Tweedy ~ La cuisine [Le 22/05 vers 14h]

Je viens de me réveiller et là j’ai faim. J’ai limite envie d’attraper la cuisse de Keelan et d’en arracher un bout. J’ai parfois des tendances ‘à la cannibale’ quand ça m’y prend. Bref, je ne tarde pas à rejoindre la cuisine, torse nu bien sûr, pas pour exhiber mon corps de rêve, non, mais bien parce que je préfère voyager léger. J’ai quand même gardé le caleçon, c’était genre sur ce continent une sorte de barrière qui fixait les limites. Le short aussi. Ma banane exotique, elle n’a pas de limite. Si j’étais un poil plus long, je n’aurais jamais hésité à la croquer en me recourbant. J'arrive pas non plus à toucher mes pieds avec ma langue, c'est vrai que j'ai essayé à mainte reprise mais j'ai jamais réussi. J’arrive donc dans la salle qui est censé me nourrir et j’aperçois malheureusement qu’elle est vide. Ou sont ces trente-deux abrutis censés loger dans ce putain de nid ? Ils sont jamais là quand on a besoin d’eux. Je m’assois sur une chaise et je regarde défiler des bouts de viandes devant moi qui passent par le couloir… Non je ne rêve pas, c’est vraiment les fesses de la Tweedy… D’habitude, je les fixe pas de cette manière mais là j’ai faim, et quand j’ai faim, y’a deux processus qui s’enclenche : La rage sexuel – la rage de tuer. Elle a disparu. C’est regrettable, j’aurais pu lui demander de me faire quelque chose. Je regarde donc le plan de cuisine pour essayer de voir si j'ai une chance de me débrouiller tout seul ou pas. J’y pige quedal. Je préfère ne pas foutre le bordel car si j’allume un truc, je risque de tout faire péter ou de tout brûler… Et après, quand je me rends compte que les chances de survie ici ne dépasse point les 0,78%, je me retrouve entrain de prier Allah de m’envoyer sa sainte mâida du ciel que je ne refuserais pour rien au monde. Il me renvoie Tweedy. C'est mieux que rien. Puis la mâida j'pourrais pas la baiser alors qu'elle, c'est peut être possible. Maintenant que t'es là Tweedy, fait moi un truc, prépare moi quelque chose… Bordel mais faut que je parle pour qu’elle comprenne que j'ai besoin de bouffer ? Ma tête ne l'exprime pas assez ? Ah non j'ai oublié, ma tête de tueur elle exprime rien, mais j’ai pas aussi envie d’ouvrir la bouche, car j'ai décidé de ne l'ouvrir que que pour manger, et ça s'arrête là.

Attendez-voir, quelle heure était-il au juste ? Genre, midi passé. Treize heures, tout au plus. Quoi ? Comment ça "quatorze heures" ? N'importe quoi. Ah mais si, bon sang, c'était bien l'heure qu'il était. Cela signifiait donc que Tweedy n'avait pas vu le temps passer et qu'elle avait ni plus ni moins sauté le repas du midi. Voilà qui était fort fâcheux quand on considérait le fait que la jeune femme avait déjà sauté le petite déjeuner. Mouais, mauvais plan hein. Parce que ça commençait comme ça et ça se finissait en crise d'hypoglycémie, pour ne pas dire de démence. Autant rester prudente, dans ce cas. Et donc, la jeune femme avait tout intérêt à se rendre illico presto dans la cuisine histoire d'y manger quelque chose, n'importe quoi. Ouais voilà, c'était l'idée du siècle ça. Du moins, aujourd'hui, à cette heure-ci et puisque le ventre de la jeune femme était vide depuis la veille, ça l'était. Et donc, la jeune femme emprunta le chemin de la cuisine. Sauf