ELVIS

Je savais que c'était ma dernière semaine. La mienne ou celle d'Elvis, ou même Wini, ou même Syssoi, ou même Moore, oui. Un de nous allait partir et encore une fois j'allais souffrir. Mais pas Elvis, il avait intérêt à rester, je ne voulais pas qu'il parte, ou alors, égoïstement, je voulais que l'on sorte ensemble. Pourtant je n'avais plus aucun pouvoir sur ces nominations, une grimace s'était d'ailleurs dessinée lorsque j'avais appris que trois d'entre nous ne reviendrait pas. un quart sortirait, c'était beaucoup. Glissant ma main dans celle d'Elvis, je l'attirais sans un mot jusque dans la cave, la première fois que j'avais osé le dessiner. La première fois que nous avions réellement pris le temps de nous découvrir, l'un l'autre. Un sourire se dessina sur mon visage alors que je descendais les escaliers, ma main toujours plongée dans la sienne, le guidant dans le noir quitte à m'en prendre les pieds l'un dans l'autre. Finalement, nous arrivions au centre de la pièce et je me posais face à lui, le scrutant de mes grands yeux bleus. « Tu te souviens de cet endroit ? » lui dis-je un sourire mystérieux aux lèvres, comme si cela datait de quinze semaines et non pas quatre ou cinq. Moi je m'en souvenais à la perfection. « Je crois que c'est le moment... » lui dis-je d'un même ton tout en baissant les yeux sur son torse avant de remonter timidement à ses yeux, essayant de se raccrocher à ses prunelles « Dis Elvis, tu poserais nu pour moi ? » il me l'avait proposé, et nous risquions de nous quitter en fin de semaine. Je ne voulais avoir aucun regret, et ce même si j'étais certain que cela serait impossible.

Planté au milieu du salon, je ne fais strictement rien me contentant d'observer les alentours d'un air las, lorsque Franckie débarque et glisse sa main dans la mienne. Je me laisse entraîner par le jeune homme en lui jetant un coup d'oeil interrogateur, mais il ne lâche pas un mot et continue d'avancer vers l'escalier menant au sous-sol. On passe finalement le seuil de la cave et il ne daigne enfin s'arrêter et se tourner dans ma direction que lorsqu'on a atteint le milieu de la pièce. « Tu te souviens de cet endroit ? » Je m'apprête à lui répondre de cette manière linéaire dont je suis coutumier, qu'heureusement que je m'en souviens parce que je passe par ce lieu du nid au moins une fois par semaine par curiosité et que le contraire n'aurait pu que suggérer des lésions au cerveau ou quelque chose de tout autant inquiétant. Cependant, je parviens à m'arrêter avant que la moindre phrase ne sorte de ma bouche en voyant son sourire qui ne laisse guère beaucoup d'autres options que celle selon laquelle il fait référence à la fois où il m'avait dessiné. Ou plus précisément le moment même au cours de l'aventure où on a eu une sorte de déclique précédent le début de ces jours où on s'est mis à passer la majeure partie de notre temps ensemble. J'hoche la tête, tandis qu'il reprend: « Je crois que c'est le moment... » Je cligne des yeux. Sa voix a baissé d'un octave d'une manière outrageusement ténébreuse et son regard se balade sur ma silhouette timidement. J'ai un léger doute sur ses intentions, si Franckie n'était pas le garçon que je connaissais si bien, j'aurais pu croire qu'il avait des idées derrières la tête. « Dis Elvis, tu poserais nu pour moi ? » Je respire. Je ne sais pas pourquoi je me suis fait autant de films dans ma tête à propos des désirs cachés du candidat. Bien sûr, je lui avais proposé de poser nu quelques semaines auparavant, quoi d'autre aurait-ce pu être ? J'acquiesce d'un signe de tête et commence à déboutonner mon jeans sans un mot. Je fais glisser celui-ci le long de mes jambes, puis retire mon pull suivit de mon t-shirt, avant de me retrouver uniquement vêtu de mon sous-vêtement. « Où tu veux que je me mette ? Et dans quelle position ? » je demande, avant de devoir retirer la dernière barrière à ma nudité.

