Dix heures, bon, il est temps que je songe peut-être à me lever, à m'extirper de la chaleur de mon lit. Cela doit bien faire deux heures que je suis levée, mais je suis toujours dans un état second, entre le sommeil et la réalité, c'est très dur. Je n'arrive pas à émerger complétèment. Ma partenaire s'est déjà barrée, tant mieux, je peux m'allonger en étoile sans l'entendre grogner. Elle a une légère tendance à me taper sur les nerfs, légère, je dis, c'est pas tout le temps. Je vois les candidats qui passe devant moi, qui s'affairent, bon, il est temps. Je m'étire comme un chat, poussant un léger soupir, je me décontracte. Mes paupières sont encore lourdes, je le sens, je me frotte les yeux, et j'enfouis mon visage dans mes mains. Je suis bien restée dans cette position une bonne dizaine de minutes, recroquevillée dans mon lit, toute seule. Finalement, je le lève, je suis debout, sur mon lit, je tourne la tête, et j'apperçois Adie, bien callée dans son lit, elle aussi. A croire que la flemme, ça se passe de candidat en candidat. Je chope un coussin, et je le lance sur son lit, je ne la touche pas, c'est le but, faut dire. Mon action a juste pour but de capter son attention. Je prends un peu de recul, puis je saute sur son lit. Je m'assois en tailleur, en face d'elle. « Tu devrais arrêter d'hiberner, c'est pas très bon pour la santé. » Je lui lance, l'hopital qui se fout de la charité en somme.

Le sommeil, ce merveilleux sommeil et la douce chaleur de la couette qui entoure les quelques parties nues de son corps enveloppé dans un vieux tee-shirt XL, ah que c'est bon vraiment d'être dans un lit chaud, seule, avec toute la place et aucun bruit, personne pour vous emmerder, personne pour... Ah non en fait, il y a bien quelqu'un pour vous emmerder. Plongée entre le sommeil et l'éveil, Adie traînait au lit depuis un moment déjà, même Slavin était déjà debout et ça, c'était genre plus qu'improbable. Et puis, une collision fait trembler le matelas et Adie lève la tête. Un coussin vient de la heurter et rapidement, on vient coloniser son lit. Adie lève la tête et voit une tête rousse, ça ne pouvait donc être qu'AJ. Leur dernière entrevue remontait à la première semaine et depuis, elle n'avait pas eu de contacts hors des conversations de groupe. C'était donc une bonne surprise et Adle sourit tout en remettant ses cheveux en ordre. Elle se relève et s'adosse à la tête de lit, faisant face à la candidate. « Y'a que ça à faire en même temps et pour une fois que j'ai le lit pour moi toute seule ! » dit-elle en souriant. Et puis elle repense à AJ et sa nouvelle partenaire, la pauvre n'aura pas eu de chance, heureusement, elle a Malo en contrepartie. « Pas trop dur de dormir avec l'autre foldingue. J'espère qu'elle fait pas de trucs bizarres la nuit ! » Déjà qu'elle en fait assez le jour...

« Y'a que ça à faire en même temps et pour une fois que j'ai le lit pour moi toute seule ! » me répond t-elle en souriant. Bon j'avoue, elle n'a pas tord. Mais bon, on fait déjà rien de très passionnant de nos jours, si en plus, les téléspectateurs nous regardent faire la grasse matinée, on va tuer l'audience cette saison, c'est sûr. « Pas trop dur de dormir avec l'autre foldingue. J'espère qu'elle fait pas de trucs bizarres la nuit ! » Si, je pousse un soupir désespéré. « Je préférai dormir seule qu'avec elle mais bon ... » Je lui confie en levant les yeux au ciel. « J'ai pas le choix. » Je termine en soufflant. Franchement, je ne suis pas tellement gatée avec mes partenaires, bon ok, Elise, ça allait encore, plutôt sympathique mais sans plus, et là Irène, ça se passe de commentaire à vrai dire. J'envie les binomes où les deux candidats s'entendent bien et sont proches, ça doit être plus facile. « Le fait qu'elle se colle à moi façon sangsue toute les nuits, tu considères ça comme un truc bizarre ? » Je lui demande alors, oui, je suis très sérieuse sur le coup. J'ai du mal à qualifier les actions de ma partenaire, ce qui est étrange et ce qui ne l'est pas, j'arrive pas à saisir réellement la frontière.