qu'en passant devant la porte appropriée, la petite brune ne s'arrêta pas. C'est peut être con pour vous mais la jeune femme ne connaissait pas encore très bien les lieux, et donc, elle s'était tout simplement imaginée que la cuisine se trouvait un peu plus loin. Sauf qu'arrivée au bout du couloir, et ben, toujours pas de cuisine. Merde alors, elle aurait pourtant juré qu'une cuisine se trouvait dans les parages. A moins que ... Là, Tweedy comprit. La jeune femme fit donc demi-tour - que faire d'autre face à un cul-de-sac de toute manière - et finit par trouver la bonne porte, et par y entrer. Sauf qu'alors qu'elle croyait pouvoir s'y trouver seule, surtout à cette heure-ci, elle tomba sur Ezéquiel, assis sur un chaise, dans une tenue pour le moins légère, et toujours cette expression pour le moins, hm, inexpressive sur le visage. Un fin sourire s'étira alors sur les lèvres de Tweedy, qui ne prit pas la peine de le saluer autrement que d'un bref signe de la main, histoire d'éviter un vent disons. S'orientant vers le frigo, la jeune femme ouvrit celui-ci, restant bloquée devant une trentaine de secondes, puis décida de le refermer, estimant que rien n'était satisfaisant là dedans. Elle préféra ouvrir un placard et en sortir un paquet de riz. Voilà, ça c'était déjà mieux. Sauf qu'après quelques instants, elle pouvait toujours sentir le regard de son camarade posé sur elle. Ah, parce qu'il n'était pas parti ? Visiblement pas, non. Elle qui aurait cru qu'il se serait empressé de fuir après l'avoir vu arriver. Même pas. Tant mieux, hein. Se retournant légèrement vers lui, Tweedy se risqua à prendre la parole. « T'as mangé ? » demanda-t-elle alors. A la tête qu'il tirait, elle osait penser que non. « Parce que je compte faire du riz, donc je peux en faire pour deux » reprit-elle gentiment. Autrement dit : mon coco, si t'as faim, je peux te servir de cuisinière. Voilà.

Ma nounou arrive et j’ai le droit à un ‘t’as mangé ?’ ... Ok je lui fais quoi là ? J’ai un argument assez bien développé pour la mettre dans une marmite non ? Elle cherche dans le frigo mais elle ne trouve rien. Tiens, je n’avais pas pensé à ça. Quel con je suis. Elle le referme puis elle en ressort un… euh rien ? Elle compte faire quoi après avec 'rien' ? Me parler de coquelicot ? Cette fois, j'ai pas envie de l'entendre me sortir son baratin science naturelle, là, j'ai envie de manger, bouffer, manger, bouffer, manger, bou... Bon c'est clair au moins. Elle passe au placard. Merde je n’avais pas pensé à ça aussi. Elle le referme et j’espère qu’elle ne rentrera pas bredouille… Ah enfin, un sachet de je ne sais quel produit infecte et sale. Elle compte faire quoi avec ça maintenant ? C’est que, je mange pas n’importe quoi moi. Pour me maintenir, il me faut un régime bien particulier. Deux steak, deux cuisses de dindes, des carottes, de la purée, une banane et un verre de lait + en bonus deux œufs. Elle me demande après si elle peut me cuisiner du riz. J’aime pas le riz, c’est léger et c’est pas intéressant. Comment vais-je le lui dire alors … J’ai une idée. « Non. Le riz, non. » C’est audible, clair et même un autiste comprendrait. Puis après, pas besoin d’analyser la phrase grammaticalement incomplète pour comprendre que là, en ce moment, j’ai pas trop envie de