malo x adie

Elle n'avait pas encore eu l'occasion de lui parler et pourtant, Adie en était sûre, elle avait déjà vu ce visage. Le prénom de cet homme, Malo, ne l'avait pas plus aidé et la jeune femme commençait à légèrement tourner chèvre à force de creuser, encore et encore dans sa mémoire pour savoir où elle avait vu cet homme. Peut-être était-il un adepte des jeux télé, ou un mannequin qu'elle aurait pu croiser lorsqu'elle se rendait dans des agences ou à des shootings. Mais plus elle cherchait, moins elle trouvait et plus la situation devenait gênante. Rangeant tranquillement ses affaires dans la chambre, Adie ne prêtait pas une grande attention à ce qui se passait autour d'elle. La plupart de ses camarades de chambre étaient là, à bavarder et Slavin étant absent, Adie avait pris ses aises sur leur lit commun. Elle cherchait sans grand succès à retrouver le nom de l'une des candidates, trouvant toujours un peu gênant de demander le prénom de l'un ou de l'autre à tout moment. Perdue dans sa réflexion, Adie ne remarqua pas l'entrée de Malo dans la chambre, qui était par ailleurs également la sienne. Son lit, et celui de sa partenaire, était placée non loin de celui d'Adie et Slavin et alors qu'il s'approchait, Adie prit la parole. « Salut ! » L'entrée en matière était classique mais au moins, elle ne prenait pas de risques... « En fait, tu vas certainement trouvé ça bizarre mais je suis persuadée de t'avoir déjà vu quelque part. Pas en chair et en os, je pense. Peut-être plus... à la télé ou je sais pas dans un magazine... » Et c'est en prononçant ses mots là qu'Adie se souvint. « T'étais pas dans le dernier numéro de Vogue UK ? »

Habillé de sa tenue habituelle, il arpentait les différents lieux à la recherche d'un endroit relativement calme pour une petite sieste de l'après-midi. Il ne trouvait aucun lieu ne lui plaisant. Il décidait alors de revenir dans la chambre commune, Jorinda and Joringel. Il dit d'abord une petite halte au dressing pour ranger ses matériels de couture. En ramassant avec maladresse une paire de ciseaux, il se coupa le doigt. Il ne le remarqua rien. Il continua son rangement comme si de rien n'était, en faisant attention à ne pas trop s'appuyer sur sa jambe droite, réceptacle de séquelles irréversibles. Une fois que tout était soigneusement rangé, les différentes pièces remises à sa place, il avait accompli sa tâche ménagère du jour. Un peu de repos s'imposait. La fatigue lui obstruait la vue, car il n'avait toujours pas remarqué le filet de sang qui s'écoulait de son doigt meurtri. Il entra dans la chambre et ne remarqua pas tout de suite la présence féminine qui se tenait non de lui. Soudain, il entendit une voix l'interpeller. Il se retourna et adressa à un sourire poli à la jeune inconnue. Il n'avait pas le souvenir de connaître son nom. Il n'allait pas tarder à le découvrir. – En fait, tu vas certainement trouvé ça bizarre mais je suis persuadée de t'avoir déjà vu quelque part. Pas en chair et en os, je pense. Peut-être plus... à la télé ou je sais pas dans un magazine... Cette situation lui rappelait vaguement quelque chose. Il posa un regard amusé sur la belle brune. – T'étais pas dans le dernier numéro de Vogue UK ? Je ris. – Je vais finir par donner raison à ma directrice artistique pour l'article. Son idée d'interview pour Vogue n'était pas si mauvaise idée. La publicité a marché dans un sens. Il inclina légèrement la tête pour la saluer et lui tendit la main pour qu'elle le serra à son tour. Il abandonnait le baise-main pour quelque chose de moins formel. – Excuse-moi. Je ne me suis pas présenté. Et vous, jeune demoiselle ? Vous êtes ? Il remarqua une tache sur sa chemise. Une couleur proche à celle du sang. Il regarda l'autre main. Son doigt saignait, il s'empressa de sortir un mouchoir de sa poche pour l'essuyer. – Satanée paire de ciseaux.

