Zhara

« Putain de ... hurg... hoquet de sa mère la... hurg. » Okay, à quoi bon s'énerver pour un simple hoquet, hein ? À certains moments, je pouvais très vite m'emporter et là, en l'occurrence, c'était le cas. Pourtant tout avait à peu près bien commencé, je veux dire, comme une matinée normale. Je m'étais rendu à la piscine aux alentours de onze heures, jusque là pas de problème. Et puis une vingtaine de minutes plus tard, alors que je me retrouvais assis sur le bord de celle-ci après avoir piqué une tête, je fus soudain pris... d'un violent hoquet. Mais si, vous savez, ce réflexe respiratoire absolument incontrôlable qui vous vient comme ça, sans savoir exactement pourquoi, et avec lequel il faut se battre pour s'en débarrasser. Alors oui, mon hoquet se voulait totalement inoffensif, mais moi ça me faisait braire. Pire, ça me faisait chier. Ça ne m'arrivait pas souvent, hein, mais quand ça m'arrivait, je m'énervais. Impulsivité quand tout nous tient. Alors que je tentais tous les vieux remèdes inculqués par ma mère et censés me débarrasser de cette foutue merde, Zhara arriva à son tour, en maillot de bain bien sur, sans doute pour nager un peu elle aussi. Elle tombait très bien, la jolie brune, pour le coup. Toujours assis sur le bord, je me retournai immédiatement vers elle un grand sourire aux lèvres. « Zhara tu... hurg... tu tombes bien... hurg. » Pas facile de s'exprimer en sursautant toutes les deux secondes. « S'il te plait, ressors... hurg... et quand je ne... hurg... je ne m'y attendrais pas... hurg... fais moi peur. » Faire peur à quelqu'un qui se coltinait le hoquet était encore la meilleure façon de mettre fin à celui-ci. Elle pouvait bien faire ce qu'elle voulait, se jeter sur moi, faire le plongeon de la mort ou me planter un couteau dans le dos, tant qu'elle me foutait la trouille et me débarrassait de ce foutu hoquet, moi ça m'allait.

Maintenant que j’étais en demi-finale le jeu me semblait plus… Paisible. Je ne m’attendais pas spécialement à arriver plus loin et je décidai tout simplement de profiter de cette semaine qui serait sans doute la dernière. J’avais alors décidé d’aller piquer une tête dans la cuisine, j’enfilai mon bikini blanc et un peignoir que je retirai en entrant dans la salle. Je vis alors Ruben pris d’un fameux hoquet ! « Zhara tu... hurg... tu tombes bien... hurg. » Je souris, la situation était plutôt drôle mais je n’avais pas envie de vexer le candidat alors je ne dis rien et ne ris pas. « S'il te plait, ressors... hurg... et quand je ne... hurg... je ne m'y attendrais pas... hurg... fais moi peur. » Je haussai les sourcils. « Tu sais, je connais un moyen plus efficace… Mais on va essayer ça si tu veux. » Dis-je en sortant de la pièce. Il ne le savait pas bien sur mais en fait je retournai dans la cuisine, pris une petite bouteille d’eau et revint devant la porte, ça faisait maintenant un petit temps que j’étais sortie et il devait surement se demander si j’allais revenir un jour. J’ouvris alors la porte a la volée et cria « BOUH ! » ce qui fit sursauter Ruben et ce qui me fit bien rire aussi. Je m’avançai et lui tendis la bouteille. « Si ça n’a pas marché, tu bois en te pinçant le nez, plusieurs gorgées. » Même les médecins on des remèdes de grand-mères et celui-ci est infaillible.

Foutu hoquet. Je devais à tout prix m'en débarrasser, et il me fallait avouer que l'arrivée de Zhara ne pouvait pas mieux tomber. Je ne m'étais donc pas fait prier pour lui demander de m'aider à éliminer ce hoquet qui me faisait tant chier. Pour cela, je ne voyais qu'un seul moyen : que Zhara sorte d'ici, et revienne pour me foutre la trouille au moment où je m'y attendrais le moins. « Tu sais, je connais un moyen plus efficace… Mais on va essayer ça si tu veux. » Elle sortit alors, et s'absenta quelques minutes. Je restais quant à moi assis au bord de la piscine, un peu pensif, et me retenant toujours de laisser s'exprimer mon hoquet. Puis soudain... « BOUH ! » Oh bordel ! Là pour le coup elle m'avait fait peur, c'était le moins que l'on puisse dire. « Là je dois dire que je ne m'y attendais pas... hurg... du tout. » MERDE ALORS ! Ce foutu hoquet ne s'était en fait pas du tout barré, il était toujours bel et bien présent. Je serrai les dents, constatant que ma si lumineuse idée n'avait pas été bien efficace, en fin de compte. Zhara me tendit la bouteille qu'elle avait semble-t-il ramené de la cuisine. D'où sinon. « Si ça n’a pas marché, tu bois en te pinçant le nez, plusieurs gorgées. » Ah oui j'avais en effet entendu parlé de ce remède là. Je saisis alors la bouteille, bus tout en me pinçant le nez, et ce à plusieurs reprises. « Ouaw, j'ai failli avaler de travers, je.... » Mais attendez... « Je... » Non, pas possible. « MIRACLE ! » m'écriais-je alors, en constatant que le remède de Zhara avait porté ses fruits et que, cette fois-ci, je me trouvais véritablement débarrassé de mon vilain hoquet. « Tu es fantastique, viens-là que je t'embrasse ! » Je me levai et me dirigeai vers elle, avant de déposer sur sa joue un baiser. Cela pouvait paraître un peu excessif pour un hoquet, mais croyez-moi je me trouvais véritablement heureux que celui-ci ait enfin foutu le camp. Et ça grâce à qui ? Zhara, bien sur.