gober la merde en sachet qu’elle me propose bêtement sous les yeux. Je veux quelque chose de bon, de gros et de complet. « Poulet. Bœuf. Œuf. Carrote.Banane. » Voilà ce que je veux, et si je mange pas ça, je serais pas bien. Vu comment elle est taillée, ça devrait être franchement un peu trop pour elle, mais vu comment moi je suis taillé, je dirais que c’est un peu médiocre pour moi. Je la fixe, j’attends de voir si elle va me faire ce que j’ai envie de manger ou si elle va me sortir une autre boite de conserve pour chien de ce putain de placard. Si elle s’exécute pas ? Je sais pas ce qu’il adviendra, franchement, je sais pas… Et je préfère pas savoir…

Pourquoi être entrée dans cette cuisine déjà ? Ah oui, parce qu'elle n'avait rien avalé depuis la veille au soir et que son estomac commençait doucement à le lui rappeler. C'était tout con, en fait. Mais voilà qu'à peine entrée dans la pièce, Tweedy se retrouvait face à Ezéquiel. Non pas que sa compagnie la dérangeait, point du tout d'ailleurs, mais disons qu'elle ne savait jamais trop comment se comporter vis à vis de lui. Si ça ne tenait qu'à elle, elle tenterait de s'en faire un ami, comme elle parvenait traditionnellement à le faire avec la plupart des gens qu'elle rencontrait. Seulement voilà, le terme "ami" ne semblait pas tellement inclus dans le vocabulaire de base du grand black, si bien que la jeune femme avait tendance à penser qu'elle ferait mieux d'éviter de se la jouer trop bisounours avec lui, au risque de très mal finir. Disons qu'elle se contenterait d'être sociable, un peu pipelette et légèrement casse-pieds sur les bords. Quoi qu'après réflexion, ces trois traits de caractère mis bout à bout pourraient à eux seuls causer sa perte. Mais rien à faire, puisque Tweedy partait du principe qu'Ezéquiel était inoffensif. Okay, il est vrai qu'elle craignait de temps en temps de le voir surgir, armé d'un poignard de la taille de son buste, pour faire de son corps des lardons. Mais, très franchement, ça n'était assurément que le produit de son imagination trop débordante, hein. Du moins, c'est ce qu'elle tâchait mainte fois de se dire afin d'éviter de se lancer dans des suppositions horrifiques. Quoi qu'il en soit, à le voir assis comme ça dans cette cuisine, Tweedy avait supposé que son camarade n'avait pas mangé, tout comme c'était personnellement son cas. En tout cas, elle ne pouvait pas compter sur ce dernier pour le lui confirmer. Comme c'était étonnant. Et tandis que la jeune femme, dans sa toute bonté, s'empara d'un paquet de riz qu'elle prévoyait de faire cuire - non, sans blague - son camarade se manifesta, lui signifiant qu'il ne voulait pas de riz. Ah d'accord. « Bon, on oublie le riz alors » fit-elle doucement, rangeant sans tarder le paquet à sa place, à savoir dans le placard qu'elle avait précédemment ouvert. Mais voilà qu'Ezéquiel lui faisait part d'un menu étonnant. C'était - comment dire - assez irréalisable pour le coup. Faisant quelques pas à travers la pièce, la jeune femme grimaça légèrement. « Tu préfères pas que je te prépare une salade ? » proposa-t-elle alors, l'air de rien, et un grand sourire en guise d'aide à la persuasion. Non pas qu'elle ne voulait pas accéder à sa requête, mais disons qu'elle évitait de cuisiner certaines choses. C'est tout.