Le jeune homme m'avait suivi sans broncher jusque dans la cave et avait attendu patiemment la suite. J'avais eu peur de lui demander cela, tout simplement parce que je ne savais pas si je saurais le mettre à l'aise ou même si moi, je serais à l'aise. C'était difficile d'imaginer Elvis poser nu, à vrai dire, il était tellement discret, réservé... comme moi. Sans un mot, après ma demande, il commença à retirer ses vêtements, son bas puis son haut, se retrouvant en boxer. Étrangement, je n'avais pas pu m’empêcher de détailler son corps des yeux avant de finalement remonter à son visage, un sourire naissant sur mes lèvres « Où tu veux que je me mette ? Et dans quelle position ? » là était la bonne question, je ne voulais pas le mettre mal à l'aise, et puis aussi étrange que cela puisse paraître, je me voyais mal dessiner un sexe sur l'une de mes toiles, non, je préférais encore avoir le droit à un fessier, que je trouvais déjà bien plus gracieux, moins vulgaire. « Hum sur le banc là, assis et dos à moi, la tête de profil et les bras appuyés contre les rebords du banc. » dis-je en agitant légèrement les mains tout en désignant l'objet en question. Mes affaires étaient déjà prête, la nouvelle toile, blanche, déjà installée, il ne manquait plus que lui. « Prends ton temps... Je... je voudrais pas te mettre mal à l'aise. » dis-je sur un ton enfantin qui m'était propre. Moi même, je ne m'imaginais pas poser nu un jour, premièrement parce que je n'avais très certainement pas les proportions requises, et secondement parce que Ô grand jamais je n'en serais capable. Cependant, pour Elvis, c'était tout le contraire. Je le trouvais beau, autant à l'intérieur qu'à l’extérieur. J'avais envie de garder cette image dans ma tête, en l'imprimant sur support, même si je doutais clairement que celui ci dépasse l'original.

Je sens très clairement le regard de Franckie parcourir ma silhouette du bout de mes orteils jusqu'au sommet du crâne. Je n'aime pas qu'on jauge mon apparence physique. C'est un truc qui me rend particulièrement mal à l'aise, bien que j'aie hérité des gènes d'athlètes des mâles de ma lignée. Enfin, disons plutôt qui me gène encore plus que dès qu'une paire de yeux est braquée sur ma personne. Parce qu'il est clair que j'ai de sérieux problèmes avec ça. Je rougis, je me tortille les mains et bégaye sans arrêt dans ce genre de situation. « Hum sur le banc là, assis et dos à moi, la tête de profil et les bras appuyés contre les rebords du banc. » Je jette un coup d'oeil en direction de l'objet en question, tout en acquiesçant d'un rapide hochement de la tête. Je me dirige vers le lieu qu'il m'a indiqué, tandis qu'il reprend: « Prends ton temps... Je... je voudrais pas te mettre mal à l'aise. » De toute manière, il faudra bien que je le retire mon sous-vêtement. Sans plus attendre, je baisse mon boxer et m'en défait en agitant l'un de mes pieds tout en gardant mes mains sur mes parties intimes. Parce que très franchement, je m'imagine très mal exposant mon entre-jambe à l'air libre comme si je n'étais absolument pas nu. Je ne suis tout simplement pas le genre de garçon capable de se balader avec son sexe se balançant de droite à gauche tel un pendule fait pour l'hypnose. Je pose mon derrière à même le banc et essaye de reproduire la position qu'il m'a demandé d'employer. Dans une telle posture, mon pénis est fièrement dirigé vers l'une des camaras inquisitrices de la cave. Cela dit, je suis sûr que les producteurs de l'émission ne laisseraient jamais passer sur les télévisions de l'Irlande et la France entière ma virilité. Même si je doute très franchement que FAKE LOVER soit considéré comme un programme familial, aucune chaîne ne diffuserait de telles images. Je l'espère très sincèrement, parce que ce n'est pas sûr que mes parents pratiquant activement la religion accepte que leurs fils s'exhibe ainsi. Je m'éclaircis la gorge, avant de parler à voix haute à Franckie: « Je suis prêt. »