il pouvait ressentir à l'intérieur de son corps. Mais ici, c'était déjà bien moins évident. Parce que depuis un certain temps déjà, chaque fois que Jackson se trouvait en compagnie de Syssoï, il avait l'impression d'être forcé de se montrer sous son véritable jour, de ne pas cherche à masquer ce qu'il pouvait ressentir. Ainsi, à cet instant, Jackson se permettait de montrer certains signes de gêne, comme par exemple le fait que sa gorge soit devenue sèche et le force à avaler sa salive toutes les trente-deux secondes tapantes, ou encore le fait que ses mains, devenues moites, laissaient quelques traces disgracieuses sur la matière de son jean. Des signes dans le genre, quoi. Quelques minutes plus tôt, Jackson avait alors avoué à son camarade que si Gabrielle couchait véritablement avec un, deux voire douze mec(s), il s'en sentirait blessé, mais ne renoncerait pas à l'affection qu'il avait pour elle, à la tendresse qu'il avait à son égard. Bien sûr qu'il serait blessé, peiné, peut être même effondré. Mais pas au point de ne plus tenir à elle subitement, non. « Oui, je le sais » fit doucement Jackson, lorsque Syssoi affirma que ça n'était pas le genre de Gabrielle de s'envoyer en l'air de la sorte. Oui, il le savait. « Peut être bien que c'est pire, oui » reprit-il, en observant son camarade. Oui, peut être bien que ça l'était au fond. En tout cas, Jackson prenait ici conscience d'un point important : Gabrielle et lui étaient atrocement différents. Trop différents, sans doute. Par la suite, Syssoï demanda au grand blond ce qu'il avait bien pu lui arriver pour qu'il agisse de la sorte en amour. « Attends, qui a parlé d'amour ? » rebondit-il subitement. Okay okay, c'était bizarre tout à coup. Voilà que Syssoï parlait d'amour alors que Jackson était persuadé de n'avoir jamais évoqué ce mot dans leur conversation. A moins d'un lapsus, il était sûr de lui pour le coup. Mais sans doute cherchait-il simplement à gagner du temps, suite à la question pour le moins embarrassante de son camarade. « Des emmerdes. Il m'est arrivé des emmerdes. La seule et unique fois où je suis tombé amoureux, ça a tourné au cauchemar. Depuis, j'ai tendance à légèrement me méfier de l'amour. Ça fait trop mal. » Bon, ça n'était pas le résumé du siècle, mais venant d'un type pour qui évoquer son passé s'apparentait le plus souvent à une torture psychologique, c'était pas si mal hein. Et puis, ça avait beau être la version courte, elle était tout aussi valable que la version longue. Parfaitement.