Je suis pas un mouton, ni un lapin. Je suis un carnivore, un homme qui mange de la viande. C’est pas clair ça ? Donc le riz, pâte, salade et autres dérivés ne m’intéressent pas. J’ai toujours mangé de la viande, et ce n’est pas prêt de changer. On ne change jamais de mode de vie, de régime, d’habitude. Tout ça pour dire qu’on ne change jamais. Ezéquiel restera Ezéquiel, et la Tweedy restera Tweedy. Donc là, dans ce moment X, je veux de la viande, et que de la viande. L’autre fois, dans les remparts, je n’ai pas rechigné ses demandes, je me suis plié à sa personne et je me suis adapté à ses vertueuses conneries sans discuter. Maintenant, à elle de s’adapter à mon être. Déjà je sens qu’elle commence à piger les engranges de ma personnalité absurde, ça ne me dérange pas vu que je reste indifférent face à cette vérité. J’autorise quiconque vouloir me comprendre, à moins d’avoir le culot et le courage de le faire. De nature très complexe, peu de gens arrivent à ce que cette Tweedy fait avec… franchement rien du tout. Je sais pas comment elle arrive à me supporter. Elle repousse mon menu pharaonique et me propose une salade… Elle le fait exprès ou quoi ? J’ai pas été clair on dirait… c’est parce que je cris pas, que je laisse plein de choses passer et que j’évite de montrer les crocs. C’est encore moi ça, total négligence, je laisse les autres s’habituer à ma passivité, à mes absurdités, à mon indifférence et j’évite d’imposer directement l’obéissance d’autrui. D’habitude, ça vient d’une manière indirect vu que je dégage un truc que les autres arrivent pas à comprendre, je vous rassure moi aussi je ne comprends pas. « Une salade. Avec de la viande. » ça existe je crois non ? Sinon, elle semble avoir un truc avec les régimes carnivores ? Je lui ai pas demandé de manger avec moi, je lui ai juste demandé de préparer, donc si la Tweedy à des préférences végétatives, bah c’est son truc à elle moi ça m’intéresse pas. Ce qui m’intéresse, c’est qu’on me parachute un steak bien cuit avec des frites et une sauce, peu importe laquelle… « la viande c’est cool, c’est canon, c’est jolie. » ça sent le vécu ça. Ouais pour décrire maintenant chaque truc, je prends sa phrase comme model d’exemple, c’est devenu pour moi une construction habituelle à la formation de mes descriptions. Merci Tweedy pour le cours. Là, avec ma phrase, j’essaye de la convaincre de me faire de la viande et de me virer cette idée de salade à la noix… Espérons que ça marche...

Visiblement, Ezéquiel avait certaines préférences culinaires. Ses goûts en matière de cuisine semblaient par ailleurs bien distincts de ceux de Tweedy, mais ça, ça n'était pas tellement étonnant à vrai dire. Lorsque la jeune femme proposa à celui-ci - après avoir essuyé un premier refus avec le riz - de lui préparer une salade, elle se douta bien que sa proposition serait loin d'être acceptée par son camarade. Mais que pouvait-elle bien lui proposer d'autre ? Tweedy était végétalienne. Et si cela signifiait qu'elle ne mangeait ni viande ni tout produit d'origine animale, cela signifiait également - pour elle, en tout cas - qu'elle évitait tout autant de les toucher. C'était ainsi. La viande - oui, surtout la viande en fait - avait tendance à la dégoûter. La jeune femme en avait mangé, par le passé, jusqu'à ce qu'elle prenne la "sage" décision d'en réduire progressivement sa consommation, jusqu'à l'arrêter complètement. Il faut dire que manger de la viande, à ses yeux, c'était un peu comme tuer ces bêtes une seconde fois. C'était ignoble. Et vu qu'elle ne supportait désormais plus l'idée de manger le moindre animal, et bien, son organisme avait appris à faire sans viande. Bien sûr, il n'était pas rare qu'on la traite de folle, qu'on la mette en garde contre les dangers de ce type d'alimentation pas toujours très recommandée. Mais Tweedy avait toujours fait passer ses convictions avant le reste, qu'il s'agisse de sa vie privée ou de sa santé, alors elle vivait merveilleusement bien ainsi, qu'on la prenne pour une barge ou non. Ici, il était pour elle inconcevable de changer ses habitudes. Elle ne cuisinait jamais de viande alors elle n'allait certainement pas commencer en ces lieux, hein. Et pourtant, son camarade tenta de lui vendre à nouveau son idée de menu. De la viande. Toujours de la viande. C'était presque comme si une violente nausée s'était