En effet, la rousse n'avait pas beaucoup de chance. Encore, si elle avait été gay, elle aurait été ravie de se retrouver avec deux jeunes femmes pas franchement laides mais non, elle était hétéro et devait partager son lit avec une fille. Quoiqu'il y avait peut-être des avantages parfois, une fille, c'est moins dégueulasse, un peu plus soigné quand même. La candidate souffle alors, disant qu'elle n'a pas le choix. Y'avait vraiment une règle qui disait qu'ils étaient obligés de dormir avec leur partenaire ? Adie ne se souvenait pas d'un truc de ce genre. « Y'a des lits de libre au pire ! Enfin je sais pas... y'a une règle pour ça aussi ? » Parce que bon, les règles de Cupidon, elle les avait lu une fois et depuis, elle ne s'en était pas trop inquiété. Elle connaissait les grandes lignes, c'était suffisant... AJ lui raconte alors les habitudes nocturnes d'Irène et Adie se met à rire, la pauvre quand même. « Je sais pas, ça doit être un manque d'affection. Tu lui as demandé si elle était bi ? Si ça se trouve elle a craqué pour toi ! » dit la brune en levant et baissant ses sourcils façon sexy. C'était possible en plus vu la liberté d'esprit de la jeune femme...

J'espère qu'Adie mesure la chance qu'elle a d'avoir Slavin comme partenaire et non ma blonde, car même si je ne connaissais pas son partenaire, je voulais bien échanger avec la mienne. J'suis pas sûre qu'Adie soit partante, mais bon. « Y'a des lits de libre au pire ! Enfin je sais pas... y'a une règle pour ça aussi ? » me demande t-elle. Je fronce les sourcils, à vrai dire je n'y ai jamais pensé, je n'ai jamais cherché à savoir si c'était possible ou non. « Je n'en sais rien. » Je lui réponds en me grattant pensivement le menton. Elle me parle d'Irène encore. Cela me fait rire. « Arrête de dire n'importe quoi, toi. » Je lui demande avec un sourire en lui balançant gentiment mon coussin en pleine figure, je suis douce là, en plus, j'ai bien fais attention à contrôler ma force. Elle me fait rire avec ses sourcils qui bougent de façon suggestive. « Et si c'est ça, la pauvre, il va falloir qu'elle calme ses ardeurs, je ne suis pas du tout interessée. » J'ajoute, amusée, et moqueuse. Bon je sais qu'Adie plaisante, moi aussi, et j'espère que ce n'est pas pour cela qu'Irène me colle la nuit, sinon je change directement de lit, c'est clair.

Au moins avec Slavin, Adie n'était pas trop mal tombée. Déjà ils s'entendaient bien même si dans le cas contraire, la jeune femme ne doutait pas qu'elle n'eut pas à s'en plaindre. Il n'y avait qu'à voir leurs règles du premier soir toujours en vigueur et ce même après un rapprochement plutôt intime. Ce qui ne voulait pas dire qu'ils avaient eu des moments de froid et que parfois, ils n'avaient pas dormi ensemble, chose qui laissait penser à Adie que les candidats n'étaient peut-être pas obligés de dormir ensemble. Tout le temps, au moins. Adie hausse les épaules lorsqu'AJ lui signifie qu'elle n'en sait rien non plus et se met ensuite à rire à sa réaction sur ses hypothèses. Venant de se prendre un coussin dans la figure, elle ne se gène pas pour le renvoyer sur la jeune femme. Bien fait. « Je pense que de toute façon, avec ce qui se passe entre toi et Malo, elle oubliera vite ses envies ! » Leur histoire n'était un secret pour personne et encore moins depuis le dernier prime où eux aussi avaient eu droit aux commentaires désobligeants des deux anciens candidats. Ils deviendraient tous aussi cons à la sortie ? Hum. Adie repensa alors à sa première conversation avec la rousse dans le dressing, la pauvre était déjà complètement folle en voyant le bazar alors là, elle devait frôler la crise cardiaque. « Et au fait, tu gères le bordel dans le dressing maintenant ? On dirait Tchernobyl ! » En effet, il était clair que personne dans cette maison n'avait pour secret 'Je suis le roi du rangement'.