C'était étrange, cette sensation de déjà-vu dont on ne pouvait se défaire et que envahissait votre esprit à toutes heures de la journée. Un peu plus et Adie se serait crue amoureuse de Malo tant son visage était analysé par son cerveau, maintes tentatives d'identification. Alors qu'elle se lançait enfin, Adie fut surprise d'être accueillie par un rire. Ce qu'elle venait de dire était-il si idiot ? Pourtant, elle en était quasi sûre à présent. Et enfin, elle eut la confirmation que non, elle n'était pas folle. Ses manières la surprirent également, rares étaient les jeunes hommes de notre époque à se comporter ainsi. En général, on l'appelait 'poulette' en lui demandant son 06 et en tentant de la soûler pour mieux la ramener dans un lit... Pas vraiment le même standing donc. « Ah ! Donc je ne suis pas folle, je commençais certainement à me poser des questions sur ma mémoire...Tu es... couturier n'est-ce pas ? » Le plus étrange était quand même le vouvoiement. Depuis qu'elle avait passé le cap des 20 ans, il lui arrivait, parfois, d'être vouvoyée et après 20 ans de tu à toutes les sauces, elle n'avait pas encore pris le pli du vous. « Adie. Et si tu veux, tu peux me tutoyer. Enfin, à moins que tu préfères que je te vouvoie aussi ? » demanda-t-elle, un peu gênée par la situation. D'autant plus qu'il lui serait difficile d'en faire de même, tout du moins pas sans certains écarts. C'est alors qu'elle remarqua en même temps que lui son doigt qui saignait ce qui la surprit. Comment avait-il pu se blesser dans cet endroit ? C'était un grand mystère, à moins que comme elle, il ne passe la journée à se mordre les petites peaux autour des ongles. Elle eut cependant rapidement la réponse. « Tu travailles ici ? Enfin je veux dire, tu crées ici aussi ? Même si j'en avais l'inspiration je ne pourrais malheureusement pas le faire, pas le matériel nécessaire. Je suis dans les bijoux en fait, c'est pour ça, entre autres, que je lis Vogue. » finit-elle, histoire de lui donner un explication à son comportement étrange.

– Adie. Et si tu veux, tu peux me tutoyer. Enfin, à moins que tu préfères que je te vouvoie aussi ? Il sentit que cela la mettait un peu dans l'embarras, mais cela ne le dérangeait guère de la tutoyer si cela pouvait la mettre à l'aise. Tout essuyant son doigt ensanglanté, elle l'entendit lui demander : – Tu travailles ici ? Enfin je veux dire, tu crées ici aussi ? Même si j'en avais l'inspiration je ne pourrais malheureusement pas le faire, pas le matériel nécessaire. Je suis dans les bijoux en fait, c'est pour ça, entre autres, que je lis Vogue. Elle confectionnait les bijoux. Elle travaillait alors dans l'univers de la mode également. Comme moi. Les bijoux, les parures, il en étaient fascinés mais il n'avait jamais su les dessiner correctement. – Enchantée Adie. Je crois que tu sais qui je suis. Oui, j'ai emménagé une petite salle de couture pas loin du paravent dans la pièce d'à côté. Des bijoux. A Paris, mes résultats étaient médiocres pour créer de splendides parures. J'ai préféré le tissu. Je lui souris avant de poursuivre : – Alors, cela fait longtemps que tu travailles dans l'univers des bijoux ? Tu travailles où exactement ? J'aimerai voir vos créations. Ça m'intrigue. Il était curieux de découvrir la jeune femme, elle lui paraissait déjà sympathique. Une raison de plus de l'écouter parler de sa vie professionnelle. Il se sentait confortable auprès d'Adie car ils travaillaient tous les deux dans le même milieu. Cela le rassurait dans une certaine manière.