subitement emparée de son organisme. Eurk. Et le pire, c'est qu'il la prenait par les sentiments, en lui ressortant sa fameuse phrase, celle qu'elle lui avait sortie la dernière fois devant les remparts. Il faisait chier ce type. Elle n'irait évidemment jamais le lui dire, tenant trop à la vie pour ça, mais tout de même, il faisait chier. « Je ... » Oui, quoi ? Autant commencer une phrase pour la finir, non ? Ça n'était pas un peu ça l'idée de base, hm ? Bah si, quand même. Et donc ... « ... je ... je ne peux pas cuisiner de viande. Ça me dégoûte. » Ah, voilà qui était tout à fait honnête. Tout à fait suicidaire surtout, mais tout de même, tout à fait honnête. Poussant un léger soupire, Tweedy jeta un coup d'œil en direction du réfrigérateur. Nouveau haut-le-cœur. « J'aimerais te faire plaisir et te préparer ce que tu désires, mais ... je crains que ce soit au dessus de mes forces. Je sais, c'est idiot. C'est profondément idiot et tu dois probablement le penser très fort ... » Si fort qu'en fait c'était comme s'il le lui disait de vive voix. Poussant un nouveau soupire, Tweedy posa longuement son regard sur son camarade. Là, elle aurait pu se barrer, histoire de lui faire bien comprendre qu'elle ne POUVAIT PAS lui cuisiner de viande. Mais il s'agissait de Tweedy, alors ... « Mais si tu ... si tu tiens à cette viande, je peux peut être, je dis bien peut être ... essayer de gérer mon dégoût » suggéra-t-elle tout doucement. En fait, ça s'apparentait à l'impossible. Mais impossible n'est pas Tweedy.

La viande, la viande, la viande, la viande,la viande… Vous imaginez la scène ? Une vingtaine d’enfants qui crient dans une cantine à l’unisson pour qu’on leurs servent leurs plats. Bah moi, je suis sigma de tous ces enfants. Sauf que, chef cuisinier a peur d’un truc… Bon, on se calme la Tweedy, j’ai juste demandé de la viande, pas ce discours chiant de bonne maman. Et puis c’est quoi cette attitude ? Je savais pas qu’on pouvait détester à ce point de la nourriture… Elle fait comment pour vivre celle-là si elle bouffe pas de la chaire saignante ? Je doute que ses salades à la noix de coco arrivent à l’alimenter, franchement. Je m’interroge et je bloque. Quand moi je mange pas, je baise. Quand je baise pas, bah je crève. Alors comment elle fout bordel ? Je lève les yeux vers elle, s’attendant à voir défiler sur son front la réponse à ma question. Je ne peux pas sentir certes mais je remarque qu’elle a pratiquement changé, ou même radicalement à un instant X que je semble avoir zappé ou ignorer; tout est venu si rapidement que ça m’a prit du temps de voir que y’avait quelque chose de pas bon dans tout ça. C’est quoi ce nouvel état d’esprit ? Elle parait moins… Tweedy que d’habitude. Je suis peut être une merde zéro émotive, mais j’ai quand même des yeux, et je peux déceler des marques de malaise facilement, des marques clairs et nets qu’elle s’obstine toujours à cacher sous son visage accueillant et ses faux sourires en cartons made in china. Tout ça c’est à cause de la viande ? A cause de moi ? A cause de ma description peut être ? Aucune idée. J’ai tout de suite ma réponse. La viande. Elle peut pas cuisiner de la viande… Elle est drôle. J’avais jamais vu une personne comme elle franchement. Elle m’explique que c’est plus fort qu’elle, que c’est au dessus de ses forces, et moi j’ai envie de lui dire que j’ai faim. Et puis je crois avoir oublié un détail, faut que ça soit halal, selon mes coutumes et les exigences de ma religion bien évidement ; oui faudra qu’elle égorge un mouton… Non là elle s’évanouie direct. Elle REexplique puis fini par lâcher qu’il était le seul à en décider… Bah pourquoi tu me vomis des excuses pour à la fin me laisser décider ? Elle croit que je suis Oui-oui et que je vais avoir pitié d’elle ? Que je vais manger comme Bibi mon papillon décédé ? Elle se fout le doigt dans l’œil la Tweedy. « C’est quoi le dégoût ? » Elle répète ce mot trente-six-mille fois et je ne le connais pas du tout. Je ne sais pas ce que ça veut dire, être dégouté. Pour vous donner un aperçu de mon paroxysme silencieux relié à mon absence d’état d’âme et de sentiment, lisez avec moi ça et jugez bande d'abrutis : Durant le prime précédant, y’avait un guignol qui avait lâché sa merde sur une candidate, et alors que tout le monde avait été obligé de quitter les lieux, moi j’ai rien senti…Alors ?