Adie me balance un coussin en pleine tête, bien joué, je ne m'y attendais pas. « J'espère pour elle, je l'espère. » Je réponds, mutine. Je reste pensive sur le 'avec ce qui se passe entre toi et Malo', justement, depuis le prime, il ne se passe plus rien, et c'est ma faute, je l'évite comme la peste. « Et au fait, tu gères le bordel dans le dressing maintenant ? On dirait Tchernobyl ! » Ca me fait rire. La dernière fois qu'on s'était parlé en tête à tête dans le dressing, j'avais limite fait une crise à cause du bordel, je ne supporte pas, c'est clair, et d'ailleurs tout le monde le sait, surtout Adie. Elle m'avait vu entrain de tout balancer dans un sac poubelle en plastique, sac que j'avais posé en plein milieu de la pièce, cela avait servi de leçon aux habitants pendant à vrai dire ... trois jours, ou quatre au plus. C'est tout. Dès fois, j'ai vraiment l'impression de vivre avec des ados bordéliques de quinze ans qui foutent tout par terre, mais c'est le cas en plus, dans le dressing, le sol est jonché de vêtements. « J'évite cette pièce le plus possible, ça me donne des envies de meurtres, sinon, tu comprends. » Je lui lâche, avec un sourire moqueur, je plaisante sur la dernière partie de ma phrase -quoi que - ... « Je fais abstraction parce que sinon je vais tout ranger, et ça va recommencer, ça ne finis jamais. » je complète, et puis je ne suis pas la femme de ménage de la saison, il ne faut pas abuser. Tant que mes affaires sont rangées, je peux survivre.

Adie n'en sait rien en réalité mais les relations des deux jeunes femmes avec leurs coup de cœur se trouvent étrangement ressemblantes depuis le prime. Comme AJ, Adie avait pris ses distances, peut-être pour des raisons différentes. Elle sentait qu'elle s'était certainement emballée un peu trop vite et voyant Slavin toujours aussi peu enclin à répondre, elle se disait que peut-être, il n'en avait tout simplement pas envie. Alors... autant prendre ses distances, histoire de se protéger un peu au moins. Adie sourit à la rousse quand elle lui dit espérer qu'Irène pense à autre chose qu'à elle. Et puis, le sujet vire sur le dressing, lieu de leur première rencontre, la première ou seconde semaine, Adie s'y perd un peu. AJ avait eu le courage d'aller à l'essentiel en sortant un sac poubelle et il faut bien dire que le dressing avait été parfait pendant quelques jours. Seulement quelques jours malheureusement. « Tu m'étonnes. Jsuis sûre que certains mettent les fringues des autres avec ce bordel... Enfin bon, si ça les dérange pas de vivre dans le bordel. Et encore, le dressing, ça me gène moins que la salle de bain, c'est franchement dégueulasse parfois ! » Non mais sérieusement, comment certains faisaient pour vivre dans une telle crasse, c'était... affligeant, vraiment. « Sinon quoi de neuf pour toi ? A part les rapprochements nocturnes d'Irène bien sûr... » demande alors Adie, pas franchement au courant des derniers potins, il faut bien l'avouer...

Spoiler:

On reparle du dressing, j’ai presque les poils qui s’hérissent sur mon bras quand on évoque ce bordel permanent. C’est fou. Autant vous dire que chez moi, tout est à sa place, rien ne traine par terre et j’en suis bien contente. « Oui, y a un trafic de vêtement, y en a même qui ne doivent jamais passer à la machine à laver je pense. T’imagine ?! Enfin ... je ne fais pas attention, j’essaie du moins. » Je lui réponds avant de m’allonger en travers de son lit, toujours avec une vue dégagée pour pouvoir la voir et lui parler tranquillement. Je m’appuie sur un coude, me surélevant légèrement. La brune me demande des nouvelles, ce qu’il se passe de nouveau pour moi. « Rien dont tu ne serais pas au courant. » Je lui lance avec un regard qui disait tout, la seule chose que je voulais garder un minimum pour moi avait été exposé sur le prime, devant tous les candidats, donc elle était au courant. Je ne prends même pas la peine d’ajouter que je ne parle plus à Malo, en plus, ça se voit, on ne traine plus du tout ensemble ces derniers temps, et c’est ma faute en plus. « Je te retourne la question ma belle. Raconte. » Je lui murmure en étouffant un bâillement avec un main, je pose mes yeux verts sur elle, et j’attends, je suis prête à recueillir ce qu’elle veut bien me dire, ou pas. Je n’oblige Adie à rien, encore heureux.