« Là je dois dire que je ne m'y attendais pas... hurg... du tout. » Dommage, ça n’avait pas marché, je fis une petite moue mais je dois dire que je m’y attendais, il ne suffit parfois pas de se faire peur pour relâcher le diaphragme. Il prend alors la bouteille d’eau que je lui tends et tente ma technique, je suis certaine de la réussite car je le fais tout le temps et que ça fonctionne tout le temps. « Ouaw, j'ai failli avaler de travers, je.... » Je souris, il n’a plus le hoquet, j’ai réussis, je suis trop forte. Encore un peu je danserais. « MIRACLE ! » s’exclame-t-il, ce qui me fait rire aux éclats. « Tu es fantastique, viens-là que je t'embrasse ! » dit-il en se levant et en posant un baiser sur ma joue, je souris, contente de l’avoir aidé. « Aaah, ce truc fonctionne toujours ! Et ce fut avec plaisir, bien sur ! » Dis-je en riant. « Et d’ailleurs, on vient peut être d’aider une grande partie de la population française ET irlandaise pour leurs hoquets, ils devraient voter pour nous en masse ! » dis-je, le regard plein de malice.

J'étais enfin débarrassé de ce foutu hoquet, et ce grâce à Zhara. Il fallait dire que son remède, consistant à boire de l'eau en se bouchant le nez et répéter l'expérience plusieurs fois de suite, avait très bien fonctionné. Par enthousiasme, je lui avais même sauté au cou et embrassé sur la joue. Un peu excessif, sans doute. « Aaah, ce truc fonctionne toujours ! Et ce fut avec plaisir, bien sur ! » s'écria-t-elle alors, tous sourires, avant d'affirmer de plus belle « Et d’ailleurs, on vient peut être d’aider une grande partie de la population française ET irlandaise pour leurs hoquets, ils devraient voter pour nous en masse ! » Ah mais oui, exact. Cela méritait en effet bien des votes pour notre pomme. Enfin, je ne me faisais aucune illusion me concernant. Je savais que dimanche, mon aventure prendrait fin. J'avais cependant un tout autre avis concernant Zhara, que je voyais bel et bien en finale. Après avoir rit à la remarque de la jolie brune, je répondis, en souriant toujours « Tu sais que si ça ne tenait qu'à moi, tu l'aurais ta place en finale ! Je pense de toute manière que celle-ci te sera acquise, dimanche. » Il y avait des candidats, même en les appréciant beaucoup, que je n'imaginais vraiment pas en finale. Avec Zhara c'était tout le contraire : je la savais de plus en plus populaire, et elle risquait bel et bien de créer la surprise dimanche soir. C'était de toute façon tout ce qu'on pouvait lui souhaiter.

« Tu sais que si ça ne tenait qu'à moi, tu l'aurais ta place en finale ! Je pense de toute manière que celle-ci te sera acquise, dimanche. » Dit-il alors plus sérieux tout d’un coup. Je fis la moue et entrai dans l’eau, grimaçant d’abord au début parce qu’elle était un peu froide. « Je ne sais pas, on verra bien. Je t’avoue que je te vois bien en finale, moi aussi… » J’étais sérieuse, je ne vois pas pourquoi ce serait automatiquement Syssoï qui aurait la place en finale, je préférais en tout cas que ce soit ruben qui l’ai, cette place. Moore, peut être, aussi. Comme je ne me voyais déjà plus vraiment dans la compétition, je ne pensais absolument pas au fait que je ne battrais jamais Moore ou Ruben.

Pour moi Zhara méritait autant, si ce n'est plus encore qu'un ou qu'une autre, sa place en finale. Je n'étais pas le seul à lui apporter mon soutien d'ailleurs. « Je ne sais pas, on verra bien. Je t’avoue que je te vois bien en finale, moi aussi… » Il ne fallait pas rêver, hein. Je n'avais absolument aucune chance avec la poule dans laquelle j'étais tombé. Moore, Syssoi... Je pouvais d'ors et déjà aller me rhabiller. Et pourtant j'aurais aimé foutre Syssoi sur le banc de touche et accéder à cette finale au côté de Moore, mais ça n'était pas prêt d'arriver. Si je ne terminais pas dernier de ma poule, je m'en estimerais déjà heureux. « Non, moi je ne me fais absolument aucune illusion. » À quoi bon rêver... Je savais que je n'avais pas la moindre chance. Je l'acceptais parfaitement, par ailleurs. Car mine de rien je pouvais aussi me montrer bon joueur quand il le fallait. Je n'allais certainement pas péter mon câble si la finale m'échappait, loin de là. Si Moore en faisait partie, et Zhara également, c'était déjà une très bonne chose et toutes deux seraient assurées d'avoir mon soutien. « Dans ta poule, je pense que tout va se jouer entre Franckie, Jackson et toi. » C'était selon moi les trois demi-finalistes de la poule deux qui risquaient de remporter leur place en finale, même si seulement deux y parviendraient à l'issue du prime de dimanche. Alors pourquoi pas Zhara, après tout ?