Végétalisme. Un terme qui était très familier à Tweedy mais qui pouvait très bien ne pas du tout parler à certaines personnes, non en fait, à la plupart des gens. Car on estimait relativement peu nombreux les véritables végétaliens. Pas ceux qui cherchent simplement à se donner un genre, hein. Non. Ceux qui, comme Tweedy, excluaient véritablement toute chair animale de leur alimentation. Si certains faisaient cela parce qu'ils avaient la conviction qu'une telle alimentation assurait une excellente santé - ce qui n'était pas tellement véridique, d'ailleurs - la jeune femme, quant à elle, le faisait pour une toute autre raison. Tweedy aimait les animaux, au moins autant qu'elle détestait l'idée qu'on puisse en tuer pour se nourrir alors que mille et uns aliments pouvaient tout autant contenter l'Homme. D'accord, la viande, c'est essentiel. Mais pas à ses yeux. Elle ne demandait pas à être comprise, comme elle n'attendait pas des gens qu'ils partagent son opinion sur le sujet et qu'ils bannissent tous et toutes la viande de leur alimentation. Pour autant, Tweedy ne pouvait faire autrement que de ressentir un profond dégoût à la simple idée d'imaginer un morceau de viande face à elle. Quelle horreur. Si certains pouvaient légitimement penser qu'elle en faisait trop, la jeune femme s'en fichait pas mal. Par contre, à cet instant précis, elle avait tendance à s'inquiéter légèrement de ce que pouvait penser Ezéquiel à son sujet. Non pas que son opinion comptait particulièrement pour elle, mais disons qu'elle regretterait d'être passée pour une barge devant lui. Et donc, après lui avoir expliqué qu'il lui était bien impossible de cuisiner le moindre bout de viande, la jeune femme supposa que son camarade devait la trouver folle. N'était-ce pas vrai ? N'était-il pas en train de se demander ce qui n'allait pas chez Tweedy ? Probablement que si. Puis finalement, Tweedy lui fit savoir qu'elle était éventuellement prête à faire des efforts. Non, vous en rêvez pas. La jeune femme qui avait précédemment dit que cuisiner de la viande serait tout bonnement au dessus de ses forces affirmait désormais pouvoir tenter de parer à son dégoût. Étonnant. Comprenez par là que Tweedy avait probablement besoin de montrer qu'elle avait beau avoir certaines convictions, elle ne les laissait pas nécessairement dicter sa vie. Et puis, encore une fois, elle ne voudrait pas donner une trop mauvaise image de sa personne à son camarade, comme au public d'ailleurs. Tweedy était conciliante et aspirait donc à montrer qu'elle pouvait faire des efforts. Mais alors qu'elle s'attendait à ce qu'Ezéquiel la prie donc de lui faire cuire de la viande, celui-ci lui demanda ce qu'était le dégoût. Hm, pardon ? « Le dégoût ... » commença-t-elle, tandis qu'elle vint tirer une chaise pour s'assoir elle aussi. Elle en avait marre d'être debout, oui, et vu qu'en plus elle ne savait pas ce qu'elle était censée faire maintenant, c'était encore le mieux à faire à cet instant précis. « ... c'est ce qu'on ressent lorsqu'une chose nous déplait, qu'elle nous répugne. C'est, hm ... ce qui peut provoquer chez nous un profond écœurement, des haut-le-cœur, comme ce qui m'est arrivé quelques minutes plus tôt. » Attendez voir, Tweedy venait-elle sérieusement de lui pondre un semblant de définition du dégoût ? Visiblement. Posant son regard sur son camarade, un fin sourire aux lèvres, la petite brune reprit la parole. « Si tu n'as jamais été dégoûté par quoi que ce soit, tu as du désirer certaines choses, les trouver plaisantes. Et bien, ça, c'est en quelques sortes le contraire du dégoût. » C'était assez clair, maintenant ? Au pire, s'il voulait une nouvelle démonstration, il pouvait lui présenter un steak tartare avec un joli œuf sur le dessus. Là, niveau dégoût, il aurait un remarquable exemple.