Rassurée d'avoir finalement mis un terme à sa prise de tête, Adie était à présent impressionnée de se trouver face à un couturier, et pas des moindres si l'on se souvenait de ses créations. La jeune femme ne se considérait pas comme une experte mais elle appréciait la mode, plus particulièrement la mode féminine, et ne manquait jamais une miette des fashion weeks ou autres événements importants du monde de la mode. En tant que créatrice de bijoux, elle ne faisait pas exactement partie de ce monde et elle était malheureusement habituée à ce qu'on la considère comme une simple accessoiriste. Et surtout, elle n'avait pas eu la chance d'étudier à Paris. « Je serais ravie de voir ça. Pour ma part, je n'ai jamais touché à un autre domaine, les bijoux m'ont toujours attirés. Et Paris ! Quelle chance ! J'ai pas mal voyagé mais je n'ai jamais passé plus de quelques jours dans cette ville. » Ce qui était assez drôle en fait. Car si Adie connaissait parfois très bien certaines villes reculées du monde, elle n'avait jamais vraiment pris le temps de découvrir Paris, qui n'était pourtant qu'à une heure en Eurostar de Londres. « Ca va faire environ 3 ans, depuis que je suis sortie de l'école à Londres. J'ai fait un stage chez Pomellato, une maison italienne, pendant 6 mois mais depuis, je travaille sur mes propres créations. C'est difficile parce que je n'ai pas encore beaucoup de moyens alors pour le moment, je fais des choses assez simples avec des pierres plus communes. » Il lui demanda alors s'il pourrait voir ses créations, Adie fut flattée que cette demande vienne d'un créateur comme Malo d'autant qu'elle ne pensait pas attirée l'attention sur son travail au sein de Fake Lover. « Bien sûr, j'ai amené quelques unes de mes créations ici. Pour mon usage personnel au départ mais je serais ravie de te les montrer oui ! » Et pourquoi pas, peut-être leurs créations respectives s'associeront à merveille.

Nous étions au milieu de la pièce en train de discuter tranquillement. Des bruits de pas ne nous dérangèrent guère. Je me tenais debout, ma canne supportant tout mon poids et écoutant avec intérêt converser mon interlocutrice. – Je serais ravie de voir ça. Pour ma part, je n'ai jamais touché à un autre domaine, les bijoux m'ont toujours attirés. Et Paris ! Quelle chance ! J'ai pas mal voyagé mais je n'ai jamais passé plus de quelques jours dans cette ville. Elle avait alors visité le monde. Mon métier permettait cela aussi, bien que je n'avais jamais le temps de profiter d'un séjour convenable. En période de Fashion Week, c'était très difficile de faire du tourisme. Les visites dans les plus belles du monde étaient très rares. La seule ville que j'avais vraiment eu le temps de contempler était Milan dont de ma femme était originaire. – Ça va faire environ 3 ans, depuis que je suis sortie de l'école à Londres. J'ai fait un stage chez Pomellato, une maison italienne, pendant 6 mois mais depuis, je travaille sur mes propres créations. C'est difficile parce que je n'ai pas encore beaucoup de moyens alors pour le moment, je fais des choses assez simples avec des pierres plus communes. Quand elle évoqua la Pomellato, des vieux souvenirs refirent surface. Je connaissais très bien cette maison car c'était là-bas que j'avais acheté un collier pour Viola. Un moment impérissable dans ma mémoire. Un des plus beaux souvenirs de ma vie. – Rien ne vaut la simplicité. Je vis désormais à Londres et j'ai eu l'occasion de voir des prodiges à l’œuvre : ils étaient capables avec très peu de matériaux de créer des choses remarquables., répondis-je d'un ton doux. Elle poursuivit : – Bien sûr, j'ai amené quelques unes de mes créations ici. Pour mon usage personnel au départ mais je serais ravie de te les montrer oui ! Je lui souris. J'avais hâte de découvrir ses créations. J'avais toujours été curieux de voir ce que les autres pouvaient fabriquer, bâtir de leurs mains. J'étais moi-même quelqu'un de plutôt manuel. – Tu pourrais me montrer quelques unes de te créations ? Je te propose que tu ailles les chercher. Pendant ce temps, je pourrais m'asseoir et t'attendre, parce que ma jambre commence un peu à fatiguer. Si ça ne te dérange pas bien sure. , demandai-je d'un ton poli.