Avec cette Tweedy, j’apprends vraiment des choses. Si je venais à sortir d’ici un jour, je pourrais largement me vanter d’avoir connu un dictionnaire comme elle, frimer devant mes confrère –des cas plus désespérés que moi vous n’imaginez pas- d’avoir au moins quelque chose à dire. Sans blague, cette fille là, faut pas le nier mais elle m’apprend des tas de trucs très utile que je ne juge pas inintéressant cette fois. J’ai juste envie de dire qu’elle regroupe tous mes livres sur la communication et sur la création des liens. Plus besoin de lire ses fichus bouquins, j’en ai un juste devant moi et ce putain de bouquin mignon englobe tous ce que j’ai pu lire jusqu'à maintenant. Elle me parle du dégoût, une sensation aspirée elle aussi avec tout le pack ‘émotion’ durant les longues heures d’entrainement qu’on m’a fait subir, pour être l’homme que je suis, la bête que je suis mais que je n’ai pas envie d’être. Quand j’ai été déporté pour arriver dans ce continent, je ne savais pas que j’allais devoir perdre mon côté humain, de cette manière, une manière inimaginable et qui choquerait plus d’un. Ajouté à ça, je suis un homme qui ne sent rien mais qui veut sentir, qui veut devenir cet humain doté d’émotions pour… partager, chose que j’ignore aussi. Le dégoût donc. Une sensation qui m’est inconnu. Jamais je n’ai pu être dégoûté par quelque chose, car d’après sa description, moi-même je pratique le dégoût : les corps que je maltraite avec cruauté, les femmes que je baise avec bestialité et les scènes que je monte sont souvent des scènes ou le plus stoïque des warriors vomirait. Je suis un être dégoutant alors, un être qui baigne dans des pratiques dégoutantes… Je ne le savais pas, et même maintenant que je le sais, ça ne m’apporte franchement rien de nouveau, aucun effet sur moi ; à dire que je suis maudis. Le dégout, c’est comme un nouveau logiciel qui vient d’être installé dans programme informatique vide, mais un logiciel qui ne marche pas. Exactement ça. Je viens de connaitre la définition, mais le sentiment ne marche pas. Je l’entends encore une fois, poursuivant avec une définition plus simple. U ne définition qui cette fois-ci m’implanta une idée. J’ai déjà connu ça. Le fait de désirer. J’ai désiré plusieurs choses, comme devenir footballeur, président, astronaute… Mais j’ai du garder un pied sur terre et l’autre dans le vide pour être cette instabilité que je suis. J’ai connu tout ça, mais c’était avant qu’on me dérobe mon âme. Après, la seule chose qu’on m’ait laissée est ce désir sauvage de baiser… « Non. » Je ne suis pas d’accord. Pour une fois, la Tweedy se plante, preuve qu’elle n’est pas infaillible comme je le pensais. Même un idiot comme moi, un merdier indifférent face au monde qui l’entoure et qui ne sait même pas adopter un sentiment ou une attitude logique vient d’arriver à comprendre qu’elle s’est planté… Peut être que je suis unique ? Peut être que c’est mon côté autiste qui a fait que j’ai détecté cette faille… Le désir et trouver les choses plaisantes c’est le contraire du dégoût c’est bien ce qu’elle a dit non ? « Je t’ai désiré. Mais j’ai trouvé ça dégoûtant. » Oui, et par désirer je voulais dire 'baiser' comme toutes ses femmes que je rencontre chaque jours. Je n'exclue pas l'idée de la sauter elle aussi car je m'en branle vraiment, mais quelque chose me dit que selon sa description du mot dégoût, la planter avec ma branche est limite dégoûtant non ? Elle qui m'aide à interagir avec le monde extérieur... Remarque, je viens d’adopter ce nouveau mot que je viens de rajouter à mon bagage lexical : dégoût. Et pourquoi dégoûtant ? Aucune idée, c’est mon instinct qui en a jugé ainsi, et non pas moi. Je suis esclave de mon propre instinct, faut pas chercher loin… « Je suis dégoûtant ? » En fin de compte, son avis ne m’intéresse pas. Je veux juste savoir si je suis quelque chose qu’on peut désirer, ou bien que je suis tout simplement une bene à ordure… Bon et mon repas ? En fin de compte, j’ai plus faim…

Pondre une soudaine définition du dégoût, autant vous dire que ça n'était pas simple, même pour quelqu'un comme Tweedy qui trouvait semble-t-il toujours quelque chose à dire, et ce, dans à peu près toutes les situations envisageables. Il lui fallut pourtant quelques instants afin de s'interroger intérieurement sur la définition qu'elle se faisait personnellement du dégoût. Puis, quand elle estima avoir à peu près de quoi parler pendant disons une petite minute, elle se lança. D'après la petite brune, le dégoût s'apparentait donc à ce que l'on pouvait ressentir lorsqu'une chose nous déplaisait, provoquant ainsi un certain écœurement. Mouais, c'était pas mal. Peut être que ça n'était pas la définition du siècle, mais il y avait sans nul doute bien pire. Elle même aurait pu lui sortir quelque chose de bien moins compréhensible, en s'emmêlant les pinceaux dans des termes farfelus. Mais elle avait bien compris, quelques jours plus tôt, que son camarade était plutôt adepte du langage simple, et non de divers artifices qu'il ne comprenait pas toujours. Elle pouvait le comprendre, voilà pourquoi Tweedy veillait maintenant à user de mots d'une simplicité enfantine, histoire d'être sûre qu'Ezéquiel ne lui demanderait pas subitement de tout reprendre en version simplifiée. Finalement, estimant sans doute que sa définition n'était pas encore suffisante, Tweedy ajouta quelques mots. Pour elle, désirer quelque chose était un peu comme le contraire du dégoût. Okay, ça pouvait sembler un poil tiré par les cheveux, mais elle n'était guère capable de trouver mieux pour bien illustrer sa pensée. C'est alors que son camarade se manifesta. Non ? Non, quoi ? Non il n'avait jamais trouvé quoi que ce soit désirable ? Ou non il ne pensait pas pour sa part que le fait de désirer une chose était en quelques sortes le contraire du dégoût ? Visiblement, la seconde hypothèse se vérifia. Ezéquiel lui fit alors savoir qu'il l'avait désirée, mais qu'il avait trouvé cela dégoûtant. Ah. Tweedy arqua alors légèrement un sourcil, le regard planté dans celui du grand black. Elle ne sut pas tellement quoi répondre à cela, à vrai dire. La jeune femme se contenta alors dans un premier temps de rester muette, avant que son camarade reprenne la parole. Il voulait savoir s'il était dégoûtant, c'est bien ça ? Un fin sourire vint alors se poser sur les lèvres de Tweedy, qui se permit enfin de formuler quelques nouvelles paroles, estimant que le temps du silence avait assez duré. « Tu n'es pas dégoûtant » commença-t-elle alors. Avec ça, on allait aller loin, hein. Attendez, ça reprenait ... « Tu es comme tu es, mais tu n'es pas dégoûtant. » Hm, c'était déjà un tout petit peu mieux, disons. « Tu ne m'inspires personnellement aucun dégoût. » Ouais bon, on ne pouvait décidément pas compter sur Tweedy pour nous pondre un nouveau monologue enflammé hein. Et c'était peut être mieux comme ça, pour le coup.